Paléographie latine (4)


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Le notaire Marcel ROUBAUD
(notaire des Matelles, dans l'Hérault - AD 34)




1/ Nouveau bail emphytéotique
2/ Publication de testament




1/ Nouveau bail emphytéotique d'une place à bâtir, à Saint-Jean-de-Cuculles (34), le 02.03.1472 (n.s.) ou 1471 (a.s.). Trois actes identiques pour ce bail : le premier pour Jean EUZET, le deuxième pour Antoine et Guillaume LATOUR, le troisième pour Jean BERTIN, aux Archives départementales de l'Hérault (2 E 95 605).



Premier extrait (1472 n.s.), avec trois versions

Deuxième extrait (1472 n.s.), avec trois versions

Troisième extrait (1472 n.s.), avec trois versions




Premier extrait (1ère version)





A/ Transcription

En tête : Novum actapitum Johannis de Euzeto

Ligne n° 1 : In nomine Domini, amen. Anno incarnationis Ejusdem
Ligne n° 2 : millesimo quadringentesimo septuagesimo primo et die
Ligne n° 3 : secunda mensis martii, illustrissimo principe domino Ludovico, Dei
Ligne n° 4 : gratia rege Francorum, regnante, noverint universi et singuli
Ligne n° 5 : presentes pariter et futuri quod in mei notarii publici et testium
Ligne n° 6 : infra scriptorum presentia, existens et personaliter constitutus
Ligne n° 7 : venerabilis vir dominus Deodatus Gassini, presbyter, in decretis
Ligne n° 8 : bactalarius, prior prioratus loci Sancti Johannis de Cocullis
Ligne n° 9 : vallis Montisferrandi et Magalonensis diocesis, sciens prout
Ligne n° 10 : dixit et actendens Johannem de Euzeto, loci de Triatorio, parrochie

B/ Traduction

Nouveau bail pour Jean EUZET

Au nom du Seigneur, amen. l'an de son incarnation mil quatre cent soixante et onze, du règne de très illustre prince messire Louis, par la grâce de Dieu roi de France, sachent tous et chacun, présents et à venir, qu'en la présence de moi, notaire public, et des témoins dessous écrits, établi et personnellement constitué, vénérable homme messire Dieudonné GASSIN, prêtre, bachelier en décret, prieur du prieuré du lieu de Saint-Jean-de-Cuculles au val de Montferrand et diocèse de Maguelone, sachant et connaissant ainsi qu'il le dit, que Jean EUZET, du lieu du Triadou, de la paroisse de

C/ Comparaison avec le même texte pour Antoine et Guillaume LATOUR (1er extrait, 2ème version)





D/ Comparaison avec le même texte pour Jean BERTIN (1er extrait, 3ème version)








E/ Graphie d'un mot : "Quod". (que)



(5ème ligne du 1er extrait - 1ère version)


(4ème ligne du 1er extrait - 2ème version)


(4ème ligne du 1er extrait - 3ème version)
La forme qui paraît la plus pure est dans la version 1, alors que dans la version 2, il y a une interférence avec le premier "t" du mot qui est au dessous ("constitutus") et de même dans la version 3, il y a une interférence avec le "ter" final du mot du dessous ("personaliter"). La difficulté est donc double : d'une part, les abréviations et, d'autre part, les mélanges de lettres.


Deuxième extrait (1ère version)





A/ Transcription

Ligne n° 1 : [-elis] videlicet quandam plateam ad faciendum hospicium sitam infra
Ligne n° 2 : communem clausuram dicti loci Sancti Johannis de Cocullis, confr[ontatam]
Ligne n° 3 : a parte ante cum carreria publica, et ab uno latere cum
Ligne n° 4 : quadam platea Anthoni et Guillelmi de Turre, fratrum, et ab alio
Ligne n° 5 : latere cum quadam platea nobilis Johanis Bertini, dicti loci de
Ligne n° 6 : Triatorio, et a parte retro cum quadam curte claustri prioratus
Ligne n° 7 : dicti loci et cum suis aliis justis et debitis confrontationibus,
Ligne n° 8 : cum omnibus suis juribus, introytibus, exitibus et pertinentiis
Ligne n° 9 : universis ; [item, sciens ulterius prefatus dominus prior, prout]

