La lignée des EUZET du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc (34).

Les branches des Matelles.
(T 16 suite 2)



"Ce qu'il faut c'est une confiance absolue dans les valeurs qu'on enseigne et ne pas négocier ses passions. Je commence toujours par dire aux jeunes : si une passion se saisit de vous, consacrez-lui votre vie, même si vous ne pouvez l'expliquer, la justifier socialement. Vous avez une chance folle d'être possédé par quelque chose qui s'est éveillé en vous." George STEINER, "le bonheur d'enseigner", interview par Aliette ARMEL, p. 99 du Magazine littéraire n° 427 de janvier 2004 (le thème : "HOMERE, les métamorphoses d'Ulysse")

Espace de calme aux Matelles
(photo J.C.E., le 08.07.2004)

Les Matelles au Moyen-Âge.
Les Matelles sous la Révolution (1775 - 1800).
Les Matelles en 1950.
L'instituteur Louis FONTAINE.
Les anciennes familles des Matelles.




Les Matelles au Moyen-Âge

Voir
La "République" de Montferrand : et Le château de Montferrand.



Les Matelles sous la Révolution (1775 - 1800)



Extraits de la brochure de l'exposition réalisée du 27 octobre au 17 décembre 1989 au musée des Matelles, par Bernard et Michelle CORNILLON et Pierre GRAU du Groupe "Histoire des Matelles" (Foyer rural des Matelles). Les documents proviennent des Archives départementales de l'Hérault, les illustrations de la revue Gavroche (Editions Floréal, Evreux) et le dessin de couverture est l'oeuvre de Sabine HUGOUNNENC

Table des matières :

Les Matelles et la Révolution

Le cahier de doléances
Créations de la commune et du canton
Election du premier maire
Adhésion du canton à la constitution
La fédération
La destruction des actes féodaux
La symbolique révolutionnaire : les prénoms républicains, les fêtes révolutionnaires, la fête de la souveraineté
La guerre : réquisitions et conscription, déclaration de la patrie en danger

La vie quotidienne aux Matelles

Agence France Presse
Société communautaire et propriété privée
Création d'un poste de garde terre
Une géographie qui sépare : redéfinition des paroisses du canton, le chemin des Matelles
La vie agricole
L'école
La démographie
Les patronymes. Les artisans
Les contribuables les plus aisés. Les matellois les plus démunis
Le curé
Les conflits entre matellois
Le budget de la commune en 1792
Convention pour la fourniture de la viande
Salubrité des rues ... et des esprits ?


Le cahier de doléances des Matelles (Extrait 1)

(...) Aux Matelles, c'est Claude ROUMIEU, bourgeois de Montpellier mais propriétaire aux Matelles, qui aida à la rédaction du cahier de doléances. Ce dernier n'a pas été retrouvé, mais on en connaît un peu la teneur grâce à un discours de C. ROUMIEU, devenu par la suite le procureur de la commune. Ainsi la communauté matelloise avait elle demandé :

"la suppression de la dîme, des fiefs, des droits féodaux, des milices, de la gabelle, de la taille, de la capitation, et autres impôts onéreux et arbitraires pour les remplacer par un dixième national sur tous les sujets en général, c'est-à-dire sur les fruits et revenus des possessions et industries, et sans distinction, pas même pour le roi pour l'exemple, la suppression des pensions accordées par faveur, la réduction de certaines fêtes royales, divers encouragements pour l'agriculture, l'égalité des poids et des mesures. Enfin figuraient aussi dans ce cahier, des observations sur la multiplication des abeilles en France où on est obligé d'aller chercher la cire dans l'étranger, sur les oliviers qui ne peuvent être remplacés que par des pépinières, et sur la plantation des bois près des villes et dans les endroits incultes.

Pour participer à l'élection des députés aux Etats Généraux pour la Sénéchassée de Montpellier, la communauté des Matelles délégua Jean Baptiste GRAS, oncle, Jacques GRAS, neveu, Jean ICARD et Jean PLAGNIOL.


Election du premier maire des Matelles (Extrait 2)

Le 24 janvier 1790, dans une salle de la maison presbytérale, sont assemblés les électeurs des Matelles, après convocation par sons de cloche et crieur public.

Au deuxième tour est élu maire à bulletins secrets, Jean Baptiste GRAS, oncle (17 voix) devant Jean PLAGNIOL, aîné (15 voix) et Jean ICARD, aîné (1 voix). Deux officiers municipaux sont aussi élus : Jean ICARD, aîné et Jean SABATIER. L'assemblée ayant mis huit heures pour aboutir à ces trois élections, il est trop tard pour celles des six notables et du procureur.

L'assemblée est donc convoquée à nouveau le 22 février dans l'église des Matelles. A cette seconde assemblée, sont élus notables : Jean BOUISSIERE, Joseph CANCEL, Jean GRAS dit petit, Jacques GRANIER, Jean Baptiste ARGELLIERS et François CRES (ce dernier élu au bénéfice de l'âge devant Jean MARTIN). Enfin Claude ROUMIEU devient procureur de la commune.

Celui qui était jusque là le premier citoyen de la commune, le premier consul Jean Balthazar GRAS, est sommé par le nouveau maire de donner le chaperon, insigne de sa fonction, ainsi que les clés et les archives de la maison commune.

Jean baptiste GRAS fut réélu deux fois et resta donc maire jusqu'au 6 décembre 1793. Jean PLAGNIOL le remplaça par la suite, fut réélu lui aussi deux fois et démissionna le 23 frimaire an V (13 décembre 1796) en même temps que les deux autres maires du canton (VIDAL de Saint Jean et FOURNEL de Saint Clément).

