La lignée des EUZET du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc (34).
Les branches de Villeneuve-lès-Maguelone.
(T 15 suite 2)
L'ancienne église Saint-Pierre, ensemble ouest.
"Il faut aller voir, à une lieue de Montpellier, à l'heure du couchant et si possible en
dehors des mois d'été, ce monticule de sable livré aux vents : il témoigne, avec sa cathédrale
dressée dans le mirage, du goût pointilleux de l'homme pour le néant" Gaston BAISSETTE. "Ce
pays de Montpellier", p. 30. Causse et Cie. Montpellier. 1970
Le portail occidental de l'ancienne église Saint-Pierre, en
mars 1888 ...
avec des graffiti de 1853, 1872 et 1879 : l'imbécillité est de tous les siècles !
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A la tombée du jour, le 19 septembre 2009, l'arrivée sur "l'île" de Maguelone par le frêle cordon qui la relie à Villeneuve-lès-Maguelone, les vignes à l'ombre de l'église, le portail occidental et ses magnifiques sculptures. (photos J.C.E., le 19.09.2009)
Chroquis de Maguelone par Maurice de DAINVILLE
LE TEMPOREL
Première partie
1
Militibus tulit ecclesias, comitesque coegit
La puissance s'était visiblement déplacée, en même temps que transformée, dans nos parages melgoriens : l'Eglise y
primait l'Etat.
2
Les premières lignes de la reconnaissance qui suit, à Melgueil, le 31.03.1395
"Au nom du Seigneur. Amen. L'an de la Nativité 1395, indiction troisième, le dernier jour du mois de mars, et la première
année du pontificat du très-saint père en Christ le pape Benoît XIII. Sachent tous, présents et à venir, que le
révérendissime père et seigneur en Christ, messire Antoine, par la permission divine évêque de Maguelone, comte de
Melgueil et de Montferrand, seigneur de Sauve, de Durfort, de Brissac et de la Marquerose, arrivant d'Avignon avec un nombreux et respectable
cortège d'ecclésiastiques et de séculiers, et se dirigeant vers Melgueil, pour y prendre possession du comté dont cette
localité est le chef-lieu, vinrent à sa rencontre jusqu'au pont de Saint-Brès, près de Lunel, noble Etienne
de Lanche, Pierre Audibert, Pierre Roussel et Pierre Lodeuc, consuls dudit Melgueil, en compagnie de plusieurs autres honorables habitants, portant pliée la
bannière aux armes dudit comté".
3
Cette peinture de MARSAL est dans le n° 227 (septembre 1926) du "Journal illustré" Chanteclair.
Il ne suffit pas toutefois d'enregistrer ces servitudes et prérogatives ; il importe d'en voir les conséquences. Car nos évêques
ne se faisaient pas reconnaître seulement pour la forme des droits d'albergue ; et à défaut de service militaire, dont on avait
rarement lieu de s'acquitter envers eux, ils excellaient à établir compensation pour le paiement promis. Le Registre ou Cartulaire
épiscopal, déjà si souvent cité, offre là-dessus les détails circonstanciés les plus
caractéristiques (91).
4
Notes
Pièces justificatives
( p. 326 de son article : Les églises romanes du diocèse de Montpellier
dans le tome II des Mémoires et documents de la Société archéologique de Montpellier, en 1940).
