La lignée des EUZET de Saint-Félix-de-Lodez et de Sète (34).

Limoges-3



Une grande figure de la peinture : Jean-Marie EUZET

Bords de l'Aurence, à Limoges
(ca 1925)



Histoire de l'évolution de la peinture de Jean-Marie EUZET

(Abstraction, création, art concret, art non figuratif, réalités nouvelles de 1946 à 1965 - Galerie Drouart - Exposition du jeudi 13.11.2008 au 10.01.2009) :

"Durant ses années de formation, le peintre musicaliste Jean-Marie EUZET (Sète, 1905 - Limoges, 1980) privilégie tant la voie de l'enseignement de la musique que celle des arts plastiques. Après des études à l'École Nationale des Arts Décoratifs, il apprend le violon au Conservatoire de musique de Limoges et suit en auditeur libre des cours de musicologie en Sorbonne. Jusqu'au milieu des années 1930, sa peinture s'enracine profondément dans la figuration marquée tour à tour par l'impressionnisme, le fauvisme puis le cubisme. Grâce au peintre Louis Alexandre BAUDON, il fait la rencontre décisive de VALENSI en 1934. Devenant très proche de ce dernier, EUZET est introduit au sein du groupe musicaliste et il noue des liens d'amitiés avec Louise JANIN et Marcel LEMPEREUR-HAUT. Il devient également proche d'artistes extérieurs au groupe, comme Otto FREUNDLICH et Jeanne KOSNICK-KLOSS. Après la guerre, EUZET est contacté par VALENSI qui lui propose de participer au premier Salon des Réalités Nouvelles. Exposant depuis 1941 au mouvement de rénovation de la tapisserie, il décide de présenter une tapisserie, proposition qui lui est refusée car le comité n'accepte pas ce type d'oeuvres. Nullement découragé, l'année d'après, EUZET de passage à Paris, présente de nouveau sa candidature au salon : "J'arriverai à participer de justesse au Salon des Réalités Nouvelles qui ouvre le 18 juillet. Il m'a fallu courir passablement pour cela, et c'est chez HERBIN (abstracteur 100/100) que j'ai achevé les formalités pour cette participation, salon qui sera très certainement fort intéressant. J'y produirai quatre toiles que j'enverrai dès mon arrivée." Les oeuvres de cette époque, purement abstraites, sont intitulées de manière significative Composition, alors que précédemment, leurs titres renvoyaient à l'état d'âme dans lequel elles avaient été conçues. Montrant le déroulement de formes géométriques semblant en métamorphose constante, leur chromatisme franc et contrasté les distingue nettement du fond, sombre et uniforme. Au début des années 1950, EUZET évolue vers une abstraction plus géométrique tendant parfois vers le décoratif, comme le montre Composition n° 17. Le champ pictural est occupé par une quantité de formes géométriques colorées aux découpes irrégulières, dont les circonvolutions et les rebondissements multiples, semblant obéir à des rythmes syncopés, créent un espace complexe et animé. Les couleurs, d'une grande diversité (jaune, rose, vert, orange, rouge, violet, ocre, gris), trahissent un souci d'équilibre dans leur complémentarité. Posées en aplats vigoureux, sans effet de matière, elles sont particulièrement vives, lumineuses. Il se dégage de cette oeuvre une forme de lyrisme frénétique et exalté qui témoigne de la puissance créatrice de cet artiste au tempérament passionné et sensible." (dans les remerciements de l'organisateur de cette exposition : Charles et Claire EUZET).

Composition
Exposé au Salon des Réalités Nouvelles de 1952
(huile sur panneau - 56,5 x 69 cm)





1931 : Audition des élèves de Louis VAN COEVORDEN : "Nous avons eu déjà l'occasion de rendre au grand talent de violoniste et aux qualités de chef d'orchestre de M. Louis VAN COEVORDEN l'hommage qui lui est dû. Une audition de ses élèves, le 26 avil, nous a permis d'apprécier la valeur de son enseignement." Jean-Marie EUZET fait partie de ses élèves : "Mlle Marguerite NINARD et M. Jean-Marie EUZET, dans la première sonate en ré majeur, de BEETHOVEN, ainsi que Mlle Colette DUTEILLET, qui accompagna M. Louis VAN COEVORDEN, dans la sonate en ut mineur, de GRIEG, obtinrent un juste tribut d'applaudissements. Leur technique déjà solide et de belles qualités de sensibilité et de goût font bien augurer de leur avenir musical et font honneur à l'enseignement du maître, dont nous avons apprécié une fois de plus la virtuosité sans défaults et le talent vigoureux." (La Revue Limousine, n° 98, du 15.01.1931, dans un article sur la musique à Limoges).