Ce furent ensuite Jean SABATIER jusqu'au 10 germinal an V (30 mars 1797) puis Jean AZEMAR.

Tout au long des onze années de la révolution, 22 personnes ont participé à la direction de la commune (Conseil Général de la commune) mais à peine la moitié d'entre elles eurent un rôle très actif :
Jean Baptiste ARGELLIERS, Jean AZEMAR, Jean BOUISSIERE, Joseph CANCEL, Guillaume CANCEL, fils, Augustin CALAGE, François CRES, Philippe CELLIER, Jean Baptiste GRAS, oncle, Jean GRAS dit petit, Jacques GRANIER, Pierre GRAS, Jean ICARD, aîné, Jean ICARD, père, Fulcrand MAUMEJEAN, Jean MARTIN, Jacques PERRIDIER, Jean PLAGNIOL, aîné, Claude ROUMIEU, Jean SABATIER, Jean SADDE, Fulcrand TOURIERE.

La destruction des actes féodaux (Extrait 3)

Il est courant mais faux de penser qu'après la nuit du 4 août 1789, il n'y avait plus de droits seigneuriaux. Ceux dont le seigneur pouvait prouver l'existence continuaient à être dus. C'est pourquoi on assista un peu partout en France à des destructions spontanées d'actes féodaux avant même que des lois organisant ces destructions.

Suite aux lois du 25 août 1792 et du 17 juillet 1793, Guillaume TRIAIRE, notaires aux Matelles et Marie DOMBRAS, veuve de l'ancien notaire MAUMEJEAN, déposèrent en mairie onze cahiers de reconnaissances féodales consenties aux divers particuliers de la commune par les évêques de Montpellier, anciens seigneurs de la vallée de Montferrand.

PLAGNIOL et MAUMEJEAN furent chargés de biffer et rayer tous les actes concernant ces droits féodaux. Ceux-ci furent ensuite brûlés dans une cérémonie publique.

Cérémonie matelloise de la destruction des actes déodaux (11 brumaire an II - 1er novembre 1793)

En exécution de votre arrêté du 13 octobre (vieux style) portant que les titres et cartes réunis au greffe par le citoyen TRIAIRE notaire et la veuve MAUMEJEAN concernant les droits féodaux et seigneuriaux, seraient brûlés ce jourd'hui sur la place de cette ville en votre présence, celle de la Garde Nationale et du peuple assemblé, conformément à l'article 3 de l'arrêté du district du 5 septembre dernier.

J'ai en conséquence requis la Garde Nationale de se rendre sous les armes sur la place de cette ville pour assister à la cérémonie auguste du brûlement des dits titres. J'ai aussi invité par une adresse, le peuple à s'y trouver sur les 4 heures du soir. J'ai enfin fait préparer tout ce qui était nécessaire à cette cérémonie. Je vous requiers donc, citoyens, à faire porter tous les dits titres sur la dite place et à vous y rendre pour y mettre le feu et rester présents à leur brûlement.

Le Conseil Général de la commune, considérant que ce jour tant désiré par les vrais républicains est enfin arrivé, que des restes de l'esclavage dont les tyrans se servaient pour nous avilir vont être livrés aux flammes, considérant que ce jour à jamais mémorable sera celui où la tyrannie verra totalement la destruction et que sur ses débris naîtront la gloire et le triomphe de la république.

Le Conseil ayant égard à la réquisition du procureur de la commune, arrête : que les titres et actes dont il s'agit seront de suite portés sur la place publique de cette ville et qu'il assistera en corps à la cérémonie auguste du brûlement des dits titres, qu'il charge en conséquence les citoyens PLAGNIOL, maire et SABATIER, procureur de la commune, de mettre le feu aux dits titres.

Et à l'instant, le Conseil s'est mis en marche avec le citoyen TRIAIRE, juge de paix du canton des Matelles et le citoyen MAUMEJEAN son greffier, étant accompagnés d'une députation de la Garde Nationale. Etant arrivé sur la place publique où le brûlement était préparé, la Garde Nationale s'y est trouvée sous les armes ainsi que tout le peuple qui s'était assemblé, il a été fait un discours analogue aux circonstances. Après quoi les citoyens PLAGNIOL, maire et SABATIER, procureur de la commune ont mis le feu au bûcher qui renfermait les titres et actes dont il s'agit, qui a duré pendant plus d'une heure, dans lequel temps il a été chanté l'hymne "Allons enfants de la patrie". Les cris de "Vive la république, une et indivisible", "Vive la montagne de la Convention" et "Vivent les sans-culottes" ont retenti de toutes parts. Après cela, et le feu consumé, le Conseil Général s'est retiré dans la maison commune et la séance a été levée à six heures du soir.



Société communautaire et propriété privée (Extrait 4)

S'il est une idée fausse qui a la vie dure, c'est celle du paysan français individualiste forcené, attaché depuis l'aube des temps à la propriété privée. Dès le Moyen Âge, les paysans s'étaient groupés en communautés villageoises, système d'entraide et de défense contre les seigneurs nobles ou bourgeois. Mais le 18e siècle vit le début du déclin de ces communautés. En 1789, les possédants obtiennent le droit de clore leurs terres et d'y interdire les usages communautaires. La révolution accéléra encore ce mouvement.

Aux Matelles, en 1789, c'est encore la République de Montferrand et ses consuls. Par exemple, la cloche, l'horloge, le logement et le salaire des régents des écoles sont du ressort de la communauté, de même que la sécurité et l'approvisionnement en viande. Mais déjà toutes les terres, même non clôturées, ne sont pas utilisées collectivement. Cela n'allait pas sans certaines résistances, telles que laisser paître des troupeaux un peu partout...