A lire absolument l'article d'Alexandrine GARNOTEL (chercheur associé à l'UMR 5140 CNRS Lattes-Montpellier) sur "Maguelone. Une cathédrale dans la lagune" qui se trouve dans le n° 501 de juillet-août 2012 de la revue Archéologia. En voici deux extraits (le début et la fin de l'article) :
"La fameuse cathédrale de Maguelone ne s'est pas toujours dressée, solitaire, sur une île de la lagune. Les fouilles récentes ont mis au jour tout une agglomération qui fleurit entre le IVe et le VIe siècle, et qui sera à l'origine de l'implantation du clergé sur ce site." (chapeau de l'article)
"Emergeant de la lagune littorale languedocienne, à quelques kilomètres au sud de Montpellier, l'île de Maguelone accueille le siège épiscopal du diocèse à partir du VIe siècle, jusqu'à son transfert à Montpelllier au début du XVIe siècle. Depuis cette date, l'île de Maguelone est toujours située à l'écart du tissu urbain, seuls s'y trouvent deux bâtiments construits au XIXe siècle pour l'exploitation viticole et l'ancienne cathédrale Saint-Pierre qui s'élève toujours au sommet de l'île. L'édifice roman témoigne de plusieurs campagnes de construction initiées au XIe siècle par une première reconstruction, suivie d'un agrandissement dès la deuxième moitié du XIIe siècle, la cathédrale étant achevée au tout début du XIIIe siècle. Les bâtiments dévolus au chapitre canonial et à la résidence de l'évêque trouvent quant à eux leur aboutissement au début du XIVe siècle. L'isolement apparent de Maguelone, située à l'extrême frange sud de son diocèse qui s'étend jusqu'au Vigan dans les Cévennes, posait la question de ce choix singulier pour l'implantation d'un siège épiscopal, qui de fait semblait installé bien à l'écart de la population. Un programme de recherche de l'UMR 5140 du CNRS mené depuis 1998 a apporté quelques éléments de réponse, fouilles et prospections ayant enrichi considérablement l'histoire de l'île elle-même. (...)"
(...) "le dossier est loin d'être clos et l'ensemble canonial n'est que partiellement exploré ; il faut donc espérer que d'autres fouilles viendront compléter nos connaissances sur ce site majeur de l'histoire languedocienne."
Nous avons recopié, ci-dessous, l'étude d'A. GERMAIN sur "Le temporel des évêques de Maguelone et de
Montpellier",
publiée en 1879, et ceci pour deux raisons. D'abord, parce que cette étude est très difficile à trouver. Pour notre
part, nous l'avons découverte sous forme de photocopies à l'Institut d'études méridionales de l'Université de
Toulouse-le Mirail (cote Z-2-180). La deuxième raison concerne le thème lui-même qui permet d'enrichir notre propre site Internet.
En effet, comme pour "La République de Montferrand" de J. ROUQUETTE, cette étude apporte un éclairage particulièrement précis et original
sur un sujet complexe et très rarement étudié. Les notes explicatives au texte sont nombreuses et ne sont
reprises qu'à la fin du texte. La numérotation de ces notes sera en continu (et non page par page comme dans l'étude)
Histoire.
DES
ÉVÊQUES DE MAGUELONE
ET DE MONTPELLIER.
Etude historique d'après les documents originaux
avec pièces justificatives inédites
par
A.
GERMAIN,
membre de l'Institut
Doyen de la Faculté des Lettres de Montpellier.
MONTPELLIER.
J. MARTEL Aîné, imprimeur
de la Socié:té archéologique.
Rue de la Blanquerie 3, près de la Préfecture. 1879.
Deuxième partie
Troisième partie
Quatrième partie
Notes
Pièces justificatives
Ce nouveau travail est un complément nécessaire de mes précédentes études sur l'histoire de Maguelone. Il ne suffit pas
d'avoir, comme je l'ai fait, considéré nos anciens évêques au foyer même de leur action ; il convient aussi de les
suivre dans leur rayonnement. Maguelone n'était pour nos prélats qu'un centre, autour duquel se déployait un diocèse ; et sur
certaines parties de ce diocèse ne s'exerçait pas seulement un pouvoir spirituel, mais aussi un pouvoir temporel. Nos évêques
de Maguelone avaient, indépendamment de leur mense épiscopale, des droits seigneuriaux.
Il en était ainsi dans toute la France, dans toute l'Europe, partout où la féodalité avait imprimé ses vestiges ; et ce
n'est pas le côté le moins instructif de l'histoire de notre clergé d'autrefois.
