La lignée des EUZET de Martinique (suite 1).



"En tant qu'homme, je m'engage à affronter le risque de l'anéantissement pour que deux ou trois vérités jettent sur le monde leur essentielle clarté" (Frantz FANON) ; citation reprise en en-tête de la plaquette de la bibliothèque populaire Frantz FANON, de Rivière-Pilote. (avril 2003)


Informations sur les conjointes et les conjoints de EUZET.
Méthodes
Références


Le Marin (la commune)
Rivière Salée (la commune)
Rivière Pilote (la commune et ses habitants)
Mauny (la famille et l'habitation)
Lescouët (la famille et l'habitation)
Saint Pons (la famille et l'habitation)
Saint Pons et Lescouët (en 1827 et 1820)
Les outils de la recherche
Divers sur la Martinique
Littérature de la Martinique
Revues de Martinique
Ecrits politiques de Martiniquais
Vocabulaire technique des habitations
Avis de recherche
Questions
Informations sur les conjointes et les conjoints de EUZET.
Méthodes





Une bananeraie
( photo J.C.E. avril 2003)


Références



Le Marin (la commune)

- Etat civil du Marin. Mairie du Marin, pour 1853 (n° 235, le 10.11.1853), 1855 (n° 203, le 21.11.1855) et 1856 ; le registre de 1860 est absent ; registres d'esclaves et individualités (les années 1840) : nous remercions le personnel pour sa disponibilité et, particulièrement, Mme Béatrice BERNABÉ qui nous a montré ces registres, en avril 2003. Mme Nathalie BUHOURS a complété ces informations, en décembre 2005, par la découverte de la reconnaissance et du mariage de Marie GERMAIN (née EUZET), en novembre 1882 dans cette commune.

- Monographie du Marin. Bibliothèque SCHOELCHER, de Fort-de-France. 92709-2ECO. Les presses de l'imprimerie DESORMEAUX, à Fort-de-France. 2e trimestre 1991 : en 1664, premier démembrement de l'île ordonné par Colbert. Le "Cul-de-Sac de Saint-Etienne du Marin" a 199 habitants. En 1728, le quartier de Sainte Anne obtient d'être détaché de celui du Marin. En 1839, Le Marin est érigé en commune

- Dossier de presse Le Marin. Bibliothèque SCHOELCHER, de Fort-de-France.C73d25. C'est en 1669 que naît la paroisse du Marin. Son territoire couvrait tout le sud de l'île, englobant l'agglomération de Sainte Anne-les Salines, jusqu'à Rivière-Pilote (article de Christian JEAN-ETIENNE, dans "Sport Plus" n° 6, de juillet 1986.

- Article sur Le Marin, dans Histoire des communes Antilles-Guyane. Collection dirigée par Jacques Adélaïde MERLANDE. Pressplay. Bibliothèque SCHOELCHER, de Fort-de-France. 972.9-1HIS Jean-Claude MARAN, p. 35 : jusqu'en 1839, Le Marin était administré par un commissaire-commandant élu par les paroissiens payant un cens.

Rivière-Salée (la commune)

- Etat civil de Rivière-Salée. Population esclave. Naissances et décès. Registres originaux aux AD 972 : 2 E 23/7 pour les années 1840-1843 ; microfilm 2 Mi 146, pour la même période ; registre original "Individualités" : 2 E 23/8, pour les années 1848-1858 (c'est dans ce registre que Mme Nathalie BUHOURS a trouvé l'acte du 31.12.1848 où le nom EUZET est attribué à Sévérine, fille d'Elise). De plus, le registre d'individualités pour l'année 1848, a aussi été photographié par Mme Nathalie BUHOURS. Grâce à ces photos, il a été possible d'analyser les patronymes donnés par la mairie aux nouveaux citoyens. Un grand merci pour cette aide bénévole.

- Tables décennales de Rivière-Salée, 5 Mi 640, aux Archives nationales.

- Le Journal officiel de la Martinique du 25.10.1848 (pour la liste des conseillers municipaux nouvellement élus), en ligne sur Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France. Cette liste n'est pas toujours très claire ou est incomplète. En effet, certains prénoms sont absents ou abrégés. De plus, on peut se demander si, pour certains conseillers, il n'y a pas eu inversion entre le nom et le prénom.

En novembre 2010, la banque numérique des patrimoines martiniquais (BNPM) a mis en ligne les registres d'individualités et les registres de population esclave de Martinique. Après un premier sondage fait le 22.11.2010 sur les registres de population esclave de Rivière-Pilote, un deuxième sondage a été fait le 19.01.2011 sur le registre d'individualité de Rivière-Salée. La rubrique "Rechercher" a été utilisée en inscrivant d'abord "EUZET" pour la commune de Rivière-Salée. Là, surprise ! Le système indique deux références pour Sévérine, à savoir l'acte 510 qui correspond à ce que nous connaissions déjà (registre 2 E 23/8) mais aussi l'acte 541 qui se trouve dans les deux pages qui vont de l'acte 534 à l'acte 541 (registre E_d_23/E14). Le problème est que le système donne alors la page qui précède (jusqu'à l'acte 533) et qu'il est impossible d'accéder à la page suivante. A noter ensuite que la fonction "Rechercher" est inutile pour ce type de recherche quand on inscrit seulement "Rivière-Salée" car le système ne donne que les cartes postales de la commune et la même fonction est inopérante quand on demande "Population esclave" : rien n'apparaît, dans ce cas. En fait, celui ou celle qui a conçu ce système doit avoir l'esprit torturé car rien n'est évident pour trouver son chemin dans le site. Ainsi, pour connaître la liste de tous les registres d'une commune, il faut passer par "Plan du site" puis cocher "Listes" puis "décocher" tout ce qui n'est pas état civil, puis cocher "Pertinence" et enfin cocher la partie gauche de la barre d'affichage pour voir apparaître, finalement, la liste des registres des communes. Un vrai parcours du combattant qui ne fait que commencer. En effet, les registres sont classés par ordre alphabétique et comme Rivière-Salée commence par un R, il faut passer toutes les pages avant (de A à P), sans qu'il y ait de système permettant d'aller à une page donnant immédiatement tous les registres mis en ligne pour une commune. Pour être juste, il faut signaler qu'il existe bien un parcours plus rapide en ce qui concerne les registres d'individualié mais ce système n'existe pas pour les registres de population esclave. En effet, en revenant à la fonction "Rechercher" et en écrivant "Rivière-Salée Individualité", on arrive sur trois registres - a priori identiques - mais non cotés, avec juste la mention énigmatique : "Mots clés : écrits" (impossible de savoir lequel est le registre E_d_23/E14). Il a donc fallu regarder ces trois registres avant de trouver le fameux acte 541 dans le troisième (page 253) et vérifier ainsi qu'il s'agit simplement d'un double de l'acte 510. Pour conclure sur ce site, nous tenons à souligner la très grande utilité des informations données mais nous regrettons l'utilisation de ce logiciel de navigation. Il demanderait à être sérieusement amélioré ... pour ne pas dire plus. Dernière suggestion : si le logiciel restait tel qu'il est, ne pourrait-on, au moins, avoir plus d'explications ? Et, surtout, en cas de blocage , il faudrait savoir à qui envoyer un message pour être aidé.




Rivière-Pilote (la commune et ses habitants)


Un clin d'oeil au rhum de Rivière-Pilote :

"Marque pour être apposée sur des bouteilles contenant du rhum déposée le 25 juin 1892, au greffe du tribunal de commerce de Bordeaux, par les sieurs BOUDREAU et VARIOT négociants à Bordeaux. Cette marque a 0.082 de haut sur 0.123 de large. Elle est imprimée en noir sur fond blanc." (Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, à l'INPI)

- Registres paroissiaux et Etat civil de Rivière-Pilote, en particulier le n° 53 du 7 mars 1849. Archives nationales : 5/Mi 632. Dans la série microfilmée par les Mormons, le n° 0789121.

- Etat civil de Rivière-Pilote. Population esclave. Naissances et décès. Registres originaux aux AD 972 : 2 E 22/7/1 à 2 E 22/7/8, de l'année 1834 à l'année 1847 (lacunes : années 1835, 36, 38, 39, 41, 43). Aucun microfilm. Selon les informations de Mme Nathalie BUHOURS, les registres d'individualités de Rivière-Pilote ne sont pas consultables actuellement (juillet 2005), car ils doivent être envoyés à Paris pour restauration. Les AD estiment qu'il faudra environ un an.

- Les minutiers des notaires de Martinique, aux Archives nationales.

- Liste des affranchis à Rivière-Pilote, en 1833, par Mme Nathalie BUHOURS (voir "la suite 2") qui apporte une aide appréciable dans la recherche (c'est elle qui a trouvé, notamment, les actes du 31.12.1848, du 08.09.1858, du 13.05.1859 ..., qui a su percer le mystère de l'ascendance de Jérémie GERMAIN et qui assure un suivi constant, permettant ainsi de rectifier un certain nombre d'erreurs).

- Tables décennales de Rivière-Pilote, jusqu'en 1893. Archives nationales, en particulier 683 Mi/62.

- Etat civil de Rivière-Pilote, de 1872 à 1903. Mairie de Rivière-Pilote. Nous remercions le personnel pour sa disponibilité.

- L'acte de décès de Jérémie GERMAIN, en 1905, a été transmis par M. Davy BOUTRIN.

- La date de naissance de Thérèse Juliette (génération 5), en 1923, sur le site de M. Casimir FILIN (base GeneaNet).

- La date de décès de Léon Jean Baptiste (génération 4), en 1946, sur le site de Mme Nathalie BUHOURS (base GeneaNet).

- Registres dits de la "population esclave", conservés uniquement aux Archives départementales de Martinique (AD 972) : pour Rivière-Pilote, ils ne sont pas antérieurs à 1834 ; pour Rivière-Salée, les mêmes registres conservés n'existent que pour la période 1840-1843. Or, Sévérine naît vers 1825 à Rivière-Pilote. Il faudrait donc les consulter pour vérifier si le décès d'Elise, la mère de Séverine, n'y est pas, puisque l'on sait qu'elle est morte avant août 1848 mais sans plus de précisions.

- Le plan de Rivière-Pilote, photocopié gracieusement par le bureau de l'urbanisme de la mairie de Rivière-Pilote (à insérer ultérieurement)

- Bibliothèque populaire Frantz FANON, au Centre associatif de Rivière-Pilote. Nous remercions spécialement son bibliothécaire, M. Hervé ZENOKI, qui, en avril 2003, nous a constitué un dossier sur l'histoire de Rivière-Pilote.

- "La population d'un quartier de la Martinique au début du XIXe siècle d'après les registres paroissiaux : Rivière-Pilote 1802-1829". Article de l'abbé Bernard DAVID. Extrait de la Revue française d'outre-mer, n° 220 - 3e trimestre 1973, t. 60. Librairie orientaliste Paul GEUTHNER S.A., 12, rue Vavin, Paris - BNF : cote 8-G-14786 (159), Tolbiac.

- "Etude du milieu : Rivière-Pilote", par M. MONROSE. Fort-de-France, les Cahiers du CERAG. 1975

-Rivière-Pilote dans "Histoire des communes Antilles-Guyane. Volume 5. Port-Louis-Saint-François. Collection dirigée par Jacques Adélaïde MERLANDE. Pressplay 1986

- Une hypothèse émise par la chercheure Marie-Anne BESSON (liste de diffusion cgw972) mérite d'être aussi étudiée. En effet, on a donné à certains affranchis un nom "dégradé" par rapport à celui qui a décidé de l'affranchissement, ou du moins en lien avec l'habitation où était l'esclave affranchi. En l'occurence, le patronyme EUZET pourrait être un "dégradé d'ESCOUET (on peut d'ailleurs se demander si le patronyme auquel on aboutit n'est pas la "traduction" d'un parler créole qui a insisté sur la première et la dernière des trois syllabes du patronyme breton l'ESCOUËT). Ce raisonnement perd, cependant, de la force puisque l'on sait maintenant, par l'acte du 31.12.1848, que Sévérine n'était pas une affranchie. Il reste encore à étudier les patronymes attribués par la mairie de Rivière-Salée en 1848, afin de vérifier si d'autres noms de petites communes françaises ont été utilisés (le cas a, semble-t-il, été fréquent en Guadeloupe).

- Le dossier LUBIN : demande de grâce", aux Archives nationales, cote BB 24-782 11907
Extraits de ce dossier : "Le bourg Le Marin est situé non loin du village Rivière-Pilote où vit une population noire d'ouvriers des sucreries, animée du plus mauvais esprit et croyant à tort qu'elle est, en toute occasion, sacrifiée aux représentants de la race blanche de la colonie (...) Après l'extermination des Caraïbes, indigènes primitifs, de la Martinique, on décida d'introduire, au moyen de la traite, la race noire dans la colonie pour cultiver la canne à sucre. En 1736, la population esclave de la colonie ne s'élevait pas à moins de 72 000 noirs. En 1862, le nombre des individus originaires d'Afrique avait atteint le chiffre de 117 000, sur 9400 blancs européens. Pour contenir cette population, la colonie ne dispose que d'une force armée composée en moyenne de 1500 hommes. Ces chiffres démontrent d'autant plus la nécessité d'une répression énergique que la population d'origine africaine est animée contre la colonie européenne d'une haine séculaire de race. Sans rappeler ici les insurrections qui ont suivi, à deux reprises, en 1792 et en 1848, l'abolition de l'esclavage, on a vu plus haut que le soulèvement de la Rivière-Pilote n'avait pas été excité par des passions politiques proprement dites. A bas les blancs ! s'écriaient les insurgés. Vivent les Prussiens ! victorieux des Français (...) En présence de ces sentiments d'orgueil blessé et de rancune invétérée qui seront peut-être une cause de discorde perpétuelle entre les deux races, il paraît indispensable de ne pas affaiblir l'autorité de la Justice par des mesures de clémence excessives et inopportunes. 4 septembre 1871 (...) 35 habitations devinrent avec leurs dépendances la proie des flammes"

- "L'insurrection du sud de la Martinique", étude de M. Gilbert PAGO. Historial antillais. Société Dajani. Imprimé par MAURY.Imprimeur S.A. Tome IV assuré par M. Adélaïde MERLANDE. Dépot 1er trimestre 1982. [voir ci-dessous, dans "les informations sur les conjointes et les conjoints de EUZET", des extraits de cet article, à propos de Jérémie GERMAIN]


- "Le livre d'or des soldats martiniquais morts pendant la grande guerre", de Sandrine ANDRIVON-MILTON (SAM Editions, 2006). L'auteur, enseignante et Docteur en histoire, que nous avons rencontrée au salon du livre 2009, nous a autorisé à reprendre des extraits de son livre sur ce site. Dans cet ouvrage, elle recense les noms des soldats martiniquais morts ou disparus pendant la grande guerre. Quand le livre a été écrit, elle avait pu décompter les décès de 1876 soldats dont 1775 sont inscrits sur les monuments aux morts. Des tableaux indiquent pour chacun, le noms, le ou les prénoms, l'année de naissance, la date et le lieu du décès et d'autres précisions dans certains cas (articles de presse, citations, écriture différente du patronyme selon les sources, lei d'inhumation etc.)



La couverture du livre de Sandrine ANDRIVON-MILTON


Voici la liste de ces soldats pour Rivière-Pilote (ne sont repris ici que les noms et prénoms) :

ABATUCI (Lucien), ABATUCI (Victor), ADELAIDE (Edouard), AGAT ou AGATHE (Raymond), AGRICOLE (Clavius), AILLARD (Félix), ALEXANDRE (Honorat), ALGER (Wilfried), ALPHONSINE (Joseph), ANTONIO (Guillaume), ASSOUVIE (Jean Anthime), ATAY ou ATEY (Lucien), ATHENECY (François Sosthène), BELAY (Maurice Homer) ou BELAY-MAURICE Honoré, BERT (Mathurin), BERTHOME (Jean), BESSIEUX (Urbain), BLEVINAL (Julien), BONJON (Irénée), BORVAL (Benoît), CAROLA (Martin Lucien), CHARLERY (René Rose Etienne), CLAVER (Ambroise), CLAVER (Virgile), CONSTANCY (Emile), CYTHERE (Eloi), DANIEL (Adraste) ou ADRASTE (Daniel), DOTEVAGE (Xavier-François), EBOIN (Joseph Simplice), EBROIN (Léonard), EDMOND (Valère Martin) ou VALERE (Edmond), EDOUARD (Albert), ERUAM (Antoine), ESTHER (Eugène), FARADE (Bernard Exanthius), FAUX (Jean), FENINE (Léon surnommé René), FERDINAND (Paul), FEVAL (Eucher), FONTAINE (Bernard), GERCIN (Basile), GIRIER (Casimir), GONZALVE (René), GROS-DESORMEAUX (Michel dit Hilaire), GUITTEAUD (Jean), GUITTEAUD (Antoine), HAUSTANT (Léon surnommé Osance), JACQUA (Mathurin), JANVIER (Lucien), JEAN dit JEAN-BAPTISTE SIMONE (Virgile surnommé Ti Maître), JEAN BAPTISTE (Clément), JULIARD (Corneille), JULIARD (Michel), LAMBERT (François), LANOIX (Panerine ou Symphorien Hyppolyte), LAPRESSE (Clotaire), LIARD (Stalislas), LINA (Benoît), LINA (Villa), LOUIS-SYDNEY (Hyacinthe), LUBIN (Maxime), LUCIATHE (Paul), MACAYA (Clément surnommé Adhémar), MAÇON (Célestin), MARIE-LUCE (Henri-Léon), MARIE-REINE (Eucher), MARIE-ROSE (Philippe), MARIETTE (Marius), MARIUS (Rémy), MELIS (Robert), MELIS (Martin), MILAN (Edouard), MIRZICA (Théodule), MODESTIN (Pierre), MONLOUIS ou MONTLOUIS (Magloire), MONLOUIS (Constantin), ORNEM (Jean), OURMIAH (Sosthène), PAMELA (Basile), PANCRATE (Théodore), PASTEL (Louis Télesphore), PASTEL (Mathurin), PEZO (Georges), PRUDENT (Iréné), RAIMONE (Victor Apollinaire), RAIMONE (Louis), RAVILLIER (Adraste), REIZO (Jean), REPERT (Ivan), RIERNY (Léon), ROCQ (Gaëtan), RODRIDE (Saturnin André), ROME (Isidore), ROME (Augustin Bellucq), ROSE-HENRY (Calixte), RUPPIN ou RUPIN (Félix Clotaire), SAINT-PIERRE (Joseph), SELOI (Concepte), SIRACUSE (Jacques), TAILLY (Léonard), TARDIF (Benoît), TELGA (Luc Barege), THOMIS (Octave ou Honoré surnommé Octave), TOUCHE (Paul), TRAJEAN (René), TRESIDENT (Léonard), VADO (Siméon), VALERE (Edmond), VALDOR (Augustin), VIGILANT (André Damase), VINCENT (Isidore), VINCENT (Paul Vincent), VINCENT (Léon), ZAIRE (Luc), ZAMORD (Edmond), ZOZINE ou ZOZIME (Flavius).

Nous n'avons pas repris les distinctions entre les noms des soldats qui sont sur le momument aux morts de Rivière-Pilote, de ceux qui sont nés dans la commune mais qui sont inscrits sur un autre momument, ceux qui ne sont pas sur les monuments mais que l'on trouve dans le site Mémoire des Hommes, ceux dont les noms se trouvent dans les registres de l'état civil ou dans le registre matricule ou encore ceux qui sont ou non cités dans Le livre d'or de l'effort colonial français. De fait, l'ouvrage de Mme ANDRIVON-MILTON offre toute une série d'informations complémentaires, auxquelles s'ajoutent des photos. Pour Rivière-Pilote, ce sont des photos du monument aux morts, dans le cimetière communal, avec des détails sur son inauguration, y compris le texte du discours prononcé le 18.11.1922, pour l'anniversaire du 11 novembre.

- Compte rendu de la 11ème séance du Conseil général de la Martinique (30.11.1934) : liste des personnes susceptibles de constituer le jury d'expropriation pour cause d'utilité publique ; Thomas EUZET, à Rivière-Pilote, est désigné (p. 98). En ligne sur Gallica, le site de la Bibliothèque nationale de France.

- "Les Cahiers du patrimoine" : "Hommes et femmes célèbres et figures populaires de Martinique" (Conseil Régional de Martinique), n° 29 - Juin 2010 ; revue éditée par le Musée Régional d'Histoire et d'Ethnographie de la Martinique (10, Boulevard du Général de GAULLE - 97200 Fort-de-France) :

(p. 108) Jules LUCRÈCE, "pédagogue et historien" (article de Sylvie MESLIEN) : "Jules LUCRÈCE est né à Rivière-Pilote le 14 septembre 1879. Il est issu d'une famille de cultivateurs petits propriétaires terriens. Il va à l'école à Rivière-Pilote et poursuit ses études au lycée de Saint-Pierre. Il obtient son Brevet de capacité et son certificat de moralité, tous deux nécessaires pour enseigner. En 1901, il se marie et fonde une famille, 15 enfants naîtront de cette union. Jules LUCRÈCE exerce surtout ses fonctions dans le Sud de la Martinique, il débute comme instituteur adjoint, il professe à Petit-Bourg (Rivière-Salée), à Sainte-Luce, au Marin et à Rivière-Pilote. Il termine sa carrière à Fort-de-France, comme Directeur de l'école des Terres-Sainville. "Il professait que la mission de l'instituteur n'était pas parfaitement remplie quand celui-ci s'était borné à enseigner, même avec compétence et avec zèle, les éléments essentiels des lettres, des sciences ou des mathématiques, sans s'appliquer à être avant tout un éveilleur de consciences et d'âmes" (Anonyme, Eloge funèbre de Jules LUCRÈCE, en 1942, f° 3) C'est certainement ce qu'il fut durant sa vie. Sa fonction ne lui permettait pas de jouer un rôle dans la politique locale, son administration lui imposait la plus stricte des neutralités. Cependant, il faisait partie de ces hommes influents que l'on écoute : il appartenait aux trois personnages importants d'une commune avec le Maire et le Prêtre. A ce titre, il était important pour lui de se tenir informé des affaires sociales et politiques de son île, sans y être directement impliqué. Jules LUCRÈCE est partagé entre la situation sociale et politique qui règne en Martinique et sa fonction d'enseignant qui doit former de futurs citoyens : "des hommes éclairés" (Anonyme, Eloge funèbre de Jules LUCRÈCE, en 1942, f° 6) , patriotes et attachés aux valeurs de la France. Jules LUCRÈCE est un contemporain de Jules MONNEROT et de Joseph LAGROSILLIÈRE qui vont tous deux contribuer à l'essor du mouvement socialiste à la Martinique. Il est le témoin des grèves de 1900 (grève du François), de 1910 (Sainte-Marie), et de toutes celles qui vont suivre (1919, 1921, 1923, 1925). Il est proche du mouvement socialiste et intervient parfois sous un pseudonyme au journal L'Aurore du même courant. Durant cette période, les tensions sociales, politiques sont importantes, de nombreuses réunions politiques se tiennent pour discuter de la situation sociale de l'île, elles rassemblent, entre autres, l'intelligentsia martiniquaise dont fait partie Jules LUCRÈCE, les ouvriers, les agriculteurs. Ses positions politiques, qu'il n'exprime pourtant pas au grand jour, le mettent en porte-à-faux avec ses supérieurs. Les instituteurs doivent être les garants des valeurs de la République. Ses activités vont lui valoir d'être déplacé par le Gouverneur RICHARD dans la commune du Robert. L'instituteur n'est pas en dehors de ce qui se passe dans son île dont il aime exalter les beautés à travers quelques textes, et quelques poèmes (non publiés). Il vit difficilement l'éruption de la montagne Pelée à Saint Pierre en 1902 : c'est le lieu où il a étudié et où il avait des amis. Après la catastrophe, il y retourne assez souvent : "il s'en allait revoir ces lieux où s'étaient déroulées les fécondes années de sa jeunesse studieuse dont il a chanté les beautés et le pittoresque en une langue imagée de poète et d'artiste et dont il a gardé comme une sorte de nostalgie qui le ramenait périodiquement au milieu des ruines dont chaque pierre évoquait pour lui un souvenir" (Anonyme, Eloge funèbre de Jules LUCRÈCE, en 1942, f° 1) . Mais ce qui fera la notoriété de Jules LUCRÈCE, c'est son ouvrage "Histoire de la Martinique, cours supérieur et complémentaire des écoles primaires" qu'il publiera aux éditions des PUF (Presses universitaires de France) en 1933. Son livre fait de lui un précurseur, il montre sa volonté de faire connaître et de rendre accessible l'histoire de la Martinique, certainement méconnue des élèves. Il contribue à inscrire cette histoire au côté de l'histoire de la France jusqu'alors seulement enseignée en Martinique. "Par la lecture de votre manuel, les jeunes Martiniquais connaîtront les conditions de la découverte des Antilles, les moeurs des Caraïbes, (...) les luttes contre les Anglais, l'idéalisme des abolitionnistes (...) bref tous les grands événements que l'on doit connaître quand on veut être digne de son pays et mériter le nom de citoyen." (Lettre d'Albert FOURET, chef du service de l'Instruction Publique au sujet de l'ouvrage écrit par Jules LUCRÈCE, datée du 19 novembre 1930. Histoire de la Martinique, cours supérieur et complémentaire des écoles primaires, 1933.) Son ouvrage qui se présente sous forme de cours au nombre de trente et un, commence par "la découverte de la Martinique par Christophe COLOMB" et se termine par "La Martinique sous la 3ème République". Une notice biographique des principaux personnages de l'histoire martiniquaise et un "tableau chronologique" complètent l'ensemble. Son livre s'inscrit dans une époque où l'enseignant, même s'il avait la liberté d'enseigner, devait le faire en respectant les règle républicaines et laïques qui lui étaient imposées sans pouvoir émettre un avis contraire. Il n'omet pas de parler des grands événements qui participent à l'histoire de l'île, tout en restant fidèle à l'idéal de la nation France. Il la présente comme la mère patrie et l'oeuvre de la France y est glorifiée. Il passe sous silence la traite négrière, la longue période esclavagiste et tronque les pages concernant l'abolition de l'esclavage. Cela peut s'expliquer par le manque de sources auxquelles l'auteur a accès, mais cela peut s'expliquer aussi par le fait que l'époque est à l'oubli de ces pages douloureuses : " c'est la France qui a donné à nos pères la liberté ; c'est elle qui a fait disparaître les anciennes distinctions sociales et a fait de nous des hommes, des citoyens ayant tous les mêmes droits comme les mêmes devoirs ..." (Jules LUCRÈCE, réflexions générales, Histoire de la Martinique, cours supérieur et complémentaire des écoles primaires, 1933, p. 163) L'enseignement de l'histoire apportée aux élèves s'inscrit dans cette assimilation culturelle voulue par une grande partie de la population martiniquaise, il doit permettre de faire naître chez l'écolier un sentiment patriotique vis-à-vis de son île, mais aussi de la France. Il meurt en 1942 à Terres Sainville où il résidait. Il est indéniable que Jules LUCRÈCE a marqué, par son ouvrage et sa personnalité, l'enseignement à la Martinique. Pour valoriser son oeuvre et la garder en mémoire, son nom fut attribué à l'école mixte A du Bourg de Rivière-Pilote.
[Toutes les notes relatives à cet article ne sont pas reprises ici.]

(p. 124) Léona GABRIEL (article de Sully CALLY) : "Au sein d'une famille aisée de Rivière-Pilote, alors région vouée à la canne à sucre, naît en 1891 Léona GABRIEL. Sur l'habitation où travaille son père, un petit propriétaire terrien, la petite-fille - aînée de cinq enfants - passe grande partie de ses loisirs à écouter les ouvriers chanter pour se donner du courage au labeur et suit tout particulièrement les palefreniers dont le métier la fascine. Tous ces hommes chantent les airs à la mode. C'est peut-être à ce moment là que naît la future passion de Léona pour la chanson créole. Elle n'a que dix ans quand son père se tue accidentellement lors d'une partie de pêche dans l'embouchure de la rivière Pilote. La récession s'installe alors dans la famille. Sa mère, toute à son chagrin, sera emportée plus tard par la maladie. C'est le désarroi. La jeune Léona, âgée de quatorze ans, part en Guyanne avec sa tante Marie et ses trois soeurs tandis que son frère Auguste s'engage dans une carrière militaire. A la fin du siècle dernier, la Guyane fait miroiter pour de nombreux Antillais un Eldorado possible : de l'or qui peut faire le bonheur des uns mais aussi le malheur des autres. Elle passe toute son enfance à Cayenne. Devenue jeune femme adulée, elle rejoint le Panama où l'attend un poste de secrétaire, vraisemblablement auprès de la société de construction du canal. Puis regagne la Martinique. Dès son arrivée elle négocie l'achat de la pharmacie Lamy, près de la place de la Savane, pour sa soeur et son beau-frère, qui deviendra la pharmacie Glaudon. Elle est belle, considérée parmi les plus belles femmes du pays, cette jeune mulâtresse pleine de charme a la voix séduisante. Cette voix, peut-être d'ailleurs l'a-t-elle déjà travaillée en Guyanne en côtoyant ces nombreux musiciens qui firent la traversée : Archange SAINT-HILAIRE, STELLIO, Alfred EDMÉE, etc. Toujours est-il qu'elle charme l'un des frères BELLONIE, Georges, propriétaire d'une distillerie de Rivière-Pilote, commune si chère à son coeur. Déjà vedette de la chanson créole, Léona GABRIEL habite l'impasse Louis Blanc à Fort-de-France mais parcourt la Martinique, en s'attardant plus particulièrement à Saint Pierre qui renaît de ses cendres. Elle chante ce pays qu'elle aime, se lance dans la composition et crée de nombreuses mélodies, sur tempo biguine et de mazurka, qui deviendront, par la suite, des classiques du genre. Elle aime les satires, parfois jugées très osées mais qui ne constituent pas d'obstacles à son succès assuré par sa voix et par sa beauté. La Martinique chante Vini ouè kouli ya, puis dans les années trente Maladie d'amour qu'Henri SALVADOR, son neveu, reprendra quelques années plus tard. Léona GABRIEL décide de quitter son île natale après sa rupture avec Georges BELLONIE et débarque à Paris vers 1920. Elle est jeune, belle et attirante et rencontre Dany DERFF, talentueux compositeur d'origine russe, qui devient son mari et prend en main sa carrière. Elle interprète quelques-unes de ses compositions et c'est vraisemblablement Dany DERFF - qui à la différence de sa femme possède la technique musicale - qui assurera les arrangements des airs typiques créés par elle. Léona GABRIEL fait désormais partie du milieu artistique de la capitale. Elle compte parmi ses intimes Edith PIAF, Henri LEMERY, etc. Quelques années plus tard, de nouveau seule, elle se rapproche du milieu antillais et intègre l'orchestre de STELLIO dont elle devient la chanteuse attitrée. Les répétitions se déroulent à Montparnasse, chez Fernande de VIREL et c'est là que la future Moune de RIVEL, sa fille, fait la connaissance de cette grande dame de la chanson créole. Avec la formation de STELLIO, déjà clarinettiste célèbre, Léona GABRIEL surnommée Stella, parcourt la France, allant de gala en gala, consacrée véritable reine des cabarets. Eugène DELOUCHE l'accompagne parfois à La Boule Blanche à Paris. En 1935, Léona GABRIEL se remarie avec un médecin militaire M. SOÏME, qu'elle suit au Sénégal, lors de ses missions, deux années durant. Elle chante surtout en privé dans le cercle des amis de son mari qui l'ovationnent à chacune de ses prestations. De retour à Paris, elle envoie ses premiers enregistrements en Martinique à sa soeur chargée de les mettre en vente. Mais cette dernière, contraire à l'idée que sa soeur aînée soit une artiste, achète tout le stock à son arrivée. La guerre met un terme provisoire à la carrière de Léona GABRIEL qui décide, en 1948, de regagner la Martinique. Fort sollicitée, elle donne des récitals aussi bien en Martinique qu'en Guadeloupe où elle suit quelque temps son mari et anime des émissions radiophoniques à Radio Martinique, dont la célèbre est Ça c'est la Martinique accompagnée de l'orchestre du tromboniste Archange SAINT-HILAIRE et par Hurard COPPET. En 1966, elle reprend ce titre pour un recueil de chansons créoles qu'elle publie cette année, témoignage d'une époque et des principales oeuvres du folklore martiniquais d'avant 1902 et la destruction de Saint-Pierre. Elle marque de son empreinte le carnaval des années soixante. Léona GABRIEL a enregistré de nombreux disques avec les plus grands musiciens : STELLIO, Hurard COPPET, Archange SAINT-HILAIRE et la réédition de ses oeuvres est la preuve de son talent. En 1971, Léona GABRIEL quitte à jamais la scène, ses amis, et sa commune de Rivière-Pilote lui rend hommage en baptisant une rue de son nom.

(p. 134) Horace BEUZE (1883-1967) "Résistant à l'amiral ROBERT et acteur du passage à la départementalisation" (article de Louis-Félix OZIER-LAFONTAINE). "Ce natif de Rivière-Pilote, maire de sa commune entre 1932 et 1953 et, entre-temps, vice-président du Conseil Général, est l'exemple même de ces notables ruraux qui ont occupé des fonctions électives importantes durant les périodes transitoires de l'occupation vichyste représentée par l'amiral ROBERT et du passage légal de la colonie à la départementalisation. Horace BEUZE fut membre des premières promotions d'élèves ayant pleinement bénéficié de l'enseignement dispensé par la toute récente école gratuite et laïque instituée en Martinique, et implantée à la rue principale de Rivière-Pilote, précisément dans des bâtiments donnés par ses ascendants familiaux. Lauréat du concours d'administrateur des colonies, mais ne pouvant rejoindre son poste en Afrique noire, il fut recruté en tant que secrétaire de mairie de Rivière-Pilote par le maire Jacques GROS-DÉSORMEAUX, emploi qu'il exerça jusqu'à l'année 1932, où il succéda à ce dernier à la tête de la municipalité pilotine. Mais Horace BEUZE, radical socialiste et franc maçon de son état, fut relevé brutalement de ses fonctions de maire en 1941 par l'amiral ROBERT, et remplacé arbitrairement par M. BELLONY (Georges BELLONIE). Horace BEUZE a été notamment accusé par l'amiral d'aider les résistants de Rivière-Pilote et des environs voulant s'en aller clandestinement rejoindre les fronts de combats de la Seconde Guerre mondiale. Menacé, il refusa de dénoncer les nombreux ressortissants de Rivière-Pilote qui s'embarquaient la nuit, à partir des plages de Poirier, d'Anse Fiset et de l'Anse Figuier pour gagner l'île voisine de Sainte-Lucie. Pour marquer sa défiance envers l'amiral ROBERT, il quitta même, avec sa famille, sa résidence du bourg de Rivière-Pilote, pour une maisonnette du côté de Josseaud. De là, il pouvait fréquenter en sécurité les résistants à l'ordre vichyste qui était imposé à la population partout dans l'île. Horace BEUZE retrouva triomphalement ses fonctions de maire en 1943 ; fonctions qu'il exerça jusqu'en 1953. Entre-temps, il fut élu conseiller général. Désigné vice-président de cette assemblée, il fut nommé Chevalier et officier de la Légion d'honneur. Devenu, entre-temps, agriculteur pour faire vivre sa nombreuse famille, il accéda parallèlement aux plus hautes responsabilités à la Chambre d'agriculture. C'est sous sa mendature de maire de Rivière-Pilote que l'épopée de BEAUREGARD se développa et se termina ; après la capture par balles de ce dernier du côté du quartier Poirier, il eut d'ailleurs à en traiter administrativement l'épilogue. Parmi ses réalisations de maire, on retiendra notamment la création d'une école gratuite de formation technique à Rivière-Pilote. Battu aux élections municipales de mars 1953, d'abord par la liste des communistes conduite par Maurice NORDEY, c'est par le jeu des combinaisons qu'il laissa ensuite sa place de maire à Jules SAUPHANOR. Avec Horace BEUZE disparaissait de la scène politique locale, une des dernières figures de l'élu issu de l'élite d'une ruralité martiniquaise, à la fois mentalement nouée aux univers coutumiers de la société de plantation et, simultanément, acteur résolu du passage à la départementalisation à partir de mars 1946.