Après un certain nombre de plaintes, le conseil général décide de créer un poste de "garde terre", ancêtre du garde champêtre. Cette création, ainsi que les buts affichés de la garde nationale lors de sa constitution ("veiller tant à la conservation des propriétés qu'à la sûreté des personnes"), sont un des aspects de cette mutation d'une société partiellement communautaire en une société de propriété privée."


Une géographie qui sépare (Extrait 5)

(...) La disparité des unités de mesure : ainsi aux Matelles, 1 séterée (unité de surface) = 100 destres et 1 destre = 18 pouces carrés. Mais à Saint-Bauzille-de-Montmel, 1 séterée = 100 destres et 1 destre = 13 pieds 6 pouces carrés, alors qu'à Prades, 1 séterée = 80 destres et 1 destre = 18 pouces carrés. Ces différences d'unités pour des villages proches sont le reflet de communautés peu mobiles et tournées sur elles mêmes.

(...)

L'école aux Matelles (Extrait 6)

Avant la troisième république, la France n'était pas un désert scolaire. Depuis les lettres royales de 1698, un effort de scolarisation avait été entrepris, essentiellement pour contrer l'influence du protestantisme qui, lui, avait compris l'importance de l'instruction de tous les enfants. C'est pourquoi les instituteurs devaient être agréés par les autorités catholiques.

En 1789 aux Matelles, il y avait deux écoles (peut-être une pour les filles et une pour les garçons ou une pour les plus petits et une pour les plus grands). Les deux instituteurs ("le régent et la régente des écoles") s'appelaient Marianne CUMINAL et Jean Baptiste SADDE. SADDE avait succédé en 1785 à Antoine CAULET qui n'était resté qu'une année à l'école des Matelles. Auparavant, pendant au moins dix ans, c'était René GALABERT qui était le régent des écoles. M. CUMINAL et J.B. SADDE étaient rétribués par la commune (150 et 200 livres respectivement), mais parfois avec beaucoup de retard : le 13 janvier 1796, SADDE présente une pétition à l'administration cantonale car lui et sa collègue n'ont pas été payés depuis début 1793 ...

Dans le canton, les écoles étaient peu nombreuses. Pour avoir une idée de l'impact de celle des Matelles sur l'alphabétisation des matellois, nous avons recherché dans quelle proportion, les nouveaux époux et épouses savaient signer leur acte de mariage.


Le % d'alphabétisation

70 % des mariés nés aux Matelles savent signer contre 42 % de ceux qui sont nés ailleurs. Ces proportions sont de 27 % et 6 % pour les femmes. La présence d'une école au village permettait donc à une plus grande proportion des jeunes matellois de savoir au minimum signer. Cependant ce bénéfice, même s'il existe, est bien moindre pour les jeunes femmes ; l'instruction des femmes n'était pas encore entrée dans les moeurs (contenu de l'enseignement, fréquentation de l'école ...).

Démographie (Extrait 7)

Les années de révolution n'ont pas fondamentalement changé les mouvements démographiques aux Matelles. La population matelloise est une communauté en quasi équilibre (+ 15 habitants tous les 10 ans). Notons cependant l'année 1794 qui fut la plus sombre : 6 naissances pour 16 décès (beaucoup d'enfants de moins de 5 ans).

La moitié d'une classe d'âge mourrait avant 20 ans, un tiers avant 5 ans. Passé le cap de 5 ans, la longévité moyenne était de l'ordre de 51 ans car 13 % arrivaient au-delà de 75 ans.

Pour la période considérée (1775 à 1799), le doyen fut Jacques DELMAS qui mourut en 1785 à 92 ans.

A cette époque, on ne restait pas célibataire (3 cas de décès de célibataires au-delà de 35 ans) et peu d'enfants naissaient hors mariage. Jusqu'à un âge avancé, les veufs et les veuves se remariaient rapidement après leur veuvage.

Naissances, mariages et décès, de 1775 à 1799

Les patronymes (Extrait 8)

Une cinquantaine de patronymes étaient représentés dans le village. certains sont encore présents actuellement.

ARGELLIERS-ARNAUD-AUDEMART(ou Audema ou Audemar)-AVIGNON-AZEMARD(ou Azema)-BACHEIROU-BARRANDON-BASTIDE-BOISSIERE-BOUISSIERE-CALAGE-CANCEL-CATHALAN-CELLIER-CHAUVET-COLARD-CRES-DEJEAN-DELMAS-DOMMERGUE-ESTEVE-EUZET-FAGES-FARNIER-FLAVARD-FOURCHET-GALABERT-GAUD-GELY-GERVAIS-GRANIER-GRAS-ICARD-JEAN-JEANJEAN-LAFFOUX-LAVERGNE-LESTRECH-MARTIN-MARTINIER-MAUMEJEAN-NOUGAILHAT-PERRIDIER-PLAGNIOL-RECOULLY-ROUBIEU-ROULLY-ROUSSET-ROUX-ROUMIEU-SABATIER-SADDE-SERANNE-TOURRIERE-TRIAIRE.

Le plus fréquent était sans conteste celui de GRAS. Des GRAS pouvaient apparaître aussi bien dans les contribuables les plus aisés que parmi les plus démunis, aussi bien être l'ancien consul (avant la révolution) - Jean Balthazar - que le premier maire des Matelles - Jean Baptiste -. Actuellement, il n'y a plus de GRAS aux Matelles.