En face du pouvoir temporel du pape s'était établi un ensemble de prélatures, qui en étaient une sorte d'image,
réduite à de moindres proportions, et dont quelques-unes, comme celle d'Allemagne, par exemple, ne manquaient pas d'une certaine ampleur. Les
archevêques de Mayence, de Cologne, de Trèves, avec leur titre d'électeurs du Saint-Empire, représentaient de vrais princes,
à la fois spirituels et temporels, sur lesquels les pontifes romains n'exerçaient guère qu'une juridiction de primauté. En
France, nous avions, dès l'époque de Philippe-Auguste, nos six pairs ecclésiastiques, l'archevêque de Reims, les
évêques de Laon, de Langres, de Noyon, de Châlons-sur-Marne et de Beauvais. Combien d'autres prélats la féodalité
n'englobait-elle point dans son immense réseau !
Les évêques de Maguelone y eurent une place d'honneur.
Ce serait Louis le Débonnaire, selon Arnaud de Verdale, qui aurait jeté les premières bases du temporel des évêques de
Maguelone, en donnant au "très saint Argemire" les domaines du Terral, de
Saint-Jean-de-Védas, de Montels, de Chaulet et de
Cocon, et en restituant à ce même évêque le bénéfice de Villeneuve
, que son aïeul Charles Martel avait précédemment sécularisé, "en haine des Sarrasins"
(1).
Les largesses s'accrurent pour les successeurs d'Argemire. Le comte de Melgueil Bérenger 1er rendit, à son tour, à
l'évêque de Maguelone Ricuin II le domaine de Gigean ; et son fils Bernard II lui donna les terres de
Prunet, d'Exindre, d'Arboras, de
Guzargues, de Novigens, en même temps que le seigneur de
La Vérune lui soumettait son château, et que les pieuses soeurs de saint Fulcran lui abandonnaient les fiefs de Montpellier et de Montpelliéret, qui allaient constituer la principale source de
l'importance de nos prélats.
Ces deux bourgs furent donnés à l'Eglise de Maguelone, avec leurs dépendances, comme cela se pratiquait fréquemment alors, dans
le but tout religieux de ménager à leurs anciens possesseurs, en échange des biens passagers de la terre, les biens
impérissables du Ciel. Mais bientôt après, un des vassaux du comte de Melgueil, déjà pourvu de certain
bénéfice dans le voisinage, s'entendit avec le prélat, et en obtint par inféodation celui de Montpellier. Gui ou Guillem, -
ainsi se nommait le contractant, - prêta à l'Eglise de Maguelone, dans la personne de son évêque, hommage et serment de
fidélité, et fut déclaré légitime possesseur du territoire concédé.
Telle a été, dit-on, l'origine de la seigneurie de Montpellier : elle se rapporte à l'année 990. A partir de là, le
bourg de Montpellier forme une seigneurie distincte de celle du bourg de Montpelliéret. Il passe sous la juridiction des Guillems, pendant que
Montpelliéret continue d'appartenir aux évêques de Maguelone, - de leur appartenir avec un droit supérieur d'autorité
sur Montpellier. Les évêques de Maguelone demeurent, à l'égard des seigneurs de Montpellier, dans des rapports de suzerain
à vassal (2), malgré l'infériorité matérielle de celui des deux bourgs qui leur reste : - situation politique dont
n'auront pas lieu d'être surpris les hommes familiarisés avec l'état social du moyen âge. L'abbé de Saint-Denis
n'était-il pas suzerain du roi de France lui-même, à propos du Vexin ?
En 1085, la position de nos évêques de Maguelone acquiert plus de relief encore féodalement : car la donation du comté
de Substantion, faite, le 27 avril de cette année-là, à l'Eglise romaine par le possesseur héréditaire de ce
comté, Pierre de Melgueil, eut pour résultat de les constituer les représentants ou les délégués du
Saint-Siège dans ce territoire. Si grande se manifesta leur autorité, qu'ils y apparurent comme de petits souverains, et qu'un vieux
poète chroniqueur a pu dire de l'un d'eux, l'évêque Godefrid, qu'intervertissant les rôles, il avait forcé les comtes
à se soumettre aux évêques :
Se, versis vicibus, subdere
proesulibus (3).