1933 : article de R. MARGERIT sur l'exposition de peinture à la galerie Landaud, de Limoges : "Les peintures, aquarelles et papiers collés qu'expose M. EUZET à la galerie Landaud forment l'un des plus intéressants ensembles qu'il nous ait été donné de voir, cette saison-ci. J'ésite à employer à propos de la découverte qu'a fait M. LANDAUD en la personne de ce jeune peintre, le mot de révélation, car il est bien fort ; et c'est pourtant le seul terme qui convienne pour qualifier l'apparition de ce nouveau venu dans le groupe des artistes limousins, parmi lesquels il se classe d'emblée au premier rang. Je n'entends pas, par cette expression, le sacrer supérieur à tout autre ; et il ne s'agit pas d'indiquer un ordre de valeur et de classement en tête duquel il viendrait. Je veux simplement dire qu'il est un aquarelliste d'un rare talent et que l'art de ce peintre sincère et attaché à ses recherches s'impose dès l'abord. Cet art procède d'un souci constant de la recherche ; comme tous les vrais artistes, M. EUZET est un insatisfait et c'est dans l'application et le développement raisonné de ses impressions initiales qu'il cherche l'insaisissable perfection. A vrai dire, beaucoup se contenteraient des résultats remarquables déjà obtenus parmi lesquels nous citerons en particulier des pommes, un bouquet d'oeillets, plusieurs paysages vigoureusement enlevés à l'aquarelle avec une extraordinaire sûreté de touche et dans de fort belles tonalités. Ces qualités se retrouvent dans les peintures où la largeur de la facture, la plasticité de la pâte s'ajoutent à un sens personnel de la composition. Dans cette mise en oeuvre personnelle il y a ceci de particulier que le peintre compose en décomposant - si j'ose dire - et dans l'équilibre raisonné, logique et harmonieux des lignes, des plans et des valeurs on retrouve toute l'importance du Nombre sur lequel se base toute l'harmonie. L'oeuvre de M. EUZET se divise, à mon sens, en deux parties : les aquarelles et les peintures de la première époque, où se marque déjà la ligne de travail qui se perfectionnera ensuite, après la rencontre du cubisme. Là une seconde partie où les papiers collés interviennent pour aboutir à cette décomposition des plans qui préoccupe le peintre déjà dans ses premières toiles. les papiers collés ne me semblent d'ailleurs qu'un moyen de recherche ; en aucun cas ils ne sont une fin et l'évolution qui se marque dans leur ensemble suit un chemin parallèle à celle qui se manifeste dans les aquarelles et la peinture proprement dite. Et c'est justement cette ligne identique à elle-même jusque dans ses variations, qui relie les éléments divers de cet ensemble en un tout progressif, et nous le désigne comme une oeuvre de classe." (Le Populaire du Centre du 07.01.1933)

1934 : il expose à la galerie Dalpayrat, de Limoges : "M. Jean-Marie EUZET nous propose un art très décoratif, épithète qui ne saurait en rien diminuer sa valeur spécifique. Voilà enfin des fleurs et des fruits dont nous aimerions parer les murs de notre salle à manger. Fête des coloris, justesse des valeurs et cette stylisation intelligente et discrète qui confère à ces oeuvres une personnalité vigoureuse mais qui sait s'imposer avec la ferme douceur de la véritable force." (n° 111, du 25.06.1934, de La vie Limousine). Un autre article, de R. MARGERIT, donne un point de vue plus large de cette exposition qui concerne aussi Raymond GAY-BELLILE : "Décidément, point n'est besoin d'aller bien loin pour trouver des talents sympathiques. L'exposition actuelle, de la galerie Delpayrat nous en révèle un avec M. Raymond GAY-BELLILE et avec M. EUZET, nous en affirme un autre que nous connaissions déjà mais qui s'y montre, s'il est possible, en progrès. (...) M. EUZET est passé maître dans le genre si difficile de l'aquarelle ; il y atteint une beauté de couleur et une puissance de ton dont bien peu d'aquarellistes peuvent se vanter. Sa facture large, la souplesse de sa manière, son sens de l'harmonie et de la mise en page, enfin, par dessus tout, la subtilité, certaines fois de son interprétation, et d'autre fois son exécution d'une simplicité magnifique font de la moindre de ses aquarelles un délice des yeux. Qu'on me pardonne d'insister, mais il est bon de le dire très haut, le talent de cet artiste est d'une rare qualité. Mais la "peinture à l'eau" n'est pas tout, et M. EUZET ne limite pas ses travaux à ce domaine, ainsi qu'en témoigne toute une série de "papiers collés" qui sont pour la plupart d'etonnantes réussites. Ce qui m'enchante chez ce peintre, c'est que ce talent est bien, et seulement celui d'un peintre. Nul appel ici à la littérature, au fait divers ou même à l'anecdote ; émotion visuelle et c'est tout. Je ne saurais prétendre sans doute que cet art dévoué uniquement à la couleur, à la ligne, à l'arabesque, ne comporte aucun élément affectif ou intellectuel. Au contraire. Mais ces éléments se circonscrivent étroitement dans le cadre de l'émotion ou de l'impression visuelle, et s'ils concourrent à créer une ambiance qui nous fera éprouver plus profondément cette impression, ils jouent, en somme, le jeu véritable, traditionnel, juste. Ces "papiers collés", le peintre ne s'en cache point, sont essentiellement le jeu du hasard, et c'est justement ce qu'il y a de remarquable, qu'un artiste consente d'abord à se laisser guider par des forces fatales, ensuite sache apporter au produit de ces forces l'appoint de sa personnalité, le tour, la note qui leur donneront leur accent et feront de l'aventure oeuvre d'art. Interessantes aussi, ces recherches par les matériaux qu'on y emploie. Il ne s'agit plus ici du matériau artificiel qui sort des tubes, ce leurre chimique, cet interprète arbitraire. Il s'agit au contraire de matière vraie, d'éléments empruntés à notre monde à nous, donc vivants, donc humains, qui nous touchent donc directement, qui nous parlent à l'âme, qui possèdent vivement une beauté, une harmonie, une vie intrinsèques. Si l'on veut bien comparer la beauté intrinsèque d'un brin d'herbe, d'un caillou et celle d'une pâte à peindre, on comprendra tout de suite combien la première exerce plus d'attrait sentimental sur nous et l'intérêt que présente son emploi. Voilà pourquoi les "papiers collés" de M. EUZET sont des oeuvres qui dépassent la peinture, qui se rattachent à ce qu'il y a en nous de plus profond par des fils ténus et secrets du souvenir, du subconscient de notre nature même. J'oserai dire qu'ils sont l'expression du panthéisme le plus haut, d'un panthéisme éloigné de toute grandiloquence et qui nous fait éprouver profondément la richesse éternelle de la matière aussi troublante dans la plus humble parcelle que dans la majesté sans dimensions." (Le Populaire du Centre du 03.06.1934)