- Les maires de Rivière-Pilote, de 1837 à 2013 ("Les maires de France à travers le temps" sur le site de FranceGenWeb ; sources : Etude "Familles et Patrimoines" - Mme Enry LONY) :

François GROS-DESORMEAUX-DUCANET  1837 ; Thimoléon FOUGAINVILLE (de)  1839 ; Marc Antoine Gustave GROS-DESORMEAUX  1848 ; Auguste CORNETTE de VENANCOURT  1860 ; Auguste  VENANCOURT   1870 ; Jean-Baptiste BRETON (Le)  1870 ; Marc Antoine Gustave GROS-DESORMEAUX  1871 ; Louis Joseph Horatius POMPONNE  1874 ; Jean-Baptiste Joseph Lowinsky RENE-CORAIL  1876 ; Jean-Baptiste Félix GONNIER  1879 ; Louis Joseph Horatius POMPONNE  1880 ; Emile DENISE   1900 ; Léonidas BINNET  1918 ; Jacques Marie Auguste GROS-DESORMEAUX  1929 ; André Horace BEUZE  1932 ; Georges BELLONIE  1941 ; André Horace BEUZE  1943 ; Jules SAUPHANOR  1953 ; Alfred MARIE-JEANNE  1971 ; Lucien VEILLEUR  2000

- Extrait du livre : La vierge et le bandit, de Jean-Pierre OCTAVIUS (Lettres des Caraïbes - L'Harmattan - 2011 - Paris) ; cet extrait (p. 194) concerne Thomas EUZET (Voir, pour plus de détails sur ce livre : "Jean-Pierre OCTAVIUS" et, sur la généalogie de Thomas EUZET : "Thomas EUZET") :
" - Pas plus tard que vendredi, BEAUREGARD m'a dépouillé. Alors que j'étais chez moi tranquillement à compter l'argent de la récolte de cannes. Il était aux environs de 6 h du soir quand il fit irruption et me menaça avec son fusil, m'intimant l'ordre de lui remettre impérativement l'argent, sinon il serait dans l'obligation de tuer mes deux mulets attachés dans la savane ainsi que moi-même. Je craignais qu'il mette sa menace à exécution. Pour éviter tout désagrément, car on n'est jamais à l'abri d'une déconvenue avec René, je lui glissai les sous sur la table. Il récupéra l'argent, mais avant de partir, prit soin tout de même d'abattre un de mes cabris, en y découpant deux gros gigots qu'il fourra dans son sac, déclara EUZET d'un ton affecté.
- Y'en a marre avec lui ...! Les autorités ... qu'est-ce qu'elles attendent ? cria un autre.
- Oui, Monsieur EUZET, je suis au courant de cette histoire qui malheureusement se répète souvent.
- Ce bandit doit être abattu ... affirma EUZET d'un ton péremptoire.
- Il est très malin. Le coincer pour l'abattre n'est pas aussi facile que vous le croyez, s'empressa d'ajouter BERNUS.
- Monsieur BERNUS, pour ça, vous pouvez le dire ...! appuya Thomas EUZET désappointé.
(...)
"

- Les registres de population esclave, avant 1848 :


En novembre 2010, la banque numérique des patrimoines martiniquais (BNPM) a mis en ligne les registres d'individualités et les registres de population esclave de Martinique. Pour Rivière-Pilote, il s'agit d'une partie des registres de population esclave (avant 1848) et des registres d'individualité (en 1848 et 1849).

Un premier sondage sur ceux de Rivière-Pilote a été fait le 22.11.2010 pour les registres suivants :
- 2 E 22 00007_001 qui concerne l'année 1834 : en ligne mais pas visualisable (problème temporaire ?).
- 2 E 22 00007_002 qui concerne l'année 1837 : en ligne ; vu.
- 2 E 22 00007_003 qui concerne l'année 1840 : en ligne ; vu.
- 2 E 22 00007_004 qui concerne l'année 1842 : en ligne ; vu.
- 2 E 22 00007_005 qui concerne l'année 18.. : n'est pas en ligne.
- 2 E 22 00007_006 qui concerne l'année 18.. : n'est pas en ligne.
- 2 E 22 00007_007 qui concerne l'année 1846 : en ligne ; vu.
- 2 E 22 00007_008 qui concerne l'année 1847 : en ligne ; vu.
- RI 01 qui concerne les années 1848 et 1849 : table alphabétique du registre d'individualié : en ligne ; vu.
- Registre d'individualité qui concerne les années 1848 et 1849 : en ligne ; vu par sondages.

Ces registres sont très bien tenus et lisibles sans trop de difficultés (sauf parfois pour les prénoms). Ils concernent essentiellement les naissances et les décès mais il y a aussi quelques mariages à partir de 1846; Pour certains actes de naissance, il y a en marge les indications ultérieures de légitimation. Dans les dernières années, on indique pour chaque esclave le numéro du certificat de recensement. Pour tous, il y a toujours, en plus de la date, le nom du propriétaire. Parfois, est indiquée l'habitation concernée. C'est surtout le cas, semble-t-il, quand il y a un risque de confusion. Par exemple, dans ces registres, l'habitation Lescouet est dirigée, à cette époque, par les du PLESSIS qui sont les géreurs de cette habitation (en 1837) puis qui sont indiqués comme étant les mandataires des héritiers de LESCOUET. Comme, en même temps, il y a des actes qui concernent l'habitation des du PLESSIS (c'est-à-dire Saint Pons mais qui n'est jamais signalée par son nom), on comprend que la précision du nom de l'habitation Lescouet n'était pas inutile. Pour ce qui concerne Saint Pons, les actes indiquent seulement le nom de la propriétaire, à savoir : "la dame veuve ARTUR du PLESSIS".

Un nouveau sondage, le 04.04.2011, a montré que le registre de l'année 1834 n'est toujours pas visualisable. De plus, il faut charger page à page jusqu'à la 72ème pour accéder au document. En effet, le système ne permet pas d'y aller directement ou, au moins, d'y accéder plus facilement en allant de dix en dix, ce qui se fait dans la plupart des sites d'Archives départementales. Un message a été envoyé pour signaler l'anomalie mais il est resté sans réponse.

Un nouveau sondage, le 07.04.2013, a montré que le registre de l'année 1834 n'est toujours pas visualisable ! Plus précisément, quand on clique pour l'ouvrir, on aboutit sur la page noire qui indique qu'il s'agit du numéro 006, au lieu du 001 (lequel n° 006 n'est d'ailleurs pas en ligne). Un nouveau message a été adressé au responsable du site (le système a bien signalé que le message a été envoyé). Voici le texte du message : Bonjour, Comme je l'ai déjà signalé les années précédentes, il y a un registre de la population esclave de Rivière-Pilote qui ne s'ouvre pas. Il s'agit de celui de l'année 1834 (n° 001). Quand on clique dessus, la page en noir qui apparaît indique d'ailleurs qu'il s'agit du registre 006 et on ne peut aller plus loin. Je précise que mon ordinateur fonctionne bien et que j'ai pu visualiser tous les autres registres. S'il s'agit vraiment de l'année 1834, c'est particulièrement important car c'est le registre le plus ancien conservé pour cette commune. Je vous remercie par avance si vous pouvez le rendre visible. Cordialement, Jean-Claude EUZET

Par contre, le registre n° 005 est devenu disponible (toujours au 07.04.2013). Il s'agit de l'année 1844 dans lequel nous avons trouvé le décès de Julie, fille d'Elise, au 15 mai. Cet acte et ce registre (qui est complet) veulent donc dire qu'Elise est décédée entre janvier 1845 et août 1848 (liste des agriculteurs de l'habitation Saint Pons). A noter aussi que l'on accède plus facilement aux registres en question ... quand on a un peu pratiqué le site. Après avoir mis les index sur "Pertinence" et "Liste" et n'avoir laissé la coche que sur "Documents", si on écrit "Population esclave" et que l'on clique sur "Chercher", on obtient 22 pages pour l'ensemble des communes (si on écrit "Population esclave. Rivière-Pilote", le système ne répond pas). Les registres concernant la commune se trouvent alors dans les pages 17, 18 et 19. Peut-être existe-t-il un chemin plus court ?

- La Fabrique de la Rivière Pilote est indiquée comme l'un des propriétaires d'esclaves en 1848, à la page 297 du livre d'Oruna D. LARA et Inez FISCHER-BLANCHET : "Propriétaires d'esclaves en 1848 : Martinique, Guyane, Saint-Barthélémy, Sénégal" (L'Harmattan, février 2013).

En novembre 2014, le site de la Banque Numérique des Patrimoines Martiniquais (BNPM) offre une présentation renouvelée avec beaucoup de documents nouveaux venant des archives diocésaines. Le site est agréable et facile à consulter. Tous les registres indiqués ne sont pas encore en ligne mais ce nouveau départ est très prometteur. Par contre, certains registres qui existaient avec l'ancienne présentation ne sont plus disponibles. C'est le cas des registres de population esclave de Rivière-Pilote. Nous l'avons signalé au "Webmestre", le 06.11.2014, à 10 H 30, en utilisant le lien "Contact" qui est sur le site et qui est justement destiné à signaler les "bugs" et autres anomalies. Nous avons fait un nouveau message le 10.11.2014, à 08 H 20, en précisant les cotes des 8 registres disparus et en demandant si leur mise en ligne est prévue en 2014 ou 2015. Nous avons ensuite fait le message suivant, le 20.11.2014, à 18 H 47 : "Bonjour, Je n'ai pas eu de réponse à mes messages des 6 et 10 novembre où je vous indiquais que les huit registres de populations esclaves de Rivière-Pilote avaient disparu avec la nouvelle présentation du site. Je vous demandais s'il était prévu de les remettre en ligne en 2014 ou 2015 pour que l'on puisse continuer à travailler et citer correctement nos sources. Cordialement, Jean-Claude EUZET." Aucune réponse !

Le 30.01.2016, nouvel essai (en demandant "Etat civil", puis, dans "recherche avancée", Rivière-Pilote) et, là, surprise : dans les 11 pages concernant la commune, il y a les 8 registres concernant la population esclave (1834, 1837, 1840, 1842, 1844, 1844-45, 1846, 1847). Celui de 1834 est enfin visible. On y trouve la naissance de Thérèse Sévérine, fille d'Elise, de l'habitation Saint Pons - donc une soeur de Sévérine qui est à la tête de la lignée des EUZET. Par contre, les registres de 1844 (que nous avions pu voir, antérieurement) et de 1844-45 ne sont pas visualisables. Nous allons le signaler ... mais sans espoir de réponse.
Eh bien, j'avais tort ! En retour immédiat au message signalant l'anomalie (le 31 janvier), la réponse suivante est arrivée : "Nous nous engageons à vous répondre dans un délai inférieur à cinq jours ouvrés. Nous vous invitons à vérifier si la réponse à votre question se trouve dans la rubrique Aide, en ligne."
Décidément, la direction du site paraît - à présent - performante.
Et, cette impression a été confirmée par le message reçu le 3 février : "Bonjour et merci d'avoir signalé ce dysfonctionnement. Nous avons le plaisir de vous annoncer que le problème a été corrigé. Vous pouvez consulter ces registres. Cordialement. L'équipe BNPM"
Et nous avons répondu, dans la foulée : "Merci pour votre réactivité et votre efficacité. Je viens de parcourir les deux registres en question. Aucun problème, désormais. Bien cordialement, Jean-Claude Euzet. PS : continuez dans cette voie ! Tous ces registres sont importants pour l'histoire de la Martinique."
Correction, rapidité, efficacité : bravo à l'équipe en place, en 2016 !




Mauny (la famille et l'habitation)

- MAUNY (François-Joseph-Ferdinand de ) - Voyage du Fort-royal (Martinique) à Toulon, sur le vaisseau le Jupiter commandé par M. QUERNEL, capitaine de vaisseau, par M. le comte de MAUNY, passager. - Toulon, imprimerie de Bellue : 1836. - I,-8°, 23 p., 2, pl. de musique BNF, cote G-31702, Tolbiac (information de M. Pierre BAUDRIER - liste ghcaraibe@listes.u-picardie.fr). Un extrait du voyage, le départ : "Le samedi matin, 9 juillet 1836, tout était prêt pour appareiller. Je venais de quitter, sur le pont de la Savane, quelques amis qui étaient venus me dire un dernier adieu. En arrivant à bord, dégagé de toute responsabilité, de chagrins et d'inquiétudes de tous genres, il me semblait être transporté dans une autre atmosphère".

- COSTA (P.-F.) - Cour de cassation. Chambre des requêtes. Mémoire ampliatif pour M. le Comte [François-Joseph-Ferdinand] de MAUNY ... contre 1° madame veuve de LESCOUËT, 2° les époux de FERRON, 3° M. Joseph de LESCOUËT, 4° madame veuve de LA MOTTEROUGE. - Paris, imprimerie L. GRIMAUX : [1852]. - 8 p. Le demandeur remet en question le règlement de compte du 9 février 1821 qui consacre le partage de la succession de son père. La veuve de LESCOUËT, sa soeur, et d'autres héritiers, opposent la prescription trentenaire. BNF, cote 4-FM-21146, Tolbiac. (information de M. Pierre BAUDRIER - liste ghcaraibe@listes.u-picardie.fr).
Extrait : "L'exposant vient justifier le pourvoi qu'il a formé contre un arrêt de la Cour impériale de Rennes du 14 juin 1852, rendu à son préjudice, et au profit des susnommés dans les circonstances suivantes. En 1816, M. le comte de MAUNY, capitaine de vaisseau, décédait à la Martinique, laissant deux enfants, Mme de LESCOUËT et M. de MAUNY, encore mineur. Par son testament, M. de MAUNY appelait à la tutelle du mineur M. de LESCOUËT, son gendre. Celui-ci accepta et administra jusqu'au 30.12.1820. La succession de M. de MAUNY se composait d'une habitation de sucrerie, sise à la Martinique, au quartier de la Rivière Pilôte, et d'immeubles dans le département des Côtes-du-Nord, notamment, des fermes nommées Les Cognets et la Ville-Bonon. A la majorité de M. de MAUNY, un règlement de compte eu lieu, entre lui et son beau-frère. Cet acte porte la date du 9 février 1821". Il y a eu litige sur les sommes de ce compte. Ce qui était en cause est justement l'acte authentique du 9 février 1821, "reçu à la Martinique par BAYLIÈS et son collègue, notaires audit lieu". P.F. COSTA conclut : "Il y a donc erreur de la part du notaire rédacteur de l'acte, dans son calcul, et la Cour de Rennes [arrêt du 14.06.1852] a partagé cette erreur, en confondant une délégation de l'unique héritier avec une dette commune ... l'arrêt ne saurait échapper à la cassation" (1860)

- Notaire BAYLIÈS-DUPUY (à Fort-Royal) : microfilms du minutier aux Archives nationales, à Paris :
A noter, en particulier, en mars 1821 (le 24 ?) la vente de la moitié de l'habitation de MAUNY à Rivière-Pilote, par J. Georges ROUXEL de LESCOUËT et son épouse, Marie-Josèphe César POULLAIN de MAUNY à François Joseph Ferdinand POULAIN, comte de MAUNY (frère de celle-ci), suite au décès de leur beau-père et père, François Marie Joseph POULLAIN, comte de MAUNY. (cote : n° 129)
A noter aussi la pièce 1216 d'avril 1817 concernant Catherine Elisabeth CARRAUD du HAROC, veuve de Charles-César de la VIGNE BONNAIRE, mort procureur général au Conseil souverain de la Martinique, "ma dite dame demeurant en cette ville du Fort Royal. Laquelle voulant rendre compte de l'administration qu'elle a eu depuis le décès de M. François Marie Joseph POULLAIN, comte de MAUNY, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, capitaine des vaisseaux du Roi, son beau-frère, et dont elle a été exécutrice testamentaire, suivant acte de dernière volonté en forme olographe du 10.10.1813, déposé (chez) Me BAYLIÈS-DUPUY, l'un des notaires soussignés (...) a requis M. BAYLIÈS-DUPUY, l'un des notaires soussignés, de dresser ledit compte ainsi qu'il suit (...) Inventaire les 12 et jours suivants du mois de mars 1816 an dernier (...) Parmi les parties, il y avait Mme Marie Joseph César POULLAIN de MAUNY, épouse de M. Joseph ROUXEL de LESCOUËT (avec un pouvoir du 02.11.1815 car il était parti en France). (cote : n° 128)




Lescouët (la famille et l'habitation)

- LA MESSELIÈRE, "Filiations bretonnes" écrit : "Joseph Georges Gabriel ROUXEL de LESCOUËT, châtelain de Tronjoly, né à Lamballe (Côtes-du-Nord) le 7 janvier 1784, mort en 1832, épouse à Lamballe le 14 thermidor an XI (02.08.1803), Marie Josèphe César POULAIN de MAUNY, née à Rivière-Pilote (Martinique) le 21 août 1785, morte en 1865, fille de François Marie Joseph, puyné de la maison de MAUNY en Landéhen (Côtes-du-Nord), lieutenant des vaisseaux du Roi, chevalier de Saint-Louis et de Marie Anne Catherine CARRAUD du HARROC ..." (information de M. Guillaume de La ROCHE - liste ghcaraibe@listes.u-picardie.fr).

- Domaine de Lescouët, à Rivière-Pilote : tous nos remerciements à son propriétaire, M. Jacques GROS-DÉSORMEAUX qui nous a retracé, en avril 2003, l'histoire et la généalogie des comtes d'ESCOUËT et de son domaine acquis cinquante ans auparavant (étude de Me Elie AUZÉ). Nos remerciements aussi à Mme GROS-DÉSORMEAUX qui nous a fait découvrir le parc du domaine (ancien parc zoologique). M. Jacques GROS-DÉSORMEAUX est décédé en décembre 2011, à l'âge de 90 ans. Les obsèques ont été célébrées le 19.12.2011, à Rivière-Pilote ( avis d'obsèques de RCI Martinique). Un hommage lui a été rendu par le député Alfred MARIE-JEANNE (que l'on peut trouver dans un article de France Antilles et dans le site http://www.radiorldm.com) : "En souvenir de Ti Jak ... C'est avec tristesse que j'ai appris le décès de mon ancien premier premier-adjoint Jacques GROS-DÉSORMEAUX, plus communément appelé Ti Jak. Je tiens à saluer le travail accompli ensemble dans les heures difficiles du début. Il faut reconnaître son immense contribution à la connaissance de notre pays et en particulier dans le domaine des Sciences naturelles : il a longtemps collaboré avec le Révérend Père Robert PINCHON, et cet amoureux de la nature avait créé le Parc de l'Escouet sur sa propriété à Rivière-Pilote. J'adresse mes condoléances les plus sincères à toute sa famille." [Note : Alfred MARIE-JEANNE a été maire de Rivière-Pilote à partir de 1971 ; il a été remplacé par Lucien VEILLEUR.]




La maison des propriétaires
du domaine de Lescouët,
( photo J.C.E. avril 2003)


L'étude de Mireille MOUSNIER et de Brigitte CAILLE, intitulée "Atlas historique du patrimoine sucrier de la Martinique", montre, pour toute la Martinique, la répartition et les origines selon les époques de ces "habitations". Le chapitre IV donne une table de correspondance des localisations, de 1670 à 1955. Or, autant le lien est bien fait entre l'habitation Laurent (en 1770) et celle de la Mauny (en 1820), autant il n'y a aucun antécédent (trouvé par ces chercheurs) pour Lescouët, avant 1820. Rien n'est dit, non plus, dans le livre de BRUNEAU-LATOUCHE, Chantal et Philippe CORDIEZ intitulé : "209 anciennes familles subsistantes de la Martinique". Pourtant, dans la note qui avait été faite pour le parc zoologique de Lescouët, il est indiqué que le domaine faisait jadis 111 hectares et qu'il appartenait au comte de l'ESCOUËT. Il est dit aussi que les anglais attaquèrent Sainte Luce en 1697 et qu'ils brûlèrent le bourg et l'église. La note précise que le premier propriétaire abandonna le domaine de l'Escouët à cause de cette invasion. Tout ceci suppose donc qu'un domaine existait à cet endroit dès 1697 mais le nom du propriétaire n'est pas donné. L'étude des minutes notariales a, cependant, permis de trouver les origines de cette habitation depuis 1787. Elle appartenait alors à la famille DÉCASSE, avant de passer, en 1812, entre les mains de la famille ROUXEL de LESCOUËT.

Les ROUXEL de Lescouët et les POULAIN de Mauny

Le 14 thermidor an XI (02.08.1803), à Lamballe, dans les Côtes-du-Nord (depuis 1990, les Côtes d'Armor), Joseph-Georges-Gabriel ROUXEL, comte de LESCOUËT, châtelain de Tronjoly, né à Lamballe le 7 janvier 1784, épouse Marie-Josèphe-César POULAIN de MAUNY, née à la Rivière-Pilote. Il meurt en 1832.

Lui, est le fils de Jean-Baptiste-Marie, le petit-fils de Jean-Baptiste-Joseph, l'arrière-petit-fils de René-François et l'arrière-arrière petit-fils de Louis ROUXEL, écuyer, seigneur de LESCOUËT, en Plestan (Côtes-du-Nord), maintenu noble d'ancienne extraction en Bretagne, le 17 décembre 1668.

Elle, est la fille de François-Marie-Joseph POULAIN, comte de MAUNY, puiné de la maison de MAUNY, en Landéhen (Côtes-du-Nord), lieutenant des vaisseaux du Roi, chevalier de Saint-Louis (né à Lamballe, diocèse de Saint Brieuc, dans les Côtes-du-Nord ; veuf, il meurt à Rivière-Pilote, le 11 février 1816) et de Marie-Anne-Catherine CARRAUD du HARROC.

Les enfants de ce couple sont :

- Elisabeth François Innocent : ° 28.12.1807, à Fort Royal ; x ? ; + avant 1852 ; il a une fille (unique ?), Marie Louise Alexandrine Reine ROUXEL de LESCOUËT.
- Joseph-Charles : ° 14.03.1812, à Rivière-Pilote (présenté à la mairie, le 16.06.1812) ; + en 1866, à Tronjoly (22) ; la descendance de ce comte restera à Tronjoly encore pour deux générations.
- Adélaide Marguerite Elisabeth : ° 09.04.1814, à Rivière-Pilote (présentée à la mairie, le 19.05.1814) ; + avant 1852.
- Louise Sévère : ° 16.01.1816, à Rivière-Pilote (présentée à la mairie, le 24.08.1816, alors que le père était en France) ; x Amédée Marie René de FERRON ; le notaire ajoute un prénom en 1852 : "Marie" Louise Sévère.
- Marie Anne Elisabeth Louise : ° 02.12.1818, à Fort Royal" ; + le 18.09.1819, à Rivière-Pilote.
- Marie Céline Anne Nicolle : ° ? ; à ? ; x Charles Louis Hubert de la MOTTE (dit, parfois, de la MOTTE ROUGE)

Dans le livre "Propriétaires d'esclaves en 1848" qui concerne, notamment, la Martinique (par Oruno D. LARA et Inez FISHER-BLANCHET - L'Harmattan, 2013), on trouve à la page 196, dans la liste de ces propriétaires : "ROUXEL de LESCOUET, Joseph Georges, Vve, née POULLAIN de MAUNY, Marie Joseph César".

C'est elle, veuve de Joseph-Georges-Gabriel ROUXEL de LESCOUËT, et ses enfants, qui vendent l'habitation qui fait alors 90 hectares (c'est-à-dire 21 hectares de moins que ce qu'elle devait avoir au début), le 9 août 1852. Les acheteurs sont deux membres de la famille GROS DÉSORMEAUX (de Rivière-Pilote), Marc Antoine et Jean Louis.

On voit par ce regard rapide que les de MAUNY comme les de LESCOUËT ne sont pas originaires de Martinique mais de Lamballe, dans les Côtes-du-Nord. Les comtes de LESCOUËT paraissent même n'avoir fait qu'un court passage dans l'île, probablement de 1803 (au plus tôt), à 1852 (au plus tard). En réalité, il semble bien que le décès du père, en 1832, a provoqué le départ définitif de ses enfants et héritiers en Bretagne. Dès 1824, le domaine est vendu par petits bouts aux agriculteurs voisins, jusqu'à la vente de ce qui restait en 1852. Pourtant, ce demi-siècle suffira pour laisser en Martinique un lieu-dit à leur nom.

Avant d'être l'habitation Lescouët, le domaine s'appelait donc l'habitation Décasse (ou Decasse). C'est, en effet, Joseph Georges ROUXEL de LESCOUËT qui a acheté cette habitation, le 9 juin 1812, à une famille de négociants de Saint Pierre, les deux frères Nicolas Barthélémy et Jean Baptiste DÉCASSE.

- Succession de l'habitation DECASSE, en 1787 et 1797

Les actes de la succession DECASSE (comprenant leur habitation à Rivière-Pilote) ne se trouvent pas là où ils devraient être, dans le minutier du notaire Jean Jacques CATALA, du Fort Saint Pierre. L'acte de vente du 09.06.1812 indique deux dates antérieures, en 1787 et 1797. En effet, il est d'abord fait référence à la composition du fonds, tel qu'il était en août 1787 puis à un acte de vente du tiers du domaine possédé par la dame BLONDEL de la ROUGERIE (Désirée, soeur de Nicolas et de Jean Baptiste DECASSE) à Nicolas DECASSE, le 17.08.1787. Il est ensuite fait mention du partage entre les DECASSE au 16.08.1797, suite à la succession de leurs parents. On peut trouver curieux d'avoir en parallèle ces dates en août 1787 et août 1797. Le notaire s'est-il trompé ? Pourtant, un autre acte de mai 1805 (en l'an XIII), du même notaire, confirme que le partage a bien eu lieu le 16.08.1797, toujours chez le même notaire CATALA, de Saint Pierre (l'acte de 1805 concerne une autre partie de la succession, à savoir l'habitation sucrerie dite des Salines, au quartier du Marin, paroisse Sainte Anne). Dernier élément : les parents DECASSE sont bien décédés en 1787, comme on le voit dans un acte du 13 juillet 1787 du notaire CATALA qui concerne la part d'héritage de Désirée DECASSE, épouse de Sébastien BLONDEL de la ROUGERY. Finalement, notre interprétation est qu'il y a eu indivision entre les héritiers DECASSE pendant dix ans, entre 1787 et 1797 puis qu'il y a eu un partage en trois parts (le 16 août) puis en deux parts (le 17 août). Le notaire s'est vraisemblablement trompé en indiquant que la vente du tiers de l'habitation à Nicolas DECASSE avait eu lieu en 1787. Il est plus logique d'estimer cette vente en 1797, tout de suite après le partage. Quoiqu'il en soit, aucune de ces pièces n'est dans le minutier du notaire CATALA. Elles ont dû probablement faire l'objet d'un regroupement ailleurs.

- Vente de l'habitation DECASSE, en 1812

- "9 juin 1812 - Vente d'une habitation sucrerie à la Rivière Pilote par les sieurs (...) DECASSE aux (...) ROUXEL de LESCOUET."

Par devant les notaires publics en lisle Martinique résidants en la ville de St Pierre soussignés le neuf juin 1812 avant midi furent présents M. Nicolas DECASSE ancien négociant et dame Jeanne Charlotte Adélaïde FOURNIOL son épouse qu'il déclare bien et dument autorisée à l'effet des présentes demeurants en cette ville de Saint Pierre.

Et encore le dit DECASSE fesant pour et au nom de M. Jean Baptiste DECASSE son frère absent en vertu de sa procuration générale et spéciale passée devant Me CATALA un des notaires soussignés qui en a gardé minute le premier juin 1810, et que le dit sieur DECASSE déclare certifier véritable, y recours.

Lesquels sieur et dame DECASSE sont propriétaires pour les deux tiers d'une habitation en sucrerie située au quartier de la rivère Pilote de cette île, et le dit sieur Jean Baptiste DECASSE en est propriétaire pour l'autre tiers, le tout par indivis et en société.

Lesquels sieur et dame DECASSE pour ce qui les concerne et le dit sieur DECASSE pour ce qui concerne le dit sieur Jean Baptiste DECASSE son frère et au nom à ce dernier, et par suite et en exécution d'un sous seing privé passé entre le dit sieur Nicolas DECASSE et M. Jh Georges ROUXEL de LESCOUET le 4 du courant par eux déposé le dit jour et minutes du dit Me CATALA notaire, ont par ces présentes et de plus fort vendu, cédé, délaissé et transporté en toute propriété dès maintenant et à toujours et se sont obligés solidairement, les dits sieur et dame DECASSE entre eux pour les deux tiers les concernant dans ladite habitation et le dit sieur DECASSE a (...)gé
[à plusieurs endroits, comme ici, le bout de ligne n'est pas sur le microfilm] le sieur son frère pour le tiers le concernant (...) icelle de garantir et faire valoir contre tous troubles, évictions, dots, douaires, hipothèques et autres empêchements généralement quelconques;

Au dit sieur Joseph Georges ROUXEL de LESCOUET, et à dame Joseph Marie César de MAUNY son épouse habitants au dit quartier de la rivière Pilote acquereurs pour eux, leurs héritiers et ayant causes ce accepté par le dit ROUXEL de LESCOUET ici présent tant pour lui que pour la dite dame son épouse en vertu du pouvoir de cette dernière qu'elle lui a donné le jour d'hier sous signature privée aprés avoir été de lui autorisée à cet effet, le dit pouvoir [qu']a présenté à l'instant par le dit sieur de LESCOUET demeure joint aux présentes après avoir été [reconnu] véritable par lui et parafé par les notaires (...)

Savoir la dite habitation, sucrerie, située au quartier de la rivière Pilote paroisse Notre Dame de Bon Secours consistant en cent quarante quatre quarrés sept mille trois cents douze pas superficiels
[un carreau ou carré était une portion de terre carrée à 100 pas de côté, c'est-à-dire 100 pas x 100 pas = 10 000 pas au carré, soit 1 ha 29 a 26 ca et un pas superficiel était une portion de terre carrée de 1 pas x 1 pas, soit 1,2926 ca, mesures de la Martinique] appert les deux procès verbaux d'arpentage présentement remis. Sans aucune ga(...) ni répétition quelconque de part ni d'autre (...) au plus ou au moins, la dite habitation (...) vendue à cet égard par manière de corps et pour ce quelle se trouve réellement contenir dans ses bornes ci après déclarées y compris vingt deux carrés de terre où environ acquis du sieur Michel BRUNOY TOCNAY, borné par les possessions de M.M. Arthur DUPLESSIS-FOUGAINVILLE-GERMON et DELHORME les héritiers AGACHEAU - CASSAT - DUVAL - Ste CLAIRE - LAJONQUIERE - LAPRADE - et GROS DEZILES et autres bornes et limites si de plus vrayes sont.

Plantations en cannes, manioc, bananes (tous les batiments, tant de logement que pour la manufacture sans aucune exception.

Plus la quantité de cent six negres grands ou petits, de divers âge de l'un ou de l'autre sexe nommés.

Lambert (52 ans), Marthonne (45 ans), Barbe (71 ans), Barthelemy (46 ans, rafineur), Antoinette (34 ans), Elie (27 ans), Segond (24 ans, infirme), Marie Louise (sur âgée), Reine (48 ans), Monique (53 ans), Celeste (sur âgée), Dorothée (sur âgée), Vase à boire (infirme), Prospère (idem), Cézaire (29 ans, commandeur), Jean Louis (33 ans), Régis (34 ans), Jean Marie (32 ans), Pauline (36 ans), Calixte (29 ans), Victoire (surâgée), Cervule (34 ans)
(nom à revoir) Etienne (infirme), Christophine (31 ans ? ), Hélène (29 ans), Lucette (27 ans), Mathurine (29 ans), René (23 ans), Louise Rose (27 ans ? ), Christian (23 ans) (nom à revoir) Félix (23 ans), Bastienne (40 ans), Baltazard (23 ans, apprenti charpentier), Pierre Paul (21 ans), Toussaint (21 ans, apprenti charpentier), Pierre Philippe (20 ans), Marie Claire (21 ans), Edouard (19 ans), Prudent (47 ans), Thérésine (14 ans), Marie Sainte (14 ans), Lazarre (14 ans), Marie Jeanne (36 ans), Modeste (50 ans), Alexandre (13 ans), Marie Rose (17 ans), Jean Charles (42 ans, maitre charpentier), Germain (41 ans), Firmain (30 ans), Hipolite (30 ans), Antoine (25 ans), Jean (22 ans), Isidore (29 ans), Jean Baptiste (24 ans), Félicité (23 ans), Michel (22 ans), Fa (infirme), Nicolas (20 ans), César (22 ans), Laurent (32 ans), Abasie (33 ans) (nom à revoir), Paul (30 ans), Abange (34 ans), Pélagie (31 ans), Bazile (56 ans), Marie (27 ans), Laurencie (13 ans), Henriette (suragée), Marianne (8 ans), Rose (13 ans), Petit Jean Charles (26 ans), Désirée (42 ans), Madelaine (suragée), Angèle (51 ans), Grégoire (29 ans), Julie (28 ans), Justine (28 ans), Angélique (28 ans), Rachelle (26 ans), Bienvenu (7 ans), Colombe (6 ans), Maximin (6 ans), Celestin (6 ans), Dominique (4 ans), Bernardine (4 ans), Marguerite (4 ans), Evariste (3 ans), Martine (3 ans) (ou Martin ?), Genevieve (3 ans), Merope (1 an), Moroline (1 an) (nom à revoir), Sophie (20 ans), Jeanne (1 an), Marie Thérèse (suragée), François (22 ans), Valère (24 ans), Siméon (18 ans), Georges (20 ans), Robert (19 ans), Malo (infirme), Angèle (19 ans), Gabriel (11 ans), Catherine (infirme), Marie Zabeth (2 ans), Etienne (2 ans), Etienne (2 ans), Théodore (2 ans). [en fait, la liste comprend 107 noms]

Plus vingt six mulets - quarante
[bêtes] à cornes grandes ou petites, sept bêtes à laine, tous les ustenciles d'exploitation qui se trouvent tant dans l'enceinte des batiments quaux alentours. Qui sont tous les biens compris dans la présente vente.

Etant excepté dicelle la vieille mu (...)
[mulâtre ?], Adélaïde, Piquonne et sa fille.

Tous les meubles de la maison étant (...) relatifs au ménage tels que l'argenterie linge de tables, draps de lit et tous les autres (...) qui sont dans la maison et dans la cuisine.

Plus sont réservés tous les sucres (...) jusqua ce jour que les acquéreurs s'obligent
[à ?] faire tous mettre à létuve [?] en futailles dans les barriques qui sont sur l'habitation (...) de les faire vendre au magasin de M (...) [Mme ?] MAUNY au bourg de la rivière Pilotte (plus tous les sirops que les dits sieurs acquereurs vendront au magasin de la dite dame dans des futailles que le sieur DECASSE leur enverra à cet effet, il en sera de même pour le tafia fabriqué (...) également reservé. Les dites fabrications et transport seront faits gratiuitement et sans aucune diminution du prix ci après de la présente vente.

Et au surplus et déduction faite des dites réserves la dite habitation est vendue telle quelle se poursuit et comporte de toutes parts et avec toutes ses appartenances et dépendances.