La présence des papes sur notre littoral, à diverses reprises, contribua à fortifier cette autorité. Urbain II, Gélase
II, Calixte II, Alexandre III, qui s'y montrèrent successivement, de 1096 à 1165, ne pouvaient manquer de servir les
intérêts de nos évêques, leurs mandataires immédiats. La Croisade accomplie, au commencement du XIIIe siècle,
contre les Albigeois, les servit mieux encore : elle leur valut l'investiture directe du comté de Melgueil, et
de son annexe le comté de Montferrand (4).
Ce fut le 14 avril 1215 qu'Innocent III inféoda ce double comté aux évêques de Maguelone (5), comme l'indique la bulle de
transmission conservée dans nos archives. Le pape y déclare vouloir récompenser par cette inféodation l'antique et
traditionnel dévouement de l'Eglise de Maguelone au Saint-Siège. Mais tout en octroyant à notre Eglise cette marque non
équivoque de haute estime, et tout en se dessaisissant pour elle d'un droit de juridiction et de propriété notoirement acquis
à l'Eglise romaine, il se réserve pour lui-même et ses successeurs sur le fief ainsi aliéné, indépendamment du
tribut d'une once d'or établi à la suite de la donation du 27 avril 1085, une redevance annuelle de vingt marcs d'argent, payable
à la fête de Pâques. Il interdit d'ailleurs à l'évêque donataire la faculté de disposer, sans la permission
du Siège apostolique, des châteaux de Melgueil et de Montferrand, chefs-lieux du territoire concédé, et lui refuse, d'une
manière absolue, l'autorisation de démembrer aucune dépendance de ce territoire, au profit de personnes étrangères
au diocèse de Maguelone (6) : ce qui revient à dire que le pape, en inféodant à l'évêque de Maguelone le comté
de Melgueil et de Montferrand, en retint la suzeraineté. Les successeurs d'Innocent III la conservèrent durant tout le reste du moyen âge, et continuèrent à la mentionner
périodiquement dans leurs bulles. Nos évêques laissèrent aux papes pleine liberté à ce sujet, et ne
s'en qualifièrent pas moins, selon l'ancienne formule, comtes de Melgueil et de Montferrand. Ils emportèrent ce titre avec eux, lorsque le
siège de leur Eglise fut transféré, en 1536, de Maguelone à Montpellier, et se le léguèrent
invariablement jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Il leur était permis de tenir à sa conservation : il leur avait
coûté assez cher.
Guillaume d'Autignac, en effet, qui reçut personnellement des mains des délégués d'Innocent III, en vertu de la bulle
d'inféodation du 14 avril 1215, l'investiture du comté de Melgueil et de Montferrand, n'en fut pas quitte pour promettre de verser,
à chaque fête de Pâques, au trésor pontifical un nouveau cens de vingt marcs d'argent, en signe de subordination au
Saint-Siège ; il eut, en outre, à payer, du premier coup, des frais considérables d'entrée en possession. Arnaud de Verdale,
qui a écrit, au milieu du XIVe siècle, l'histoire des évêques de Maguelone ses prédécesseurs, d'après les
documents originaux des archives de son Eglise, parle de douze cent vingt marcs sterling d'argent (7), qu'aurait retirés pour sa part Innocent III ;
sans compter cinq cents livres données aux cardinaux, à titre de provisions ; trois cent vingt livres remises, au même titre, au
camérier du pape, avec un cheval et une mule, du prix de trente-cinq livres ; cinq cents livres distribuées aux chapelains, notaires,
scribes, valets, et autres officiers pontificaux ; cinq livres pour l'expédition et le sceau des lettres d'investiture ; à quoi il faut
ajouter encore trois cents livres, pour les dépenses de voyage et de séjour des procureurs ou délégués que
l'évêque envoya négocier l'affaire à Rome.
Le prélat, quelques économies qu'il eût, ne se trouvait pas en mesure de tant débourser à la fois. Il lui fallut
emprunter. La cour de Rome toucha, à elle-seule, six mille six cents livres melgoriennes pour l'inféodation du comté de Melgueil, en
dehors des sommes que l'évêque eut ensuite à fournir, soit pour recouvrer les biens aliénés, soit pour devenir
complètement maître des châteaux et des droits inféodés (8). Un million d'aujourd'hui serait insuffisant pour
représenter toutes ces dépenses.