1936 : 47ème exposition des artistes indépendants, du 7 février au 8 mars inclus, au Grand Palais des Champs Elysées, à Paris ; catalogue : EUZET (Jean-Marie), né à Sète (Hérault), 5, avenue Saint-Surin, à Limoges (Haute-Vienne)
- 1155 Radiologie (peinture murale) - Appartient au Docteur P.E. PERIGORD
- 1156 Sylfide. - 3.000 fr (Appartient à l'auteur)
(Gallica)

1937 : 48ème exposition des artistes indépendants, du 5 mars au 4 avril, au Pavillon des Salons, Esplanade des Invalides, à Paris ; catalogue : EUZET (Jean-Marie), né à Sète (Hérault), 5, avenue Saint-Surin, à Limoges (Haute-Vienne)
- 1136 Le port de Sète. - 5.000 fr
- 1137 Thème floral et deux variations. - 5.000 fr
(Gallica)
Pour la même exposition : "Le cubisme a deux représentants parmi nous. EUZET (de Sète) développe un thème floral où éclatent les rouges et traduit le Port de Sète par de savantes arabesques" (Le Petit Méridional du 16.03.1937)

1940 : exposition au palais de Chaillot, à Paris ; oeuvres regroupées de trois salons : le Salon d'Automne, le Salon des Tuileries, le Salon des Artistes Décorateurs ; "Dans le rayon du Cubisme, nous apercevons les courbes enchevêtrées d'EUZET (de Sète)" (Le Petit Méridional du 01.05.1940)

1942 : dans le n° 1 de la revue Notre province, n° 1 (première année) de janvier-février 1942, un article de Serge GAUTHIER est intitulé : Aubusson et les peintres modernes : "Une visite aux grands peintres qui habitent actuellement Aubusson prouve que nos artistes continuent plus que jamais dans tous les domaines à composer des oeuvres qui feront rayonner le génie français. (...) Nous avons visité les ateliers de LURCAT, de GROMAIRE, de COUTAUD et de DUBREUIL. DUFY et DERAIN envoient leurs cartons. Le jeune peintre limousin EUZET s'est joint à ces artistes. (...) (Gallica)

Carton de tapisserie
reproduit dans la revue Notre province
(n° 10 spécial - décembre 1942)

"A Aubusson, la tapisserie a connu également un renouveau inespéré. De grands artistes décorateurs, comme LURÇAT, GROMMAIRE et des jeunes comme le limousin J.-M. EUZET, ont complètement transformé les vieilles méthodes de la tapisserie aubussonnaise. (...) Disons seulement qu'ils ont considérablement diminué le nombre de couleurs qu'ils ont ramenées à une quarantaine alors qu'on en employait autrefois plus de 3000. Le résultat est que l'on a diminué le prix de revient et rendu abordables les tapisseries qui revenaient autrefois à des prix astronomiques. Actuellement, les fabricants aubussonnais ont de nombreuses commandes en carnet et comme les peintres, connaissent une prospérité oubliée depuis bien longtemps." (Gallica)

1955 : acceptation de divers dons manuels par la ville de Paris, à la séance du conseil municipal du 24.11.1955, pour le musée du Petit Palais : pour les collections d'art moderne : une oeuvre du peintre EUZET, intitulée : "Jaune animé", ayant reçu le "Prix des réalités nouvelles" et offert par le président de ce salon (Bulletin Municipal Officiel de la ville de Paris, du 01.12.1955), en ligne sur Gallica.

(à compléter)

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