Certains de ces patronymes ont donné ou pris leur nom de localités ou lieux-dits de la région : ARGELLIERS, ARNAUD, BOISSIERE, CALAGE, GALABERT, GELY, PLAGNIOL.

Les artisans matellois
(Extrait 9)

A côté des fermiers, travailleurs de terre, bergers ou jardiniers, un certain nombre d'autres corporations existait dans notre commune :

Aubergiste : Jean FLAVARD, Antoine GELY (à la Baraque) ; Cabaretier : André ROUBIEU, Laurent FAGES ; Cordonnier : Jean AUDEMAR, Jean CANCEL, Georges DEJEAN, Fernand ARNAUD, Guillaume CANCEL ; Maréchal ferrant : Joseph CANCEL, Jacques GRAS ; Boulanger : Fulcrand BOUISSIERE ; Charbonnier : Jean BACHEIROU ; Négociant en bois : Etienne SABATIER ; Maître maçon : Jean ROUSSET ; Chirurgien : Antoine COLARD, Jacques ROULLY, LAVERGNE ; Notaire : Guillaume TRIAIRE, Fulcrand MAUMEJEAN ; Instituteur : Jean SADDE, Marianne CUMINAL.

Les contribuables les plus aisés
(Extrait 10)

les dépenses de la commune reposent d'abord sur la part des contributions foncière et mobilière qui revient à la commune. Si cela ne suffit pas, le Conseil Général impose les contribuables les plus aisés. C'étaient eux qui avançaient l'argent des dépenses communales en attendant que l'administration départementale ordonne au percepteur de débloquer les fonds.

En 1792, les contribuables les plus aisés des Matelles étaient : Baptiste ARGELLIERS, Augustin CALAGE, Joseph CANCEL, COLLET (propriétaire aux Matelles mais habitant à Roubiac-Cazevieille), Jean EUZET, Pierre FLAVARD, Hyacinthe GAUD (curé des Matelles), GIRARD (habitant Montpellier), Jacques GRANIER, Jean Baptiste GRAS (oncle), Jean GRAS (neveu), Pierre GRAS, Jean ICARD, Jacques ICARD, Jean Baptiste MARTIN, Jacques PERRIDIER, Jean PLAGNIOL, Joseph PLAGNIOL (du Triadou), Jean RECOULY, André ROUBIEU, la veuve ROUX, Jean SABATIER, la veuve VINEZAC (du domaine de Cambouse).

Les matellois les plus démunis
(Extrait 11)

La météo des années 1788, 1792 et 1793 a été particulièrement mauvaise. L'état attribua des aides qui furent réparties et distribuées par le Conseil Général. De plus, en période de soudure, des comités de subsistances étaient créés comme en germinal an II. Ils devaient collecter dans un grenier public le grain et toute la farine que possédaient les matellois, puis les redistribuer équitablement à toute la population. Ce grenier était situé dans une salle de la maison curiale.

Le 23 ventose an II (13 mars 1794), le Conseil Général répartit l'aide de 110 livres envoyée par le ministère de l'Intérieur. Ne concernant ni les parents des volontaires partis à la guerre, ni les indemnités pour intempéries, cet argent était réservé aux "vieux, infirmes ou chargés de nombreuse famille que le produit de leur travail ne peut nourrir complètement". Ainsi, reçurent 10 livres : René GRAS, Jean SADDE, Antoine ROUMIEU, Barthélémy NOUGALHAT, GRAS dit Milhau, Fulcrand FAGES, Jean AUDEMA, la veuve ROUSSET, la veuve de Bernard CATHALAN.

Le curé des Matelles
(Extrait 12)

En 1789, Hyacinthe GAUD était prieur et archiprêtre des Matelles. C'est lui qui officiait et s'occupait de l'église dédiée à Saint Roch et dont les objets de culte appartenaient à la confrérie des Pénitents Blancs et à celle du Saint Sacrement.

A cette date, GAUD percevait la dîme et tous les revenus décimaux attachés à la dominicature des Matelles (prieuré, bois, terres labourables, vigne). Il se réservait les coupes de ses bois et affermait les autres terrains. Ces revenus s'élevaient alors à 1200 livres pour un capital estimé à 3000 livres.

Du 16 au 21 mars 1789, il participa à Montpellier à la rédaction des cahiers de doléances des clergés séculier et régulier de la sénéchaussée de Montpellier.

Suite aux lois sur la constitution civile du clergé (12 juillet 1790 et 27 novembre 1790), le dimanche 6 février 1791, Hyacinthe GAUD prêta serment à la constitution et devint ainsi un "curé jureur". Il était alors payé par l'Etat sur la base de 1200 livres par an plus 100 livres pour les frais de culte.

Escaliers dérobés aux Matelles, le 08.07.2004
(photo J.C.E.)

C'est en septembre 1792 que fut créé l'état civil. Le 13 novembre de cette année, le Conseil Général élit Jean Baptiste SADDE comme officier civil, responsable de la tenue de l'état civil (naissances, mariages, décès). Quatre jours plus tard, GAUD remit au maire et au procureur de la commune, vingt registres (baptêmes, mariages, sépultures) remontant jusqu'en 1652.

Le 23 décembre de la même année, après l'élection du nouveau Conseil Général, Hyacinthe GAUD fut élu officier public, fonction dont il démissionna le 21 avril 1793 ; il fut alors remplacé par Augustin CALAGE.

Le 2 février 1793, le maire et les officiers municipaux firent l'inventaire de ce que contenait l'église devenue bien de l'Etat.