C'était pour un évêque, payer cher l'honneur d'une couronne de comte. Mais à cette couronne comtale se rattachait la
perception de revenus seigneuriaux assez lucratifs, que grossissaient les bénéfices de l'un des ateliers monétaires les plus
importants du Midi.
Guillaume d'Autignac nourissait l'espoir de prélever, la couronne de comte obtenue, de quoi couvrir ses dettes. Or deux voies s'ouvraient à
lui pour cela : affaiblir le titre de la monnaie melgorienne, ou bien aliéner, moyennant finance, une portion des ressources provenant de sa
fabrication. Guillaume d'Autignac ne tarda pas à prendre ce dernier parti, regardant l'autre comme trop périlleux, et reculant d'ailleurs
devant l'impossibilité où il était d'y recourir sans l'assentiment du seigneur de Montpellier. Il céda aux consuls de
Montpellier, le 7 juillet 1215, deux des douze deniers par livre, c'est-à-dire un sixième des droits que les comtes de Melgueil
étaient, de temps immémorial, dans l'usage de percevoir sur la fabrication de la monnaie melgorienne, - droits qui lui arrivaient
déjà réduits d'un quart par le comte Bernard IV de Melgueil son prédécesseur, au profit du seigneur de Montpellier.
Notre évêque, toutefois, ne pouvait se libérer autrement.
Il chercha bien à entamer le moins possible ses attributions seigneuriales sur le monnayage, puisque par la même charte il se dessaisit en
faveur des mêmes consuls du bois de Valène et de diverses autres possessions (9). Mais cet abandon ne
pouvant suffire, force lui fut d'invoquer l'unique remède capable de le tirer d'affaire.
Guillaume d'Autignac fut dispensé, moyennant ce sacrifice, de rembourser à la commune de Montpellier vingt mille sous melgoriens qu'elle lui
avait avancés pour subvenir aux premiers frais d'inféodation. Mais il ne put se soustraire, néanmoins, à la triste
nécessité de laisser des dettes à ses successeurs. Bernard de Mèze chercha vainement à les éteindre, en
abandonnant, le 22 juin 1218, avec divers autres privilèges et domaines, un sixième denier de ses droits sur la fabrication de la
monnaie melgorienne, au profit du seigneur de Montpellier, qui eut ainsi désormais le tiers des revenus provenant de cette fabrication (10). Le
déficit se perpétua.
Il se perpétua au préjudice des moeurs et de la religion : car notre clergé, en proie à de pénibles exigences
financières, sentit s'altérer, sous ce joug toujours difficile à porter, même pour les riches, son antique vertu. Ce fut
là un grand mal, à cause du soin des intérêts terrestres où il engagea nos hommes d'Eglise. Le clergé du
diocèse de Maguelone, précédemment si exemplaire, et dont l'inflexible moralité avait formé comme un boulevard contre
l'hérésie albigeoise, vit dès-lors défaillir ses austères traditions. Je ne veux certes pas affirmer qu'on eût
échappé à ce relâchement, si nos prélats, contents de leur première position, n'avaient tenu à devenir par
surcroît comtes de Melgueil : mais je doute que sans ces préoccupations temporelles la vieille discipline de l'Eglise de Maguelone se
fût affaiblie jusqu'à donner lieu d'enregistrer, au milieu du XIIIe siècle, l'empoisonnement d'un évêque
réformateur par des chanoines de sa cathédrale (11).
Ce ne sera donc pas moi qui féliciterai Guillaume d'Autignac d'avoir réussi à se faire inféoder par Innocent III le
comté de Melgueil. Le résultat le plus net de cette inféodation fut d'obérer son Eglise de Maguelone, et de la
précipiter dans un abîme de scandales d'où elle ne devait sortir que difficilement (12).
Les populations du comté de Melgueil sembleraient avoir pressenti ces périls, à en juger par le peu de sympathie quelles
manifestèrent tout d'abord pour leurs nouveaux maîtres. On les vit, à peine enrôlées sous la juridiction immédiate
des évêques de Maguelone, s'efforcer de s'y soustraire, et il ne fallut rien moins que les impérieuses injonctions d'Honorius III
pour les maintenir sous le nouveau joug (13).