Les dits biens appartiennent aux vendeurs savoir environ cent vingt deux quarrés de terre qui composaient le fonds de la dite habitation en août 1787 qu'elle est écheu savoir un tiers au dit sieur Nicolas DECASSE, un autre tiers au dit sieur Jean Baptiste DECASSE et un autre tiers à la dite dame DECASSE épouse de M. BLONDEL de la ROUGERIE, et ce par les partages faits par Me CATALA l'un des notaires le seize août 1797
[cet acte ne se trouve pas dans le minutier] des successions des père et mère des dits sieurs DECASSE le tiers échu à la dite dame de la ROUGERIE ayant été par elle vendu au dit sieur Nicolas DECASSE par contrat passé devant le dit notaire le 17 du dit mois d'août 1787 [cet acte ne se trouve pas dans le minutier], au moyen de quoi le dit sieur Nicolas DECASSE s'est trouvé propriétaire des deux tiers de la dite habitation, et les autres vingt deux quarrés de terre ont été depuis acquis par les dits sieurs Nicolas et Jean Baptiste DECASSE au dit sieur B [BRUNOY] TOCNAY par le contrat devant le même notaire le 23 septembre 1802. [cet acte ne se trouve pas dans le minutier]

Reconnaissant le dit ROUXEL que les vendeurs lui ont présentement remis expédition de l'acte d'acquisition du tiers de la dite dame LA ROUGERIE du dit jour 17 août 1787, expédition du contrat de l'acquisition faite de la terre du dit sieur TOCNAY du 23 septembre 1802, les procès verbaux d'arpentages de la dite habitation, et expédition de la procuration ci devant énoncée du dit sieur Jean Baptiste DECASSE. Desquels titres le dit sieur acquéreur a déclaré se contenter, promettant néanmoins (...) vendeurs de l'aider des anciens titres de la dite habitation dans le cas où il en aurait besoin.

Déclare le dit sieur ROUXEL tant pour lui que pour la dame son épouse avoir vu
[et] visité à leur loisir tous les dits biens, et être contents et satisfaits.

Cette vente est faite et convenue sous les réserves et aux conditions ci devant
[stipulées] et en outre pour et moyennant le prix (...) de cinq cent soixante six mille livres.

En déduction et acompte de
[cette] somme les acquéreurs ont présentement payé aux vendeurs celle de soixante six mille livres en deux lettres de change chacune de seize mille quatre vingt dix sept francs cinquante deux centimes fesant ensemble argent des colonies celle de soixante six mille livres au change de deux cents cinq pour cent cours actuel, tirées le cinq du courant par le dit sieur ROUXEL de LESCOUET sur M. Joseph Marie LELART à Carivant près Lamballe département des côtes du Nord l'une à cent vingt jours et l'autre à cent vingt deux jours de vu à l'ordre de M. françois MAUNY endossées par quintriplicata par la signature en blanc du dit sieur MAUNY lesquelles lettres de change et leurs doubles ont été retirées au vu des notaires par les vendeurs ici.

Plus celle de dix neuf mille livres que les acquéreurs ont présentement payée en une quittance qu'ils ont présentement rapportée de vingt mille cent soixante trois livres par eux payée au sieur LACAUSSADE économe actuel de la dite habitation et ce en l'acquit des vendeurs étant convenu que ces derniers ne tiendront compte en ces présentes que de la somme de dix neuf mille livres et qu'ils feront raison des onze cent soixante trois livres d'excédent aux acquéreurs laquelle quittance a été pareillement retirée par les vendeurs ici.

Plus les acquéreurs s'obligent de payer aux vendeurs la somme de trente un mille livres en sucre (...) dont deux tiers de blanc et un tiers commun livrable savoir vingt barriques sans délai, vingt barriques dans un mois ou six semaines, et le reste pour compléter les dites trente un mille livres dans quatre mois, ces sucres seront livrés à l'embarcadère de la rivière Pilotte ou bien envoyés par les acquéreurs au sieur JOYAU négociant en cette ville qui les remettra au sieur DECASSE. Ils seront estimés en cette ville de Saint Pierre sur le pied de l'estimation à deux mois de terme. Si les dits sucres sont livrés à l'embarcadère de la rivière Pilotte il sera déduit au dit sieur DECASSE sur le prix d'iceux quatre livres dix sous par quintal à eux des droits et du fret ci.

A l'égard des quatre cent cinquante mille livres pour parfaire l'entier prix de la présente vente les acquéreurs s'obligent ci contre solidairement de les payer aux vendeurs en huit termes et payements égaux chacun de cinquante six mille deux cent cinquante livres, le premier desquels écherra et sera fait au premier janvier 1814, le second au premier janvier 1815, le troisième au premier janvier 1816, le quatrième au premier janvier 1817. Les dits quatre termes payables sans aucun intérêts si ce n'est à défaut de payement aux dites échéances. Le cinquième terme sera payé au premier janvier 1818, le sixième au premier janvier 1819, le septième au premier janvier 1820, le huitième et dernier pour solde au premier janvier 1821. Ces quatres derniers termes porteront intérêts sur le pied de deux et demi pour cent par année et commencent à courir au premier janvier prochain 1813 seulement".


La fin de l'acte n'est pas reprise ici. Elle comprend essentiellement l'engagement solidaire des acquéreurs, l'hypothèque de leurs biens (sans précisions) et en premier des biens achetés, ainsi que l'accord de la dame Joseph Marie César POULAIN de MAUNY, qui donne plein pouvoir à Georges ROUXEL de LESCOUET, son mari.

A noter, dans le livre "Propriétaires d'esclaves en 1848" qui concerne, notamment, la Martinique (par Oruno D. LARA et Inez FISHER-BLANCHET - L'Harmattan, 2013), on trouve à la page 251, une propriétaire d'esclaves du nom de Sophie DÉCASSE (Delle), sans plus de précisions et donc sans que l'on sache s'il y a un lien avec ces DECASSE de Rivière-Pilote.


- Vente d'une portion de terres de l'habitation Lescouet : 5 hectares 17 ares 5 centiares (4 carrés ancienne mesure) à Jean Marie dit CASTOR et son épouse Charlotte PETIT dite Anonime, le 19.06.1824 (notaire ESCAVAILLE, Le Marin, vente ratifiée le 17.10.1829, notaire CAILLET LA CARRIÈRE, microfilm 173 aux Archives nationales). Le montant de la vente était de 733 francs 33 centimes, en capital "faisant anciennement 1140 livres coloniales" et 13 francs 88 centimes "que ce capital a produit en intérêts pendant 2 ans et 4 mois". L'acte final de 1829 a été passé alors que le comte de LESCOUET et son épouse "demeuraient en leurs châteaux de Carivan, commune de Morieux, canton de Lamballe, département des Côtes-du-Nord". Or, on sait que Joseph Georges Gabriel ROUXEL de LESCOUET est décédé en 1832. C'est donc bien avant son décès que le démantèlement de cette habitation a commencé. Peut-être n'est-il pas revenu en Martinique, entre 1829 et 1832 ?

- Vente d'une portion de terres de l'habitation Lescouet : 6 hectares 34 ares (4 carrés 9/10e de carrés ancienne mesure) à François NELSON, le 25.01.1840 (notaire ESCH, Le Marin, microfilm 431 aux Archives Nationales). Dans la description du bornage, il est dit, notamment, qu'il y a au nord les terres de Mme veuve TOCNAY, à l'est celles de Mme SAINTE CLAIRE, au sud une portion " par eux cédée à Mme veuve HENRY qui a dû l'échanger avec Mme veuve SAINTE CLAIRE", à l'ouest "les terres détachées de la même habitation de l'Escouet et vendues à M. CAPRON et M. Jean Marie CASTOR".

- Vente d'une portion de terres de l'habitation Lescouet : 2 hectares 58 ares 52 centiares (2 carrés ancienne mesure) à Alexis VILLERONCE, le 09.05.1840 (notaire ESCH, Le Marin, microfilm 431 aux Archives Nationales). Dans la description du bornage, il est dit, notamment, qu'il y a au sud la propriété du sieur CAPRON et à l"ouest les terres de la dame veuve BLANC.

- Vente d'une portion de terres de l'habitation Lescouet : 1 hectare 93 ares 89 centiares, à savoir 1 hectare 29 ares 26 centiares à Marie Magdelaine DINDE et 64 ares et 63 centiares à Jean Baptiste LARIBOTE, le 24.11.1848 (notaire ESCH, Le Marin, microfilm n° 434, aux Archives nationales). Dans la description du bornage, il est dit qu'au nord, il y a lles terres de l'habitation des héritiers BLANC.

- Vente de l'habitation ESCOUËT, en 1852

- "9 août 1852 - Vente par M. ARTUR du PLESSIS aux noms de Mme veuve et les héritiers Rouxel de LESCOUET à MM. GROS DESORMEAUX - d'une habitation sucrerie sise à la Rivière-Pilote, dite La Lescouet" (Arthur DUPLESSIS ou du PLESSIS était le propriétaire de l'habitation Saint Pons, voisine immédiate au nord de l'habitation Lescouët)

"Par devant Me Georges Henri ESCH notaire en l'île Martinique à la résidence du Marin soussigné en présence des témoins ci-après nommés aussi soussignés

Fut présent :

M. Louis Charles Raoul ARTUR du PLESSIS, propriétaire demeurant en la commune de la Rivière-Pilote. Agissant aux noms et comme mandataire spécial à l'effet des présentes de
1° Mme Marie Joseph César POULAIN de MAUNY, propriétaire, veuve de M. Joseph Georges ROUXEL de LESCOUET, demeurant à Rennes (Ille et Vilaine) aux termes d'une procuration passée devant Me DUCLOS et son collègue, notaires à Rennes le dix juillet dernier, enregistré au dit lieu et légalisée pour les signatures des dits notaires par le président du tribunal civil de Rennes.
2° Monsieur Joseph Charles ROUXEL de LESCOUET, propriétaire demeurant en la commune de Gourin département du Morbihan aux termes d'une procuration passée devant Me JEGOU notaire à la résidence de Gourin arrondissement de Pontivy, département du Morbihan assisté de deux témoins le six juillet dernier, enregistré à Gourin et légalisé pour la signature du dit notaire par le président du tribunal civil de Napoléonville (Morbihan)
(Pontivy avait été baptisée Napoléonville par Napoléon).
3° Mme Marie Louise Sévère ROUXEL de LESCOUET, épouse de M. Amédée Marie René de FERRON, propriétaire, de son mari assistée et autorisée demeurant à Rennes (Ille et Vilaine) aux termes d'une procuration passée devant Me DUCLOS son collègue notaire à Rennes le douze juillet dernier, enregistré au dit lieu et légalisé pour la signature des dits notaires par le président du tribunal civil de Rennes.
4° Mme Céline Anne Nicolle ROUXEL de LESCOUET, veuve de M. A... Charles Louis Hubert de la MOTTE ROUGE, propriétaire, demeurant à Saint Brieuc (Côtes du Nord) aux termes d'une procuration passée devant Me HÉRAULT et son collègue notaires à Saint Brieuc, le neuf juillet dernier enregistré au dit lieu et dont une expédition a été légalisée pour la signature du dit notaire par le juge, pour le président du tribunal civil du dit lieu. Dans lesquelles procurations chacun des dits mandants a agi tant en son nom personnel que comme faisant, agissant et garantissant pour Dlle Marie Louise Alexandrine Reine ROUXEL de LESCOUET, petite-fille de ma dite dame veuve ROUXEL de LESCOUET et mère des autres mandants susnommés, propriétaire demeurant à Saint Brieuc, fille mineure issue du mariage de feu M. Elisabeth François Innocent ROUXEL de LESCOUET avec dame Amélie de LALANDE de CALAN et ce en consentir les uns avec les autres. Les brevets des quatre procurations données par Mme veuve ROUXEL de LESCOUET et dame de FERRON et les expéditions desquelles procurations données par M. ROUXEL de LESCOUET et dame veuve de la MOTTE ROUGE sont demeurés annexés à la minute des présentes après avoir été certifiés véritables, signés et paraphés par le dit mandataire avec mention de cette certification et de cette annexe par le notaire soussigné en présence des témoins aussi soussignés.
Lequel comparant es dits noms et qualités a, par les présentes vendu avec toutes les garanties de droit, de la part de ses mandants à M. Marc Antoine GROS DESORMEAUX, habitant propriétaire demeurant en commune de la Rivière-Pilote et à M. Jean Louis GROS DESORMEAUX, habitant propriétaire demeurant en la dite commune, tous deux a ce présents et acceptants acquéreurs conjointement et solidairement entre eux.

Désignation

Une habitation sucrerie sise en cette Île, en la commune de la Rivière-Pilote et dite la Lescouet ; cette habitation se compose comme suit :

Terres

90 hectares environ de terres sans garanties de la contenance dont le plus ou le moins sera au profit ou à la perte des acquéreurs. cette habitation a pour bornes et limites les terres ci-après désignées, savoir,

au nord, les terres dites Saint Vincent dépendantes de l'habitation Saint Pons ; 1 hectare 29 ares 26 centiares vendus au sieur SOCRATE (Auguste) ; pareille quantité de terre vendue au sieur Paul SADOU
(nom à vérifier) et pareille quantité de terres vendue au sieur Francisque SOCRATE ; au nord vers l'est, les terres vendues au sieur GUITTEAU CHARLETON ; 64 ares 63 centiares de terre vendue au sieur Romain AVRIL (nom à vérifier, peut-être AUREL) ; au nord-est, les terres vendues au sieur Léopold de SAMBUCY ; un hectare vingt neuf ares de terre vendu au sieur Janvier BROCADA ; 64 ares 63 centiares vendues au sieur Jean Elie GUÉDON ;
à l'est, 1 hectare 29 ares 26 centiares vendues à Dlle Rose RAINLET
(nom à vérifier, peut-être RAMLET) ; 1 hectare 29 ares 29 centiares remontant vers le nord, par la ligne de M. Paul OZIER, à livrer à M. Régis THEBUCAT (nom à vérifier) ; à l'est encore l'ancienne habitation Tocnay appartenant aujourd'hui à M. Adolphe LUBIN ; sur laquelle ligne devront s'appuyer les terres à livrer savoir : 1 hectare 29 ares 26 centiares au sieur Bertrand CANTINAUL et 1 hectare 93 ares 89 centiares à dlle Reine ADÉLAÏDE ;
au sud, 2 hectares 58 ares 52 centiares de terre livrées au sieur Joseph LEONVAL ; 90 ares 48 centiares livrés au sieur Jean Marie ABOLLE ; 2 hectares 58 ares 52 centiares à Dlle Laurette LAUREY, 1 hectare 93 ares 89 centiares à livrer au sieur François NELSON ; la ligne des héritiers BLANC ; ... livrées à Jean Baptiste LARIBOTTE
et à Dlle DINDE ; 1 hectare 29 ares 26 centiares de terre à livrer à Dlle Alexandre RIQUETTE (nom à vérifier) ; la ligne des terres des héritiers BLANC ; les terres des héritiers DESFARGES pour leur joindre les terres de M. Jean Elie CHARLETON sur laquelle ligne il y a à livrer 1 hectare 29 ares 26 centiares à Dlle Lucile BOULA ;
à l'ouest, par les terres du dit sieur Elie CHARLETON conduisant à la rivière qui sert de limite dans tout son parcours à la dite habitation.

Bâtiments de maître et d'exploitation

Une maison à loger construite en bois sur solage en maçonnerie couverte en tuile, entourée de quatre galeries et dont le corps de logis a 10 mètres 40 centimètres de longueur sur 6 mètres 50 centimètres de largeur,, ayant chambres hautes, la dite maison en bon état.
Un bâtiment contenant cuisine, magasin et un ancien hôpital, couvert en tuiles, ayant un pignon en maçonnerie et le reste du solage en maçonnerie. Ce bâtiment mérite quelques réparations.
Une écurie couverte en assantes
(le mot "assante" ou plus exactement "essente" vient probablement du mot "aisseau" qui est un vieux synonyme de bardeau, c'est-à-dire une mince planchette utilisée dans la couverture des toits), à trois loges ; toiture en mauvais état.
Un bâtiment ayant servi de case à farine construit en maçonnerie, couvert en tuiles, ayant deux platines montées ;
Un bâtiment en fort mauvais état en maçonnerie couvert en tuiles, contenant un moulin à eau, la sucrerie avec quatre chaudières montées et la purgerie, avec les ustensiles d'usage pour la fabrication du sucre.
Un bâtiment en maçonnerie couvert en tuiles ayant servi de garderie
(?) et contenant un bac à sirop.
Trente cases à cultivateurs en mauvais état. Une case à bagasse
(?) (la bagasse est la partie ligneuse de la canne à sucre qui reste dans les moulins après l'extraction du jus sucré) à quatre rangs de f... (? terme technique à revoir) ayant 20 mètres 80 centimètres de long sur 9 mètres 12 centimètres de large.

Animaux

Quatre mulets, dont deux aveugles, un borgne et vingt boeufs, tous en très mauvais état.

Telle au surplus que la dite habitation se poursuit , demeure et comporte avec toutes les plantations en cannes y existantes, ensemble la récolte effectuée au commencement de cette année et sans d'autres exceptions ni réserve que les terres livrées ou à livrer aux sieurs François NELSON, Dlle Reine ADÉLAÏDE, sieur Bertrand CANTENOL, Régis THEBUCOT
(ou THEBUCAT ou THIBUCOT ou THIBUCAT) dit gros yeux, à la Dlle Alexandre RIQUET, à la Dlle Lucile BOULAN, aux sieurs Francisque SOCRATE, Paul SADOU dont les quantités sont désignées précédemment et des quantités de terre déjà livrées par arpentage à MM. Charles GUITTAUD CHARLETON, François Chery GUITTEAUD CHARLETON et Romain AVRIL, les acquéreurs déclarant bien connaître la quantité des dites terres distraites de la dite habitation, ainsi que l'habitation elle-même pour l'avoir vue et visitée et n'en pas désirer une plus ample désignation.

Etablissement de la propriété

La dite habitation sucrerie appartient savoir :
1° à Mme veuve ROUXEL de LESCOUET, née POULAIN de MAUNY pour moitié, comme ayant été commun en biens avec le feu sieur son mari ;
2° à Mme de FERRON pour un huitième ;

3° à M. Joseph Charles ROUXEL de LESCOUET pour un huitième (le notaire l'a oublié dans cette énumération des héritiers propriétaires !)
4° à Mme de la MOTTE ROUGE pour un huitième,
comme héritier chacun pour un quart du dit sieur Joseph Georges ROUXEL de LESCOUET, leur père ;
5° à Mlle Marie Louise Alexandrine Reine ROUXEL de LESCOUET, pour un huitième en sa qualité de seule et unique héritière du sieur Elisabeth François Innocent ROUXEL de LESCOUET son père ainsi que sa qualité est constatée par un acte de notoriété fait après le décès de son père par Me VIENOT
(nom à vérifier) et son collègue notaires à Saint Brieuc (Côtes du Nord) le onze janvier 1845 dont le brevet original enregistré à Saint Brieuc et légalisé par le vice président du tribunal de la dite ville a été annexé à la minute d'un acte passé devant le notaire soussigné en présence de témoins le trente avril 1850 et a été enregistré le deux mai suivant folio 2 n° C 4, précompté au droit de 50 centimes lequel sieur Innocent ROUXEL de LESCOUET avait passé de la dite habitation pour un huitième comme héritier avec les dames de FERRON et de la MOTTE ROUGE et le sieur Joseph Charles ROUXEL de LESCOUET, ses frères et soeurs germains pour un quart, de M. Joseph Georges ROUXEL de LESCOUET son père.
Déclare M. Artur du PLESSIS qu'il n'a pas en sa possession les titres justificatifs des qualités en vertu desquelles les mandants sont propriétaires de la dite habitation sucrerie, mais qu'ils se portent garant des qualités susénoncées et qu'il oblige ses mandants à produire ces titres à leurs frais à la première réquisition des acquéreurs.

La communauté de M. et Mme Joseph Georges ROUXEL de LESCOUET était propriétaire de cette habitation au moyen de l'acquisition qu'ils en avaient faite avec d'autres terres de M. Nicolas Barthélémy DECASSE et de Dame Jeanne Charlotte Adélaïde FOURNIOLS son épouse, le dit sieur DECASSE ayant agi tant en son nom personnel que comme s'étant porté fort de M. Jean Baptiste DECASSE son frère, absent, en vertu de sa procuration générale reçue par Me CATALA ancien notaire en cette île à la résidence de Saint Pierre le premier juin 1810.
Cette acquisition eut lieu pour le prix de 314344,44 francs, suivant acte passé devant le dit Me CATALA et son collègue notaires à Saint Pierre (Martinique) le neuf juin 1812, dont la transcription est inconnue.
Ce prix d'acquisition a été payé comme suit :
(cette partie n'est pas reprise ici)
Messieurs Nicolas Barthélémy et Jean Baptiste DECASSE étaient propriétaires de la dite habitation sucrerie ainsi qu'il est énoncé et expliqué au contrat de vente passé devant Me CATALA, le 9 juin 1812 auquel les acquéreurs déclarent se référer, dispensant le notaire soussigné d'établir cette propriété qui remonte déjà à plus de quarante ans.

Jouissance

Cette partie n'est pas reprise ici. La jouissance des lieux est "à partir du dix mai dernier" (1852)

Charges et conditions

Cette partie n'est pas reprise ici

Prix

Et en outre la présente vente est faite pour le prix de 65000 francs sur lequel il demeure convenu que 35000 francs sont payés comptant. Sur ce premier comptant soit 31560 francs sont considérés comme jugés comptants par la remise que les acquéreurs ont présentement faite à M. Artur du PLESSIS de qualité de trois inscriptions de rente 5 % sur le grand livre de la dette publique de France sa part (le reste n'est pas repris ici) Quant au solde du dit prix de vente soit les 30000 francs il sera payé en cinq termes de paiements égaux de 6000 francs chacun dont le premier échéra et sera exigible le 22 mars 1853 et les autres successivement à pareille époque de chacune des années suivantes, le tout avec intérêts à 5 % par an à partir du 22 mars dernier, payables en même temps que chaque terme de capital.

Réserve de privilège

Cette partie n'est pas reprise ici

Affectation hypothécaire

Cette partie n'est reprise ici qu'en partie. Les acquéreurs hypothèquent au profit des vendeurs :
Une habitation sucrerie sise en cette île, sur les confins des communes de la Rivière Pilote et du Vauclin et se composant 1° de 51 hectare 70 ares 40 centiares de terre dont partie cultivée en cannes, bornée au Vauclin par les habitations de M. OZIER BELLEVUE, NEVEU, ESCAVAILLE CHASTAUD, et à la Rivière Pilote par les habitations des héritiers ALLOU et de Mlle Pauline ZOÉ et 2° de bâtiments de maître et d'exploitation, 3° d'animaux de trait et de labour et 4° de plantations. Telle que la dite habitation se poursuit, étend et comporte avec toutes les circonstances et dépendances, dont le sieur GROS DESORMEAUX est propriétaire, ainsi que M. Artur du PLESSIS le reconnaît. Le reste de cette partie n'est pas repris ici.

Le reste de l'acte (Transcription, "dont acte" et signatures) n'est pas repris ici. L'élection de domicile se fait en la demeure de M. ARTUR du PLESSIS, à Rivière-Pilote.



Le livre d'Emile DÉSORMEAUX retrace la saga des GROS-DÉSORMEAUX, depuis Joseph GROS né en 1695 à Marseille, jusqu'à notre époque.
(Editions Désormeaux, 2003)


- Acte de dépot de pièces, du 19.01.1880 (notaire SAINT CYR, du Marin, microfilm n° 874, aux Archives nationales); Ces pièces sont celles d'un acte sous seing privé du 28.10.1879, par lequel Jean Louis GROS DESORMEAUX vend à Marc Antoine GROS DESORMEAUX sa part dans l'habitation sucrerie Lescouet. Elle représente alors 80 hectares et est notamment bornée au nord par "les terres dites Saint Vincent appartenant à messieurs ARTUR du PLESSIS et les terres d'Auguste SOCRATE et de divers propriétaires"; Au sud, il y a les terres des héritiers BAUDE et BLANC, à l'ouest les terres du sieur GUITTEAUD et la rivière. Le prix de la vente est de 10 000 francs. 2000 sont payés et le solde sera à régler "à la société de l'usine du Marin. Etc.

- Jugement du Tribunal de Première Instance de Fort-de-France, du 23.04.1892

- Acte de dépot du cahier des charges dressé pour parvenir à la vente de l'habitation Lescouët, dépendant de la succession de Marc Antoine GROS DESORMEAUX, du 27.05.1892, conséquence du jugement du Tribunal de Première Instance de Fort-de-France, du 23.04.1892 (notaire Jules TRENELLE, du Marin, microfilm n° 967, aux Archives nationales).

- Adjudication de l'habitation Lescouët, du 07 et 08..07.1892, entre divers membres de la famille GROS DESORMEAUX (notaire Jules TRENELLE, du Marin, microfilm n° 967, aux Archives nationales).

- Vente de deux douzièmes de l'habitation Lescouët, du 20.07.1892, entre divers membres de la famille GROS DESORMEAUX (notaire Jules TRENELLE, du Marin, microfilm n° 968, aux Archives nationales).

- Vente d'un cinquième de l'habitation Lescouët, du 03.03.1894, entre divers membres de la famille GROS DESORMEAUX (notaire Jules TRENELLE, du Marin, microfilm n° 968, aux Archives nationales).

- Vente de quatre cinquièmes de l'habitation Lescouët, des 12 et 13.02.1905, entre divers membres de la famille GROS DESORMEAUX (notaire Jules TRENELLE, du Marin, microfilm n° 974, aux Archives nationales). L'habitation représente alors 90 hectares environ et les "confronts" rappellent ceux de 1880 puisqu'on retrouve au nord, "les terres dites Saint Vincent dépendant de l'habitation Saint Pons appartenant à M.M. du PLESSIS" (ce qui montre la permanence de cette habitation, encore en 1905). On retrouve aussi les terres d'Auguste SOCRATE mais également celles d'un nombre important d'autres propriétaires (ce qui indique probablement un morcellement des parcelles). A noter, enfin, au sud, "différents héritiers de l'habitation DESFARGES appartenant à M. POMPONNE".




Saint Pons (la famille et l'habitation)

La recherche des pièces concernant l'habitation Saint Pons se justifie d'abord parce qu'il faut trouver, s'il en existe, des traces de vie d'Elise (ou Lise), la mère de Sévérine qui deviendra la première EUZET de Martinique. Au-delà de ce type de recherche qui est le fondement même de ce site Internet, il est évident que l'évolution des lieux sur un demi-siècle (la première partie du XIXe siècle, de 1799 à 1848) est fascinante car, c'est la fin d'une époque, d'un système d'exploitation des hommes et des choses. En recueillir "les restes" avec la seule préoccupation de l'historien constitue un acte de sauvegarde d'un patrimoine qui ressemble aux gestes minutieux des archéologues mettant au jour les restes d'une civilisation disparue.

Les actes notariés essentiels pour l'habitation Saint Pons, entre 1797 et 1829 sont :

- le 21.11.1797, le contrat de mariage DUPLESSIS-FOUGAINVILLE (n° 719, notaire MARTIN)
- le 30.07.1798, le contrat de mariage FRANQUEVILLE-FOUGAINVILLE (n° 719, notaire MARTIN)
- le 27.03.1799, la vente de l'habitation Saint Vincent par Louis HEUDE SAINT VINCENT à Pierre Charles LE GENDRE de FOUGAINVILLE, (n° 719, notaire MARTIN)
- le 13.05.1799, la sentence d'adjudication (Sénéchaussée de Fort-de-France) qui accorde Saint Pons à FOUGAINVILLE.
- le 02.05.1800, la vente du tiers de Saint Pons à FRANCQUEVILLE et la constitution de société FOUGAINVILLE-FRANCQUEVILLE (n° , notaire MARTIN)
- le 25.03.1807, la vente de la veuve LEGENDRE de FOUGAINVILLE de sa part de Saint Pons, moitié à son fils, un quart à FRANCQUEVILLE et un quart à DUPLESSIS, ses beaux-fils (n° 805, notaire RENARD BELAIR)
- le 28.03.1807, le règlement de la société et la vente FOUGAINVILLE-FRANCQUEVILLE-DUPLESSIS (n° 805, notaire RENARD BELAIR)
- le 30.03.1807, la constitution de société FRANCQUEVILLE-DUPLESSIS (n° 805, notaire RENARD BELAIR)
- le 05.10.1817, la vente FRANCQUEVILLE à DUPLESSIS
- le 16.06.1827, la vente DUPLESSIS à ROUXEL de LESCOUET d'une portion de terre (n° , notaire CAILLET LA CARRIERE)
- le 11.08.1829, la vente DUPLESSIS à GUITTEAUD (n° , notaire BAILLY)
- le 08.08.1848, la constitution de société DUPLESSIS et les cultivateurs.

En plus de ces actes, les minutiers de Martinique montrent que la gestion des ARTUR du PLESSIS a tout de suite dépassé le strict périmètre de Saint Pons :

- le 18.04.1828, achat du tiers de l'habitation "La Germon", voisine de l'habitation "Saint Pons" (n° 808, notaire Pierre-Michel REYNOIRD, du Port-Royal). Cet acte notarié avait été précédé de l'achat sous acte sous seing privé le 18.10.1827 et par un inventaire de l'habitation le 26.05.1827 (même notaire mais l'acte manque dans le registre). On retrouve l'origine de cette habitation dans l'achat qu'en ont fait les GERMON, le 10.10.1807 (notaire CHASTEAUD, de Rivière-Salée) et c'est dans la liste de ses esclaves que l'on voit le nom d'Elise, âgée de 24 ans et de sa fille Louise Rose, âgée de 2 ans (en 1807).

A noter aussi, que dans l'acte du 18.04.1828, l'achat se fait aussi du "tiers indivis des esclaves dont les noms suivent : Julienne agée de 46 ans, Daniel son enfant agé de 19 ans, Julien son autre enfant agé de 16 ans, Jean Louis son troisième enfant agé de 9 ans, Silvanie son quatrième enfant agée de 6 ans a legard des quels esclaves (...) aura une convention qui sera établie plus loin". Effectivement, on voit plus loin : "A l'égard des 6 esclaves vendus les sieurs CAZAVAN et MOUTTE déclarent qu'ils les ont achetés de madame veuve de GERMON sous condition qu'ils ne soient point inquiétés par les créanciers de l'habitation (ci-dessus) vendue sur laquelle Madame veuve de GERMON les avait placés et comme ces négres sont restés pendant longtems sur le dénombrement de cette habitation il est possible que les créanciers profitent de cette circonstance pour les faire déclarer dépendant des successions des Sieurs et Dame DELORME et Eugène de GERMON ; dans le cas ils réussiraient dans cette entreprise, les parties conviennent que le prix de l'habitation déja fixé à 250.000 francs sera diminué d'une somme de 5.555 francs 56 centimes prix d'achat des dits esclaves". Ces mentions s'expliquent par le fait que cette habitation, jointe à l'habitation La Germon n'en faisait pas partie à l'origine car c'est elle qui avait été acquise le 10.10.1807 par Rémy Eugène GERMOND, Jacques Jean DELORME et Victoire Luce GERMOND son épouse. Elle était ensuite passée entre les mains des frères MOUTTE et de Jean CAZAVAN, négociants de Fort-Royal (en 1827). Ce sont ces négociants qui ont immédiatement vendus le tiers de cette habitation à Louis Charles ARTUR du PLESSIS, dit Raoul, et qui constituèrent avec lui une société pour la gestion et l'exploitation de ce domaine.

Cette société était prévue pour durer 9 ans, c'est-à-dire jusqu'au 10.10.1836. Il reste donc à trouver le notaire qui a enregistré l'acte de fin ou de renouvellement de cette société, en 1836 (ou avant).

A noter enfin, que l'habitation ayant fait l'objet de la vente du 18.04.1828 comptait 50 esclaves dont un tiers est donc passé sous la propriété des du PLESSIS (cette partie ayant ensuite été jointe à l'habitation Saint Pons). On peut raisonnablement penser qu'Elise et sa fille Sévérine (EUZET) faisaient partie de ce tiers, ce qui permettrait alors d'expliquer les mentions de la liste des cultivateurs de Saint Pons du 08.08.1848 : "Sévérine fille mineure de Lise décédée".

Sur Saint Pons, des informations complémentaires se trouvent dans "L'atlas historique du patrimoine sucrier de la Martinique", par Mireille MOUSNIER et Brigitte CAILLE, Editions L'Harmattan (1990), à partir des informations contenues dans les cartes de la Martinique, réalisées depuis le 17ème siècle :

Dans le tableau de correspondance des noms des habitations pour les années 1670, 1770, 1820, 1882 et 1955, on voit d'abord que l'on trouve Lescouet en 1820, 1882, et 1955, ce qui correspond bien. Pour ces mêmes années, on a Duplessis en 1820, Saint Pons en 1882 et simplement les coordonnées du lieu (Mercator Transverse Universel) en 1955, ce qui veut dire que l'habitation n'existait plus quand la carte IGN au 1/20 000 a été faite. Or, ces coordonnées sont 1604/726,9. On ne peut que constater la quasi similitude avec les coordonnées de l'habitation "Veuve HOUEL" que l'on trouve en 1770 à 1604/727. Dans les cartes reconstituées par les auteurs, que l'on voit à la fin de cette étude, celle de 1820 montre bien le site "DUPLESSIS", cependant que celle du "17ème et 18ème siècles" indique au même endroit "Veuve HOUEL". Il semble donc bien que l'habitation Saint Pons appartenait antérieurement à une veuve HOUEL. Ce patronyme est bien connu, aussi bien en Martinique qu'en Guadeloupe. Quelques indices existent dans les actes notariés ci-dessus. Ainsi, lors de la vente du 2 mai 1800, des dédommagements sont prévus pour les frères HOUEL. D'autres actes indiquent aussi une localisation de cette famille au Marin, ce que l'on retrouve sur la carte de 1816, par MOREAU de JONNÈS. Enfin, comme l'indique l'acte de vente de 1905 de l'habitation Lescouet, il y a toujours la mention de l'habitation Saint Pons qui la confronte avec ses terres Saint Vincent.

Le 09.04.2013, un message de Madame Mireille GILLE, sur le livre d'or du site, permet de mieux comprendre le lien entre les HOUEL et l'habitation Saint Pons :

"Habitation Saint Pons La Veuve HOUEL :
Marie Catherine Françoise HENRY
Née vers 1719 Rivière-Pilote Martinique.
Sources : ANOM en ligne Base nominative HOUEL Vincent, ingénieur en chef aux Iles du vent, cité en 1724-1742 Secrétariat d'état à la marine, personnel colonial ancien série E XVIIe.
Décédée le 5 janvier 1798 Trou au Chat (Ducos) Martinique
Sources : ANOM en ligne Martinique Trou au Chat 1798 p 3.
Mariée le 9 août 1750 Martinique avec Louis Vincent HOUEL
Sources : ANOM en ligne Base nominative HOUEL Vincent, ingénieur en chef aux Iles du vent, cité en 1724-1742 Secrétariat d'état à la marine, personnel colonial ancien série E XVIIe.
Mariage 3ème noces le 16/11/1767 à Rivière-Pilote Martinique, avec BONNAUD de SAINT PONS.
Sources : ANOM en ligne Martinique Rivière-Pilote 1767 p 5."