Enfin, le 16 frimaire de l'an II (6 décembre 1793), GAUD déclara devant le directoire du district de Montpellier, vouloir renoncer à la prêtrise. Il remit les clés de l'église ; tout ce que contenaient les armoires de l'église fut envoyé au district et la cloche descendue pour être fondue.

La maison presbytérale qui regroupait quatre chambres, une cuisine, un salon, une écurie et une cave fut alors utilisée pour le logement de l'instituteur, l'école, et les séances de l'administration municipale du canton. L'église quant à elle, servit à partir du 2 vendémiaire an VII de temple décadaire pour les cérémonies révolutionnaires.

Hyacinthe GAUD mourut le 10 floréal an II à l'âge de 66 ans. Le bénédictin Joseph MILLON le remplaça jusqu'au 5 vendémiaire an VI quand, à 73 ans, il voulut se retirer en Italie.

Les conflits entre matellois
(Extrait 13)

En 1791 sont créés les juges de paix de canton. leur rôle était d'essayer de concilier des plaignants. Faute d'un accord amiable, ceux-ci pouvaient aller devant le tribunal d'Instances.

François BALARD, père, fut élu juge de paix le 4 avril 1791. Habitant Saint-Martin-de-Londres, il déménagea pour les Matelles, chef-lieu du canton, où il officia.

Les conflits les plus fréquents qu'il rencontra étaient des histoires de loyers impayés ou contestés, d'héritages, de dots et de dettes. Le juge de paix était aussi autorisé à garantir un accord, après nomination d'arbitres reconnus, afin d'établir un partage du vivant du propriétaire.

Après BALARD, les juges de paix furent Guillaume TRIAIRE (notaire de la vallée de Montferrand) de janvier 1793 à décembre 1794, puis BALARD jeune, de décembre 1794 à mars 1798, afin à partir de mars 1798, Jean PLAGNIOL.





Les Matelles en 1950

1/ Extraits de la brochure intitulée : "Monographie de la commune des Matelles" ; réalisée et rédigée par P. TRINQUIER, instituteur, et les élèves du cours moyen et de la classe de fin d'études de l'école des Matelles (numéro spécial des "Echos des Matelles") - Juillet 1950, édité par la coopérative scolaire des Matelles.



Un travail des élèves de l'école des Matelles

Dans la préface de ce petit ouvrage, Paul MARRES, professeur de géographie à la Faculté des Lettres de Montpellier, écrit en août 1950 : "(...) C'est donc à la cellule communale qu'il faut descendre pour prendre une connaissance précise et féconde de la réalité rurale avant de s'élever aux synthèses et aux planifications. La monographie locale scientifiquement conduite est à la base de toute recherche efficace. Monsieur TRINQUIER, l'instituteur du petit village des MATELLES, a eu non seulement le mérite de nous présenter, sous une forme condensée, le type même d'une de ces monographies, mais plus encore peut-être, d'avoir associé ses élèves à ses enquêtes. Il leur a appris à voir, à se passionner pour un problème, même si on ne le résoud pas comme celui de l'exploration du dédale souterrain de la Grotte du LIROU. Il leur a fait comprendre que l'effort collectif est indispensable à toute oeuvre, même modeste. (...)"

Chapitres :

- 1 - Le sol
- 2 - Le climat
- 3 - Les eaux
- 4 - La population
- 5 - L'habitat
- 6 - L'agriculture
- 7 - Spéléologie
- 8 - Au fil des jours
- Conclusion
- Cartes.

Extraits du chapitre 4 sur la population :

"La population : L'état-civil et divers recensements font ressortir une diminution constante du nombre d'habitants dûe :
- à l'excédent des décès sur les naissances.
- à la diminution du rapport mariages/naissances
20/120 pour la décade 1815-1825
30/40 pour la décade 1935-1945
- à l'abandon du village par beaucoup de jeunes.

Le recensement de 1946 comparé à celui de 1866 fait apparaître en même temps un vieillissement marqué de la population.

Parallèlement, on note une diminution suivie de certaines catégories de travailleurs, artisans, bûcherons, charretiers, commerçants, dûe :
- à la diminution des consommateurs,
- aux facilités accrues des moyens de transport.
- à l'extension de la culture de la vigne."


Extraits du chapitre 5 sur l'habitat :

"Le vieux village : Les maisons aux très petites fenêtres sont bâties sur le roc. Elles paraissent hautes car les rues sont très étroites. Les pierres sont apparentes ainsi que les rochers des fondations.
Les portes sont surélevées et chaque maison a un escalier de quelques marches plaqué contre la façade.
Les rez-de-chaussée, autrefois locaux de travail, sont tous voûtés : dans le pays on les appelle des "grottes". Cette méthode de construction maintient la fraîcheur en été et la chaleur en hiver.
Le vieux village est entouré de remparts percés de trois porches. Les rues sont très étroites et nombreuses, les maisons hautes.
Le soleil ne pénètre pas beaucoup dans les rues ou dans les maisons qui ont de très petites fenêtres. Au milieu du pâté de maisons, se dresse le vieux clocher trapu. Nos ancêtres étaient très prévoyants car le village est très bien défendu.

Matériaux de construction : Les constructeurs du village, le vieux surtout ont utilisé la pierre du pays, un calcaire gris et très dur dont quelques carrières abandonnées montrent l'origine.
Les hauteurs du village portent les vestiges de nombreux fours à chaux rustiques : leur nombre laisse supposer qu'ils approvisionnaient la construction locale mais aussi la région.
90 % des maisons sont restées fidèles aux tuiles rondes dites romaines, que les ans ont si agréablement patinées de rose, de jaune et de vert.