Doit-on s'etonner, en face de ce sentiment d'instinctive répulsion, des tentatives de nos rois de France pour les rallier à leur fortune (14) ?
Ce fut, personne ne l'ignore, un des premiers soins du gouvernement de saint Louis.
Saint Louis avait succedé, en 1226, à Louis VIII, acquéreur, comme on sait, des droits de Simon de Montfort sur les terres
conquises par les Croisés ; et la reine Blanche, d'accord avec son conseil, s'occupait de tirer de ces droits le meilleur parti possible. Elle
entreprit de rattacher le comté de Melgueil au domaine de la Couronne, dont dépendaient déjà depuis près d'un an la
ville et le diocèse de Nîmes, afin de grouper aux mains de la royauté Capétienne cette portion de la plage de la
Méditerranée. Mais le pape Grégoire IX la contraignit à surseoir à ses prétentions.
Le gouvernement de saint Louis s'abstint provisoirement de poursuivre l'affaire. Saint Louis, toutefois, après la mort de la reine Blanche,
à force de s'entendre dire que le comté de Melgueil lui appartenait de droit (15), et que l'évêque de Maguelone, qui le
possédait sous la mouvance de l'Eglise romaine, en jouissait illégitimement, ou y livrait passage, par impéritie administrative, aux
envahisseurs espagnols, finit par regarder comme un devoir national de le revendiquer. N'étant pas bien sûr, néanmoins, de son droit,
et ne voulant faire tort à personne, il se décida, par un admirable désintéressement, trop rarement imité, à
prendre pour arbitre dans cette question sa partie adverse elle-même, le pape Clément IV. Le pape prononça en faveur de
l'évêque de Maguelone, et conséquemment de la suzeraineté du Saint-Siège sur le comté de Melgueil, comme
étant fief censuel de l'Eglise romaine.
Mais Clément IV, tout en assurant ainsi gain de cause à l'évêque de Maguelone, profita de la circonstance, pour donner au
prélat une sévère leçon. Il reprocha à Bérenger de Frédol d'outrager le "Roi de gloire", en faisant
frapper de la monnaie "avec le titre de Mahomet", - accusation aussi grave, surtout s'appliquant à un évêque, que curieuse à
recueillir, et d'où il semblerait résulter qu'aux yeux du Père des Chrétiens, nos prélats passaient pour immoler aux
soins temporels jusqu'aux devoirs les plus impérieux de leur charge pastorale. "En vain, ajoutait Clément IV,
vous vous retrancheriez derrière l'usage (16) pour excuser vos torts : au lieu de vous justifier vous-même, vous ne réussiriez qu'à incriminer vos
prédécesseurs ; car un tel usage est un indice de corruption. Si c'est l'amour du gain qui lui a donné naissance et le
perpétue, une pareille spéculation ne peut que déconsidérer la dignité épiscopale, puisque nous ne la
tolérons pas même chez les clercs ... Aussi n'hésitons-nous pas à mander à votre Fraternité, par ces lettres
apostoliques, que vous ayez à vous désister d'une telle entreprise, qui déplaît à Dieu et à nous, et qui
répugne à l'honnêteté de votre profession (17)."
Ainsi écrivait le pape Clément IV à l'évêque de Maguelone Bérenger de Frédol, le 16 septembre 1266.
Le singulier temps, que celui où un évêque de Maguelone pouvait, à la veille de la dernière croisade, et sans cesser de
se croire évêque, mériter de pareils reproches !
Clément IV parvint, à l'aide de cette souveraine impartialité, à refouler les désirs du roi de France, et à lui
imposer sa décision. L'évêque de Maguelone, qu'un demi-siècle de possession avait déjà affermi dans le
comté de Melgueil, n'eut désormais rien à craindre, grâce à ce suprême arbitrage, et put, sous l'égide de
la souveraineté pontificale, continuer à jouir de son fief, si chèrement acheté (18).