Le site de Madame Nathalie BUHOURS permet de savoir que le BONNAUD de SAINT-PONS ci-dessus avait pour prénom Pierre et le site "genobco.free.fr/provence/Bonaud.htm" donne une partie de la généalogie de cette famille de jurisconsultes et de magistrats à la Cour des Comptes d'Aix-en-Provence. Cette famille venait de Fréjus (au XVIe siècle) où elle possédait, notamment, le fief de Saint-Pons. On peut conclure de tout ceci que le nom de l'habitation Saint Pons, à Rivière-Pilote, venait de ce patronyme, ce qui explique ensuite le même toponyme dans cette commune.


Les esclaves de l'habitation Saint Pons

a) L'habitation Saint Pons était constituée elle-même de plusieurs habitations antérieures. L'une d'elle, la Saint Vincent, avait été vendue par HEUDE SAINT VINCENT à Pierre Charles le GENDRE de FOUGAINVILLE, le 27.03.1799. Avec les terres et les bâtiments, le vendeur apportait douze esclaves :

- "Le nègre André, âgé de 55 ans a été estimé 2600 livres
- Léon, âgé de 34 ans, estimé 2500 livres
- Augustin, âgé de 36 ans, estimé 2300 livres
- Réné, âgé de 16 ans, estimé 2100 livres
- Jean Marie, âgé de 14 ans, estimé 2000 livres
- Théophile, âgé de 4 ans, estimé 600 livres
- Jossennier (?), âgé de 36 ans, estimé 300 livres
- Janette, âgé de 34 ans, estimée 2300 livres
- Julianne, âgée de 54 ans, estimée 1200 livres
- Adélaïde, âgée de 31 ans, estimée 2200 livres
- Mose (?), âgée de 20 ans, estimée 2200 livres
- Arsenase (?), âgée de 16 ans, estimée 2300 livres"
Le total de l'estimation des 12 esclaves de l'habitation Saint Vincent s'élevait à 22600 livres.

b) L'habitation Saint Pons est décrite dans un acte du 02.05.1800, quand Pierre Charles le GENDRE de FOUGAINVILLE vend à Charles François Louis de FRANCQUEVILLE, son beau-frère, le tiers de cette habitation "qu'il a eu par adjudication provenant des successions de la dame veuve de SAINT PONS et de monsieur de LOR, ainsi que les terres, l'habitation, bâtiments, plantations et fonds de terre qu'il acquit du sieur HEUDE SAINT VINCENT (...)".

Il est précisé que pour apprécier la valeur à la date du contrat et depuis l'adjudication (le notaire indique, plus loin, qu'elle a eu lieu le 13.05.1799), il faut tenir compte, en augmentation, de l'acquisition "de 5 négrillons" (leur valeur est de 500 livres mais leurs noms ne sont pas indiqués) et, en diminution, "des nègres morts", et des " nègres dont il a disposé en faveur de messieurs HOUEL frères". Un peu plus loin, l'acte donne des précisions pour ces opérations qui sont comptabilisées entre la prise de possession qui a suivi l'adjudication jusqu'au 01.01.1800.

Les noms des décédés sont les suivants :

- "Céleste, âgée de 5 ans, 2200 livres estimée au dernier inventaire
- Sabine, âgée de 48 ans, estimée dans icelui 1000 livres
- Lazare, âgé de 9 ans, y estimé 1200 livres
- Brigitte, âgée de 2 ans, 400 livres".

Les noms de ceux qui ont été "cédés" au sieur HOUEL :

- "Guittone, 2600 livres
- Natou
(?) ou Vutou (?), 2100 livres
- Jean Louis, 2000 livres
- Marie Catherine, 1800 livres"
.

Les noms de ceux qui ont été gardés par M. de FOUGAINVILLE :

- "Modeste, 2000 livres (l'âge n'est pas indiqué)
- Marie, de 9 ans, 1200 livres".

La liste des esclaves qui font partie de l'habitation (et donc de la transaction) n'est pas jointe. Elle doit se trouver avec l'acte d'adjudication du 13.5.1799.

c) Par contre, une liste de 56 noms se trouve dans l'acte du 28.03.1807 qui enregistre la répartition des biens entre les LEGENDRE de FOUGAINVILLE, les FRANCQUEVILLE et les du PLESSIS (voir plus loin pour les détails). L'estimation de l'habitation Saint Pons est faite à cette occasion, avec notamment la partie relative aux esclaves de cette exploitation en 1807, pour un montant de 196 450 livres :

- "Rosalie estimée 1500 - Justine estimée 3300 - Alexandrine estimée 3300 - Abraham estimé 6000 - Salomon estimé 3000 - Jean Philippe estimé 4500 - Jean Pierre estimé 3000 - Petite Manon estimée 3300 - Euphrosine estimée 3300 - Alexis estimé 4000 - Louis estimé 4000 - Louis calixte estimé 4000 - Julien estimé 4000 - Prudent estimé 3600 - Alexandre estimé 2600 - Jeanne estimée 300 - Firmin estimé 3500 - Genevieve estimée 1000 - Marine estimée 3300 - Théodore estimé 4500 - Lucette estimée 3300 - Joseph estimé 3300 - Scholastique estimée 2500 - Barthélémy estimé 3000 - Lucette estimée 3300 - Jean François estimé 2600 - Thérésine estimée 3000 - Simonne estimée 3300 - Gertrude estimée 2000 - Rosalie estimée 3000 - Solitude estimée 3000 - Nannette estimée 3300 - Pierre estimé 2700 - Jean Laurent estimé 2000 - Cécile estimée 2000 - Adélaïde estimée 2500 - Catherine estimée 2600 - Zabeth estimée 3300 - Grégoire estimé 1500 - Laurencine estimée 1200 - Prosper estimé 1500 - Rosalie estimée 3300 - Jean Lazare estimé 3000 - Jean baptiste estimé 4000 - Marinette estimée 2000 - Melchior estimé 2000 - Jean Charles estimé 1500 - Aimée estimée 400 - Athanase estimé 400 - Léandre estimé 600 - Valère estimé 300 - Bruno estimé 300 - Marie Luce estimée 300 - Noël estimée (!) 1500 - Marie Catherine estimée 300 - Anonyme estimée 150"

d) On peut comparer cette liste avec celle du 05.10.1817, année qui voit encore une vente de l'habitation Saint Pons (voir plus loin). Certains noms se retrouvent dans les deux listes mais il y en a aussi de nouveaux. L'acte indique que dans cette vente "est compris, bien entendu, l'atelier composé de 57 sujets ci-après nommés, savoir :

- Nanette, Réné, Philippe rafineur, Mariane
(nom supposé : il y a une tache au milieu du nom), tous quatre sexagénaires, Petit Jean octogénaire, plus Clotilde âgée de 58 ans, Claire de 53 ans, Petit Charles de 49 ans, Fanchonette de 58 ans, Justine de 53 ans, Alexandrine de 42 ans, Abraham de 40 ans, Salomon de 28 ans, Jean Philippe de 37 ans, Jean Pierre de 30 ans, Petite Manon de 40 ans avec son enfant à la mamelle, Marie Luce sa fille de ... (l'âge n'est pas pris par le microfilm), Zaïre son autre fille de 4 ans, Alexis de 46 ans, Julien de 30 ans (en fait, le deuxième chiffre n'est pas un 0 mais il n'est pas pris par le microfilm), Louis Calixte de 39 ans, ... de 39 ans (le nom n'est pas pris par le microfilm), Alexandre de 25 ans, Marine de 41 ans, Thér... de 26 ans (le reste du nom n'est pas pris par le microfilm, le début est certainement Thére, ce qui peut donner Thérésine), Simonne de 33 ans (le deuxième 3 se devine à la marge du microfilm), Rosalie de 24 ans, Manon de 39 ans (on lit Mano, ce qui laisse supposer un n final), Pierre de 26 ans (le 6 est supposé mais ce pourrait être un 7), Cécile de 21 ans avec son enfant à la mamelle, Adélaïde de 21 ans avec son enfant à la mamelle, Petit Noël de 19 ans, Prosper de 17 ans, Rosalie de 41 ans, Jean Lazare de 32 ans, Jean Baptiste de 41 ans, Marinette de 21 ans, Grand François de 38 ans, Félix de 19 ans, Antoine de 18 ans, Janvier de 18 ans, Julie de de 10 ans (il y a peut-être un chiffre après le 1 qui est à la marge du microfilm), Paul de 19 ans, Laurencine de 14 ans, Zabeth de 50 ans, Intimée de 12 ans (les deux premières lettres ne sont pas certaines), Athanase de 12 ans, Solitude de 25 ans avec sa fille à la mamelle, Alix sa fille de 5 ans, Valère de 10 ans, Marie Catherine de 9 ans, et Petit Jean Charles de 14 ans".

e) Il faut ensuite arriver au 08.08.1848 pour trouver la liste des "cultivateurs" de la société constituée entre le propriétaire de l'habitation Saint Pons, après l'abolition de l'esclavage (voir plus loin pour plus de précisions). Cette liste qui comprend 36 noms est la dernière "photographie" des (anciens) esclaves de l'habitation Saint Pons :

- "Francisque, Paul, Auguste, Henry, Janvier, Chéry, Barthélémy , Germaine, Charles, Cécile, Marinette, Thérésine, Laurencine, Adélaïde, Jean Marie, Alerte, Ulysse dit Coly, Michou (?) Dieu Donné, Lubin fils mineur de Marie Luce, Louis, Mathurin, Thérésine, Marie, Marie Luce, Alisste (nom à revoir) Louise, Noël, Athanais, Valère, Zaire, Pierre, Sylvestre fils mineur de Félicité, Edouard fils mineur de Jeanne douce, Sévérine fille mineure de Lise décédée".

On retrouve encore, dans la liste de 1848, certains noms de la liste de 1817. Par exemple, Valère doit alors avoir environ 41 ans. On peut même supposer une filiation sur trois générations avec Lubin fils de Marie Luce et, celle-ci, fille de Petite Manon. Cependant, la ressemblance des noms peut être trompeuse. On constate aussi que le nombre est passé de 57 à 36. On ne sait pas ce que sont devenues Félicité et Jeanne douce qui sont les mères d'enfants mineurs. La mention du décès de Lise, la mère de Sévérine, veut dire (a contrario) que ces deux femmes ne sont pas mortes et qu'elles ont dû être vendues à d'autres planteurs, et faire donc partie des 21 qui ne sont plus sur la liste (il ne faut pas, également, exclure la possibilité d'affranchissements). Enfin, en ce qui concerne Lise (ou Elise), il faut considérer qu'elle a dû arriver à l'habitation Saint Pons, entre 1817 et 1848. Les recherches doivent, maintenant, se concentrer sur ces 31 ans.


Autre piste de réflexion : Le 10.08.1807, les GERMON(D) ont acheté l'habitation de Rivière-Pilote (évoquée plus haut) à Jean Elie PLETTE de BEAUPRÉ, habitant de Rivière-Pilote. L'état civil de la commune (conservé depuis l'année 1763) indique la présence d'un seul acte pour cette famille. En effet, au 12.03.1768, on trouve le baptême de Jeanne Rosalie, née le 14.02.1768, fille de Jean PLET BEAUPRÉ et de Rosalie LAPRÉE, de la paroisse. Elle a pour parrain, Louis GUITONNIERE LAPRÉE et pour marraine Françoise Félicité LAPRÉE. Ils signent, sauf la marraine qui déclare ne pas savoir.

Il est donc clair qu'il faut essayer de retrouver la trace de cette famille. L'analyse des grandes bases de données (Gallica, GeneaNet, Wikipédia) montre l'existence d'une famille PLET BEAUPRÉ ou PLET BEAUPREY ou PLET dit BEAUPRÉ, en Normandie, particulièrement dans l'Orne et, plus spécialement encore dans la ville de Sées.

L'acte de 1807 a été passé auprès du notaire CHASTEAUD, de Rivière-Salée. Or, le livre intitulé "Dépôt des papiers publics des colonies - Notariat" (Aix, 2001) permet de connaître les notaires de cette étude. En particulier, le notaire qui semble précéder immédiatement CHASTEAUD est probablement de CONGIS (1783-1784, avec un transfert à Saint Esprit, puis 1785-1806) mais il y en a d'autres qui ont précédé CHASTEAUD et qu'il faudra donc consulter aussi.

Par ailleurs, le même ouvrage donne les noms des notaires de l'étude de Fort-de-France où a officié le notaire REYNOIRD (qui a écrit l'acte de 1828, vu plus haut). Son prédécesseur est BAYLIES-DUPUY et son successeur est Charles de LEYRITZ. Ce dernier a officié de 1828 à 1843. On peut donc penser que la fin de la société exploitant la GERMON, ou du moins la partie faisant l'objet de l'acte de 1828 se trouve dans ce minutier (au 10.10.1836 si ladite société est allée jusqu'à son terme).

Une recherche faite le 27.04.2011 sur le minutier du notaire Charles de LEYRITZ (de Fort Royal) a montré que le renouvellement de la société créée entre CAZAVAN, MOUTTE et ARTUR du PLESSIS (les trois successeurs des GERMON) en 1828 ne se trouve pas en octobre 1836, ni du 02.09.1835 au 22.06.1837 (microfilm n° 710, aux Archives nationales). Un sondage fait sur l'année 1832 pour le même notaire (microfilm n° 709, aux Archives nationales) révèle l'existence d'un acte du 8 septembre relatif aux contrats de 1827-1828. En effet, la veuve GERMON devait bénéficier d'une rente viagère pour compenser ses droits perdus par la vente de l'habitation en question. Cet acte est révélateur de deux choses. D'une part, le notaire de LEYRITZ, successeur de maître REYNOIRD, a dû continuer à traiter la gestion des CAZAVAN, MOUTTE et GERMON. D'autre part, CAZAVAN (toujours domicilié au Fort Royal) est qualifié d'ancien négociant. Retiré des affaires, il est donc probable que la société créée avec ARTUR du PLESSIS a été dissoute avant septembre 1832, d'autant que le troisième partenaire, MOUTTE, n'est plus signalé.

La suite de la recherche a été menée le 05.05.2011 sur les registres antérieurs du notaire de LEYRITZ, période allant de mars 1830 à mars 1832 (microfilms n° 706 et 707) n'a pas permis de découvrir de nouveaux éléments entre les associés MOUTTE, CAZAVAN et du PLESSIS. par contre, ces minutes montrent que Jean CAZAVAN est signalé comme ancien négociant dès août 1830 et qu'Agricole MOUTTE est, lui, signalé comme ancien négociant dès septembre 1830. Auparavant, ce dernier est indiqué comme propriétaire. A noter aussi la dissolution d'une société dont Agricole MOUTTE était un des membres avec Pierre MOUTTE jeune, le 19.04.1830. Manifestement, tous ces éléments sont révélateurs de la fin de l'activité des deux associés du Fort Royal. On peut donc penser que la société créée avec du PLESSIS pour l'habitation de Rivière-Pilote n'a duré que très peu de temps mais la vente de leurs parts à du PLESSIS reste à trouver (et avec elle, la trace des esclaves de cette plantation, dont Elise et sa fille Sévérine).

Un nouveau sondage (le 13.05.2011) sur les notaires de Rivière-Salée, prédécesseurs du notaire CHASTEAUD, avant 1807, n'a donné rien de concluant (notaire TAILLANDIER pour 1803-1810, notaire de CONGIS pour 1806, notaire de SAINT ANDRÉ pour 1777-1780) mais il faudrait encore continuer dans cette direction pour trouver la trace de la famille PLET de BEAUPRÉ et de son patrimoine.

La nouvelle version 2016 de la Banque numérique des patrimoines martiniquais a permis de visualiser le registre de la population esclave de Rivière-Pilote pour l'année 1834. On voit dans deux actes (n° 72 du 15 août et n° 91 du 24 septembre) que deux décès d'esclaves ont lieu sur l'habitation dite la Germon appartenant aux sieurs CAZAVAN et DUPLESSIS. Ainsi, en cette année 1834, les du PLESSIS avaient trois habitations sous leur responsabilité : la Saint Pons en gestion directe, Lescouet en gestion déléguée et la Germon en gestion associée. (note écrite le 31.01.2016)

f) Pour mieux cerner la personnalité des propriétaires de l'habitation Saint Pons, on peut aussi se référer au livre d'Oruno D. LARA et Inez FISHER-BLANCHET intitulé : "Propriétaires d'esclaves en 1848. Martinique, Guyane, Saint-Barthélémy, Sénégal" , paru chez l'Harmattan et achevé d'imprimer en février 2013 par 1livre.com. Les auteurs donnent une liste des propriétaires responsables de sévices envers des esclaves, entre 1845 et 1848. A la page 117, on y voit au 03.09.1847 :"Arthur DUPLESSIS, propriétaire à la Rivière-Pilote - Défauts de vêtements - Impoursuivi quant à présent : vu la nature et la quantité des terres dans (dont) les esclaves ont la jouissance pour leur jardin, délai accordé au maître pour se mettre en règle"

Si les faits ci-dessus montrent à la fois un côté négatif et un côté positif dans la gestion de son propre domaine, un autre dossier, à la page 111 du même livre, apparaît plus critique en ce qui concerne la gestion de l'habitation Lescouet que DUPLESSIS assurait au nom des propriétaires. L'année est indéterminée (1847 ?) et c'est un 14 août ; il y a une erreur du rédacteur qui a confondu Rivière-Pilote et Rivière-Salée : "Arthur DUPLESSIS, géreur de l'habitation Lescouet à la Rivière Salée - Travail excessif imposé à une esclave infirme. Insuffisance de vêtements - Sans suite : après information sommaire par le juge de paix du Marin, les faits n'étant pas de nature à motiver des poursuites."

Dans le livre d'Oruno D. LARA et d'Inez FISCHER-BLANCHET : "Propriétaires d'esclaves en 1848 : Martinique, Guyane, Saint-Barthélémy, Guyane" (L'Harmattan - 2013), on trouve la famille DUPLESSIS citée à sept reprises dans la liste totale des propriétaires :

- (p. 208) : DUPLESSIS, Amand Charles
- (p. 239) : DUPLESSIS, Arthur, Vve, née LEGENDRE De FOUGAINVILLE
- (p. 241) : ARTHUR DUPLESSIS, Charles Amans Oscar
- (p. 241) : ARTHUR DUPLESSIS, Louis Charles Raoul
- (p. 241) : ARTHUR DUPLESSIS, Louis Charles Raoul, Dame, née FRANQUEVILLE, Rose Anne Eugénie
- (p. 241) : ARTHUR DUPLESSIS, Armand Georges, Dame Vve, née LEGENDRE De GOUGAINVILLE, Louise Agathe
- (p. 313) : ARTHUR Du PLESSIS, Dame, née De FRANQUEVILLE



Saint Pons et Lescouët, en 1827 et 1820

Un acte du 16.06.1827 est particulièrement intéressant, car les deux parties sont les propriétaires de Saint Pons et de Lescouët. En effet, à cette date, "Madame Laure Agathe Le GENDRE de FOUGAINVILLE, épouse de Monsieur Amand George ARTUR du PLESSIS, écuyer, chevalier de l'ordre Royal et militaire de Saint Louis présentement en France", autorisée, a vendu à " Monsieur Joseph ROUXEL de LESCOUET" (...) "une portion de terre sise au dit quartier de la Rivière Pilote, enclavée entre les terres de mon dit sieur acquéreur et la grande rivière qui la sépare des autres terres de l'habitation de mes dits sieur et dame ARTUR du PLESSIS, la dite portion de terre de la contenance d'environ un carré plus ou moins".

Cette vente est faite pour "arrondir mon dit sieur de LESCOUET de manière à ce que désormais la rivière sus désignée servira de limite et de borne aux propriétés respectives des parties, toutes les terres sur la rive gauche de cette même rivière devant appartenir à mon dit sieur de LESCOUET en vertu des présentes."

L'annexe qui suit est encore plus éclairante. Du PLESSIS, par cet acte, accorde aux ROUXEL de LESCOUET la jouissance des eaux de la grande rivière qui font tourner son moulin. Les conditions suivantes doivent être réunies :

"1° Que l'habitation de Monsieur de LESCOUET sise à la grande rivière, voisine de la mienne, aura la faculté de jouir des dites eaux alternativement avec la mienne, dite Saint Pons, pendant tout le cours de l'année et à perpétuité, chacun son tour, l'une après l'autre, une semaine révolue, qui commencera et finira le dimanche matin au point du jour, et continuera ainsi toujours dès qu'une fois la première semaine aura déterminée la marche de chacune d'elles, sans que l'autre puisse en rien détourner pour quelque usage que ce soit. Cependant quand Monsieur de LESCOUET ne fera pas de sucre dans ses semaines, l'eau lui devenant inutile, je pourrai la prendre pour ma rumerie, dans ce seul cas.

2° Que Monsieur de LESCOUET s'engage à faire faire un plus grand bac pour la couleuvre de la rumerie de l'habitation Saint Pons, à l'époque où le propriétaire de la dite habitation le jugera nécessaire.

3° Que la digue établie sur la grande rivière dont l'usage leur sera commun, sera nétoyée, réparée et refaite, quand besoin il y aura, par les deux habitations et cela à frais communs.

4° et 5° (...)"

Cet acte passé devant le notaire royal CAILLET La CARRIERE (résidant au bourg du Marin) montre ainsi les relations de mitoyenneté entre les propriétaires des deux habitations, Saint Pons et Lescouet. A cette époque encore, les LESCOUET avaient donc l'intention de continuer l'exploitation dans de bonnes conditions (même si des ventes de portions de terres avaient déjà eu lieu, depuis 1824). Il est probable que la situation a complètement changé en 1832, après le décès de Joseph-Georges-Gabriel ROUXEL, le comte de LESCOUËT.

Un acte antérieur passé devant le notaire royal ESCAVAILLE, le 04.05.1820, est strictement identique (sauf pour la partie relative à l'achat de la portion de terre). Comme celui de 1827, il fait aussi référence à une convention passée entre Mme de BEAUSIRE et Messieurs de FRANQUEVILLE et ARTUR DUPLESSIS, le 08.05.1819 (notaire CASTEL, de Saint Pierre) mais cette convention ne se trouve pas dans ce minutier.

Outils de la recherche

1/ "Pierre DESSALLES (1785-1857) - La vie d'un colon à la Martinique au XIXe siècle - Correspondance 1808-1834", présenté et édité par Henri de FRÉMONT. Imprimé sur les presses de l'imprimerie CAUCHARD, à La Haye du Puits, en décembre 1980.
Cette correspondance est remarquable et indispensable pour qui veut comprendre quelle était la vie sur les "habitations" et, plus largement, en Martinique, en ce début du XIXe siècle, dans les années précédant l'abolition de l'esclavage. Très bien écrites, ces lettres offrent une mine de renseignements sur le climat, les animaux, la production de sucre, de café, de bananes, les relations sociales et économiques, les mentalités, etc. Quelques extraits sont repris ci-après et comme le coeur de notre sujet concerne l'émergence d'une famille sortie de l'esclavage, nous avons repris quelques passages qui montrent les relations et les problèmes entre les colons en général, Pierre DESSALLES en particulier, les noirs et les mulâtres.
- Lettre du 15.07.1822 : "(...) Je vais faire 5 mariages : Germain avec Laurence, Saint-Cyr avec Marie Barnabé, Jean-Pierre avec Jeanne-Rose qui vient d'accoucher de deux enfants, Edouard-Bibianne avec Adrienne, Lafortune avec Monique. Je leur fait des avantages qui tourneront à notre profit et qui doivent rétablir la morale, qui dans ma manière de voir, peut seule écarter le mal et les mauvaises intentions. L'avenir prouvera si je me trompe. Les nègres nouveaux vont très bien, 9 sont déjà lancés au travail et s'y livrent avec ardeur, vous sentez que je les ménage beaucoup. (...) La dépense de cette année sera un peu plus forte, à cause des nègres nouveaux, mais j'espère qu'à partir de juillet 1823, je la diminuerai de beaucoup. Les nègres étrangers, les mûlatres libres ne paraissent sur l'habitation. Les ordres les plus sévères sont donnés en conséquence. (...)"
- Lettre du 18.10.1822 : " (...) Dans la nuit du 12 au 13, 30 nègres qui travaillaient au canal du Carbet se sont révoltés, se sont portés sur quelques habitations et ont eu la barbarie d'assassiner 7 blancs. 2 sont morts sous les coups et 5 sont grièvement blessés. Ces scélérats ont eu recours à la fuite, ils se sont donnés des colonels et leur mot d'ordre est liberté. (...) Tout sur l'habitation est dans le plus grand ordre. Si je dois croire quelques nègres, je puis compter sur eux tous, c'est beaucoup qu'ils émettent de bonnes intentions, mais je suis peu crédule lorsqu'il s'agit de croire que le bien puisse partir d'une race aussi méchante. (...)"
- Lettre du 26.03.1823 : " (...) L'habitation d'ailleurs est dans un très bon état et à l'exception de Vieux-Corps et de Roger, deux pitoyables sujets, l'hôpital n'offre pas un sujet qui fasse craindre pour sa vie. J'ai envoyé Fortunée et quelques autres nègres aux eaux, ils s'en trouvent bien. (...)"
- Lettre du 04.07.1823 : " (...) Fortunée est revenue des eaux. Son séjour dans cet endroit m'a coûté cher. Elle se dit guérie ; moi, je crois son mal incurable. Trop se conduit bien, jamais on ne l'entend ; elle fait son devoir avec exactitude. Praxcède dit qu'elle est grosse ; elle n'a pas encore déclaré sa grossesse ; au reste puisqu'elle est libertine, je voudrais au moins qu'elle fît beaucoup d'enfants, nous aurions de bons sujets un jour. Praxcède se conduit toujours bien, elle a la haute main dans la maison et surtout dans ma chambre, elle est zélée et fidèle. Edouard est le meilleur nègre que l'on puisse voir, Célicour marchera sur ses traces. Trépoli grandit, il sera libertin ; déjà il fait de ces farces ! Héloïse est excellente, je suis aussi très content d'Anne et d'Aline, Foiry est un bon nègre, Jean-Baptiste est un peu paresseux, mais je prends patience. Madelaine va très bien, je vais l'établir à la caféière où elle vendra du tafia, sa fille restera avec elle. (...)"
- Lettre du 26.07.1823 : " (...) On faisait du sucre. Le matin M. CHIGNAC, s'étant aperçu que le canal avait été mal bouché, fit venir Césaire, chargé de ce soin, et lui fit donner 15 coups de fouet. A midi, M. CHIGNAC ayant cru s'apercevoir que Césaire était gris, il lui fit encore donner 30 coups de fouet ; ce nègre désespéré reçut tous ces châtiments sans murmurer mais une demi-heure après quel fut l'étonnement de CHIGNAC lorsqu'il entendit crier par tous les nègres qui se trouvaient dans et autour des bâtiments : Césaire tué corps li. Il se transporta sur le champ dans l'endroit où était le cadavre, et le trouva dans l'état le plus horrible. Il interrogea les nègres et Marie-Luce lui dit qu'ayant aperçu Césaire sur la roue du moulin, elle lui avait demandé ce qu'il faisait là, qu'il lui avait répondu "Bonjour vous autres toutes, dis M. CHIGNAC bonjour, dis li que li pas qualé trouvé Césaire encore pour battre li" et qu'il s'était précipité. (...) Depuis janvier, ce Césaire a été accusé par plusieurs nègres de leur avoir donné du poison. A la mort d'Aglaë, jeune négresse nouvelle, dont il voulait faire sa femme, mais qui préféra Bouriqué, je fus au moment de l'arrêter, persuadé qu'elle avait été victime de la préférence accordée à un autre. Je fus retenu par la crainte de commettre une injustice. (...) Renvoyer CHIGNAC, ce serait montrer de la faiblesse, il ne peut cependant rester longtemps avec moi. Ce sera lui qui me demandera à sortir et c'est à quoi je m'occupe. (...)"
- Lettre du 03.06.1824 : " (...) Je dois vous dire que notre habitation va le mieux du monde, tout y est tranquille ; la pendaison des deux nègres nouveaux a été oubliée, et nos nègres travaillent avec zèle. Je marie dans ces jours une jeune négresse nouvelle avec un nègre de la caféière. Je vous apprendrai aussi que Praxcède et Honoré, qui s'aiment et qui ne veulent pas vivre dans un commerce honteux, vont se marier le jour de ma fête. C'est le bouquet qu'ils me donnent, et je le recevrai avec d'autant plus de plaisir que ce sont deux bons sujets, auxquels je suis attaché. Ils se fixent à la caféière ; Honoré fera marcher les choses sous mes ordres, et sa femme surveillera la maison, donnera des soins aux négrillons ; Martonne qui les suivra, me sera d'un grand secours, je donnerai 4 gourdes par mois à Honoré. (...)"
- Lettre du 05.07.1824 : " (...) Je viens d'acheter 6 jeunes muletiers pour la sucrerie et deux jeunes négrittes pour la caféière. Les nègres sont d'une cherté horrible ; il faut calculer dans les dépenses de la sucrerie l'acquisition annuelle de dix nègres. Impossible sans cela de maintenir notre chose. La population est nulle, elle pourra revenir, mais de longtemps nous n'en jouirons, et cependant il faut faire des revenus ... (...)"
- Lettre du 28.07.1824 : " (...) Le 24 au soir on m'a conduit un mulet malade et le 25 à 3 h après-midi, il n'existait plus. Jamais il ne s'est vu chose pareille. En supposant qu'Eusèbe soit coupable, il n'est pas seul, ceci est évident. Le chef cabrouetier de l'Union s'était sauvé, il a été repris, je l'ai confronté avec Eusèbe. Il a soutenu à Eusèbe qu'il était empoisonneur et qu'il l'avait aidé à empoisonner les boeufs de l'Union. Eusèbe s'est contenté de dire qu'il mentait. Je ne sais encore quel parti prendra le quartier. Les punitions continuent, l'atelier entier ne couche plus dans les cases ; j'ai fait arranger le haut de la purgerie. Après les veillées, tous les nègres s'y rendent, les femmes sont séparées des hommes. Je pense qu'ennuyés d'une telle existence, j'obtiendrai des aveux. Nous sommes dans un temps qui demande beaucoup de sévérité. Je suis toujours le plus heureux du quartier, pourvu que cela dure ! Quelle chienne de vie ! (...)".
- Lettre du 26.05.1825 : " (...) Tout continue à bien aller sur l'habitation, les nègres sont plus gais et travaillent avec courage, l'hôpital est vide ; les négrillons, quoiqu'en petit nombre, vont à merveille. Nous parviendrons, je l'espère, à maintenir nos revenus à 7000 formes, mais il faudra acheter des nègres de temps en temps. Avec de l'ordre et plus d'économie que jamais, nous nous en tirerons ; mais, ma chère maman, il ne faut pas se le dissimuler, ce pays perd chaque jour, et tout semble se réunir pour assurer sa ruine. (...)"
- Lettre du 07.01.1832 : " (...) Tu sais que Bissette a demandé aux chambres l'affranchissement des esclaves. Le gouverneur a pensé que les hommes de couleur de la Martinique dont il est mandataire, ne feraient aucune difficulté de protester contre une pareille demande, surtout au moment où des épaulettes d'officier venaient d'être accordées à dix et douze ; il a en conséquence fait sonder les plus huppés du Fort-Royal, tous parents et amis de Bissette, qui ont refusé leurs signatures. Un d'eux a déclaré que, loin de protester contre les actes de Bissette, auquel ils devaient toutes les concessions qui leur ont été faites, il était prêt à sacrifier les esclaves qu'il avait et jusqu'à son dernier sou pour se venger de toutes les humiliations qu'on lui avait fait éprouver ; ils ne se cachent plus aujourd'hui, et si le gouvernement veut de bonne foi la conservation des colonies, il se méprend cruellement sur les intentions de cette classe infâme, qui ne rêve que la destruction des blancs. Les esclaves ont eu connaissance de la démarche du gouverneur et de la réponse des hommes de couleur ; ils ont fait des chansons et disent que les blancs s'opposent à leur affranchissement que les hommes de couleur demandent avec insistance. L'esprit du nègre a bien changé ; cela n'est pas difficile à concevoir et aujourd'hui on a bien de la peine à le conduire. (...)"

2/ L'illustration a sorti un numéro spécial sur l'exposition coloniale, en mai 1931. Magnifiquement illustré, cet "album hors série" vaut aussi par ce qui est écrit ... et par ce qui ne l'est pas. Par exemple, dans les deux dessins ci-dessous d'une indigoterie et d'une sucrerie, on voit bien que le travail est fait par des noirs mais le mot esclave n'est jamais écrit dans ces descriptifs. Au contraire, en ce qui concerne l'esclavage, voici ce qui est noté dans un texte de Pierre DELONCLE, à propos de l'Afrique : "Et pourquoi avons-nous occupé les immenses contrées ainsi reconnues ? Ce fut pour affranchir les populations qui les peuplaient et non pour les asservir. Rien ne définit mieux le but de notre intervention que ce nom de villages de liberté donné par FAIDHERBE à ces postes qu'il fonda sur le Sénégal pour recueillir les esclaves qui s'échappaient comme des bêtes traquées, des régions occupées par EL HADJ OMAR. Si nous avons pénétré peu à peu jusqu'au Tchad, ce fut pour poursuivre et faire disparaître ces trafiquants d'esclaves dont les plus célèbres furent SAMORY et RABAH et que nos hommes suivaient à la trace aux ruines fumantes des villages et aux cadavres de femmes et d'enfants qu'ils laissaient derriere eux."



"L'industrie à la Martinique, au début du XIXe siècle :
à gauche, une indigoterie ; à droite, une sucrerie."

( Album hors série sur l'exposition coloniale de 1931, de l'Illustration)


L'article de l'Illustration sur la Martinique va nettement dans le sens d'un exotisme idéalisé, cependant que l'aquarelle ci-dessous évoque un monde de rêve et de fêtes, une sorte de paradis des îles : "La coupole de la Martinique, d'un vert d'aigue-marine, surplombe des frises où sont stylisés les feuillages et les palmes qui jaillissent sur les mornes et au creux des vallons. Les piliers vert cru de la façade tranchent sur le blanc neutre dont les murs sont recouverts par la succession des jours torrides et des nuits rafraîchissantes. A peine entré, vous vous attendez à respirer la senteur exquise de la vanille, à entendre le bourdonnement monotone de l'insecte qui réveille votre sieste et qui accompagne votre somnolence."



"Intérieur du pavillon de la Martinique : une fête." [l'aquarelle est de R. SAND]
( Album hors série sur l'exposition coloniale de 1931, de l'Illustration)


Et si l'on veut comprendre la mentalité dominante de cette époque, il suffit de reprendre un extrait du texte d'introduction du Maréchal LYAUTEY, "Commissaire général de l'Exposition coloniale" : "Il reste sur la terre de vastes champs à défricher, de pacifiques batailles à livrer à la misère, à l'ignorance, à toutes les forces mauvaises de la nature. En montrant l'immense labeur déjà accompli par les nations colonisatrices, l'Exposition montrera, par surcroît, qu'il reste encore beaucoup à faire."

3/ "Essai sur l'installation humaine dans les mornes de la Martinique" par J.-B. DELAWARDE, Fort-de-France, Imprimerie officielle. 1935

4/ "La vie paysane à la Martinique. Essai de géographie humaine", par J.-B. DELAWARDE, Fort-de-France, Imprimerie officielle. 1937

5/ "Destinées d'esclaves à la Martinique" (1746-1778") Bulletin de l'Institut français d'Afrique noire, 26 série B, 1960, 91 pages, par Gabriel DEBIEN

6/ "La famille martiniquaise. Analyse et dynamique", par G. DUBREUIL. Montréal, Centre de recherches Caraïbes. 1965

7/ "Types de plantation et groupes sociaux à la Martinique", par J. BENOIST. Cahier des Amériques latines (série Sciences de l'Homme), 2. 1968

8/ "La canne à sucre et ses problèmes dans le Sud-Est de la Martinique", par CALMONT A. Bordeaux, Université de Bordeaux III, Institut de géographie, 1970.