Le confort : L'enquête a porté sur toutes les familles du village et a donné les renseignements suivants
électricité : 80 soit 80 %
butane : 40 soit 48 %
radio : 39 soit 48 %
eau courante : 6 soit 7 % (sur 83 foyers)
Ces chiffres montrent clairement combien il est urgent de résoudre la question de l'eau du village.

L'eau potable : Au Vieux village, 2 puits, le PUITS NEUF et le PUITS de la PLACE (autrefois inclus dans les remparts) desservent environ 200 personnes, tant au point des besoins domestiques que de ceux des cultures. Bien souvent, en période de sécheresse, le second assure seul le service. Dans le reste du village, une trentaine de puits particuliers donnent l'eau à une centaine d'habitants quand la sécheresse ne les tarit pas.
Le SYNDICAT INTERCOMMUNAL D'ADDUCTION D'EAU du PIC St LOUP a été créé pour amener l'eau de l'HERAULT jusqu'à une douzaine de villages de notre région."


Extraits du chapitre 6 sur l'agriculture :

"Répartition des sols : (...) L'extension de la culture de la vigne s'est faite au détriment des terres labourables d'une part, et, d'autre part, la facilité des moyens de transport, la moindre nécessité de vivre en économie fermée, ont encore réduit la surface de ces dernières.
(...) En 1949 : Terres 105 hectares, Vignes 320 hectares, Pâtures 370 hectares, Bois 751 hectares.

Le chiffre de 105 hectares est celui du cadastre : en fait, la superficie des terres labourables ne doit pas dépasser 60 hectares.

La vigne dans la commune : 320 hectares sur 1600 hectares au total.
Beaucoup moins importante autrefois ; il y en a toujours eu à la Matte, au Pioch, à Malpaillas, à Vias. (...)

La récolte des olives se fait au mois de Décembre ; la cueillette est faite à la main, par des ouvrières le plus souvent (payées 75 f l'H. en 1949), Ce travail est assez souvent rendu pénible par le froid ou le vent. Une ouvrière peut cueillir environ 25 kg d'olives dans sa journée.

Les différentes variétés d'olives de la région sont : la pichouline, la verdale, la blanche, la lucque (olives de table) - la rougette, l'olivière, la doucette (olives à huile) ; ces deux dernières variétés sont les plus productives.

La quantité d'olives portée par un arbre varie entre 4 et 10 kg suivant les variétés et les années, 100 kg d'olives fournissent en moyenne 18 l d'huile. (...)

La commune des Matelles possède actuellement 2713 oliviers déclarés (contre 4900 en 1936)

L'ancien moulin à huile des Matelles : L'ancien moulin à huile des Matelles fut jusqu'en 1909 le plus important de la région. Le 10 décembre une équipe de 6 meuniers venait de St Guilhem-le-Désert et restait souvent jusqu'au 15 janvier pour assurer la marche du moulin. Traditionnellement la femme du patron leur fournissait la soupe cependant qu'eux apportaient la "saucisse de chèvre" qui constituait le reste de leur repas. Le moulin était formé d'une grande cuve en pierre où l'on plaçait les olives, recouverte d'une meule broyante actionnée par un cheval. Une fois les olives réduites en pâte, on les éboullantait, puis on les plaçait dans des "cabas". Les "cabas" étaient mis entre deux pièces en fer entre lesquelles descendait une poutre commandée par une manivelle ; sous sa pression, le mélange d'eau et d'huile s'écoulait dans un bassin ; en refroidissant, l'huile remontait à la surface et était recueillie par deux hommes avec une pelle plate. L'eau restante tombait dans un trou, le "trou d'enfer", et l'huile qu'elle contenait encore constituait le bénéfice du patron du moulin : cela s'appelait la "fraude". Le bassin communiquant avec le trou d'enfer contenait quelquefois une couche de 50 cm d'huile à la fin de la saison.

L'élevage : l'élevage du mouton est en régression : alors que, voici 40 ans, on comptait plus de 3000 bêtes dans la commune, seuls demeurent des troupeaux groupant environ 600 têtes. La transhumance est pratiquée (vers l'Aigoual et la Lozère) ; les troupeaux fournissent laine et viande de boucherie. Les chèvres (une trentaine) donnent lait et fromage. Quelques vaches laitières fournissent la totalité du lait consommé dans la commune. L'apiculture est assez peu pratiquée : trois ruchers groupent environ 80 ruches. On n'atteint pas la centaine en y ajoutant les quelques ruches isolées.

Les bois : L'exploitation des chênes de la garrigue a constitué pendant longtemps une ressource importante pour la commune. Bûcherons, charretiers et charbonniers étaient nombreux alors. Les nouveaux modes de chauffage des fours de boulanger, l'emploi généralisé du charbon pour les besoins domestiques, l'apparition de nouveaux et plus rapides moyens de transport ont obligé toutes ces catégories de travailleurs à rechercher une autre activité en leur enlevant leur clientèle la plus importante, Montpellier.

La crise de combustible provoquée par la dernière guerre a redonné pendant quelques années une nouvelle impulsion au bûcheronnage mais un fléchissement se marque qui risque fort d'aboutir à la quasi disparition de cette source de revenus. Un seul point noir : comment nos garrigues panseront-elles, les plaies qu'un déboisement souvent inconsidéré leur a fait. Des hectares de garrigues sont maintenant réduits à une pierraille inculte : quelles en seront les conséquences sur le régime des eaux et la conservation des terres ?