Il l'administra en toute liberté pendant la fin du règne de saint Louis, et même durant celui de Philippe le Hardi, comme
l'établissent, entre autres preuves, les deux accords qu'il fit, le 5 janvier et le 4 février 1273, avec le roi Jayme 1er d'Aragon,
agissant en qualité de seigneur de Montpellier, au sujet du poids et du titre de la monnaie melgorienne ; comme le montre aussi le bail à
ferme qu'il passa, le 9 octobre de la même année, relativement à la fabrication de cette monnaie (19) : opérations d'autant plus
décisives, concernant le maintien du pouvoir de l'évêque-comte, que l'autorité royale commençait, dès cette
époque, à revendiquer vis-à-vis des ateliers monétaires disséminés sur le territoire français un droit de
suprême juridiction.
Mais les évêques de Maguelone n'eurent pas toujours le même bonheur. Philippe le Bel, qui était loin d'avoir le scrupuleux
esprit de justice de saint Louis, eut à peine pris position, qu'il s'attacha à leur susciter des obstacles. Héritier, comme son
père Philippe le Hardi, des comtes de Toulouse, par suite de la mort presque simultanée d'Alphonse II et de la comtesse Jeanne en
1271, il prétendit, en cette qualité, à la domination de tout le Midi, et conçut le projet de l'assimiler
administrativement au reste de la France. C'était aller vite : car, si le Midi était déjà français par le coeur et les
aspirations, il n'était cependant pas encore résolu à voir disparaître ses vieilles franchises sous le niveau de
l'autorité royale. Mais il entrait dans le caractère de Philippe le Bel de ne douter de rien, et de vouloir tout soumettre à son
impérieuse volonté. Il avait fait recemment un pas vers le comté de Melgueil, en réunissant, par voie d'échange, au
domaine de la Couronne les salines de Peccais, dont le voisinage du port d'Aigesmortes rehaussait la valeur à ses yeux (20), et le fief de
Montpelliéret, que l'évêque de Maguelone, son possesseur, consentit à lui abandonner,
moyennant finance (21) : acquisition d'autant
plus importante, qu'elle impliquait celle d'un droit de suzeraineté immémorial sur la seigneurie de Montpellier. Par voie d'échange
également, il venait d'entrer en jouissance de la baronnie de Lunel (22). Il ne lui restait donc plus guère que le domaine direct du
comté de Melgueil à acquérir, pour dicter des lois à toute cette portion du littoral méditerranéen. De là
les entreprises réitérées de ses officiers contre les terres de ce comté, qu'à force de dégoûts, ils
espéraient amener les évêques de Maguelone à céder au roi de France.
Mais Philippe le Bel avait affaire à forte partie. Nos prélats, harcelés par les gouverneurs royaux, intéressèrent le
pape à leur cause ; et Boniface VIII, au nom de ses droits de suzerain sur cet ancien alleu de l'Eglise romaine, intervint en faveur de
l'autonomie du comté, objet des convoitises du monarque français (23). Philippe le Bel paraîtrait avoir eu égard à cette
intervention, tout en sauvegardant les avantages de son inadmissible prérogative (24). Mais les officiers royaux, qui trouvaient leur compte à
faire du zèle, ne laissèrent pas s'écouler le règne de ses fils, sans renouveler leurs efforts agressifs ; et l'histoire
nous montre Philippe le Long et Charles le Bel obligés, par intervalles, de modérer leur ardeur envahissante (25). Ce tempérament,
néanmoins, n'enraya qu'en apparence leur travail de centralisation ; et, dès l'avènement de Philippe de Valois, Jean XXII fut,
à son tour, contraint de s'interposer entre l'évêques de Maguelone et le roi de France (26).