9/ "Les Gens de couleur libres du Fort-Royal (1679-1823) Paris, Société Française d'Histoire d'Outre-Mer, 1971, par Emile HAYOT

10/ "L'archipel inachevé. Etudes anthropologiques sur les Antilles françaises", par J. BENOIST. Presses de l'Université de Montréal. 1972

11/ "Les origines de la population martiniquaise au fil des ans (1635-1902)" Mémoires de la société d'histoire de la Martinique 3, 1973, par Bernard DAVID

12/ "La paroisse de Case-Pilote" (1760-1848), notes d'histoire sociale".Mémoires de la société d'histoire de la Martinique 3, 1973, par Bernard DAVID

13/ "Les esclaves aux Antilles françaises (XVIIe-XVIIIe siècles) Basse-Terre et Fort-de-France". Société d'histoire de la Guadeloupe et Société d'histoire de la Martinique, 1974, 351 pages, par Gabriel DEBIEN

14/ "Les sociétés antillaises. Etudes anthropologiques. Textes choisis et présentés par J. BENOIST. Montréal, Centre de Recherches Caraïbes. 1975

15/ "Les composantes raciales de la Martinique", par J. BENOIST. Sociétés antillaises. Etudes anthropologiques, Montréal, Centre de Recherches Caraïbes. 1975

16/ "La canne à sucre, les industries du sucre et du rhum à la Martinique. Evolution contemporaine. 1950-1974", par FERRÉ J-F. Centre d'Etudes de géographie tropicale (CEGET), Talence, 1976.

17/ "Mise en place et destructuration d'un grand domaine dans le Sud-Est de la Martinique. Evolution foncière et sociale", par Y. BRUGIERE-GARBE et H.L. THIBAULT. In Séminaire "transformations foncières et changement social dans les sociétés rurales de la Caraïbe". Pointe-à-Pitre. 1983

18/ "L'abolition de l'esclavage à la Martinique", par L. ELISABETH. Mémoire de la Société d'histoire de la Martinique, 5, (numéro spécial des Annales des Antilles). 1983

19/ "L'agriculture d'après plantation à la Martinique. Le cas de la commune du Vauclin", par Y. BRUGIERE-GARBE et H.L. THIBAULT. Montpellier ENSA. 1984

20/ "L'économie agricole de la Martinique : ses structures et ses problèmes entre 1845 et 1885", par A. FRANCOIS-HAUGRIN. Paris, Université de Paris 1. 1984

21/ "Le contexte préabolitionniste et le problème de ses répercussions sur le comportement de l'esclave martiniquais (1845-1848), par A. FRANCOIS-HAUGRIN. Dialogues d'histoire ancienne, 11. 1985

22/ "Les soeurs de Solitude", d'Arlette GAUTIER. Editions Caribéennes. S/titre : La condition féminine de l'esclavage aux Antilles du XVIIe au XIXe siècle (Editions au 5, rue Lallier Paris 9e) 1985

23/ "Problèmes de l'identité familiale dans la Martinique rurale du début du XIXe siècle", par M. SAINTE-ROSE. Dialogues d'histoire ancienne, n° 11. 1985

24/ "Le code noir ou le calvaire de Canaan", par Louis SALA-MOLINS. Quadrige/PUF 7e édition, janvier 2003 (1e édition en 1987).

25/ "Atlas historique du patrimoine sucrier de la Martinique", par Mireille MOUSNIER et Brigitte CAILLE. L'Harmattan - 1990. Bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France. 972.9.2 MOU

26/ "Quelques origines de noms de famille à la Martinique", par Daniele LAOUCHEZ, dans le n° 3 - 1er semestre 1990 - Fort-de-France, de la "Nouvelle Revue des Antilles (NRA)" Cet article est particulièrement précieux. D'abord, par les références qu'il donne : Jacques PETIT JEAN ROGET ("Les noms de famille créoles à la Martinique", 1949, Revue internationale d'onomastique, 1, pp. 105-119), Edith KOVATS-BEAUDOUX ("Une minorité dominante : les Blancs créoles de la Martinique", 1968, Thèse de doctorat de 3e cycle présentée à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Paris, sous la direction de Roger BASTIDE, 249 pages), Bernard DAVID ("Les origines de la population martiniquaise au fil des ans 1635 - 1902", Mémoires de la Société d'histoire de la Martinique, 1973, n° 3), Gabriel DEBIEN ("Les esclaves aux Antilles françaises XVIIe - XVIIIe siècles", 1974, Société d'histoire de la Martinique, 529 p.), etc.
Ensuite, sur le fond, l'article donne toute une série de pistes sur l'origines des noms, notamment des esclaves et des affranchis. Pour ceux-ci, il met en annexe l'ordonnance royale du 29 avril 1836 (parue au n° 44 du Bulletin officiel de la Martinique) : " Les déclarations d'affranchissement énonceront, outre le sexe, les noms usuels, la caste, l'âge et la profession de l'esclave ; les noms patronymiques et les prénoms qui devront lui être donnés (...) L'acte d'affranchissement à dresser (...) sera transcrit sur les registres de l'état-civil de la commune où l'esclave était recensé, en présence de deux témoins, désignés par l'affranchi ou appelés d'office par l'officier de l'état-civil. Aucune déclaration, faite en vertu de la présente ordonnance, ne pourra contenir des noms patronymiques connus pour appartenir à une famille existante, à moins du consentement exprès et par écrit de tous les membres de cette famille (...)"
L'auteur souligne que c'est après 1836 que des noms de famille ont été massivement attribués aux affranchis. Il propose de se reporter au Bulletin des actes administratifs de la Martinique pour y constater que beaucoup d'affranchis voient leur nom changer lors de leur affranchissement. Il rappelle qu'en 1848, au moment de l'abolition de l'esclavage, les esclaves étaient au nombre de 67.447, soit 54,6 % des 123.357 habitants de la Martinique. Il a fallu leur trouver un patronyme, comme le soulignait la circulaire ministérielle du 27 avril 1848, "en conférant des noms aux individus et aux familles, comme on l'a fait jusqu'à ce jour dans le système de l'affranchissement partiel, conformément à une ordonnance du 29 avril 1836".
Il précise qu'en 1848, on a puisé dans un vaste corpus de noms, préparé avec sérieux et que chaque commune a reçu un document portant des listes de noms, en écartant les noms locaux pour éviter l'homonymie. Un peu plus loin, il indique qu'en plus des patronymes choisis dans la mythologie gréco-latine, l'histoire ancienne, des prénoms ou noms empruntés au monde chrétien, à l'histoire de France, de l'Europe, etc., il y a eu également des emprunts à des anthroponymes n'existant pas sur place, tels quels ou altérés au niveau de la graphie et/ou du phonétisme (il cite Hersan, Méran, Gignac, ...). Ainsi, comme pour le patronyme/toponyme de l'Hérault GIGNAC indiqué par Danièle LAOUCHEZ, à titre d'exemple, nous pourrions avoir l'attribution du patronyme/toponyme du Gard EUZET, ce qui expliquerait cette graphie conservée depuis lors mais totalement absente de Martinique, avant 1848.

27/ "Tradition et modernité dans le monde paysan martiniquais : approche ethno-géographique", par GUILHEM-CHIVALLON C. Bordeaux, Université de Bordeaux 3, thèse de doctorat nouveau régime. 1992

28/ "Les Caraïbes des Petites Antilles", par Gérard LAFLEUR, éditions Karthala (Paris), dépôt légal mai 1992 ; livre très utile pour connaître l'histoire des indiens caraïbes qui permet de sortir des stéréotypes mais il y a peu de choses sur la Martinique et rien sur Rivière-Pilote.

29/ "Les paysans martiniquais ou l'histoire d'un territoire et d'une identité contestés", par Christine CHIVALLON. Géographie et Cultures, n° 7. 1993

30/ "Les itinéraires de la recherche en sciences humaines dans les sociétés de plantation coloniales : le cas de la Martinique", par Christine CHIVALLON, in Géographies, Colonisations, Décolonisations, M. BRUNEAU et D. DORY (eds), Paris, l'Harmattan. 1994

31/ Le bulletin n° 85 de septembre 1996 de "Généalogie et Histoire de la Caraïbe" (http://members.aol. com/GHcaraibe/bul/ghc85/p1717.html) : nous avons trouvé l'histoire de la famille PLUVIERS. Or, Joseph de PLUVIERS de SAINT-MICHEL était comte de Saint Michel d'Euzet (dans le Gard). Il a émigré à la révolution et est revenu en France en 1805. La descendance est en Guadeloupe, notamment à Trois-Rivières. Or, nous avons, notamment, Marie Sophie de PLUVIERS, née à Trois-Rivières en 1835 (+ 1871), qui se marie avec Félix Chrisostome BRULEY qui, lui, est né à Fort-de-France, en 1830 (+1858). Nous avons aussi Léo Léon de PLUVIERS (° 1823) qui meurt à Saint Pierre de la Martinique, le 25.10.1862.

32/ "Les Femmes et la liquidation du système esclavagiste à la Martinique 1848-1852", par Gilbert PAGO. Editions Ibis Rouge. Mai 1998.

33/ "1848 : Chronique de l'abolition de l'esclavage", par Gilbert PAGO. Editions Desnel, en 2006.

34/ "L'insurrection de Martinique - 1870-1871", par Gilbert PAGO. Editions Syllepse. Mai 2011.
Quelques extraits évoquant Jérémie GERMAIN :
- (p. 69) : "Pour le tribunal militaire et les autorités, c'est une intime conviction, il y a eu complot. Voilà brièvement exposée la thèse : en septembre 1870, VILLARD, TELGA, BOLIVARD, Léonce ÉLISE et Jérémie GERMAIN se sont constitués en comité. Les réunions se déroulaient chez VILLARD. (...) Quant à GERMAIN qui avait nié, il aurait été dénoncé par ses complices. Toujours selon le rapport de l'instruction, TELGA et ÉLISE étaient chargés des campagnes, VILLARD et BOLIVARD s'occupaient du bourg, tandis que GERMAIN servait d'intermédiaire entre les communes du Marin, de Rivière Pilote et de Trinité, et fournissait des munitions aux insurgés. (...)"
- (p.80) : "Les accusés les mieux entourés semblent être ceux qui ont pu payer un avocat : VILLARD, ex-instituteur et marchand, Jérémie GERMAIN, petit propriétaire et entrepreneur de constructions et de travaux publics. Leurs défenseurs s'attacheront à relever les contradictions entre les dépositions des témoins. Pour obtenir l'indulgence du jury en faveur de leurs clients, ils s'efforceront de charger les autres inculpés. Ce fut un curieux procédé de défense car il brisait toute solidarité entre les inculpés."
- (p. 101) : "Parmi les habitants-propriétaires que l'accusation a retenus comme responsables d'avoir fomenté l'insurrection, seuls Jérémie GERMAIN et Eugène LACAILLE ont une situation sociale confortable. Jérémie GERMAIN habite le bourg, possède une petite habitation qu'il n'exploite pas lui-même ; il est aussi entrepreneur de constructions et obtient souvent des adjudications de la colonie. (...) En s'attardant sur l'âge de ces deux personnages, ils ont respectivement 51 et 68 ans, on approche deux exemples de réussite sociale de Mulâtres dont les parents ont été affranchis plusieurs décennies avant 1848. On appréhende mieux les égards sociaux qui peuvent les entourer, l'autorité morale qu'ils exercent et le fait qu'ils ont été désignés comme les chefs de l'insurrection. (...)".
- (p. 108) : "Jérémie GERMAIN et Léonce ÉLISE - Ils sont tous deux nés libres de parents libres de couleur. Ils habitent le bourg de Rivière-Pilote. Entrepreneurs de construction, ils sont de ce fait en fréquents déplacements à travers l'île, ce qui leur vaut l'inculpation de complot. On les soupçonne d'être allés de commune en commune pour mettre en place un réseau insurrectionnel. Pas la moindre preuve ne sera apportée à cette hypothèse de l'instruction et ils seront acquittés. S'ils ont sympathisé à la cause de LUBIN, le tribunal ne pourra démontrer ni leur participation à l'insurrection, ni à sa préparation.
Leur situation sociale, leur position de membre des classes moyennes, leur soumission à l'ordre les poussent au compromis et tout cela a beaucoup joué pour les tirer d'affaire. Ils ont eu aussi les moyens de se payer une défense et grâce à leur entregent de faire intervenir de nombreux témoins à décharge pour les disculper.
"

[voir, en complément, l'article Jérémie GERMAIN dans la rubrique des renseignements sur les conjoints]


35/ "1870 - L'insurrection du sud à la Martinique", BD, scénario et dessins par JOZ (West Indies Cartoon). En 2011 ?


La couverture de la BD de JOZ
(L'insurrection du sud à la Martinique, en 1870)

Nous avons apprécié cette présentation originale de l'insurrection de 1870. Un seul bémol, toutefois, le fait qu'une partie des propos qui sont en créole ne soient pas traduits en bas de page ou en fin de BD, sauf à vouloir réserver cette production aux seuls pratiquants de cette langue. Chaque page commence par un petit résumé de "l'épisode" précédent, ce qui est très pédagogique et permet certainement une étude page par page des évènements qui ont eu lieu à Rivière-Pilote et aux alentours. Juste pour montrer l'intérêt de cette pratique, voici le texte qui est en en-tête de la première page et qui présente d'une façon un peu plus longue (que les autres résumés) le contexte de l'époque : " ... depuis 1848 l'esclavage était "aboli", à la Martinique ... dans la petite localité de Rivière-Pilote, les noirs et les mulâtres tentaient vainement de se frayer une place dans la société du XIXème siècle ... les békés ne voyaient pas cela d'un bon oeil ; ils n'avaient pas admis le fait que leurs anciens esclaves deviennent des hommes à part entière et tentent d'établir des rapports d'égal à égal avec eux ... les noirs de leur côté n'étaient pas prêts à revenir sur les avantages acquis après la révolution de 1848 ; certains avaient même participé à ces évènements, tel Eugène LACAILLE qui avait pris une part active dans les luttes de libération et qui continuait à anticiper sur une émancipation totale de l'île pour former une république à l'instar de Saint-Domingue. LACAILLE était le bras droit de Louis TELGARD, un autre noir qui allait apparaître comme le véritable chef de l'insurrection de 1870. Au moment du soulèvement il s'était révélé un très grand stratège organisant ses troupes, réglant les tactiques de défense, dirigeant les opérations d'envergures."


36/ Dossier pédagogique réalisé fin 2008- début 2009 par Lionel PUBELLIER, professeur d'Histoire Géographie au collège Christiane EDA PIERRE du Morne Rouge (on trouve l'ensemble sur Internet sous le titre : "L'Insurrection du Sud. Septembre 1870 à la Martinique", au format PDF, en cliquant sur le nom de l'auteur - consultation le 31.10.2011). Nous avons souligné en gras les mentions qui concernent directement notre sujet, à savoir les habitations d'Artur du PLESSIS (Saint Pons) et DESORMEAUX (Lescouët) ainsi que le nom de Jérémie GERMAIN.

Voici quelques extraits de ce dossier tirés du Moniteur :

"Extrait du « Moniteur » du 4 octobre 1870 - Bibliothèque Schoelcher, fond local, microfilm - « Partie non officielle Troubles de la Martinique

(...)

Voici maintenant la série des événements qui se sont accomplis, tels qu’ils résultent des documents officiels reçus par l’administration. Dès le 22, dans la soirée, des troubles commençaient à la Rivière Pilote. Le maire, accompagné de trois gendarmes, s’est de suite porté sur l’habitation Codé, la première menacée, où s’était formé un attroupement considérable. Par son influence et ses exhortations il a pu obtenir la dispersion de la foule, mais seulement après les sommations légales. Après son départ, de nouvelles bandes se sont présentées sur les lieux et ont incendié et rasé la propriété ; elles se sont ensuite dirigées sur l’habitation O’Lauver, où l’incendie a aussitôt éclaté. Le maire avait fait appel à la garnison du Marin, dont une partie est arrivée immédiatement ; à leur entrée dans le bourg les soldats ont été accueillis par des coups de feu. En ripostant ils ont tué un et blessé deux de leurs agresseurs. Leur présence a fait fuir du bourg les malfaiteurs, qui se sont alors répandus dans la campagne, la torche à la main, incendiant et pillant tout sur leur passage. De la Rivière Pilote, la dévastation s’étendait dans les communes avoisinantes. Outre les deux propriétés cidessus désignées, vingt cinq habitations sont devenues la proie des flammes du 22 au 24 savoir :

A la Rivière Pilote
Habitation Beuquet
Habitation Arthur Du Plessis
Habitation Fongainville
Habitation Le Lorrain sucrerie et caféière ; sur cette dernière une magnifique maison de maître a été réduite en cendres avec tous les meubles de prix qu’elle contenait.
Habitation Joseph Garnier
Habitation Symphorien Garnier
Habitation Allou Tristan (caféière)
Habitation Allou Daniel (idem)
Habitation Ducanet Désormeaux (idem)
Habitation Odélie Lavau (idem)

A la Rivière Salée
Habitation Gustave Garnier
Habitation Sempé
Habitation Lamberton

A Ste Luce
Habitation Huyghue des Etages, Trois Rivières et Prefontaine
Habitation Montravail à M Bélard

Au Saint Esprit
Habitation Nau
Habitation d’Aubermesnil
Habitation Veuve Cazalé
Habitation Léandre Claveau
Une petite propriété appartenant à Me veuve Gustave Hayot.

25 propriétés détruites en quelques heures !
(...)

Malgré le déploiement des forces dont les détails ont été donnés plus haut, la dévastation a continué encore pendant deux jours, ce qui prouve l’acharnement et la détermination des bandits. Du 21 au 25, l’incendie était allumé dans les communes du Marin, du Vauclin et de Sainte Anne. Les Habitations Petit Macabou, Morne Flambeau, Rivière, Maison Rouge, Toly Huyghues, Lacour, Des Grottes, Brafin, d’Abadie de Lurbe, Thoré, Neveu, Hubert, étaient détruites totalement ou en partie par le feu ou le pillage. (...)

Au milieu des désastres que nous venons d’énumérer, nous avons négligé de mentionner quelques autres incendies qui ont eu lieu dans les communes du centre et qui paraissent être l’oeuvre d’individus isolés, savoir : Au Lamentin, sur l’habitation Hardy de Saint Omer, deux cases à bagasse, au Gros Morne, deux cases appartenant à de pauvres cultivateurs, au Robert, une case à travailleurs sur l’Habitation Sainte Croix, et enfin à Fort de France la case à bagasse de l’habitation Duchamp ont été brûlées.

Extrait du Moniteur du mardi 21 mars 1871 Bibliothèque Schoelcher, fond local, microfilm - Partie officielle : Gouvernement de la Martinique

1er Conseil de guerre Rapport de M le capitaine rapporteur près le conseil de guerre adressé à M le capitaine commissaire du gouvernement près le même conseil.

Monsieur le Commissaire du Gouvernement,
Conformément à l’article 138 du code de justice maritime, j’ai l’honneur de vous transmettre les piàces de la procédure instruite contre ceux qui ont pris part aux désordres qui ont éclaté dans les différentes communes du Sud en septembre 1870.

Antérieurement au 22 septembre 1870, un comité composé des nommés Louis Telgard, Auguste Villard, Jérémie Germain, Léonce Elise et Daniel Bolivard, s’organisa à la Rivière-Pilote. Des clubs furent créés dans le but de travailler l’esprit de la population de la commune et des environs. Les membres de ce comité voulaient organiser une insurrection qui, gagnant de proche en proche, aurait fini par s’étendre dans toute la colonie. Ils espéraient arriver ainsi à obliger la population blanche et les hommes de différentes couleurs qui seraient restés partisans de l’ordre, à abandonner la colonie dont ils auraient proclamé l’indépendance, et se seraient partagé les terres avec leurs affiliés et leurs complices. Aucun moyen ne devait leur répugner pour arriver à ce but : le massacre, l’incendie et le pillage, tels étaient ceux dont ils devaient se servir.

Les premiers désastres de la France leur auraient suggéré l’idée d’organiser ce complot ; les nouvelles reçues par le packet arrivé à la Martinique le 21 accrurent leur audace ; ils donnèrent le signal à leurs affiliés et l’insurrection commença à la Rivière-Pilote. Pour eux, le mot République signifiait désordres, dissensions, et par suite faiblesse ; ils crurent que rien ne les entraverait dans l’exécution de leur projet ; que la France se trouverait dans l’impossibilité d’envoyer des secours à la Martinique.

Dans l’espace de quelques jours, le feu fut mis à la Rivière Pilote, sur les habitations le Diamant, Saint Pons, Fougainville, La Jousseau, La Société, Codé, Ravine Mélan, Garnier Laroche Frères, Beauséjour, la Bonne Mère, Osalie Laveau. Au Marin : sur les habitations Pelt de Lautrec, le Petit Macabou, Rivière, Morne Flambeau. A Sainte Anne : sur les habitations Maison Rouge, Baie des Anglais, les Salines, Belle Fond, Anse Noire. Au Vauclin : sur les habitations Petite Grenade, Joseph de Thoré, de Crény et Sigy. A Sainte Luce : sur les habitations Bélard, Volcart, Préfontaine et les Trois Rivières. Au Saint Esprit : sur les hbaitations Sébastien Nau (Beauséjour et Grand Fonds), Cazalé, d’Aubermesnil, Saint Pé et Miram Lebreton. A la Rivière Salée : sur les habitations Gustave Garnier Laroche.

Parmi les personnes mortes victimes de l’insurrection , on compte MM Codé et Georges, cultivateur sur l’habitation de celui-ci, Toby, cultivateur sur l’habitation Tolly Huygues (ces deux derniers avaient voulu préserver les propriétés sur lesquelles ils travaillaient) et de Crény. Il y eut aussi des tentatives d’assassinat, notamment sur Phémine Saint Just et sur le gendarme Nicolas, appartenant à la brigade du Marin.

Quant aux pillages qui ont eu lieu, ils sont très nombreux. Non seulement les insurgés ont pillé la plupart des propriétés ci-dessus énumérées avant de les incendier, mais ils ont encore à bandes armées et à force ouvert, commis les mêmes méfaits tant au bourg de la Rivière Pilote qu’à la campagne et dans les communes voisines. Tous ces faits ayant été l’objet de procédures particulières seront ci–après énumérés.

Le grand nombre de crimes qui ont été relevés ne permettant pas de traduire en même temps devant le conseil de guerre tous les coupables nous nous trouvons dans la nécessité d’établir des séries, dans lesquelles nous ferons figurer les individus qui auront commis plusieurs crimes.

Dans la première série, nous comprenons les dossiers : 1- du Complot ; 2- de l’Emeute, 3- du Pillage d’Ajax Lafosse ; 4- du Meurtre de Georges ; 5- de L’incendie de l’Habitation Codé ; 6- de l’incendie de la Caféière Le Lorrain ; 7- de l’Incendie de la Caféière Gros Ducanet Désormeaux ; 8- de l’Assassinat Codé ; 9- de la Tentative d’assassinat sur Eugène Lubin ; 10- du Pillage de la boutique de Désir Pourqui. (...)

1-Complot, 2- Emeute, 3- Pillage Lafosse.

En septembre 1870, les nommés Villard, Louis Telgard, Daniel Bolivard, Léonce Elise et Jérémie Germain se constituaient , comme nous l’avons dit au commencement, en comité. Le lieu de réunion était chez Villard. Les dépositions des témoins entendus, notamment celles de Marie Marie-Sainte et d’Amanthe Jean-Marie, établissent d’une manière certaine que le but qu’ils se proposaient était de tuer les blancs et les personnes appartenant au parti de l’ordre [note : référence probable à la mouvance politique formée de réactionnaires, bonapartistes, légitimistes et monarchistes de tout bord qui se constitue à la fin du XIXe siècle], d’incendier les propriétés et de se livrer au pillage afin de forcer ceux qui possédaient à quitter la Martinique, qu’ils auraient déclarée indépendante et dont ils se seraient partagé les terres avec leurs affiliés et leurs complices. Ils ont fait des ouvertures dans ce sens à quelques jeunes gens du bourg dont ils voulaient s’assurer le concours, notamment à Desrivières, Edouard Victey, qui ont confirmé le dire des deux témoins susnommés.

Du reste, Villard a fait sur ce point les aveux les plus complets, ainsi que Daniel Bolivard et Léonce Elise. Quant à Jérémie Germain, bien qu’il ait nié avoir pris part au complot, il est évident qu’il était un des membres du comité. Les dépositions des témoins ci dessus désignés, l’aveu de ses complices ne permettent pas d’avoir sur ce point aucun doute, pas plus qu’en ce qui concerne Louis Telgard. Il résulte de la procédure que Louis Telgard et Léonce Elise allaient dans les campagnes pour créer des adhérents au complot ; que Villard et Daniel Bolivard s’occupaient spécialement du bourg. Le premier faisait des ouvertures à ceux qu’il voulait associer à son entreprise et Daniel Bolivard avait créé un club où il cherchait à exciter les esprits de ceux qui s’y rendaient. Jérémie Germain servait d’intermédiaire entre les susnommés et ceux qui, à la Trinité et au Marin, étaient affiliés au complot, affiliés qui n’ont pu jusqu’à présent être découverts. Ce fait est constaté par les dépositions de Marie Marie-Sainte et d’Amanthe Jean Marie. Il fournissait également des munitions aux bandes d’insurgés.

Parmi les complices, c'est-à-dire ceux qui ont pris part au mouvement, connaissant le but que l’on se proposait, se trouvent les nommés Fabre, Alexandre Joséphine Saint Clair, Julien Pastor, Théodule, Jeanville Lecomte, Beaubrun, Saint Aimé Rivière, Alcide Gruaud, Surprise, Sanson Lacaille, Alcide Bolivard, Portali Lacaille, dit Taly, Emile Auguste, Léandre, Montout Jeannot et Michel Faidla.

La connaissance qu’ils avaient du but du complot résulte d’une manière évidente des cris poussés par eux au début de l’insurrection et pendant les désordres qui l’ont accompagnée. De nombreux témoins déclarent les avoir entendus proférer les paroles suivantes : Mort aux blancs ! Il ne faut pas qu’il en échappe un ! Vivent les Prussiens ! Ils les ont vus exciter la foule armée à la tête de laquelle ils étaient (dépositions de Saint Just, de Dandrimont, d’Horace, Jean Lucien, de la femme Fabre, de Séraphin Saint Cyr, de Denise Emile Montrope, de Muller, d’Ajax et d’Arthur Lafosse, de Le Goff, de Venancourt, de Chéry Briel, de Thérésa Finioli, de Joséphine Celnior, de Torel etc…)."



37/ "Espace et identité à la Martinique. Paysannerie des mornes et reconquête collective 1840-1960", par Christine CHIVALLON, CNRS Editions, Paris 1998

38/ Histoire de la Martinique ( tome 2 : de 1848 à 1939), par Armand NICOLAS, chez L'Harmattan (janvier 1999). Cet auteur a, en dehors du tome 1 de l'Histoire de la Martinique écrit également : " La révolution antiesclavagiste du 22 mai 1848", "L'insurrection du Sud en septembre 1870" et "Le combat d'André ALIKER".

39/ Tous les noms de famille de France et leur localisation en 1900, par Laurent FORDANT (décembre 1999).

40/ "Esclavage, résistances et abolitions". Comité des travaux historiques et scientifiques, sous la direction de Marcel DORIGNY, éditions du CTHS 1999. 123ème congrès des sociétés historiques et scientifiques. Fort-de-France - Schoelcher. 06-10.04.1998. Cote à la BNF, à Paris (en libre accès, au rez-de-jardin, salle L) : 944.06/327DORIe. A noter particulièrement dans ce numéro très important :
"Le notariat des îles et l'esclavage", par Marie-Louise QUEINNEC (avec deux références intéressantes : Lyne-Rose BEUZE : notaires en Martinique, témoins de l'histoire, catalogue de l'exposition organisée par le Conseil régional de la Martinique, la chambre des notaires de la Guyane et de la Martinique et l'AMUHRE, Fort-de-France 1995, et de Daniel Sédar SENGHOR : commentaire d'acte notarié d'affranchissement d'esclave. Le Gnomon, n° 93 mai-juin 1994, p. 4-11)
"Esclavage et marronnage : le héros noir", par Michelle DUCHET
"La femme et le marronnage à La Martinique, d'après le Journal officiel de la Martinique (1834-1848), par Jocelyne JACQUOT
"Esclaves et esclavage à l'île de France : marronnage et repression à travers les récits de quelques administrateurs et voyageurs (1721-1830), par Prosper EVE
"Identité et combat assimilationniste des libres de couleur de la Martinique de 1789 à 1833", par Léo ELISABETH
"Recompositions sociales à l'abolition de l'esclavage : l'expérience des mornes à la Martinique", par Christine CHIVALLON
"Figures du nom : du déni à l'acceptation", par Priska DEGRAS. etc.etc.


41/ Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique (25 mars - 4 juin 1848), par Edouard de LÉPINE, chez SERVEDIT, MAISONNEUVE et LAROSE (avril 1999)

42/ "Nous Fils de nos Ancêtres. Etat des lieux et des hommes", par Max-Auguste DUFRENOT (Edition Désormeaux 2000)


43/ Dans le livre "La ville aux îles, la ville dans l'île, Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820, d'Anne PÉROTIN-DUMON, aux éditions Karthala (22-24, Boulevard Arago, Paris 13e), paru en 2000, nous avons trouvé une référence intéressante pour la Guadeloupe, à la page 875 : "Esclaves à loyer à Basse-Terre, 1789." : Trouvé dans l'inventaire après décès d'une succession, ce relevé de dettes est d'apparence anodine. Si ce n'est que les débiteurs sont des esclaves. On constate donc la pratique du travail "à loyer", qui, au lieu de s'effectuer sous le toit du maître, était déjà bien répandue en ville, qu'elle s'était formalisée par une obligation en bonne et due forme, conclue avec le maître loueur ou avec l'esclave lui-même, qu'enfin des arriérés de 6 mois à 1 an dans le paiement du loyer étaient admis. Source : A.D.Guadeloupe, MN, BT, DETHUNES-DUHAGUET, 15 sept 1789.Etat de ce qui est dû par divers [débiteurs] pour les loyers des nègres de la succession de feue veuve Guillaume LANGLOIS (Marie Anne LANGLOIS, épouse ROUSSEAU) :" (...) - Dû par Mme HEUZÉ (?) 2 mois de loyer de la négresse Catherine à 36 : 66 £ ; 1 mois de loyer de la negresse Amaranthe à 24 : 24 £. - La négresse Amaranthe est restée chez Mme HEUZÉ et à son service depuis le 4 août 1788 jusqu'au jour 15 sept 1789." Comme il est indiqué sur le site à divers endroits, il faut distinguer les HEUZÉ de la langue d'oil (du nord de la France) des EUZET de la langue d'oc (du sud de la France). Ici, il s'agit certainement d'une représentante "du Nord", normande, bretonne ou picarde. Les minutiers du Languedoc montrent qu'il peut, cependant, y avoir parfois la graphie HEUZET (en particulier, au XVIe-XVIIe siècles, spécialement dans des communes où ce patronyme n'était pas connu) mais la "marque de fabrique", c'est le t final qui est très rarement oublié. C'est pour cela que se pose la question de l'origine du nom de Séverine EUZET, de Martinique. Il faudrait trouver un travail équivalent pour cette île, surtout en ce qui concerne la première partie du XIXe siècle.

44/ Une réponse à la question ci-dessus a été apportée en 2013 par Oruno D. LARA et Inez FISHER-BLANCHET, dans leur livre : "Propriétaires d'esclaves en 1848 - Martinique, Guyane, Saint-Barthélémy, Sénégal", paru chez l'Harmattan et achevé d'imprimer en février 2013 par 1livre.com [un premier volume relatif à la Guadeloupe était déjà paru chez le même éditeur, en 2010, les deux tomes avec le concours du Centre de Recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM) dont les deux auteurs sont cofondateurs]. On y trouve, à la page 194, les propriétaires d'esclaves suivants, en 1848 : "HEUZÉ, Frères" et, aussi, "HEUZÉ, Louis Urbain" (celui-ci étant, peut-être, l'un des frères en question). Egalement, à la page 295, on a : "HEUZE, jeune, Louis Urbain" (même s'il n'y a pas d'accent sur le E final, c'est probablement le même que le précédent et le plus jeune des frères en question).

45/ "Abolir l'esclavage : une utopie coloniale. Les ambiguïtés d'une politique humanitaire", par Françoise VERGES. Bibliothèque Albin Michel Idées. 2001.

46/ "209 anciennes familles subsistantes de la Martinique" par Eugène BRUNEAU-LATOUCHE et Chantal et Philippe CORDIEZ (2 tomes - Centre de généalogie et d'histoire des isles d'Amérique, en 2001). A la Bibliothèque Mazarine, à Paris : 8° 100970.

47/ Article de J.C. EUZET, intitulé "Les EUZET de Martinique", publié dans le bulletin n° 152 d'octobre 2002 de "Généalogie et Histoire de la Caraïbe" (p. 3629 à 3631).

48/ "L'économie de l'esclavage colonial" (Enquête et bilan du XVIIe au XIXe siècle), sous la direction de Fred CELIMENE et André LEGRIS. CNRS Editions, Paris 2002.

49/ "Histoire des Antilles françaises XVIIe-XXe siècle", par Paul BUTEL. Pour l'histoire - Perrin. Février 2002.

50/ "Sang mêlé", par Emile DÉSORMEAUX - Editions Désormeaux. 1er trimestre 2003.

51/ "Paroles d'esclavage -Les derniers témoignages", de Serge BILÉ, avec Alain ROMAN et Daniel SAINTE-ROSE et la collaboration d'Alfred EIBEL (Pascal GALODÉ éditeurs - Janvier 2011)

52/ "Mémoires de békées", par Elodie DUJON-JOURDAIN et Renée DORMOY-LÉGER - Editions L'Harmattan (collection Autrement mêmes). Septembre 2011. Présenté et annoté par Henriette LEVILLAIN : "Ce volume présente successivement deux récits, écrits l'un et l'autre par des descendantes de grands planteurs. Le premier, Le Sablier renversé, est la chronique d'Elodie JOURDAIN, née DUJON (1891-1954), rédigé après le départ de la Martinique de celle-ci, à l'intention de ses neveux et nièces, dispersés dans le monde et qui n'avaient jamais connu l'île antillaise. Le second récit a été également composé par une Créole blanche, vers les années 1937, une quarantaine d'années après qu'elle eut quitté la Guadeloupe en même temps que toute sa famille pour ne plus jamais y retourner. (...) La vie du planteur apparaît dans ces récits comme un combat de tous les instants contre les cyclones, les serpents et les tarifs douaniers, combat qui demande des ressources inépuisables d'énergie et de ruse et ne peut se mener qu'aves la solidarité, voire la complicité, des ouvriers de la canne (...) Entre le récit de l'homme de couleur et le récit de la fille du grand planteur béké, il est un dénominateur commun notable, un possible lieu de réconciliation : l'attachement à la terre antillaise. (...)"