Muriers et vers à soie : L'existence d'un grand nombre de mûriers prouve que l'élevage des vers à soie dut tenir une grande place dans l'économie du village. On y dénombrait en effet 35 magnaneries, pièces spécialement aménagées pour l'élevage des vers. On retrouve encore dans quelques maisons les claies de roseaux et le poële spécial destiné à y maintenir la température voulue (17°). Souvent aussi la magnanerie était voisine de la bergerie, afin de profiter de la chaleur dégagée par les moutons. Là aussi, une source de revenus s'est tarie, tuée par l'apparition sur le marché de la soie artificielle. (...) La dernière magnanerie a cessé de produire vers 1938.

Extraits du chapitre 8 intitulé : "Au fil des jours" :

La poste : la poste aux Matelles a changé plusieurs fois de maison. Elle a d'abord été chez Mr LOUSTEAU (Révolution) puis chez Mr ROUX, puis au presbytère, ensuite là où habite Robert ARNAUD. Enfin, en 1893, elle s'installe où elle est actuellement.


Vieux village, l'ancienne poste sur la place du château

Vers 1900, la diligence laissait le courrier à la Pierre plantée. Le facteur allait la chercher à 19 heures pour le distribuer le lendemain. Il faisait sa tournée à pied par Saint Mathieu jusqu'à Valflaunès, soit une quarantaine de kilomètres aller et retour. La tournée actuelle est divisée en deux : un des facteurs fait 22 km, l'autre 15 : ils desservent 4 communes.

La distillerie : Sur la place, se trouve la distillerie qui dégage une odeur écoeurante de vinasse et d'alcool. Au milieu des tonneaux et des bonbonnes, l'ouvrier travaille : un tonneau se vide dans une comporte, le vin est pompé dans l'appareil. Le patron arrive et vérifie des registres. Par un tuyau, la vinasse coule dans la rivière : l'ouvrier vide l'eau-de-vie dans une bonbonne.

La conclusion :

Que ressort-il de cette étude ? Jusqu'au début du siècle, des activités variées ont permis à une population assez nombreuse d'utiliser au maximum les ressources d'un terroir ingrat : vigne certes, mais aussi céréales, bois, charbon de bois, vers à soie, moutons, carrières, fours à chaux, artisanats divers. Ces activités ont été peu à peu réduites, concurrencées par le charbon, la soie artificielle, les nouveaux moyens de transport : une partie de la population a émigré vers des tâches nouvelles. Que restait-il ? la viticulture ... Le passage d'une activité humaine multiforme à la monoculture a détruit l'ancien équilibre sans en créer un nouveau. Terres souvent ingrate, rendements faibles, fléaux atmosphériques, éparpillement des parcelles limitant la culture mécanique, font que le viticulteur de chez nous mène une lutte perpétuelle pour subsister. Ceci demande une véritable foi dans le sol natal : souhaitons qu'elle demeure vivace pour "maintenir" une communauté si riche d'aspects et de souvenirs.



2/ Une lettre de Maurice CHAUVET, à sa première visite aux Matelles, en 1950 (éditée dans le n° 43 - Noël 1974, du Bulletin du Syndicat d'Initiative de Montpellier, article de Pierre PANNOUX intitulé : "les Matelles, berceau de la préhistoire".

En souvenir de notre ami Maurice CHAUVET, à sa première visite aux Matelles, il y a 24 ans, cette lettre :
LES MATELLES : un petit village blotti sous son clocher carré, dans une verdoyante cuvette qui contraste étonnamment avec le vert des garrigues environnantes. Délaissé par la grand'route, qui le connaît ?... à plus d'un titre, il mérite visite...
Du pont qui enjambe le lit pierreux d'un modeste torrent, on découvre avec surprise un bloc compact de maisons bâties à même les anciens remparts. L'enceinte ainsi humanisée s'ouvre actuellement sur l'extérieur par trois porches : encore celui de la place était-il autrefois inclus dans les remparts ainsi que son puits originel abrité sous un énorme platane. Ruelles étroites, maisons tout en hauteur, où, autrefois, de la cave au grenier, chaque activité saisonnière avait sa place, du blé au vin en passant par les "magnans" ; arcades mises là comme pour soutenir une façade chancelante, escaliers extérieurs, vastes porches où les troupeaux transhumants trouvaient un gîte sûr : le visiteur est reporté huit siècles en arrière, huit siècles pendant lesquels rien n'est venu rompre le charme archaïque de l'ancienne capitale du Val de Montferrand.
Malgré les destructions subies lors des dernières luttes religieuses (démantèlement des remparts et destruction de l'église), malgré quelques fenêtres timidement Renaissance, le vieux village demeure authentiquement médiéval et les deux portes, au Levant et au Couchant, auxquelles ne manquent que les lourds battants de chêne bardés de fer, en sont le sceau.
Mais qui voudra parcourir les garrigues environnantes et visiter le Musée qui sous peu s'ouvrira dans le village même, parcourra une plus étonnante route : millénaire après millénaire, remontant de l'âge du bronze à celui du fer, de là aux civilisations pastorales néolithiques et enfin aux manifestations rares encore du paléolithique quand le renne hantait nos pays, il saisira d'un seul coup d'oeil la continuité de la présence humaine et sa densité dans une région aujourd'hui désertée par les hommes.
Outre les trésors de son passé préhistorique, Les Matelles offrent encore au promeneur les multiples aspects souterrains : la Grotte du Lirou et son irritant problème hydrologique. l'Aven de la Barraque, profond de 160 mètres et de nombreuses autres cavités trouant de-ci, de-là, le dur calcaire gris. Et, quand le visiteur reprendra la route, le paisible village évoqué au début aura fait place dans son souvenir à une communauté attirante, riche de mille aspects, humble joyau serti dans l'écrin sombre des garrigues où sans nul doute il aimera un jour porter encore ses pas.