B/ Traduction

[el] (à savoir) une place à bâtir située sous la muraille commune dudit lieu de Saint-Jean-de-Cuculles, tenant d'une part, par devant, à la voie publique et d'un côté la place d'Antoine et Guillaume LATOUR, frères, et d'un autre côté, à la place de noble Jean BERTIN, dudit lieu du Triadou, et d'autre part, par derrière, à la cour du cloître du prieuré dudit lieu et à d'autres confins justement délimités, avec tous ses droits et toutes ses entrées, sorties et dépendances ; [item, sachant aussi et connaissant le susdit messire prieur, ainsi qu'il]

C/ Comparaison avec le même texte pour Antoine et Guillaume LATOUR (2ème extrait, 2ème version)





D/ Comparaison avec le même texte pour Jean BERTIN (2ème extrait, 3ème version)








E/ Essai de localisation des trois "places à bâtir"

- La place de Jean EUZET avait sur sa gauche la place de Jean BERTIN et sur sa droite la place des frères LATOUR ; elle donnait par devant sur la "voie publique" (une rue) et, par derrière, sur la cour du cloître du prieuré.
- La place des frères LATOUR avait sur sa gauche la place de Jean EUZET (séparée par un mur) et sur sa droite l'église ; elle donnait par devant sur la "voie publique" (une rue) et, par derrière, sur le cloître du prieuré.
- La place de Jean BERTIN avait sur sa gauche le mur d'enceinte et sur sa droite la place de Jean EUZET ; elle donnait par devant sur la "voie publique" (une rue) et, par derrière", sur le cloître du prieuré.

Quand on se souvient que le mas du Triadou et ses dépendances était aussi divisé en trois parties entre ces trois familles, on peut facilement imaginer qu'il y a eu une époque où ces trois places contiguës (et aussi le mas du Triadou) étaient réunies entre une seule main. Le partage a dû être la conséquence d'alliances matrimoniales qui ont suivi l'acquisition et les reconnaissances de 1442 par Mathieu EUZET (le grand-père de Jean). Les dimensions respectives de ces places ne sont pas indiquées mais on peut penser aussi qu'elles n'avaient pas forcément des surfaces identiques si l'on se réfère au mas du Triadou. En effet, on sait qu'en 1456 (seize ans auparavant), le mas appartenait pour moitié à Guillaume et Antoine LATOUR, pour un quart à Jean EUZET et pour un quart à Jean BERTIN, c'est-à-dire les mêmes protagonistes que dans ces trois actes de 1472. (voir Le Triadou (1))

Il est plus délicat de situer ces places par rapport à aux murailles des fortifications. Dans l'acte EUZET, il est écrit qu'elle est "sous la muraille commune" ; dans l'acte LATOUR, il est dit qu'elle se trouve "sous la muraille commune de la nouvelle enceinte" et dans l'acte BERTIN, on voit que la place est située "sous la muraille neuve de la nouvelle enceinte" , cependant qu'elle tient d'un côté "au mur de l'enceinte". Avec prudence, on pourrait conclure que les murs des fortifications longeaient le prieuré et son cloître ainsi qu'un côté de la place de Jean BERTIN. On aurait donc, "de haut en bas" et successivement, la muraille, le cloître, les places et la rue, et, "de gauche à droite", la muraille, la place de Jean BERTN, la place de Jean EUZET, la place d'Antoine et Guillaume LATOUR et l'église (qu'il faut probablement confondre avec le prieuré lui-même).

Troisième extrait (1ère version)





A/ Transcription

Ligne n° 1 : [scriptum]. Acta fuerunt hec omnia et singula supradicta in dicto loco
Ligne n° 2 : Sancti Johannis de Cocullis et in carreria publica juxta portale novum
Ligne n° 3 : dicti loci, presentibus testibus nobili Johanne Bertini, Anthonio de
Ligne n° 4 : Turre, predicti loci de Triatorio, Arnaudo de Arnavelhu, parrochie
Ligne n° 5 : predicti loci Sancti Johannis de Cocullis, et me, Marcello Robaudi,
Ligne n° 6 : habitatore de Matellis, publico auctoritate regia notario, qui de premissis omnibus
Ligne n° 7 : et singulis requisitus instrumentum in notam recepi.