(p. IX) "Elodie DUJON-JOURDAIN appartenait à la société békée martiniquaise. Son enfance et son adolescence avaient connu le cadre confortable et poétique de l'habitation sucrière. La première, La Rivière blanche, propriété de sa grand-mère maternelle était située sur le riche versant occidental de la Montagne Pelée, à cinq kilomètres de Saint-Pierre. La famille d'Elodie s'installa en 1900 dans une habitation voisine, La Grand'case, mais elle avait laissé une grande partie de son coeur dans la première. Une fois que l'une et l'autre furent dévastées par l'éruption de la Montagne Pelée - dont le récit livre un témoignage stupéfiant - la famille ne parvint pas à rétablir sa fortune, déjà atteinte par la crise sucrière. Elle décida donc, en 1912, bien à contrecoeur, de s'installer à Paris." (Introduction d'Henriette LEVILLAIN)

(p. 38) "J'ai dit que la Grand'Case produisait du cacao ; mon père eut l'idée de transformer une partie de sa récolte en chocolat et de faire vendre ce nouveau produit à Saint-Pierre. Il peut sembler étrange que, dans l'île entière, il n'y eût encore aucune chocolaterie. C'est pourtant un fait : personne n'avait imaginé d'améliorer la production locale, entièrement roulée à la main entre deux pierres lisses. Les bâtons cacao que vendaient les femmes de la campagne, grossière pâte très amère de cacao, servaient au petit déjeuner et l'on ne se souciait point d'offrir à la consommation un meilleur produit. L'idée de mon père eut donc un plein succès. Il avait fait venir d'Europe un torréfacteur, une broyeuse, des moules et installé dans les communs cette nouvelle industrie confiée à ma mère. Ce fut une joie pour nous, un nouveau domaine à exploiter. Daniel en était le roi : solide gaillard assez clair de teint mais de type nègre accentué, il exhibait des biceps dignes des plus renommés lutteurs de foire et chantait toute la journée en tournant la roue de la broyeuse. Que de visites nous lui faisions quand on fabriquait le chocolat sucré ou mieux encore le chocolat aux noix d'acajou, délicieuse friandise que trente ans après nous retrouvâmes chez Hédiard à Paris sous le nom espagnol de gijonos. Ma mère recevait en fèves de la Grand'Case toute la matière nécessaire à son industrie et c'était le bénéfice qui alimentait l'important ménage. Outre Daniel, elle occupait Denise (la femme dont je viens de parler qui, si fort à propos, débarassait mon père des gabelous - dérivé de gabelle, impôt indirect sous l'ancien Régime frappant la vente du sel, monopole d'Etat. Le gabelou, ou gabelier, était l'officier chargé de percevoir l'impôt, exécré au même titre que l'impôt). Celle-ci, marchande ambulante, vendait à Saint-Pierre dans un tray (mot anglais qui désigne les grands plateaux de bois dont on se sert pour le transport des légumes ou autres denrées et qu'on pose sur la tête) la consommation quotidienne du petit peuple qui vit au jour le jour et achète sou par sou ce qu'il lui faut. Evidemment ce n'était pas là que ma mère trouvait ses gros clients, grâce à Dieu ; il y en avait d'autres : tous les épiciers de la ville et les maisons d'éducation, tels que le Collège et le Couvent, qu'on payait en chocolat. On voit quelle aide matérielle et financière elle apportait au foyer ; mais elle était si modeste, si peu habile à se faire valoir, que cela semblait naturel, à nous surtout à qui rien ne manquait jamais."

53/ "Les libres de couleur en Martinique", par Abel A. LOUIS - Editions L'Harmattan (collection Historiques). Juin 2012. Tome I : Des origines à la veille de la Révolution française (1635-1788) ; Tome II : Quand Révolution et retour à "l'Ancien Régime" riment avec ségrégation (1789-1802) ; Tome III : De septembre 1802 aux débuts de la Restauration.



Les libres de couleur en Martinique
(couverture du tome III, gravure de "l'An 1805")
Negre et negresse de la Martinique dansans la Chica


Extraits du tome III :

(p. 85) "En 1807, le groupe des libres de couleur de la Martinique qui représentait 46,40 % de la population libre totale (blancs et libres de couleur) de l'île, avait dès 1816 franchi le pallier suivant, celui de comptabiliser 50, 18 % de cette même population. Les libres de couleur étaient donc alors aussi nombreux - et même un peu plus - que les blancs dans l'île. Dès lors, cette prépondérance des libres de couleur continuerait d'être effective jusqu'à l'époque de la Monarchie de Juillet en dépit d'une régression numérique notable du groupe en 1820 (- 327 âmes) et 1826 (- 287 individus) soit une perte de 614 habitants entre 1818 et 1826. En 1831, une nouvelle étape fut néanmoins de nouveau franchie. Les libres de couleur représentaient désormais 60,02 % de la population libre totale."

(pp. 88-89) "En 1811, la population libre de couleur de la Martinique représente 8,95 % de la population globale de l'île. En 1816, le taux s'élève à 9,41 % puis, à 11,27 % en 1820 et à 12,79 % en 1831. Ainsi, en l'espace de vingt ans le groupe des libres de couleur passe quasiment de 9 % à près de 13 % de la population martiniquaise."

(p. 93) Sur cette page, un tableau reprend le recensement de la population de la Martinique en 1820., par arrondissement, quartiers et bourgs. En ce qui concerne Rivière-Pilote, il y avait 2.792 habitants qui se répartissaient en 249 blancs, 186 libres de couleur et 2.357 esclaves [d'après Félix RENOUARD, Statistique de la Martinique ..., tome II, pp. 34 (bis)-97]

(p. 151) "L'intérêt des clients libres de couleur pour la terre et pour les biens immobiliers est notable. Le coût de chacun d'eux peut être relativement élevé en fonction de plusieurs critères : le type de terre, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit d'habitation sucrière, caféière, chaufournerie, poterie, cotonnière ou vivrière, de la superficie de celle-ci et des esclaves qui y sont attachés ; et en ce qui concerne les maisons, de leur localisation (ville ou bourg), de leur surface et architecture. Du côté des habitations, le prix d'une telle acquisition par un client libre de couleur peut donc varier de 6000 livres coloniales pour une petite habitation caféière de deux carrés de terre sans esclaves au quartier de Rivière-Pilote [A.D.M., Série E, étude du notaire Bertrand ESCAVAILLE (Marin), microfilm 1 Mi 882 (8 janvier 1817-24 décembre 1818), "Vente d'une habitation par Rosilette FAVORITTE à la femme LAMONERIE, le 6 mars 1818"] à 180.000 livres lorsqu'il s'agit d'une habitation caféière de 17 carrés au quartier du François avec 19 esclaves attachés à cette dernière. [A.D.M., Série E, étude du notaire GABOURIN (François), microfilm 1 Mi 931 (11 mars 1801-20 novembre 1810), "Vente par sieur BOLLE à Justine LAGODIÈRE SIMON, le 10 juillet 1807"] De l'autre, du côté des achats de maisons, le coût unitaire varie entre 594 livres coloniales [A.D.M., Série E, étude du notaire Bertrand ESCAVAILLE (Marin), microfilm 1 Mi 882, "Vente d'une maison par la femme Louis LAMONNERIE à Antoine dit CHÉRY, le 8 décembre 1818"], prix d'une petite maison construite en bois de charpente et couverte en essentes, en mauvais état, au bourg du Vauclin, à 50.000 livres coloniales pour celui d'une maison en maçonne [sic] en la ville de Fort-Royal. [A.D.M., Série E, étude du notaire Laurent BARTOUILH (Fort-Royal), microfilm 1 Mi 556, "Vente de maison par demoiselle Louise Aimée POULPIQUET de COATLÈS à Jean Pierre CLAVIER, le 16 janvier 1815", f° 151.] Cette variation de prix nous interpelle sur l'aisance financière des clients libres de couleur de l'échantillon. (...)"

[Note : comme sur tout le site, les patronymes sont écrits ici en majuscule et les années sont en caractère gras ; dans le livre, les références (ici, en noir) sont mises en bas de page et non dans le cours du texte ; enfin, les extraits d'actes repris par l'auteur entre guillemets sont mis ici en italiques]

54/ "La famille invisible. Illégitimité des naissances et construction des liens familiaux en Martinique (XVIIe siècle-début du XIXe siècle)", article de Vincent COUSSEAU dans le dossier sur les "Familles en situation coloniale", dans les Annales de Démographie Historique, publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique 2011-2, éditions Belin 2012, p. 41 à 67. Résumé de l'article : "Dans les sociétés coloniales fragmentées des Antilles de la période esclavagiste, les obstacles à la constitution de familles stables sont nombreux. Les différences de statut, le manque de fluidité du marché matrimonial, et la redéfinition profonde des rapports de genre sont autant de phénomènes articulés qui remettent en cause le mariage comme élément unique d'organisation de la famille et de structuration des relations de parenté. Si le modèle conjugal reconnu par les autorités reste la norme obligée pour les femmes blanches créoles, il n'en est pas de même pour leurs maris et pour les populations de couleur libre ou esclave. Aussi, l'essor du concubinage et des relations adultérines, dénoncé en partie par les autorités religieuses, se concrétise par une illégitimité des naissances élevée et en croissance continue. Les liens familiaux se construisent ainsi en partie en dehors du contrôle institutionnel, ce qui leur confère une invisibilité dans les sources, mais aussi une souplesse certaine, particulièrement chez les esclaves.". Dépôt légal : juillet 2012.

55/ "L'esclavage du souvenir à la mémoire (contribution à une anthropologie de la Caraïbe)", par Christine CHIVALLON ; collection Kartha-Ciresc, le 30.08.2012 ; publié avec le concours de l'Institut d'études politiques de Bordeaux et du Laboratoire "Les Afriques dans le monde" (LAM). - à noter, dans ce livre, des schémas généalogiques dont un concerne Séverine EUZET et Jérémie GERMAIN.

56/ "Prendre nom aux Antilles" (Individu et appartenances - XVIIe- XIXe siècle). Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques. Collection CTHS Histoire ; dépôt légal : décembre 2012 ; "Du XVIIe siècle à 1848, la Martinique - comme la Guadeloupe et les îles de colonisation française de la Caraïbe - voit se développer sur son sol une société radicalement nouvelle fondée sur l'exploitation esclavagiste. Sur plus de deux siècles se façonne une société créole où hommes, femmes et enfants se distinguent par leur statut juridique et leur couleur de peau. L'ouvrage de Vincent COUSSEAU offre un regard original sur la population antillaise d'Ancien Régime en proposant l'analyse du prénom comme clé de lecture. Véritable miroir social, le nom (de baptême ou d'usage, le sobriquet ou le surnom) pose avec acuité la question des échanges culturels et de la transmission. C'est cette histoire, faite de destins individuels et collectifs, de petits messages délivrés et de contraintes subies, que nous révèlent les Pierre, Césaire, Rose, Marie Arada et Liberto ..." (4ème de couverture).



Prendre nom aux Antilles


57/ "Devenir descendant d'esclave - Enquête sur les régimes mémoriels", par Johann MICHEL - Presses Universitaires de Rennes. Campus de la Harpe, 2, rue du doyen Denis-Leroy à Rennes, Collection Res Publica - Dépôt légal : 1er trimestre 2015. Chapitres du livre : 1/ La naissance du régime mémoriel abolitionniste ; 2/ La construction des grammaires nationalistes de la mémoire de l'esclavage ; 3/ Les commémorations officielles du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage : entre abolitionnisme et métissage des cultures ; 4/ La problématisation et la publicisation des victimes et des descendants de victime de l'esclavage ; 5/ La labellisation de l'esclavage comme crime contre l'humanité ; 6/ De la mise à l'agenda à l'adoption de la loi reconnaissant l'esclavage et la traite comme crime contre l'humanité ; 7/ La réémergence des problèmes mémoriels : les controverses sur la date commémorative et sur la question des réparations ; 8/ Le Comité national pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage : un laboratoire de préfiguration des politiques mémorielles ; 9/ La coexistence de régimes mémoriels antagonistes de l'esclavage ; 10/ Mémoire publique, mémoire collective et mémoire officielle de l'esclavage ; Conclusion ; Bibliographie ; Index.

58/ "Devoir de mémoire" (n° 1, trimestriel. Avril-Mai-Juin 2016). Le sujet de ce premier numéro est : La route de l'esclave ; trois chapitres : 1/ Histoire (Ports négriers ; Salvador de Bahia, capitale de la révolte ; rompre avec le paradigme de l'abolition ...) 2/ Société (guérir des traumas de l'esclavage ; l'Afrique accuse le coût de l'esclavage ; la traîte, socle du panafricanisme ...) 3/ Culture (Toni MORRISON, regarder loin devant ; des photographies comme un cri ...). A titre d'exemple de la grande valeur de cette nouvelle revue, voici d'abord un extrait d'un interview de Gilbert LAROSE (Ti Gilbé) qui est l'auteur d'une bande dessinée : L'Histoire de la Martinique : "Pourquoi avoir écrit cette histoire ? TG : En Martinique notre histoire n'est pas évoquée. On nous enseignait encore jusqu'à peu que nos ancêtres étaient des Gaulois. On nous parle de la France mais pas de la Martinique. On doit parler de l'esclavage car c'est notre histoire. Il faut savoir qu'il y avait neuf à douze mille esclaves qui arrivaient à l'année en Martinique. Quand on sait d'où l'on vient, on ne peut pas être raciste. L'île est issue d'un grand métissage. Connaître son métissage c'est connaître son histoire. Moi ça m'a rendu plus intelligent. Une fois un touriste m'a dit : Tu es un Africain. Lorsque je suis allé en Afrique, on me reconnaissait à des kilomètres comme n'étant pas du coin ! Aujourd'hui, connaissant mon histoire je peux dire que je ne suis pas Africain, mais Caribéen et métis. L'histoire de la Martinique n'est pas évoquée sur l'île ? TG : On commence à en parler. Mais avant, celui qui parlait d'esclavage était considéré comme révolutionnaire. Il reste quand même des résistances. Ici les personnes âgées refusent de parler de l'esclavage. C'est tellement prégnant que certains apprennent des choses qui se sont passées avec cette bande dessinée. Avec ma génération le tabou se lève un peu. Ce que je souhaite c'est qu'avec les générations futures un autre pas soit fait. (...)" Toujours à titre d'exemple, voici ensuite un extrait d'un interview de Viviane ROMANA : "Du temps de l'esclavage, il n'existait pas de famille conjugale classique dans les plantations : les hommes esclaves n'avaient pas pour vocation à avoir de vie familiale ! Les enfants ne savaient parfois même pas qui était leur géniteur.Cela a été conforté par l'article 12 du Code noir : Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves, et appartiendront au maître de la femme esclave et non à ceux de leurs maris. L'article 13 stipule également : Si le mari esclave a épousé une femme libre, les enfants suivent la condition de leurs mères en étant libres comme elles, nonobstant la servitude du père. Et que si le père est libre et la mère esclave, les enfants sont esclaves pareillement. On voit bien qu'aucune place n'est prévue à la fonction paternelle ! Et ce, au profit des mères, qui elles, avaient l'avantage d'enfanter. Ainsi, les hommes esclaves étaient réduits à la plus simple expression de ce qu'ils étaient : des mâles utiles à la reproduction, simplement soucieux de satisfaire leurs besoins. Et certainement pas des pères potentiels ! Aujourd'hui encore, les hommes antillais sont soumis, malgré eux, à l'article 12 du Code noir ... Alors qu'ils ont la capacité de se réapproprier leur rôle de mari et de père." (l'article est intitulé : "La famille antillaise un produit de la société esclavagiste.")

59/ "Là où les nègres sont maîtres (Un port africain au temps de la traite)" par Randy J. SPARKS ; Alma Editeur ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Anne de BÉRU et Myriam DENNEHY ; dépôt légal : février 2017 ; texte de la 4ème de couverture : "Voici l'histoire du port d'Annamaboe, plaque tournante de la traite négrière sur la Côte-de-l'Or (actuel Ghana), au XVIIIe siècle. SPARKS fait renaître avec d'etonnantes archives ce que vécurent concrètement les hommes et les femmes de ce point névralgique du nouveau monde en train de se constituer dans l'aire atlantique. Capturés dans l'arrière-pays par le peuple fante - maître d'Annamaboe -, les esclaves font l'objet d'âpres négociations entre les Africains et les agents européens, alternant ruse, violence et cynisme commercial réciproques. L'action se déroule aussi à Londres et à Paris où le chef fante CORRANTEE envoie ses fils se former afin de mieux jouer de l'antagonisme anglo-français. Elle se poursuit dans la jeune Amérique dont l'importance ne cesse de croître avec le commerce triangulaire. Le conteur qu'est aussi Randy J. SPARKS fait merveille. On en jugera par les portraits croisés du fante CORRANTEE, chef de la ville, et de BREW, son interlocuteur anglais, principal négociant de la place, toujours mécontent de devoir transiger là où les Nègres sont maîtres. On suivra également avec émotion, le destin ou les fragments de destins des esclaves dont l'historien retrouve la trace et parfois la voix derrière l'indifférence des pièces comptables et des contrats. Annamaboe est au coeur de la première mondialisation. Mais la matière première, ici, est faite de chair, de sang et de larmes sans qu'aucun des acteurs, africains ou européens, s'en émeuve."

60/ "Vendée créole - la chouannerie en Martinique", par Odile de LACOSTE LAREYMONDIE ; préfaces de Philippe PICHOT-BRAVARD et Reynald SECHER ; achevé d'imprimer le 27.06.2015, "en la fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours", par la Société Acort Europe pour le compte des éditions VIA ROMANA. "Histoire inconnue du grand public et ignorée des manuels scolaires, la victoire de la Vendée créole contre la République en 1794 fut celle des blancs, mulâtres et noirs unis dans une même résistance à la barbarie révolutionnaire. Mais quelles furent les motivations, les figures et les campagnes de cette armée fidèle à son Dieu, fidèle à son roi ? Qui connaît encore l'incroyable destinée de son chef Bernard de PERCIN, le CHARETTE de la Martinique, celle de DUBUC de MARCOUSSY le fier artilleur, de Sainte-Catherine et Montlouis JAHAM à la tête de leurs compagnies d'hommes de couleur ?" (4ème de couverture). Dans ce livre qui décrit la guerre civile à la Martinique, pendant la période révolutionnaire, le nom de Rivière-Pilote n'apparaît pas. Cependant, on note à la page 77 : "La même scène se répète au Marin où la Calypso aidé d'un navire anglais sauve le reste de la petite troupe de FOUGAINVILLE qui, avec 600 hommes, au lieu-dit Pérou, avait tenté une dernière attaque désespérée, mais la batterie de la pointe Borgnesse restera aux mains des hommes de ROCHAMBEAU."


Vendée créole
(la chouannerie en Martinique)


Divers sur la Martinique

- PICHENOT - Dernier mot sur les contestations qui s'étaient élevées entre Me BALLY, notaire à la Martinique [ayant acquis des droits litigieux] et M. AUBIN de BELLEVUE, d'une part, et Mme la comtesse de BRUEYS, Mme DUFRESNE de SAINT-CERGUES, M. et Mme MÉAT-DUFOURNEAU, M. et Mme de GINIBRAL, M. CHARLES de BAR, et M. et Mme DECASSE, d'autre part ; suivi de l'arrêt de rejet qui vient enfin d'y mettre un terme, et qui a été rendu par la chambre des requêtes de la Cour de cassation, le 6 février 1834. - [Paris], impr. Mme de LA COMBE : s.d. - 8 p. BNF, cote 4-FM-1457 (information de M. Pierre BAUDRIER - liste ghcaraibe@listes.u-picardie.fr).
Extrait : "La cour royale de la Martinique, par son arrêt mémorable du 12 janvier 1832, s'était, comme le premier juge, prononcée en faveur de Mme la comtesse de BRUEYS et consorts contre Me BALLY (...) Le régime colonial, si mal apprécié parmi nous qui sommes loin des hommes et des choses, a pu et a dû peut-être inspirer aux magistrats de la Martinique une indulgence sagement politique, puisque, en apparence du moins, sans préjudicier essentiellement aux intérêts des parties adverses, elle sauvait l'honneur d'un officier public venu de la métropole, l'honneur d'un blanc allié aux premières familles de la colonie". La Cour rejette le pourvoi et condamne le demandeur [Me BALLY] aux dépens.

- Annuaire de la Martinique. Bibliothèque Schoelcher, de Fort-de-France. Années 1860 (première année disponible), 1898 et 1901. En 1860, le commissaire de police du Marin s'appelle DELEUSE. En 1898, le vicaire de Rivière-Pilote s'appelle HOUZÉ. En 1901, au bureau du téléphone de Saint Pierre, un commis de première classe s'appelle Théodore AUZÉ

- Annuaire de la vie martiniquaise. 1946 (pour Rivière-Pilote) ; Bibliothèque SCHOELCHER, de Fort-de-France.

- La Gazette officielle de la Martinique, éditée de 1829 à 1848, aux Archives départementales de la Martinique (à étudier)

- http://www.cartedefrance.tm.fr. Dans le décompte total par période, l'addition des naissances de EUZET département par département, donne un total par période inférieur à ce qui est indiqué par ce site. Un contrôle a aussi permis de découvrir que les chiffres indiqués pour la Martinique étaient inférieurs à la réalité

- http://cgsbt.free.fr/dugas/pafg19.htm : dans la descendance de François DUGAS, de Sète nous avons trouvé Jérome DONNADIEU qui a épousé Marguerite AUDRAN, le 16.11.1848, à Sète (Hérault). Or, si ce DONNADIEU est né à Sète, le 28.08.1817, il est décédé à Saint Pierre, à la Martinique, le 03.06.1857. N'oublions pas que dans cette descendance Dugas, nous avons aussi Françoise BRIANT, qui a épousé Honoré EUZET, le 30 octobre 1813, à Sète (voir
Les EUZET de Sète.)

- L'étude de V. DURAND et J. DESPETIS (non datée) intitulée : "Les familles des seigneurs d'Assas", avec un chapitre sur la maison des PLUVIERS et, notamment, des PLUVIERS de SAINT MICHEL (Montpellier - Imprimerie de la manufacture de la Charité): nous avons noté que Joseph de PLUVIERS, Seigneur de Saint-Michel d'Euzet (17.11.1666 - 16.01.1748) eut six enfants, dont Alexis. Celui-ci, né à Bagnols, le 28 avril 1719, était officier d'artillerie. Il s'établit à la Guadeloupe où il mourut. Légataire de son père le 5 octobre 1737. Il fit ses preuves de noblesse devant le Conseil supérieur de la Martinique. Son frère, Charles, né à Saint-Michel d'Euzet, le 3 avril 1717, est mort à Saint Domingue. Il était Lieutenant Colonel du corps royal d'artillerie (Régiment de la Fère), chevalier de Saint Louis. Il fut aussi légataire de son père, le 5 octobre 1737.

- http://www.brgm.fr/risques/antilles/mart/cartes/martmvt.htm (intéressant pour un plan assez détaillé des communes de Martinique). (information de Mme Nathalie BUHOURS)

- Le Journal officiel de la Martinique : un certain nombre de numéros sont en ligne sur le site de Gallica (de la Bibliothèque nationale de France). En particulier, il y a 71 numéros pour l'année 1845, 53 numéros pour l'année 1847, 52 numéros pour l'année 1848 et 1 numéro pour l'année 1849. Ensuite, il y a des numéros pour les années suivantes : 1902, 1904, 1906, 1908, 1910, 1911, 1915, 1916, 1917, 1918, 1922, 1923, 1925, 1928, 1934. Les sondages montrent une grande richesse d'informations, tant sur les maisons et habitations qui sont mises en vente que sur les affranchissements ou les rachats, commune par commune. Plusieurs exemples sur ces deux derniers points pour Rivière-Pilote ; les dates ci-dessous (numéraux du journal) correspondent, généralement, à des demandes d'affranchissement, indiquées dans trois publications obligatoires pour chaque cas ou, quelquefois à l'acte d'affranchissement définitif (les nouveaux patronymes étant entre parenthèses) :

- n° du 08.02.1845, affranchissement de droit au Lamentin de Placide, nègre de 25 ans, cultivateur, né à la Rivière-Pilote, esclave, par sieur MODESTE, charpentier, domicilié en ce bourg, l'ayant acquis de dame veuve STANISLAS, par acte au rapport de Me LILETTE, notaire en cette île (Placide NICOLAS) - affranchissement définitif dans le n° du 10.09.1845.
- n° du 05.03.1845, affranchissement définitif à la Rivière-Pilote de Jean-Nicolas, nègre créole de 41 ans, cultivateur, demeurant à la Trinité, esclave du sieur Etienne YOYO, propriétaire à la Rivière-Pilote (Lambert BERMAT)
- n° du 05.03.1845, affranchissement définitif à la Rivière-Pilote de Scholastique, capresse créole de 30 ans, couturière, demeurant à la Rivière-Pilote, ses deux enfants, Marie-Adélaïde, mulatresse créole de 10 ans, couturière, demeurant à la Rivière-Pilote ; Lucienne, capresse créole de 2 ans, demeurant à la Rivière-Pilote, les trois esclaves du sieur Félix MARIETTE, propriétaire à la Rivière-Pilote (Scholastique, Adélaïde et Marie-Louise TISAL)
- n° du 02.04.1845, affranchissement définitif à la Rivière-Pilote de Médalise, capresse créole de 2 mois, destinée à la petite culture, domiciliée à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Alexis ROSINE, cultivateur à la Rivière-Pilote, née postérieurement à la déclaration d'affranchissement de sa mère, Hortense, dite Anatole TANALE, faite le 03.10.1843 (Médaline TANALE)
- n° du 02.04.1845, affranchissement définitif à la Rivière-Pilote de Victoire, négresse créole de 66 ans, cultivant la terre, demeurant à la Rivière-Pilote, esclave et mère de Marie-Sainte MACOMÈRE, propriétaire en cette commune (Victorine TORCY)
- n° du 11.06.1845, affranchissement à la Rivière-Pilote de Elvina, mulatresse créole de 16 ans ; Alcide, mulatre de 10 ans, cultivant la terre, tous les deux demeurant à la Rivière-Pilote, esclaves du sieur Sainte-Marie MONTAIGNE, propriétaire à la Rivière-Pilote ; le déclarant prend l'obligation de pourvoir à la subsistance de ces deux affranchis ; registre B, n° 1765 et 1764 (Evélina et Alcide VIÉTAN)
- n° du 11.06.1845, affranchissement à la Rivière-Pilote de Louise, négresse africaine de 26 ans, cultivatrice, esclave du sieur Louis-Arthur RENÉ, propriétaire à la Rivière-Pilote ; registre C n° 2576 (Louisonne SUITON)
- n° du 25.06.1845, affranchissement à Saint-Pierre d'Appoline, négresse de 50 ans, cuisinière, née à la Rivière-Pilote et demeurant à Saint-Pierre, esclave de dame veuve du BUISSON, des mains de laquelle ladite esclave s'est rachetée et recensée sous le n° 8184. Autorisée par M. le Procureur du Roi, suivant sa lettre du 23.05.1845, n° 461 (Appoline SONBUY)
- n° du 06.09.1845, affranchissement à la Rivière-Pilote de Reine, négresse créole de 58 ans, servante, demeurant à la Rivière-Pilote, esclave du sieur T. de FOUGAINVILLE, propriétaire à la Rivière-Pilote ; registre A, n° 72 (Marie-Reinette ETTENIER)
- n° du 06.09.1845, affranchissement à la Rivière-Pilote de Romain, nègre créole de 49 ans, cultivateur, demeurant à la Rivière-Pilote, esclave de dame veuve VIARD, propriétaire à la Rivière-Pilote ; registre B, n° 1343 (Romain MAINRO)
- n° du 06.09.1845, affranchissement à la Rivière-Pilote de Félicité, négresse créole de 26 ans, cultivant la terre, demeurant à la Rivière-Pilote, esclave du sieur A. ADENET, propriétaire à la Rivière-Pilote, qui l'a acquise des héritiers de LESCOUET, par acte sous seing privé, du 13 courant, consenti par sieur Arthur DUPLESSIS, mandataire desdits héritiers ; registre A, n° 397 (Félicité FÉLY)
- n° du 06.01.1847, affranchissement de droit à la Rivière-Pilote de Magdeleine, négresse créole de 61 ans; cultivatrice, domiciliée à la Rivière-Pilote, esclave, par sieur Jean MONNELY, son fils, cultivateur au même lieu, qui l'a acquise par acte du 08.11.1846, du sieur Léo JULIEN ; inscrite sous le n° 2511, registre C (Magdeleine MONETY)
- n° du 06.01.1847, rachat amiable à la Rivière-Pilote de Christine, négresse créole de 59 ans, cultivatrice, domiciliée à la Rivière-Pilote, esclave, par sieur Césaire René CORAIL, propriétaire au même lieu ; acquise de M. de VÉNANCOURT, par acte du 10.11.1846 ; inscrite sous le n° 1085, registre B (Christine TIRY)
- n° du 06.01.1847, rachat amiable à la Rivière-Pilote de Louis, nègre créole de 54 ans, domicilié à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Louis-Rose LAVAU, propriétaire au même lieu ; inscrit sous le n° 1769, registre B (Louis USOL)
- n° du 10.02.1847, rachat amiable à la Rivière-Pilote d'Héloïse, négresse créole de 44 ans, née et domiciliée à la Rivière-Pilote, esclave du sieur de la BEAUME, propriétaire à la Rivière-Pilote, inscrite sur le n° 1701 registre B (Héloïse SÉLOY)
- n° du 06.03.1847, affranchissement dans la commune du Marin de Louise, négresse de 29 ans, journalière, née au Fort-Royal et demeurant à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Jean MONFILS, propriétaire au Marin (Louise NOËMI)
- n° du 06.03.1847, affranchissement au Vauclin de Bonne, mulatresse de 23 ans, couturière et sa fille Lancetia, mulatresse de 7 ans, toutes deux nées à la Rivière-Pilote, demeurant au Vauclin, par le sieur Honoré Marie CLERC, docteur-médecin, propriétaire au Vauclin (Marie et Elisabeth CRELC)
- n° du 05.05.1847, rachat amiable à la Rivière-Pilote d'Aly, nègre créole de 30 ans, cultivateur à la Rivière-Pilote, esclave de Louis-Rose LAVAU, propriétaire à la Rivière-Pilote, n° 1773, registre B (Alexandre ALY)
- n° du 05.05.1847, affranchissement à la Rivière-Pilote de Séverin, nègre créole de 45 ans, cultivateur, esclave du sieur Robert d'ABADIE, propriétaire à la Rivière-Pilote (Séverin VÉRIN) et, du même, Donacy, nègre créole de 37 ans (Donatien DONAT), cependant qu'est donnée l'origine des deux : donation de feu dame DÉCAILLE, née d'ABADIE
- n° du 15.05.1847, esclave compris dans la distribution des fonds alloués pour le rachat par la loi du 19.07.1845 : Edouard, cultivateur, 30 ans, par sieur Anquetil de BEAUREGARD, propriétaire à la Rivière-Pilote ; date de l'opération le 13.02.1847, estimation 2100 francs (NORROY)
- n° du 15.05.1847, esclave compris dans la distribution des fonds alloués pour le rachat par la loi du 19.07.1845 : Noël, cultivateur, 40 ans, par sieur Jules de FROIDEFOND des FARGES, propriétaire à la Rivière-Pilote ; date de l'opération le 13.02.1847, estimation 2000 francs (MORHANGE)
- n° du 15.05.1847, esclave compris dans la distribution des fonds alloués pour le rachat par la loi du 19.07.1845 : Narcisse, cultivateur, 34 ans, par sieur Louis POMPONNE, propriétaire à la Rivière-Pilote ; date de l'opération le 13.02.1847, estimation 1800 francs (DIANIN)
- n° du 15.05.1847, esclave compris dans la distribution des fonds alloués pour le rachat par la loi du 19.07.1845 : Marie, cultivatrice, 34 ans, par sieur J.B. JULES, propriétaire à la Rivière-Pilote ; date de l'opération le 13.03.1847, estimation 1800 francs (FORBAL)
- n° du 15.05.1847, affranchissement à la Rivière-Pilote de Marie-Sainte, négresse créole de 42 ans, cultivatrice, domiciliée à la Rivière-Pilote, esclave du sieur A. DÉMIER, propriétaire au même lieu (Marie-Sainte RAMY)
- n° du 15.05.1847, affranchissement à la Rivière-Pilote de Clémence, négresse créole de 18 ans, couturière, son fils Joseph, mulatre créole de 6 semaines, tous deux domiciliés à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Régis GERTRUDE, propriétaire au même lieu (Clémence et Joseph MONCLEY)
- n° du 15.05.1847, affranchissement à la Rivière-Pilote de Françoise, négresse africaine de 25 ans, cultivatrice, domiciliée à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Jean-Louis NAUJE, cultivateur au même lieu (Françoise SOIRANF)
- n° du 15.05.1847, affranchissement à la Rivière-Pilote de Louison, nègre créole de 68 ans, cultivateur à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Jean-Louis GROS DESORMEAUX, propriétaire au même lieu (Louis LOUSON)
- n° du 15.05.1847, affranchissement à la Rivière-Pilote d'Aimée, négresse créole de 72 ans, sans profession, demeurant à la Rivière-Pilote, esclave du sieur DESMARTINIÈRES, propriétaire au même lieu (Aimée TAULT)
- n° du 02.06.1847, affranchissement à la commune du sud, section de Ste-Luce, de Louis", négre de 42 ans, né à la Rivière-Pilote, esclave du sieur Ste-Rose PADOUL, maçon, domicilié à la Rivière-Pilote (Louis FINOTY)
- n° du 15.04.1848, affranchissement de droit à la Rivière-Pilote d'Adolphe, mulatre créole de 20 ans, domestique, né et demeurant à la Rivière-Pilote, esclave, par M. le commissaire du gouvernement, de Fort-de-France, inscrit primitivement au registre C sous le n° 2167 (Adolphe VATAR)

D'autres informations sont précieuses pour mieux connaître la société d'avant l'abolition de l'esclavage. Ce sont, par exemple, les signalements des esclaves en marronnage ou des personnes emprisonnées. Pour ces derniers, ce sont les seuls qui indiquent, à la fois, la description physique et l'habillement, aussi bien des esclaves que des libres :
- n° du 06.12.1845, Esclave en marronnage. S'est évadée de l'habitation du soussigné, le 24 du mois passé, la capresse Delphine, âgée de 20 ans, taille d'environ 1 m 380 (4 pieds 3 pouces), nez gros et épaté, bouche grande et lèvres très épaisses, portant à la figure une marque telle que serait la cicatrice d'une brûlure. Ses allures sont dans le voisinage de ladite habitation. A son évasion, elle avait à la jambe un anneau de fer. Ledit soussigné déclare qu'il poursuivra, selon la rigueur des lois, celui ou celle qui aura soutiré cette capresse, reconnue pour être un très mauvais sujet. Rivière-Pilote, 4 décembre 1845 GRAVIER MONPLAISIR.
- n° du 10.12.1845, Esclave en marronnage (suite du signalement précédent) : Le soussigné vient d'apprendre qu'elle s'est rendue à Fort Royal, depuis le 4 du courant, avec intention de se tenir soit dans les environs du Fort-Bourbon ou de se rendre à Saint-Pierre. Un demi doublon est promis à celui qui opérera son arrestation. Rivière-Pilote, 6 décembre 1845 GRAVIER MONPLAISIR.
- n° du 16.10.1847, esclave détenu à la geôle de Fort-Royal : Jean Laurent, se disant appartenir au sieur PETIT, propriétaire habitant, demeurant à la Rivière-Pilote, nègre créole, âgé d'environ 55 ans, taille de 1 mètre 601 millimètres, front couvert, nez ordinaire, bouche moyenne, menton rond, borgne de l'oeil droit ; vêtu lors de son arrestation d'une chemise de percaline bleue, d'un mauvais pantalon blanc, d'un mauvais tablier de toile bleue, ayant sur la tête une mauvaise cravate noire ; arrêté par la gendarmerie en état de marronnage.