L'instituteur Louis FONTAINE.



Louis FONTAINE

Il s'appelait Louis FONTAINE.
Il se donnait beaucoup de peine
Pour faire entrer dans nos cervelles
Calcul, grammaire, sciences naturelles.
Nous l'aurions préféré plus doux.
Il manifestait vivement son courroux
Disant à Gustave : "Pose tes lunettes"
Avant de lui donner des tapes sur la tête.

Pour lui, la science était reine.
Du fabuliste La FONTAINE,
L'homonymie n'était pas vaine.
Monsieur nous expliquait la fable.
C'était, ma foi, une morale aimable.
De notre France, il racontait l'histoire
Qu'il fallait conserver en mémoire.

Entre copains, nous nous aidions
A bien répondre à ses questions.
Comme j'étais souvent dans la lune,
Des gifles je n'en ratais pas une.
Pourtant, je ne regrette rien,
Au certif, j'ai eu mention bien.
Dans la vie, rien ne vient sans peine,
C'était l'avis de Monsieur Fontaine.

Il y avait aussi les récréations.
Avec entrain nous nous amusions.
L'amitié nous liant tous avec franchise :
Paulette, Reine, Francine, Elise…
Je ne peux pas citer tous les noms !
Et y ajouter tous ceux des garçons.
Mais ce temps-là fut le meilleur de ma vie
Et parfois j'y songe avec envie !

Mademoiselle Eline EUZET †
(poème de -)

(CD-ROM "Les Matelles : une histoire de terre, de pierres et d'hommes", textes et photos publiés par le Foyer rural des Matelles, selon les termes de la "licence creative commons", partie relative aux Hommes, chapitre sur l'Ecole.)



Les anciennes familles des Matelles.


Les (de) LIRON(E)

Ce patronyme est écrit de LIRONE dans la transcription du cartulaire de Maguelone par J. ROUQUETTE et il est écrit de LIRON par LOUVET dans l'inventaire du gros chartrier de Montpellier.

- Dans le tome 3 (2) du cartulaire de Maguelone, p. 1099, dans la rubrique des "actes oubliés" (des tomes précédents), on trouve l'acte très important des "Usages, cens et albergues de la val de Montferrand", du 14.01.1258 (a.s.) = 1259 (n.s.). Parmi la liste, il y a Bernard et Pierre de LIRONE mais sans précision du lieu

- Dans l'inventaire de LOUVET du "Gros chartrier", de Montpellier, il y a de nombreuse mentions de la famille de LIRON, au XIIIe siècle :

- 11.02.1227 (n° 2529 à 2531) : Jean de LIRON, curateur de Bernard de VALBUXIÈRE (testament de celui-ci, des Matelles, en 1319). Coté 1325.

- 17.03.1269 (n° 2547) : sentence contre Raymond de LIRON et autres.

- 12.12.1270 (n° 2892) : accord pour Bernard et Pons de LIRON, frères. Coté 1270.

- 10.02.1277 (n° 3875 à 3879) : emphitéose pour Raymond de LIRON, fils de Guillaume, des Matelles ; une pièce de terre confronte Raymond de LIRON, fils d'autre Raymond ; une autre pièce confronte avec les enfants de feu Bernard de LIRON.

- 11.02.1277 (n° 2395) : achat que fait Jean de LIRON, des Matelles. Coté 1290.

- 23.09.1286 (n° 2894) : emphitéose pour Raymond de LIRON, fils de Raymond, notaire des Matelles. Coté 1286.

- 10.07.1287 (n° 2538) : vente par Raymond de LIRON, fils à feu Raymond de LIRON, notaire des Matelles, à Jean de LIRON, des Matelles, pour une moitié indivise et à Guillaume de LIRON, des Matelles, pour Pierre, Jean et Pons de LIRON, fils de feu Bernard de LIRON, frère dudit Guillaume, pour une autre moitié indivise.

- 20.03.1290 (n° 2395) : instrument pour les frères Pierre, Jean et Pons de LIRON, habitant des Matelles. Les biens confrontent Raymond de LIRON. Coté 1290.

- 20.03.1296 (n° 2539) : reconnaissance par Bernard de LIRON, fils de feu Raymond, notaire des Matelles.

- 21.10.1298 (n° 2541) : Pons de LIRON et Guillaumette, sa femme, des Matelles.

- 30.01.1299 (n° 2628) : vente que fait Guillemette, femme de Pons de LIRON, des Matelles, de la volonté et commandement de son mari, à Pons de CAIROL, de la paroisse de Saint-Gély-du-Fesc (...) Coté 1299.

- 13.08.1299 : vente par Bernard de LIRON.

- 25.09.1300 (n° 2549) : acte de pardon demandé par Guillaume de LIRON (feu et cabane de forestier brûlée dans le bois de Valène).

- 08.10.1352 (n° 2543) : terre aux Matelles qui confronte Raymond de LIRON. Coté 1352.

- 04.08.1388 : vente par Guillaume de LIRON, fils de Guillaume. Coté 1338.

Tous ces actes concernent les bois, garrigues et pâturages du bois de Valène, notamment au tènement de Taurier. D'autres familles des Matelles sont indiquées dans ces actes des consuls de Montpellier (soit directement soit par les confronts des terres) : VAL BUXIÈRE (VALBOISSIÈRE ?), DALMAS, GILABERT, PELHER (ou PELHIER), MAUCOS, ROCHE, GUILLAMON.


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