Sumptum est instrumentum.

B/ Traduction

Et toutes et chacune des choses dessusdites furent faites audit lieu de Saint-Jean-de-Cuculles, sur la voie publique, près de la porte neuve dudit lieu, en présence de noble Jean Bertin, Antoine Latour, dudit lieu du Triadou, Arnaud Arnavielle, de la paroisse dudit lieu de Saint-Jean-de-Cuculles, témoins, et de moi, Marcel Roubaud, habitant des Matelles, notaire public par l'autorité royale, qui, ayant été requis sur toutes et chacune des choses dessusdites, en ai reçu l'instrument en note.

L'instrument a été dressé.


(à compléter)

C/ Comparaison avec le même texte pour Antoine et Guillaume LATOUR (3ème extrait, 2ème version)





(à compléter)

D/ Comparaison avec le même texte pour Jean BERTIN (3ème extrait, 3ème version)





(à compléter)




2/ Publication de testament après le décès d'Arnaud EUZET, au Triadou (34), à la requête de son frère Jean EUZET, le 24.03.1457 (n.s.) ou 1458 (a.s.), aux Archives départementales de l'Hérault (2 E 95 600).



"tutorque testamentarius" = et tuteur testamentaire

On retrouve ici le "que" caractéristique du "et" joint à un nom.




"cujusquidam papiri cedule" = ladite cédule de papier

Selon le "Vocabulaire historique du Moyen Âge", sous la direction de François-Olivier TOUATI (la boutique de l'Histoire Editions, 2000), cédule est un nom féminin qui vient du latin sceda, scedula qui signifie : bande de papyrus découpée ; il s'agit donc d'un feuillet d'un manuscrit ou d'un cahier. Dans cet extrait, on note aussi que le j s'écrit i dans le premier mot, soit cuiusquid(am) et que sa terminaison se déduit du contexte (am).




"et in carreria publica" = et sur la voie publique

La difficulté avec ce notaire réside souvent du fait que les jambages de lettres des lignes du dessus (comme ici les deux S qui empêchent de voir la totalité du mot "carreria") débordent sur la ligne du dessous. Il faut alors se servir du contexte pour transcrire complètement le mot qui est en partie caché.




"nomine quo supra exponens" = déclarant au nom que dessus

Formule que l'on retrouve à de nombreuses reprises dans l'acte pour rappeler que celui qui parle a été identifié plus haut. Le premier mot est souvent réduit sous la forme que l'on voit ci-dessous :



"nomine quo supra exponens" = déclarant au nom que dessus

"Nomine" est ici sous forme abrégée.




"etc. pone ut in precedenti usque ad finem" = etc. Reprendre intégralement la formule précédente

Formule classique qui évite au notaire de recopier plusieurs fois le même texte pour chaque audition de témoin. "etc." termine la phrase précédente.




"etc. cape ut in precedenti usque ad finem" = etc. Recopier intégralement la formule précédente

Légère modification de terme pour la même formule : "cape" au lieu de "pone". Le "c" de "etc." est plus développé.




"etc. cape ut in precedenti usque ad finem" = etc. Recopier intégralement la formule précédente

La formule est identique mais ... le clerc commençant à se fatiguer à recopier toujours la même chose, le mot "usque" est plus difficile à lire et le mot "finem" est abrégé. Le "c" de "etc." est plus court.




"et requisivit sibi fieri publicum instrumentum per me, notarium infrascriptum" = et requit que lui soit fait un instrument public par moi, notaire souscrit

Sur la ligne du dessus, on lit : "supra dictis, dictus Johannes de" = dessusdites, ledit Jean (de) ; sur la ligne du dessous, on lit : "dictamine et consilio cujuslibet" = sous la dictée et avec le conseil de quiconque. Dans le texte original, la mention "et requisivit" est précédée de : "petiit" = demanda, ce qui donne la formule complète : "demanda et requit".

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