Les arrêts de la chambre de police correctionnelle de la cour royale de Martinique sont aussi très utiles, en dehors des noms, pour connaître les délits les plus courants et les peines encourrues.
- n° du 26.02.1845, par arrêt contradictoire rendu le 17.02.1845 1° le nommé Paul, esclave cultivateur, né et demeurant à la Rivière-Pilote 2° Sylvain MARIE-JEANNE, cultivateur et demeurant à la Rivière-Pilote, de condition libre, ont été reconnus coupables, le premier de vol qualifié, le second de recel, et condamnés, savoir : Paul, à une année de chaîne de police, et Sylvain, à deux années d'emprisonnement et à tous les frais du procès.
- n° du 10.05.1845, par arrêt contradictoire rendu le 05.05.1845Saturnin DABADIE, àgé de 24 ans, propriétaire 2° LOUIS-JEANNE dit Bellefond, àgé de 57 ans, cultivateur, tous les deux nés et demeurant à la Rivière-Pilote, ont été condamnés comme coupables du délit de coups et blessures simples, chacun à 10 jours d'emprisonnement, à 50 francs d'amende et tous les deux aux frais du procès.
- n° du 24.05.1845, par arrêt rendu par contumace le 19.05.1845, Sam, esclave au sieur de LAGALERNERIE, demeurant sur l'habitation dite Pointe-Borgnesse, à la Rivière-Pilote, condamné comme coupable de vol qualifié à demeurer dix années, attaché à la chaîne de police.
- n° du 13.12.1845, par arrêt contradictoire rendu le 02.12.1845, DOLCINY, cultivateur, né et demeurant à la Rivière-Pilote, de condition libre, a été condamné comme coupable du délit de coups et blessures volontaires, à un mois d'emprisonnement et aux frais du procès.
- n° du 21.07.1847, par arrêt contradictoire rendu le 05.07.1847, Joseph-Bernard FOUQUE fils, àgé de 25 ans, propriétaire, né et demeurant à la Rivière-Pilote,, de condition libre, déclaré coupable d'abus de confiance, à trois mois de prison, à 200 francs d'amende et aux frais.
- n° du 21.07.1847, par arrêt contradictoire rendu le 06.07.1847, LOUIS-JULES, âgé de 26 ans, habitant, né et demeurant à la Rivière-Pilote, de condition libre, déclaré coupable du délit de traitement illégal infligé à une de ses esclaves, mais avec des circonstances atténuantes, a été condamné à cinq jours de prison, à 100 francs d'amende et aux frais du procès.
- n° du 21.07.1847, par arrêt contradictoire rendu le 08.07.1847, Améius-Joseph GAUBERT, âgé de 42 ans, habitant, né à Saint-Pierre, demeurant à la Rivière-Pilote, de condition libre, déclaré coupable de traitements illégaux infligé à un de ses esclaves et de contraventions sur le nombre des heures de travail dû par ses esclaves et sur les prestations de vêtements à fournir à ceux-ci, mais avec des circonstances atténuantes sur ce dernier chef, a été condamné, savoir : pour le délit, à seize jours de prison et, pour les contraventions, à 50 francs d'amende, et, en outre, aux frais du procès.


Le Journal Officiel de la Martinique est aussi intéressant pour ses publicités, par exemple celle de "HEUZÉ frères" qui vendaient des calicots, de la toile, des mouchoirs, etc., à Saint-Pierre (n° du 22.12.1847, n° du 26.08.1848, etc.) ou encore pour les navires qui arrivaient à la Martinique, l'indication de leur cargaison et le nom de leur capitaine, par exemple Le Nérée, venu du Havre, arrivé à Saint-Pierre après une traversée de 30 jours avec le "capitaine HEUZÉ" (n° du 24.06.1848). On voit, dans ces deux exemples, les liens qui pouvaient exister entre les Antilles et les HEUZÉ de Normandie ou de Bretagne, cette forme du patronyme étant caractéristique de l'ouest et du nord de la France et n'ayant rien à voir avec la forme EUZET, originaire de la langue d'Oc et, plus particulièrement de l'Hérault et du Gard.

Pour en terminer avec ce journal, citons encore les ventes de propriétés à Rivière-Pilote :
- n° du 17.12.1845 : vente après décès de divers biens sur une habitation-sucrerie dite La Bonne-Source
- n° du 31.12.1845 : adjudication d'une habitation caféyère et vivrière dite La Chevreuse (à noter qu'elle confronte, à l'ouest, l'habitation d'Arthur DUPLESSIS)
- n° du 13.02.1847 : adjudication préparatoire d'une portion de terre en savane et inculte.
- n° du 20.03.1847 : adjudication préparatoire aux enchères publiques d'une habitation-sucrerie dite La Bonne-Source
- n° du 21.04.1847 : adjudication définitive d'une habitation-sucrerie dite La Bonne-Source
- n° du 24.04.1847 : vente judiciaire d'une portion de terre en savane et inculte.
- n° du 16.10.1847 : vente sur folle enchère d'une habitation-Sucrerie dite La Concorde


- Comptes des recettes et des dépenses de la Martinique, année 1912 : liste des secours attribués ; FOL-LK19-338, en ligne sur le site de Gallica (de la Bibliothèque nationale de France).

- La danse aux Antilles Des rythmes sacrés au zouk, par Jacqueline ROSEMAIN ; Editions l'Harmattan, 5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 75005 Paris ; dépôt légal : septembre 1990.



Un champ de canne à sucre
( photo J.C.E. avril 2003)


Littérature de la Martinique

"Un cyclone est passé. Dans son sillage : désolation végétale, ruptures diverses, et l'accablement des plus démunis ... Mais les moments chaotiques sont souvent des lieux de renaissance. Toute régénération surgit toujours d'une perturbation. Plus la perturbation est sévère, plus le renouvellement qui s'ensuit est profond, puissant, parfois jusqu'à la mutation. La nature sait utiliser ses effondrements pour expérimenter d'inédites vivacités : les arbres ramènent de leur traumatisme une haute vigueur et l'écosystème meurtri s'ébroue pour redistribuer les possibles en des intensités variables. En fait, le désastre ou la crise sont aussi, et surtout, des opportunités. Quand tout s'effondre ou se voit bousculé, ce sont aussi des rigidités et des impossibles qui se voient bousculés. Ce sont des improbables qui soudain se voient sculptés par de nouvelles clartés. Ce sont des interdits, des paresses, de stériles habitudes qui lochent et appellent à se faire soulager. Ce qui est vrai pour le monde naturel l'est aussi pour les cultures, les peuples, les identités ou les civilisations. (...)" Extrait d'un article de Patrick CHAMOISEAU et Edouard GLISSANT, intitulé : "Dean est passé, il faut renaître. Aprézan !" (Le Monde des 26-27 août 2007)


- BERNABÉ Jean (1942) : Le Bailleur d'étincelles (2002), Partage des ancêtres (2004), La Malgeste des mornes (2006).
- BEUZE Joël (1946) : Ferment d'ombre (1979).
- BOUKMAN Daniel (1936) : La Voix des sirènes (1967), Orphée nègre (1967), Des voix dans une prison (1967), Les Négriers (1971), Ventres pleins, ventres creux (1971), Anba fey (1987), Pawol bwa sek (1992), Chiktay pawol (1994), Délivrans ! (1995), Zizinng pawol (1998), Makoko (2003), Migannaj (2005), Es lakou dò ? ou une petite lampe dans la nuit (2005), La véridique histoire de Hourya (2005), Agoulouland, suivi de Les 10 doigts des 2 mains (2006).
- BRIVAL Roland (1950) : Martinique des cendres (1978), Le Sang du roucou (1982), Les Tambours de Gao (1985), La Montagne d'ébène (1985), Le Chevalier de Saint-Georges (1991), Le dernier des Aloukous (1996), Bô (1998), Biguine Blues (1999), La Robe rouge (2000), En eaux troubles (2002), Coeur d'ébène (2004), L'Homme de nulle part (2004), Un amour à Sanbaad (2005).
- CABORT-MASSON Guy (1937-2002) : La Mangrove mulâtre (1986), Pourrir ou martyr un peu ; Qui a tué le Béké de Trinité ? (1991)
- CAGE-FLORENTINY Nicole (1965) : Arc-en-ciel. L'espoir/ Arco Iris. La esperanza (1996), C'est vole que je vole (1998), Confidentiel (2000), L'Espagnole (2002), Aime comme musique ou comme mourir d'aimer (2005), "Magia del amor", Lluvia de Recuerdos (2006), Dèyè pawol ... sé lanmou/ Par-delà les mots ... l'amour (2007).
- CAPÉCIA Mayotte (1916-1955) : Je suis martiniquaise (1948), La Négresse blanche (1950).
- CARBET Claude (1893-1969) : Féfé et Doudou martiniquaises, en collaboration avec Marie-Magdeleine CARBET (1936), Sombo Quimboiseur et La Chabine (1937), Chansons des Isles (1937), Braves gens de la Martinique (1957), Patchouli et souscaye (1967), Et Lazare sortit du tombeau (1967).
- CARBET Marie-Magdeleine : Féfé et Doudou martiniquaises, en collaboration avec Claude CARBET (1936), Chansonelle, l'île aux oiseaux (1956), Point d'orgue (1958), Ecoute, Soleil-Dieu (1961), Viens voir ma ville (1963), Suppliques et chansons (1963), Rose de ta grâce (1970), Au péril de ta joie (1972), Et merveille de vivre (1973), Au village en temps longtemps (1977), Contes de Tantana (1980).
- CÉSAIRE Aimé (1913-2008) : Cahier d'un retour au pays natal (1930), Les armes miraculeuses (1946), Et les chiens se taisaient (1946), Soleil cou coupé (1948), Corps perdu (1950), Discours sur le colonialisme (1950), Toussaint Louverture : la Révolution française et le problème colonial (1960), Ferrements (1960), Cadastre (1961), La tragédie du roi Christophe (1963), Moi, laminaire (1982), Une saison au Congo (1967), Une Tempête (1969).

"Maryse CONDÉ : A regarder l'état du monde, pensez-vous toujours que la poésie est "l'arme miraculeuse" qui pulvérise les barrières entravant les libertés ? Aimé CÉSAIRE : Je ne sais pas si elle est miraculeuse ... Maryse CONDÉ : C'est vous qui l'avez dit. Aimé CÉSAIRE : Pour moi, la poésie est très importante, elle est même fondamentale. A tort où raison, j'ai toujours pensé que l'arme pour nous - on n'y croyait pas suffisamment -, c'est la culture. Je ne dis pas la civilisation, qui est un mot très XIXe siècle. On opposait alors la civilisation et la sauvagerie. Mais les ethnologues et l'expérience nous ont appris qu'il y a la culture. Je définis la culture ainsi : c'est tout ce que les hommes ont imaginé pour façonner le monde, pour s'accommoder du monde et pour le rendre digne de l'homme. C'est ça la culture : c'est tout ce que l'homme a inventé pour rendre le monde vivable et la mort affrontable" (entretien entre Maryse CONDÉ et Aimé CÉSAIRE, organisé par Patrice LOUIS - La revue Lire, numéro de juin 2004, sur le thème "Au bonheur des îles. Le tour du monde en 80 livres")

- CÉSAIRE Ina (1942) : Mémoires d'isles, Maman N et Maman F (1985), L'Enfant des passages ou la Geste de Ti-Jean (1985), Zonzon Tête carré (1994).
- CÉSAIRE Suzanne (1915-1966) : Léo Frobenius et le problème des civilisations. Tropique I (1941, Alain et l'esthétique. Tropique II (1941), André Breton, poète. Tropique III (1941), Misère d'une poésie. John Antoine-Nau. Tropique IV (1942), Malaise d'une civilisation. Tropique V (1942), Le Surréalisme et nous. Tropiques VIII-IX (1943), Le Grand Camouflage. Tropiques XIII-XIV (1945).
- CHAMOISEAU Patrick (1952) : Chronique des sept misères (1986), Solibo Magnifique (1988), Au temps de l'antan (1988), Antan d'enfance (1990), Texaco (1992), Une enfance créole 2, Chemin d'école (1994), L'esclave vieil homme et le molosse (1997), Biblique des derniers gestes (2002), À bout d'enfance (2005), Un dimanche au cachot (2007), L'intraitable Beauté du monde - avec Édouard GLISSANT (2009).
- CLARAC René (1912) : Bagamba, nègre marron (1947), L'Espagnole de la Vera-Cruz (1947)
- CONFIANT Raphaël (1951) : Jik déyè do Bondyé (1979), Jou-Baré (1982), Bitako-a (1985), Kôd yanm (1986), Marisosé (1987), Le Nègre et l'Amiral (1988), Eau de café (1991), Chimères d'En-Ville (1996), Commandeur du sucre (1993), Bassin des ouragans (1994), L'Allée des Soupirs (1994), La Savane des pétrifications (1995), Ravines du devant-jour (1995), Les Maîtres de la parole créole (1995), Contes créoles (1995), Le Gouverneur des dés (1995), Mamzelle Libellule (1995), La Vierge du Grand Retour (1996), La baignoire de Joséphine (1997), Regisseur du rhum (1998), L'archet du colonel (1998), La dernière java de Mama Josépha (1999), Le Cahier de romances (2000), Brin d'amour (2001), La dissidence (2002), Morne-Pichevin (2002), Nuée ardente (2002), Le Barbare enchanté (2003), La Lessive du diable (2003), La Panse du chacal (2004), Adèle et la pacotilleuse (2005), Le Goût de la Martinique (2005), Nègre marron (2006), Case à Chine (2007).
- CORIDUN Victor Nazaire (1895-1973) : J'ai voulu venger mon frère : vers la révision du procès André Aliker (1936), Martinique ! Martinique ! (1937), Minna ou le roman des deux (1959).
- DELPECH Alice : La Dame de Balata (1990), La Dissidence (1991).
- DESPORTES Georges (1921) : Les Marches souveraines (1946), Sous l'oeil fixe du soleil (1961), Cette île qui est la nôtre (1973), L'amour m'aime (1982), Semailles de pollen (1985).
- DRACIUS Suzanne (1951) : L'Autre qui danse (1989), De sueur, de sucre et de sang (1995), Rue Monte au ciel (2003), Lumina Sophie dite Surprise (2005).

Extraits de l'entretien de Suzanne DRACIUS avec Axel ARTHERON, paru dans la revue Antilla, n° 1422 du 23.09.2010. Le titre en est : "L'insurrection du Sud de 1870" avec un sur-titre : "De l'histoire à la création littéraire ..." et un sous-titre : "Suzanne DRACIUS explique ce qu'il y avait, selon elle, de contemporain dans l'héroïsme exemplaire de Lumina Sophie". Le chapeau de l'article de trois pages souligne plus encore l'objectif de l'auteur : "Romancière et nouvelliste martiniquaise à succès, Suzanne DRACIUS est aussi l'auteur d'une pièce historique, Lumina Sophie dite Surprise" qui relate un pan méconnu de l'histoire de la Martinique. Publié en 2005, après avoir été créé dans les années 90 dans une mise en scène de José ALPHA, ce "fabulodrame" met en scène le personnage de Lumina Sophie, chef de file des insurgées lors de cette insurrection du Sud de la Martinique survenue en 1870. A l'instar de Rosanie Soleil d'Ina CÉSAIRE, l'auteure s'empare de cette page de l'histoire de la Martinique afin de lever le voile sur ce moment de l'histoire collective (...)". Sur l'héroïne et le choix du théâtre : " (...) Sa voix s'est tue, sa voix n'a pas eu de portée à travers les siècles jusqu'à nous. Or, j'avais été frappée par elle car j'aime cette image de femme debout. C'est pour cela que j'ai choisi le théâtre et pas le roman pour la faire parler et non pas parler d'elle, car on n'en sait pas assez sur elle. Sa voix, je voulais la faire entendre, la faire vivre. La forme théâtrale s'est imposée à moi (...) Née juste après l'abolition de l'esclavage, Lumina s'érige pour abolir "de la femme l'infini servage" dont parlait ARAGON - ce même poète par rapport auquel CÉSAIRE exhortait à "marronner" (...)" A la question de savoir comment ce personnage peut être porteur de valeurs contemporaines, l'auteur répond : "Nos préoccupations ont changé, mais pas tant que ça. La preuve en est que l'Union des Femmes de Martinique a choisi le nom de Lumina pour appeler son journal, l'organe qui exprime sa volonté de parler des problèmes des femmes d'aujourd'hui. Lumina, à son époque, a appris à lire, elle avait besoin d'émancipation. (...) Maintenant les jeunes femmes sont conscientes que pour avoir une indépendance financière il faut faire des études, avoir un bagage pour être une femme debout. Pour cela l'image de Lumina est positive, même si elle n'a pas réussi, ce qui compte c'est de se dresser. (...) J'ai fait de Lumina un personnage qui peut servir d'emblème. Beaucoup de jeunes gens, grâce à cette pièce, peuvent avoir une réflexion sur l'envie de prendre leur destin en main, le destin de leur pays, comme Lumina. (...)" Et sur le rôle de l'Histoire, particulièrement celle des Antilles : " (...) Il n'y a pas de génération spontanée. Tout s'analyse par ce qui s'est passé avant. C'est pourquoi il y a dans Lumina cette volonté. Pour pouvoir acquérir une verticalité, être des femmes et des hommes debout, il faut pouvoir émerger de cette histoire. (...) Il y a eu une démarche de réappropriation de notre histoire, dans laquelle je m'inscris à travers le théâtre et le roman. On nous a enseigné l'histoire de France et on niait l'histoire de la Martinique et de la Guadeloupe. (...) Notre littérature peut nous permettre de transmettre notre histoire non seulement au peuple martiniquais mais aussi au monde. A condition que ce ne soit pas fastidieux. (...)" Et puis, au delà de l'Histoire : "(...) Ce que j'ai "vu" en Lumina, dépassant le personnage historique et la vision de la prise de conscience politique du peuple martiniquais, c'est sa dimension mythologique, son statut de figure héroïque non seulement caribéenne, mais femme, de surcroît, et sa flamboyance aux reflets potentiellement universels."




Marie-Philomène ROPTUS, dite Lumina Sophie dite Surprise
Gilbert PAGO a rétabli son identité et sa filiation, montré sa vie et celle de sa famille
("Lumina Sophie dite Surprise 1848-1879 insurgée et bagnarde - Collection Ibis Rouge)
- dessin repris dans l'article de la revue Antilla -


- EGA Françoise (1924-1976) : Le temps des madras. Récit de la Martinique (1966), Lettre à une Noire. Récit antillais sur l'émigration des années soixante (1978).
- ETCHART Salvat (1927-1985) : Une Bonne à six (1962), Les Nègres servent d'exemple (1964), Le Monde tel qu'il est (1967), L'Homme empêché (1977).
- EYMA Louis-Xavier (1816-1876) : Les Peaux-Rouges, scènes de la vie des Indiens (1854), Les Peaux noires, scènes de la vie des esclaves (1857), Le Roi des Tropiques (1860), Aventuriers et corsaires (1861), La Chasse à l'esclave (1866).
- FANON Frantz (1925-1961) : Peau noire, masques blancs (1952), Les Damnés de la terre (1961) ; lire aussi l'article d'Emmanuelle LOYER, intitulé :"1961 Les Damnés de la terre pleurent Frantz FANON", dans le livre "Histoire mondiale de la France", sous la direction de Patrick BOUCHERON (au Seuil, parution en librairie, le 12.01.2016).
- GENTILE Antoine de (+ 1964) : Silhouettes et fantômes (1922).
- GLISSANT Édouard (1928) : La Terre inquiète (1955), Soleil de la conscience (1956), La Lézarde (1958), Le Sel noir (1960), Monsieur Toussaint (1961), Le Sang rivé (1961), Le Quatrième Siècle 1964), Les Indes (1965), Un Champ d'îles (1965), L'Intention poétique (1969), Malemort (1975), Boises : histoire naturelle d'une aridité (1979), La Case du commandeur (1981), Pays rêvé, pays réel (1985), Mahagony (1987), Fastes (1991), Tout-Monde (1995), Sartorius, le roman des Batoutos (1999), la folie Célat (2000), Ormerod (2003), L'intraitable Beauté du monde - avec Patrick CHAMOISEAU (2009).

Dans quelle mesure votre itinéraire est-il marqué par la pensée noire ? D'abord, je suis né sur une plantation, et jusque très tard, presque tous les jours, j'ai écouté des conteurs créoles : poétique de l'oralité, passion d'un temps déchiré, reconquête d'un espace aliéné. L'écriture et la structure de mes oeuvres leur doivent beaucoup. Ensuite la Négritude de Césaire. mais j'ai tout de suite compris que le phénomène même de l'écritude était créolisation, c'est-à-dire mélange et complexité. J'ai fréquenté les oeuvres de Césaire, autant que celles de Faulkner et de Saint-John Perse. Tous n'étaient pas des nègres, tous étaient créoles. Au départ, j'ai fait ce choix, presque rhétorique, de la culture du métissage et de l'échange. Mais il ne peut y avoir de créolisation sans pensée noire. Ni créolisation sans culture blanche. On ne parle pas encore de culture noire parce que la lutte pour l'émancipation des Noirs n'est pas terminée, mais on devrait dire cultures noires comme on dit cultures blanches, ou plutôt cultures de la diaspora africaine comme on dit cultures européennes. (extrait d'un interview d'Edouard GLISSANT intitulé : "La créolisation du monde est infinie", dans Le Point Hors-série d'avril-mai 2009, n° 22, dont le thème est : "La pensée noire").

- GRANDMAISON Daniel de : Rendez-vous au Macouba (1948), Le Bal des Créoles (1976).
- JAHAM Marie-Reine de (1940) : La Grande Béké (1989), Le Maître savane (1991), L'Or des îles (1996), Bwa Bandé (1999), La Véranda créole (2005).
- JOYAU Auguste (1903-1985) : Les Conques de christal (1928), L'Empire des roses (1938), Dames des îles (1948), Les Dames des îles (1976).
- JOYAU-DORMOY Alice : France, à bientôt (1943), Guiablesse Martinique (1958), Mayouta au pays des flamboyants (1977), Echos des océans. Cantiques des ïles (1971).
- KANOR Fabienne (1973) : D'Eaux douces (2000), Humus (2006).
- LABÉTAN Maxime Richard (1919) : Sur les pitons (1972), Grains de sel et piment (1979), Sainvillas Sainvilliens (1982), Letchi et Carnet rose (1986).
- LEOPOLD Emmanuel-Flavia (1892-1962) : La clarté des jours (1924), Suite pour un visage (1926), La Vagabonde (1931), Adieu foulards, adieu madras (1948), Soleils caraïbes (1953), Passage Sacarrère (1956), Paroles pour une nativité (1957), le Château de Tanzia (1963).
- LÉRO Etienne (1910-1939) : Misère d'une poésie (1932).
- LÉRO Yva (1912-2007) : Peau d'ébène (1960), Douchérie (1967), Histoires passées (1974), Douchérie loin du pays (1979), La Plaie (1979).
- LEVILLOUX J. : Les Créoles ou la vie aux Antilles (1835).
- LOUISE René (1949) : La Table du diable (1984).
- LUCRÈCE André (1964) : La Pluie de Dieu (1992), La Sainteté du monde (2006).
- MAUVOIS Georges (1922) : Agénor Cacoul, suivi de Misyé Molina (1967), Nasse et Filbec, suivi de Le Guichet (1992), Arrivé d'Pari (1997), Gélius et son disciple ou Paroles de mangouste (2000), Ovando ou Le Magicien de Saint-Domingue (2003), Jaz (2003), Dézagréman (2003), Contes des quatre croisées ou Kont lé kat kwazé (2004).
- MELON-DEGRAS Alfred (1931-1990) : L'Habit d'Arlequin. Poèmes de la nuit à l'aube (1974), le Silence (1975), Avec des si, avec des mais (1976), Battre le rappel (1976), Soleils de toute liberté (1980).
- MONTPLAISIR Emma (1918) : Cric-crac, Martinique (1957), La Fille du Caraïbe (1960), Christophe Colomb chez les Indiens (1969).
- ORVILLE Xavier (1932-2001) : Délice et le fromager (1977), La Tapisserie du temps présent (1979), L'Homme aux sept noms et des poussières (1980), Le marchand de larmes (1985), Laissez brûler Laventurcia (1989), Coeur à vie (1993), Moi, Trésilien-Théodore Auguste (1996), Le Parfum des belles de nuit (1996).
- OSENAT Pierre (1908) : Chants des Antilles (1965), Chants des îles (1968), Cris caraïbes (1975), Le Dieu des îles (1981), Le Silence de Dieu : essai sur la vie et la mort (1984), L'Eternel (1996), L'Adieu à l'île (1997).
- OZIER-LAFONTAINE Louis-Félix (1945) : Dans la fourche des deux rivières (2006).
- PARSEMAIN Roger (1944) : L'Hidalgo des campêches (1987), L'absence du destin (1993), Soleil d'ombre (1995), Total (1997).
- PAVIOT Christian (1947) : La demoiselle des Mornes (2003), Les Amants de Saint-Pierre (2004), Les Fugitifs (2006).
- PIERRE-LOUIS André (dit MONCHOACHI) (1949) :
- PLACOLY Vincent (1946-1992) : La Vie et la Mort de Marcel Gonstran (1971), L'Eau de mort guildive (1973), Portrait d'un dictateur (1974), Dessalines ou la passion de l'indépendance (1983), Frères volcans chronique de l'abolition de l'esclavage (1983), Don Juan (1984), Une Journée torride (1988).
- PONNAMAH Michel (1950) : La Dérive de Josaphat (1991).
- PULVAR Audrey (1972) : L'Enfant-bois (2004).
- RESTOG Serge (1944) : Aux alizés qui passent (1978), Il est détranges soirs (1981), Enfants sans rires, sans jeux, sans joies (1981), La gorge serrée, le ventre creux (1981), Muguet-Noël (1996), Les malheurs du crabe (1999), Krapo mayé jodi (1999), Cerf-volant et la diablesse Boudja-Boudja (1999), L'arc-en-ciel et la rivière (1999), Pawol ki dous (2002).
- RICHER Clément (1914-1971) : Le dernier voyage du "Pembroke" (1939), Ti-coyo et son requin (1941), La Croisière de la "Priscilla" (1945), Les femmes préfèrent les brutes (1949), Len Sly (1949), L'Homme de la Caravelle (1952), Le Capitaine Nel (1953), Le Fils de Ti-coyo (1954).
- SALVAT Julienne (1932) : Tessons enflammés (1993), Chants de veille (1998), Fractiles (2001), La lettre d'Avignon (2002), Feuillesonge (2006).
- TARDON Raphaël (1911-1937) : Bleu des îles. Récits martiniquais (1946), Starkenfist (1947), La Caldeira (1948), Le Combat de Schoelcher (1948), Toussaint Louverture, le Napoléon noir (1951), Noirs et Blancs. Une solution, l'apartheid ? (1951).
- THALY Daniel (1879-1950) : Lucioles et cantharides (1900), La Clarté du Sud (1905), Le Jardin des Tropiques (1911), Chansons de mer et d'outre-mer (1911), Nostalgies françaises (1913), L'Île et le voyage, petite odyssée d'un poète lointain (1923), Chant de l'Atlantique et Sous le ciel des Antilles (1928), Héliotrope ou les amants inconnus (1932).
- ZOBEL Joseph (1915-2006) : Diab'là (1942), Les Jours immobiles (1946), Laghia de la mort (1946), La Rue Cases-Nègres (1950), La Fête à Paris (1953), Le Soleil partagé (1964), Les Mains pleines d'oiseaux (1978), Quand la neige aura fondu (1979), Et si la mer n'était pas bleue ... (1982), Poèmes de moi-même (1982 ?), Mas Badara (1983), Gertal et autres nouvelles (2002), Le soleil m'a dit (2002).

[voir aussi Martinique (suite 4)]


Revues de Martinique

La revue Antilla (que l'on peut trouver à la librairie L'Harmattan) permet, non seulement, de suivre les évènements martiniquais d'aujourd'hui, mais aussi de mieux apprécier les évènements martiniquais du passé. Pour ne prendre qu'un seul exemple, dans le numéro 1354 du 11.06.2009, on trouve le compte rendu et des photos d'une rencontre relative aux "Etats généraux", à Rivière-Pilote (le 28.05.2009, pages 20 à 23 de la revue) mais également des articles de réflexion. Comment ne pas évoquer, ainsi, l'hommage rendu par la faculté de lettres à Aimé CÉSAIRE, le 20.05.2009 ? Nous reprenons ici un cliché de Jean BERNABÉ, universitaire et écrivain martiniquais (linguiste et spécialiste du créole), qui fit une communication intitulée : "Etymologies césairiennes et obamiennes" (pages 14 et 15 de la revue). Jean BERNABÉ est décédé le 12.04.2017.



Jean BERNABÉ, CÉSAIRE et OBAMA
(photo de l'article de Mike IRASQUE)



Ecrits politiques de Martiniquais

- Cyrille Charles Auguste BISSETTE : Liberté de la presse confisquée à la Martinique au profit des propriétaires d'esclaves, ou Requête à M. le ministre de la Marine et des colonies sur cette confiscation, suivie de la lettre à M. DUVAL-DAILLY, ex-gouverneur de la Martinique - un extrait, p. 16 : "Permettez à un arrière-petit-fils de négresses esclaves de vous offrir son compliment bien sincère pour l'éloquent discours que vous avez prononcé à la Chambre des députés dans la séance de samedi dernier, à l'occasion de l'esclavage". (lettre adressée à Agénor de GASPARIN, membre de la Chambre des députés sur son discours prononcé dans la séance du 4 mai en faveur de l'abolition de l'esclavage (Paris, le 6 mai 1844). Brochure parue en 1844, éditeur : EBRARD (Paris). En ligne sur Gallica.

(à compléter)


Vocabulaire technique des habitations

- Abavent : "abavent des fourneaux". Un abat-vent est un appareil placé sur une cheminée, à l'extrémité du conduit, pour faciliter le tirage.
- Acajous : "des arbres de construction, dits acajous".
- Acoma : voir Courbaril.
- Assante : "essente", synonyme de bardeau, c'est-à-dire une mince plachette utilisée dans la couverture des toits.
- Bac à forme :
- Bac à laver :
- Bac à terre :
- Bac à vesou : le "vesou" est un mot créole. C'est le jus obtenu par broyage de la canne à sucre, dont on tire le sucre.
- Bagasse : partie ligneuse de la canne à sucre qui reste dans les moulins, après l'extraction du jus sucré ; séchée, elle servait de combustible aux fourneaux des sucreries.
- Bain : "un bain de jambes" (trouvé dans un grenier).
- Bec corbin : bec-de-corbin. Bec recourbé en pointe.
- Bray : "un baril de Bray sec".
- Cabaret : coffret contenant un service à liqueur : "cabarets en fer blanc de diverses grandeurs".
- Cabrouet : sert à porter les sucres.
- cabrouétier : celui qui dirige un cabrouet.
- Cafeterie : habitation où pousse le café.
- Camion : "un camion avec ses roues".
- Canal :
- Canot à piler :
- Carré :
- Case à bagasse :
- Case à farine :
- Case à moulin :
- Case à nègres :
- Case à ouragan : case à toit renforcé qui, près des cases principales, servait d'abri en cas de grand vent ou de cyclones.
- Colombe : "une colombe et son fer".
- Couleuvre :
- Courbaril : "moulins à café construits en bois de courbaril et d'acoma".
- Crapaudine : filtre.
- Crible : appareil à fond plan perforé, utiliser pour séparerselon leur grosseur des fragments solides.
- Dame-Jeanne : grosse bouteille de grès ou de verre, contenant de 20 à 50 litres, souvent clissée (enveloppée d'osier, de jonc), pour le transport d'un liquide : "des dames-jeannes vides non empaillées".
- Equipage : "un équipage à cinq chaudières".
- Etuve :
- Fermen(t)s culs d'oeuf :
- Fil d'archal : fil de laiton.
- Formes : moules des pains de sucre.
- Gabbas :
- Galettes :
- Glacis : carrelage : "un carrelage ou glacis servant à faire sécher le café".
- Grage : grosse râpe servant à émietter le manioc.
- Gragerie : "une case à grager le manioc".
- Grandes cannes : cannes à sucre de première année.
- Grappes :
- Grapper :
- Jambière : morceau de tissu ou de cuir façonné pour envelopper et protéger la jambe.
- Limande :
- Maison : "la maison à loger".
- Marmailles : catégorie des enfants en bas âge (moins d'un an ?), dans la liste des esclaves d'une habitation.
- Merreins : "merrains". Planche obtenue en débitant un billot de bois dans le sens des rayons médulaires, et servant à confectionner les douves des tonneaux.
- Moulin à bêtes :
- Moulin à eau : "un moulin à eau avec digue et canal".
- Moulin à épailler : "un moulin à épailler le manioc".
- Moulin à griller : "un moulin à griller le café en cerises monté sur un chassis en bois de pays".
- Moulin à vanner : "un moulin à vanner le café".
- Moulin pour dépouiller : "un moulin en maçonnerie pour dépouiller le café dans son parchemin, avec sa meule, sa boîte et sa flêche".
- Pied : "mot français déformé en créole. Il indique à la fois l'extrémité de la jambe, mais aussi le tronc d'un arbre." (Pierre BONNET : Glossaire guadeloupéen ; dépôt, le 20.02.2008 ; http://www.GHCaraïbe.org/docu/docu.html)
- Plancher : dans une "cafeterie", endroit où sèche le café.
- Platine : "une platine ou poêle à faire cuire le manioc".
- Purgerie : "Bâtiment où l'on mettait le sucre à égouter dans des formes en terre, au temps de la fabrication du sucre terré" (Pierre BONNET : Glossaire guadeloupéen ; dépôt, le 20.02.2008 ; http://www.GHCaraïbe.org/docu/docu.html)
- Rayes : dents de moulin.
- Rejetons : (les 1er, 2e et 3e -) : cannes poussant sur les souches des cannes de la première année.
- Role : "un role de moulin" :
"Rool, énorme cylindre qui sert à écraser la canne. Les moulins à canne sont faits de trois rools. Il fallait rooler la canne; c'est-à-dire la faire passer dans le moulin. Avec le temps, la déformation du mot a donné rouler en français, puis woulé en créole. Avec le temps, ce verbe est devenu synonyme de travailler." ; le mot est d'origine hollandaise. (Pierre BONNET : Glossaire guadeloupéen ; dépôt, le 20.02.2008 ; http://www.GHCaraïbe.org/docu/docu.html)
- Roulage : (opération de -) : coupe des cannes et leur passage au moulin.
- Savane "(Savann) : mot arawak, qui aux îles désigne le pré, le pâturage, mais aussi les espaces verts des places publiques dans les villes." (Pierre BONNET : Glossaire guadeloupéen ; dépôt, le 20.02.2008 ; http://www.GHCaraïbe.org/docu/docu.html)
- Surâgé : catégorie des adultes très âgés (plus de 70 ans ?), dans la liste des esclaves d'une habitation.
- Tour : "un tour à barriques et sa corde".
- Vinaigrerie :
- Vivier :

Regarder de près le vocabulaire technique des habitations d'avant 1848, c'est une façon de "décrypter" l'état technologique de l'époque (en gros, la première partie du 19ème siècle) mais, au-delà de cet aspect technique, c'est mieux comprendre l'état social de la Martinique dans ses composantes blanche, noire et métisse. La plupart du temps, cependant, la description des habitations est succincte et les minutes notariales conservées sont souvent difficiles à lire, ayant été mal conservées avant le microfilmage. Néanmoins, certaines descriptions sont particulièrement utiles et parfaitement lisibles, car bien écrites et ayant parfaitement résisté aux ravages du temps.

Nous avons remarqué, tout particulièrement, la "photographie" de l'habitation dite "La Source", dans la commune "Le Marin", en août et novembre 1847, quelques mois donc avant l'abolition de l'esclavage. Nous en reprenons ci-après quelques extraits. Voici, "en vrac", quelques éléments de la description de cette habitation sucrière qui a fait l'objet d'un procès-verbal de visite les 23 et 24 août 1847.

En ce qui concerne la couverture des bâtiments, certains ont de la "paille", d'autres des "aissantes" et d'autres encore des "tuiles". Il est clair que l'utilisation de l'un ou l'autre de ces matériaux ne se faisait pas au hasard. Même chose pour les bois utilisés; On différencie bien les "bois de pays", les "bois du nord", les "bois blancs", "l'acajou", le "courbaril" et même le "bois de Balatas" (l'habitation est bornée au nord par l'habitation "Le Fonds Balatas", ceci expliquant peut-être cela). Autres différences, ce que l'on trouve sur le sol : une salle est carrelée en "carreaux de Provence" et une chambre est "planchéiée". Mêmes nuances en ce qui concerne les murs, certains sont en "maçonnerie" mais les 45 "cases à nègres" sont "palissadées en goëlettes" (et construites en "bois du pays"). Grand intérêt ensuite dans la description des bâtiments techniques. Une "rumerie" comprenant "sept pièces à grappes", une "chaudière en cuivre de la contenance de 1400 litres", un "chapiteau en cuivre", un "serpentin en étain", autant de descriptions évocatrices. Il y a une "case à tain à deux baignoires", une "lapinière ayant six loges et deux communes au dessus de laquelle il existe un pigeonnier", il y a aussi un "bâtiment circulaire en maçonnerie, la charpente étant en bois du nord couvert en aissantes" et "servant de moulin à bête ayant 14 m 8 cm de diamètre", dans lequel il existe "trois cylindres en fer formant le jeu de moulin reposant sur chassis en bois de balatas". Ces cylindres entourent des "roles de courbaril" qui ont chacun 65 cm de diamètre. On trouve encore un bâtiment servant de "sucrerie bâti en maçonnerie, charpente en bois du nord, couverte partie en tuiles et partie en aissantes". Il y a "quatre chaudières montées formant ce qu'on appelle un équipage".

Ainsi, il ne s'agit pas d'une simple description ou, de fait, c'est une description explicative. Même précision pédagogique pour la suite : "trois traits propres à mettre le sucre tiré des chaudières" et "un bec de corbin en cuivre" et "un bac en bois pour recevoir le vesou sortant du moulin" ou encore "une limande pouvant contenir 32 boucauts de sucre" et "au bout de laquelle limande il existe une chaudière en fer pour servir de récipient au sirop". Un petit bâtiment servait anciennement de "purgerie et d'étuve". Toujours pour les bâtiments de l'exploitation, une "case à bagasse construite en potaux de tendre acaïou avec charpente en bois blanc" et il est précisé : "ladite case pleine de chauffage" et puis encore "une platine montée dans une chaudière en fer", deux "cabanes de cabrouet" et "douze formes à sucre et vingt huit pots de raffinerie" et aussi "un four à cuire le pain" et, bien sûr, les bâtiments de l'habitation des propriétaires, les plantations de cannes à sucre, les animaux (boeufs et mules avec leurs noms) et les terres de l'exploitation avec une mention de la source qui est sur place (ce qui explique le nom de l'habitation).

Mais nous sommes en 1847 et il y a donc la liste des esclaves, 79 exactement, des vieillards aux nourrissons. On y repère certains métiers. L'une (septuagénaire) est "hospitalière", l'un est "cabrouëlier", une autre est "lessivière". Pour certains, il y a des notations qui sont faites pour justifier leur estimation mais qui apportent, en même temps, des précisions intéressantes. Par exemple, Adélaïde est "mariée à Bernard" (pourquoi cette unique exception ?), Flore a "son enfant à la mamelle nommée Flora" et il est ajouté : "Flore est infirme et ne fait presque plus rien sur ladite habitation" ; l'un est épileptique, l'une ne jouit pas d'une bonne santé, un autre est "infirme par suite d'une piqûre de serpent". C'est toute une humanité opprimée et souffrante que l'on doit mettre en regard des installations techniques ci-dessus soulignées.

Cette habitation a fait l'objet d'une adjudication conclue définitivement le 23 février 1848. Il serait intéressant de rechercher s'il y a eu un contrat d'association entre le nouveau propriétaire et les anciens esclaves devenus agriculteurs (entre juin et décembre 1848, environ). Si ce texte existait, il permettrait de faire une comparaison à quelques mois de distance. (Les actes concernant cette habitation se trouvent dans le minutier du notaire Victor GILMAINT, de Fort Royal, n° 513, aux Archives nationales, aux dates suivantes : 31.08.1847, 16.11.1847, 29.12.1847, 12.01.1848, 23.02.1848).

Toujours à la recherche de termes techniques et de contexte sociologique, à noter chez le même notaire les 10 et 21 janvier 1848, l'adjudication d'une "usine à vapeur", à Fort Royal, au lieu-dit La Pointe Simon (y compris un bateau à vapeur en fer appelé Le Fort Royal et quatre chalands en fer, tous au service de l'usine), avec la description précise du matériel. Et puis encore, toujours chez le même notaire mais dans un autre domaine, le contrat d'association d'une "habitation poterie", aux Trois Ilets, le 28 juin 1848.



Informations sur les conjointes et les conjoints de EUZET.
Voir aussi
Les patronymes des conjoint(e)s

AZIER Agnès ; x Romain EUZÈBE (fs Armand Germain et Florence BRISCAN, dénommée LOZEILLE), le 13.01.1934, à Rivière-Pilote (à compléter).

BRISCAN Florence fa naturelle Augustin BRISCAN (+ au Marin, le 13.01.1873) et de dame IPHAINE née DIAMANT (Rosa), cultivatrice au Marin ; ° le 26.10.1858, au Marin ; domiciliée au Marin ; couturière au Marin ; x Armand Germain EUZEDE, le 19.06.1880, au Marin.

CHANTELLY Magdelaine fa ? ; ° ? ; x Nazaire EUZET (fs Jules et Magdelaine VALIDE), le 26.04.1926 à (La) Trinité.

COCODY Léontine surnommée Louise fa Clémence COCODY (23 ans, sans profession, demeurant à Rivière-Pilote, elle ne sait pas signer, quand elle fait la déclaration de naissance de Léontine) ; ° 19.04.1897, à Rivière-Pilote, en la demeure de sa mère, "sise en ce bourg" (l'acte est du 22.05.1897) ; Clémence fait la déclaration et se reconnaît la mère de Léontine ; x Maximilien EUZET, le ?, à Rivière-Pilote ; + 03.05.1963, à Fort-de-France (+ indiqué en marge de l'acte de naissance).

DEGRAS Marcel-Joseph fs Joseph Marius et Julie Félicité MONDOR ; ° 31.01.1900, au Marin (à Morne Sulpice) ; x Edwige Firma EUZET, le 25.06.1927, à Rivière-Pilote ; + 18.12.1975, au Marin (toutes ces informations sur le site Geneanet de M. Jean Christophe DEGRAS - noté le 18.01.2017)).

FIDELE Constance ° vers 1861 ? ; fa de ? ; peut-être une soeur de Marie Elisabeth FIDELE ; mère de Raymonde, le 14.09.1901, "en leur demeure sise dans les hauteurs de cette commune" (Rivière-Pilote), certainement l'habitation "Escouët", le père étant "Valérien" EUZET, c'est-à-dire Joseph Valérien EUZET. Elle a alors 40 ans.

FIDELE Marie Elisabeth ° ? ; fa de ? ; domiciliée à Rivière-Pilote ; mère naturelle de 8 enfants de Joseph Valéry (Valérien) EUZET qui les a reconnus le 12.12.1898 ; la naissance des enfants va de 1883 à 1898 ; servante sur l'habitation Escouët (au moins en 1883) ; cultivatrice (en 1898) ; surnommée TOUSSINE ou FOUSSINE.

FORTUNÉ Colette x Florent EUZÈBE (fs Armand Germain et Florence BRISCAN, surnommée LOZEILLE), le 08.05.1930, à Rivière-Pilote (à compléter).

GERMAIN Jérémie fs Germain (né et domicilié au Marin, propriétaire ; + 14.07.1849 au Marin, "dans sa maison sise en campagne", âgé de 84 ans, fils de feue Luce, marié à Elisabeth Rosa) et Elisabeth dite Rosa (née dans la commune du Trou-au-chat, domiciliée au Marin).
- ° 11.07.1819, à Rivière-Pilote ; le 09.08.1819, le curé de cette commune fait fonction d'officier d'état civil et comparaît alors "la nommée Elisabeth dite Rosa négresse libre de cette paroisse" ; celle-ci présente un enfant né d'elle "le 11 juillet dernier à midi et auquel elle déclare vouloir donner le prénom de Jérémie" ; le 16.09.1833, au Marin (n° 43 du registre), Elisabeth dite Rosa (43 ans) épouse Germain (68 ans) ; elle est fille majeure et légitime de feu Jean Baptiste et de feue Marie Catherine, de leur vivant propriétaires en la paroisse du Trou-au-chat ; lui est fils de la négresse Luce ; à l'occasion de ce mariage, ils reconnaissent quatre enfants nés de leur cohabitation : Marie Luce, 18 ans née au Marin, Jérémie, 13 ans né à Rivière-Pilote, Charlotte, 11 ans née à Rivière-Pilote, Médelise dite Louise, 9 ans née au Marin ; ils ne savent pas signer. On voit ainsi que Jérémie GERMAIN est issu d'une famille de "libres de couleur" (au moins du côté maternel), dont l'origine se trouve à la mi-XVIIIème siècle et c'est par la reconnaissance de 1833 que Jérémie est devenu Jérémie GERMAIN. Les recherches menées par Mme Nathalie BUHOURS ont permis de remonter encore plus haut. En effet, le mariage de Jean Baptiste et de Marie Catherine se trouve au 29.04.1777, au Trou-au-chat. Jean Baptiste était lui-même le fils d'une négresse libre de Fort Royal qui est décédée au Trou-au-chat, Marie Louise. Quant à Marie Catherine, elle était la fille de parents également libres du Trou-au-chat : Jean Baptiste, nègre libre, et Justine, négresse libre. L'ascendance de Jérémie GERMAIN, pour ces trois générations, est reprise dans le schéma qui suit.



Les ancêtres de Jérémie GERMAIN

- Les parents de Jérémie GERMAIN possédaient une habitation au Marin, comme on le voit dans leur contrat de mariage, le 16.09.1833 (notaire CAILLET LA CARRIERE, microfilm n°175 aux Archives nationales). Ce contrat de mariage est signé, alors que Germain est âgé de 68 ans et que Elisabeth (dite) Rosa en a 43. Le fonds de terre est de 5 hectares, 17 ares 5 centiares (2240 F.), les plantations comprennent 8000 pieds de café (6400 F.), les bâtiments consistent en une maison "construite en bois du pays, palissadée en planches de bois blanc, couverte en paille et ayant un plancher au dessus de la chambre" (2000 F), une autre maison "servant de case à café (...) construite en bois du pays, palissadée en planches de bois blanc, couverte en paille" (1500 F), "une case servant au moulin à café construite en bois ordinaire, palissadée en gallettes, couverte en paille" (60 F), "une autre case servant de cuisine construite comme celle-ci (60 F), "une case à nègre" (60 F), les esclaves sont au nombre de quatre, "un nègre nommé Augustin âgé d'environ 21 ans" (1500 F), "une négresse nommée Genevieve âgée de 17 ans" (670 F), "une petite négresse nommée Marie Louise, âgée d'environ 5 ans " (300 F), "une petite négresse âgée de 5 mois" (50 F), soit un total de 14.840 F. Le contrat précise ensuite que "les dits biens sont à la vérité sous le nom de la future épouse seule, mais elle reconnaît par ces présentes n'en posséder que la moitié et que l'autre moitié appartient de plein droit au dit sieur Germain futur époux pour avoir reçu de lui, lorsqu'elle a fait l'acquisition de la dite habitation et dépendances, la moitié des fonds à ce nécessaire." Le contrat précise ensuite que la future possède en propre une portion de terre, au Trou-au-chat, de 86 ares 18 centiares de terre (666, 66 F). Pour le reste, il y a communauté de biens. Il est probable que cette habitation a dû être léguée à Jérémie GERMAIN, puisqu'il possédait aussi une habitation au Marin (au moins jusqu'en 1855).


La signature de Jérémie GERMAIN
(le 16.07.1881, témoin pour deux décès)


- Le 02.11.1882, Jérémie GERMAIN reconnaît être le père de Marie, fille naturelle de Sévérine EUZET, née au Marin, le 30.03.1851 (déclaration de naissance faite le 08.05.1851, au n° 61) ; il est alors "entrepreneur des routes" et a 63 ans (un an avant, il est indiqué "sans profession" dans deux actes de décès, à Rivière-Pilote, où il est témoin) ; il reconnaît bien plus tard, le 05.01.1899, être le père de Thomas Saint Ange, également fils de Sévérine EUZET, né le 27.01.1849, à Rivière-Pilote (inscription en marge de la déclaration de naissance faite le 07.03.1849, au n° 53, et la reconnaissance elle-même est le premier acte du registre de 1899, de Rivière-Pilote). Il a alors 79 ans, est domicilié dans la commune et signe l'acte de reconnaissance. Dans l'acte du 7 mars 1849, il est dit que Thomas Saint Ange est né "en la maison du citoyen Jérémie GERMAIN, située en cette commune" (c'est-à-dire à Rivière-Pilote, alors que Sévérine EUZET est alors domiciliée à Rivière Salée). En 1855, au Marin, le 21 novembre, Sévérine EUZET déclare la naissance de Jules, né "sur l'habitation Germain située en cette commune, le 19 octobre dernier". Il est probable que c'est aussi le cas, en 1853, quand Sévérine EUZET déclare la naissance d'Armand Germain, le 10 novembre ; celui-ci est né le 11 octobre "en sa demeure sise aux hauteurs de cette commune", au Marin. On déduit de ces informations que Jérémie GERMAIN avait une maison à Rivière Pilote et une "habitation" au Marin (pour celle-ci, au moins dans les années 1853-1855). Dans un acte du 08.09.1858 du notaire ESCH, du Marin, entre Etienne JOSEPH et Noël PÉROU, on voit que la petite habitation sise au Marin qui fait l'objet de leur transaction est "bornée au sud par celle de l'habitation Germain ci-devant AGASSAN et à l'ouest par une portion de terre dépendant de l'habitation Lescouet et vendue à Dame VICTORINE". Il résulte de ceci que l'habitation de GERMAIN au Marin était mitoyenne ou très proche de celle des LESCOUET, à Rivière-Pilote. On peut noter aussi que "Dame VICTORINE" ne fait pas partie des acheteurs de terres de l'habitation Lescouet qui sont signalés dans l'acte de 1852. Six ans après les ventes de terres de Lescouet, c'est soit la bénéficiaire d'une succession, soit d'une vente. Enfin, il est probable que Jérémie GERMAIN a vendu son habitation du Marin au dénommé AGASSAN. En 1870, il habite dans le bourg de Rivière-Pilote et il possède une petite habitation sur le territoire de Rivière-Pilote. Deux actes antérieurs de 1846 (le 27 juin et le 28 septembre, chez le notaire ESCH) montrent que c'est une ""habitation caféyère" mitoyenne de l'habitation Lescouet (peut-être l'habitation qui lui vient de ses parents). Il ne l'exploite pas lui-même, car il est surtout entrepreneur de construction et de travaux publics et c'est à cause de cette activité qu'il est accusé lors du procès de 1871 qui a suivi l'insurrection de 1870 (voir ci-après). Dans la liste des propriétaires d'esclaves en 1848, son nom n'est pas indiqué (par contre, il y a un certain Pierre Barnabé GERMAIN qui ne semble pas lui être apparenté, p. 162 du livre d'Oruno D. LARA et d'Inez FISCHER-BLANCHET - L'harmattan, 2013) mais cette liste n'est pas exhaustive.

- Un article de 37 pages (malheureusement non référencé) sur "L'insurrection du sud de la Martinique", de Gilbert PAGO (photocopié par M. Hervé ZÉNOKI, bibliothécaire de la Bibliothèque populaire de Rivière-Pilote, en avril 2003 ; c'est probablement tiré de l'Historial antillais, Dajani, tome IV, en 1981), complète ce que l'auteur a ensuite écrit dans son livre de 154 pages, intitulé : "L'insurrection de Martinique", en 2011, et dont certains extraits sont repris plus haut dans cette page. Il écrit dans cet article, à propos du procès : "Pour les autorités, il ne faisait pas de doute, il y avait bien eu complot. Voilà brièvement exposée la thèse : En septembre 1870, VILLARD, TELGARD, BOLIVAR, Léonce ELISE et Jérémie GERMAIN se constituaient en comité. Les réunions se faisaient chez VILLARD. "Ils voulaient organiser une insurrection qui, gagnant de proche en proche, aurait fini par s'étendre dans toute la colonie. Ils espéraient arriver ainsi à obliger la population blanche et les hommes des différentes couleurs qui seraient restés partisans de l'ordre, à abandonner la colonie dont ils auraient proclamé l'indépendance, et se seraient partagé les terres avec leurs affiliés et leurs complices (...) Quant à Jérémie GERMAIN, il avait nié mais il aurait été dénoncé par ses complices. Toujours selon le rapport de l'instruction (...) Jérémie GERMAIN servait d'intermédiaire entre les communes du Marin, de la Rivière Pilote et de la Trinité, il fournissait aussi des munitions aux insurgés (...). Marie MARIE-SAINTE est âgé de 16 ans, c'est la domestique de VILLARD ; ses déclarations au cours de l'instruction ont servi à établir la thèse du complot. Au Tribunal le Président donne lecture de sa déposition et en particulier ce passage "il y avait de nombreuses réunions dans la maison, composées de VILLARD, TELGARD, Léonce ELISE et BOLIVARD. On y disait qu'il fallait se tenir prêts pour le 22 septembre afin de chasser les blancs du pays, car ils avaient assez jouï". Réplique de Marie MARIE-SAINTE : "Monsieur FILASSIER m'a dit de dire cela et je l'ai dit". A une question du Président, "vous niez avoir vu Jérémie GERMAIN aller chez VILLARD et pourtant vous l'avez déclaré au juge d'instruction, elle répète la même phrase. Aucune déposition des témoins ne vient confirmer de manière précise la thèse du complot. (...). Les accusés les mieux entourés semblent être ceux qui avaient pu se payer un avocat : VILLARD, ex-instituteur et marchand, Jérémie GERMAIN petit propriétaire et entrepreneur de construction. Leurs défenseurs s'attacheront à relever les contradictions entre les dépositions des témoins mais pour obtenir l'indulgence du jury en faveur de leurs clients, ils s'efforceront de charger les autres inculpés. C'était un curieux procédé de défense car il brisait toute solidarité entre les inculpés. (...)"

- "Le terme habitants propriétaires est employé ici dans un sens ambigü. Il ne désigne tout à la fois le grand propriétaire blanc possesseur d'habitations, il désigne le moyen propriétaire noir possesseur de petites habitations acquises après l'abolition de l'esclavage que le petit propriétaire d'une minuscule exploitation familiale.(...)"
L'auteur donne ensuite les noms des 8 habitants propriétaires, dont Jérémie GERMAIN, âgé de 51 ans. L'auteur précise ensuite que sur les 8, "il y en a 6 qui sont de petits propriétaires dont on ignore leur âge et 3 d'entre eux ont besoin d'un interprète pour se faire entendre du tribunal. Seuls Jérémie GERMAIN et Eugène LACAILLE ont une situation meilleure. Jérémie GERMAIN habite le bourg, possède une petite habitation qu'il n'exploite pas lui-même car il est aussi entrepreneur de construction et obtient souvent des adjudications de la colonie. Eugène LACAILLE possède (...). Nous remarquerons l'âge élevé de ces derniers. Il s'agit de deux exemples de réussite sociale. On comprend toute la considération sociale qui pouvaient les entourer et le fait qu'ils furent désignés comme ayant été des chefs de l'Insurrection. (...) L'inculpation de complot retient surtout les noms de VILLARD (...), Daniel BOLIVARD (...), Louis TELGARD (...), Léonce ELISE (...), Eugène LACAILLE (...) et Jérémie GERMAIN : 51 ans propriétaire et entrepreneur de construction et de travaux publics. Jérémie GERMAIN et Léonce ELISE, tous deux habitent le bourg de la Rivière-Pilote et sont entrepreneurs de construction, par ce fait ils sont en fréquents déplacements à travers l'île. C'est ce qui leur vaut l'inculpation de complot, on les soupçonne d'être allés de commune en commune mettre en place un réseau insurrectionnel. Pas la moindre preuve ne sera apportée à cette hypothèse de l'instruction et ils seront acquittés. Leur situation sociale, leur position de membre des classes moyennes les poussent au compromis et leur allégeance à l'ordre sans compter de nombreux témoins à décharge suffiront à les disculper. (...) Le socialisme, comme doctrine, ne semble pas avoir été connu à cette époque d'aucun des chefs présumés de l'Insurrection. VILLARD, Léonce ELISE, Jérémie GERMAIN sont des membres de la petite bourgeoisie de couleur ; leurs déclarations quoique fermes et de bonnes tenues ne laissent point voir qu'ils auraient rompu avec leur classe sociale. Pour nous, cette insurrection est largement spontanée mais elle n'est pas fortuite. Trop de raisons de mécontentement existaient. Elle éclate à Rivière-Pilote ; ce n'est pas parce que une conjuration l'aurait décidée mais parce que dans cette bourgade, la situation sociale s'était récemment tendue (Affaire LUBIN, provocations de CODÉ, certaines contestations de l'autorité municipale). (...)."

- Le 01.05.1905, décès de Jérémie GERMAIN (acte du 2), à Rivière-Pilote ; il est dit âgé de 88 ans (ce qui ne correspond pas tout à fait à l''année de naissance : 1817, au lieu de 1819), cultivateur (ce qui veut certainement dire qu'il n'exerçait plus son métier d'entrepreneur de travaux publics, compte tenu de son âge), né au Marin (ce qui ne correspond pas à la reconnaissance du 16.09.1933 où il est dit né à Rivière-Pilote), domicilié en cette commune (Rivière-Pilote), fils de parents inconnus (ce qui est faux mais qui signifie qu'à cet âge avancé, on ne prenait pas la peine de rechercher dans les anciens registres, ce qui fut aussi le cas pour Sévérine EUZET), en la demeure de son fils le sieur Saint Ange GERMAIN, cultivateur, domicilié en cette commune (il s'agit, évidemment de Thomas Saint Ange EUZET qu'il avait reconnu le 05.04.1899, si tardivement que l'habitude avait dû rester de l'appeler GERMAIN ; il est probable aussi que son prénom usuel était Saint Ange, seul prénom qui est repris dans cet acte). Il ne faut pas oublier que, le plus souvent, les actes de décès étaient simplement déclaratifs, sans vérifications particulières quant aux noms, prénoms et lieux de naissance, d'autant plus que les gens se connaissaient de longue date.

LOUIS MARIE Jeanne fa naturelle de Marie Bonne LOUIS MARIE (cultivatrice, à Rivière-Pilote) ; ° 09.08.1893, à Rivière-Pilote (déclaration le 19.09.1893 où sa mère la reconnaît comme son enfant, née "en sa demeure sise sur les hauteurs de cette commune") ; x Joseph Polycarpe EUZET, le 18.06.1917, à Rivière-Pilote ; + 26.08.1936, à Saint Vincent, à Rivière-Pilote (information du mariage en marge de l'acte de naissance et du décès sur le site http://gw.geneanet.org/sdordonne2?lang.fr)

LOUIS MARIE Marie, surnommée Albertine : fa Marie Bonne LOUIS-MARIE, surnommée Albertine ; ° 18.06.1902, à Rivière-Pilote ; x Thomas Alexandre EUZET, le 23.08.1932, à Rivière-Pilote ; pas de Cm ; + 24.10.1980, à Rivière-Braie, commune de Rivière-Pilote (la déclaration de décès est faite par Louis EUZET).

LUDE Bernadin fs naturel reconnu de Rosiette LUDE (68 ans cultivatrice, domiciliée à Rivière-Pilote quand son fils se marie ; + 03.07.1892, à Rivière-Pilote, "en sa demeure sur l'habitation Bellefontaine", âgée de 78 ans, "fille naturelle de feue Jeannette LUDE") ; ° vers 1841 (il a 41 ans à son mariage), à Rivière-Pilote, "appert l'acte d'individualité lui tenant lieu d'acte de naissance" ; x Marie GERMAIN (fa reconnue de Jérémie GERMAIN et de Sévérine EUZET), le 20.11.1882, Le Marin ; pas de Cm ; propriétaire ; il signe ; parmi les quatre témoins, il y a Charlery LUBIN "surnommé Adolphe", domicilié au Marin et âgé de 71 ans (dans l'acte de vente de l'habitation Lescouet, en 1852, on voit que l'habitation Tocnay, à l'est de Lescouet, a pour propriétaire Adolphe LUBIN) ; à noter aussi que le LUBIN du fait divers qui joua le rôle de catalyseur de l'insurrection de 1870 est Léopold LUBIN, âgé de 22 ans au moment des faits et appartenant à une famille d'entrepreneur de travaux publics. or, Jérémie GERMAIN est indiqué comme étant "entrepreneur des routes", en 1882. On comprend que le mariage s'est fait dans le même milieu social ; le 10.11.1904, c'est dans sa maison que décède Rose EUZET (fille de Joseph Valérien EUZET et de Marie Elisabeth FIDELE) ; dans cet acte de décès (du 11.11.1904), elle est alors indiquée comme "dame veuve Bernadin LUDE, sa tante".



La signature de Bernadin LUDE
(le 20.11.1882)


MAGNUS Alexandre Florence fa Julien Sébastien MAGNUS (fs lui-même de Julien Clément MAGNUS et Marie CLÉON, son épouse ; ° 22.02.1862, au Marin ; cultivateur ; il signe Julien MAGNUS ; remarié en 1902, au Marin) et Elisabeth COLAS (° à Sainte Anne d'Emilie COLAS ; 38 ans en 1895 ; + 10.04.1900, à 43 ans, au Marin, "en sa demeure sise en cette commune au lieu dit Morne Sulpice") ° 26.02.1895, au Marin, "en sa demeure sise en cette commune au lieu dit Morne Sulpice" (déclaration le 29.03.1895) ; x Joseph Valérien EUZET (fs naturel Sévérine EUZET), le 02.07.1921, au Marin (selon les inscriptions en marge de leurs actes de naissance respectifs).

MARIE CATHERINE Laurencin fs ? ; ° en 1909 ; x Appolinnaire EUZET (fa Joseph Polycarpe et Jeanne LOUIS MARIE), le ? ; + en 1989 (informations sur le site de Mme S. DORDONNE)

PÉROU Bernadine fa Joseph Petit PÉROU (indiqué ainsi dans l'acte de mariage de Bernadine) et Marie-Néricia NAHANTE ; ° 25.06.1882, à Rivière-Pilote ; x Thomas Alexandre EUZET (fs Thomas Saint Ange et Marie Cécile TALOND), le 29.05.1906, à Rivière-Pilote ; + 19.09.1921, à Rivière-Pilote (les informations sur la date de naissance et la date de décès, ainsi que le premier prénom et le nom de sa mère, sont sur le site de M. Casimir FILIN)

RINNA Marcelle Félide fa ? ; ° ca 1910 ; x Clément Cécile EUZET ; (+) 22.09.2015, à Rivière-Pilote, âgée de 105 ans.

Félide EUZET, née RINNA
(archives de Mme Flora GERMAIN)


RINTO Emmélie (née RINNA) ° 26.05.1851, au Marin ; c'est le 04.07.1851 (acte n° 98) que sa mère déclare sa naissance et qu'elle la reconnaît comme sa fille ; elle précise qu'elle est née "en sa demeure sise en campagne" ; son nom est alors Emmélie RINNA ; fa de Lucile RINNA (elle ne sait pas signer ; "âgée de 37 ans, habitante vivrière domiciliée en cette commune", du Marin) et de Victorin RINTO (pour celui-ci, son nom est indiqué dans l'acte de décès d'Emmélie) ; cultivatrice ; domiciliée à Rivière-Pilote ; mère naturelle de Marie Horacia, le père étant Thomas Saint Ange EUZET ; elle ne sait pas signer ; + le 12.07.1897, au Marin, "en sa demeure sise en cette commune au lieu dit Le Morne Sulpice".

ROLLIER Raymonde, surnommée Léonie ; x Aman EUZÈDE (fs Armand Germain et Florence BRISCAN, surnommée LOZEILLE), le 18.04.1914, à Rivière-Pilote (à compléter).

SALOMON Agnès Pamphile, dite Julienne fa ? ; ° ? ; elle a un enfant naturel (Edvige Firma) de Thomas Alexandre EUZET (fs Thomas Saint Ange et Marie Cécile TALOND), le 07.11.1905, à Rivière-Pilote, enfant reconnu par son père, le 28.05.1906 ; cultivatrice à Rivière-Pilote.

TALOND Marie Cécile fa naturelle de la dlle Claire TALOND (cultivatrice propriétaire, domiciliée à à Rivière-Pilote) ; ° 13.05.1855 à Rivière-Pilote ; domiciliée à Rivière-Pilote ; x Thomas Saint Ange EUZET, le 19.03.1878 à Rivière-Pilote ; couturière ; pas de contrat de mariage ; à noter que parmi les cultivateurs de l'habitation de Mauny, le 28.09.1849 (contrat de la société entre le propriétaire François Joseph Ferdinand de MAUNY et les cultivateurs de l'habitation), il y avait une Claire TALOND, probablement la mère de Marie Cécile et, probablement aussi, ancienne esclave sur l'habitation de Mauny, à Rivière-Pilote ; elle ne sait pas signer ; présente au mariage de son fils Thomas Alexandre EUZET, le 29.05.1906, à Rivière-Pilote.

VALIDE Marie Magdelaine fa legitime de Jean Danis Biguioune VALIDE et d'Isabelle AGOT (propriétaire à Rivière-Pilote) ; ° vers 1864, à Rivière-Pilote (elle a 27 ans à son mariage) ; cultivatrice ; domiciliée à Rivière-Pilote ; x Jules EUZET, le 20.01.1891, à Rivière-Pilote.


Victor SCHOELCHER, médaillon sur son tombeau, au cimetière du Père-LACHAISE, à Paris
"Victor SCHOELCHER 1804-1893 - Libérateur des esclaves -
et son père Marc SCHOELCHER 1766-1832, furent
solennellement transférés au Panthéon, le 20 mai 1949"

(photo R.E., le 22.06.2010)



Méthodes

- Première phase d'analyse, en 2000, à partir des microfilms des registres paroissiaux, aux Archives nationales, à Paris. A la suite, un premier dossier a été ouvert sur cette branche des EUZET, dès la création du site Internet, à la fin de l'année.

- Deuxième phase, avec un article qui a alors résumé les premières découvertes ; cet article écrit en 2001 est paru seulement, en octobre 2002, dans "Généalogie et Histoire de la Caraïbe". Il est, aujourd'hui, largement dépassé.

- Troisième phase, avec un déplacement de quelques jours en Martinique, en avril 2003. Ce voyage a permis différents contacts et études au Marin, à Rivière-Pilote et à Fort-de-France (voir dans la partie "Références"). A l'issue, le dossier "Martinique" a définitivement pris corps sur le site Internet.

- Quatrième phase, dès 2004 mais toujours en cours, qui consiste à parcourir toute la documentation disponible (en particulier, grâce à la librairie "L'harmattan", 16, rue des Ecoles, dans le 5e arrondissement de Paris).

- Cinquième phase, qui a consisté à travailler avec des listes de diffusion généalogique sur la Martinique. D'abord, en février 2005 avec "Généalogie et Histoire de la Caraïbe" (ghcaraibe@listes.u.picardie.fr). Des précisions apportées par les chercheurs ont été ensuite exploitées à la Bibliothèque nationale de Paris permettant d'y voir plus clair sur les de LESCOUËT et de LA MAUNY (voir dans la partie "Références") ; ensuite, en juillet 2005, une inscription sur la liste de diffusion de Yahoo ! (cgw972) a apporté très rapidement la réponse sur l'origine de Sévérine EUZET (voir dans la partie "Références"). Ce sont des exemples parmi bien d'autres de l'utilité de ces listes et des services rendus par leurs bénévoles.

- Sixième phase (novembre 2005 - novembre 2006), avec l'étude des minutes notariales de la région de Rivière-Pilote, aux Archives Nationales, à Paris.

- Septième phase (fin 2006 - 2011), étude des mentalités par les marques de rhum, à l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI, à Paris et Compiègne) et analyse des minutes notariales de Saint Pierre et de Fort-de-France (on s'aperçoit que certains actes concernant Rivière-Pilote ont été passés dans ces villes à l'occasion d'un déplacement pour affaire ; on trouve, par exemple, cette phrase : "untel, propriétaire à la Rivière-Pilote, étant ce jour à Saint Pierre", qui justifie de "ratisser plus large". Enfin, à partir de 2008, recherche dans la presse, la littérature et développement des contacts avec de nombreux correspondants.

- Huitième phase (en 2016), avec un voyage à Rivière-Pilote, la remise de notre étude à Mme Flora GERMAIN (pour la famille EUZET) et à M. Hervé ZENOKI (pour la Bibliothèque de Rivière-Pilote), la présentation des résultats devant une cinquantaine de participants, lors d'une soirée consacrée à la culture martiniquaise, à Ravine-Braie, dans les mornes de Rivière-Pilote.



Avis de recherche

La multiplication des contacts avec celles ou ceux qui découvrent notre site nous entraîne quelquefois loin de notre propre recherche mais c'est la règle du jeu quand on a décidé d'utiliser ce support universel : Internet. C'est pourquoi, nous avons déjà plusieurs demandes de personnes qui recherchent les traces d'un de leurs ancêtres et qui pensent que notre site peut aider pour faciliter les découvertes (voir, par exemple, la demande de ce Chilien qui recherche son ancêtre LASSEUBE dans "Toulouse suite 1").

C'est pourquoi aujourd'hui (07.08.2009), nous plaçons un avis de recherche qui est en rapport avec la Martinique.



Qui est ce militaire martiniquais ?


Il appartenait au 22ème régiment d'artillerie, 66ème batterie, qui se trouvait basé à Versailles, le 03.11.1911. Son prénom est connu, Marcel, mais son nom est inconnu. Il était en contact avec Yvonne HOLAING. D'après certains échos, il était planteur (ou, du moins sa famille).

[Question posée par Madame Marie-Françoise PIERRE-LOBRY ; voir son message dans le "livre d'or"]





Questions

Dans le livre "Paroles d'esclavage -Les derniers témoignages", de Serge BILÉ, Alain ROMAN et Daniel SAINTE-ROSE, (Pascal GALODÉ éditeurs - 2011), à propos de la fin de l'esclavage, en 1848, il est dit dans un témoignage (p. 77) : "Ça s'est moins bien passé en revanche à Rivière-Pilote pour un autre blanc qui avait sa propriété. Il s'est caché pendant plusieurs jours, mais on l'a retrouvé, en suivant la dame qui lui apportait quotidiennement son repas, et on l'a tué."

Dans la troisième partie du livre (p.91), il est aussi écrit : "Réaction extrême et sans doute très rare : à Rivière-Pilote, un béké, particulièrement méchant et cruel, fut émasculé à l'occasion de l'abolition en 1848"

Qui est donc ce béké de Rivière-Pilote ? Quelle était son habitation ? Existe-t-il un article ou un livre qui relate cet épisode ?

(question écrite le 01.04.2011)

sommaire

haut de page

Martinique.

Martinique (suite 2)

Martinique (suite 3)

Martinique (suite 4)

Martinique (suite 5)

Nouveautés du mois