Il est difficile de dire ce que serait devenue, sans l'invariable appui du Saint-Siège, l'autorité de nos prélats sur le comté
de Melgueil : ou plutôt il est permis d'affirmer qu'elle eût, abandonnée à elle-même, sombré presque
immédiatement dans le naufrage commun des juridictions locales. Il fallut, pour la soutenir, outre les embarras de diverse nature qui
entravèrent, au XIVe siècle, la marche ascendante du pouvoir royal, le puissant et infatigable patronage des papes. Leur résidence
à Avignon ne servit pas médiocrement à ce maintien : car, en multipliant les relations de nos évêques avec eux, elle
multipliait aussi les moyens de contrôle, et doublait, par rapport au comté de Melgueil, le bienfait de l'action pontificale, qu'elle rendait,
en quelque sorte, toujours présente. C'est en partie à la continuité de cette action, qu'à une époque fameuse dans les
annales du nivellement monarchique, le comté de Melgueil fut redevable du privilège de conserver, sinon une indépendance
complète, du moins une existence et une juridiction propres. Ses chefs virent, sous les auspices de cette action, se perpétuer à
leur profit assez avant dans le XIVe siècle leur ancien droit seigneurial de monnayage, naguère si lucratif (27) ; et alors même qu'ils
eurent perdu ce droit précieux, ils n'en demeurèrent pas moins en possession de celui de haute et basse justice.
Le meilleur moyen pour nos évêques de se faire respecter par la royauté était de prévenir avec elle tout conflit. Ce fut
dans cette intention que Jean de Vissec, après avoir employé le suprême ascendant du pape Jean XXII à mettre à la
raison les officiers de Philippe de Valois (28), donna ses soins à fixer des limites précises entre le territoire de Melgueil soumis à sa
juridiction immédiate et le domaine du roi de France (29) : précaution salutaire, dont il ne tarda pas à recueillir les fruits ; car
non-seulement il sauvegarda ainsi ses droits de justice (30), mais, les habitants de Melgueil ayant voulu, contre l'usage et sans son intervention,
élire, en 1338, des consuls pour leur localité, et le sénéchal de Beaucaire ayant contraint le représentant de
l'autorité seigneuriale-épiscopale à recevoir, malgré les protestations de celui-ci, le serment de ces nouveaux magistrats
populairement élus, force fut à Philippe de Valois de désavouer la conduite de son délégué, et de lui enjoindre
de rétablir au profit de l'évêque-comte, les choses dans l'ancien état (31).
Ces prélats, toutefois, si attentifs à s'abriter derrière la suzeraineté du Saint-Siège contre les convoitises du roi
de France, sembleraient ne s'être fait aucun scrupule d'accepter le bénéfice de cette protection, sans en subir les charges. Ils se
dispensèrent, pendant une vingtaine d'années, d'acquitter au trésor pontifical les vingt marcs d'argent de cens annuel prescrits par
l'acte d'inféodation du 14 avril 1215 ; de sorte que le pape eut à leur réclamer, en 1341, quatre cents marcs
d'arrérages. Ce fut Benoît XII qui éleva cette réclamation, et c'était Arnaud de Verdale qui réunissait alors
à la dignité d'évêque de Maguelone le titre de comte de Melgueil et de Montferrand. Arnaud s'excusa, avec apparence de
raison, en alléguant que les dix-neuf vingtièmes de ces arrérages auraient dû être payés par ses
prédécesseurs immédiats sur le siège de Maguelone, André de Frédol,
Jean de Vissec, et Pictavin de Montesquiou,
puisqu'ils avaient perçu les fruits du comté tributaire, et en offrant de donner, pour son compte personnel, les vingt marcs
représentant la première année de son épiscopat. Il ne convenait pas, ajouta-t-il, qu'il expiât les fautes ou la
négligence d'autrui ; et il en appela à la justice du chef de l'Eglise, pour décliner une ruineuse solidarité (32). On ne sait pas
quelle fut l'issue de sa requête. Mais, à en juger par une lettre que Benoît XII adressa sur cet objet à Pierre de la
Taillade, chanoine de Chartres, son chapelain et son procureur pour la levée des deniers pontificaux dans une portion des diocèses du Midi,
il y a lieu de croire que l'évêque de Maguelone ne fut pas traité rigoureusement : car le pape, après avoir signalé
à son chapelain les motifs d'Arnaud de Verdale, lui mande d'informer à leur sujet, et de faire droit à leur évidence, le cas
échéant (33).
Les évêques de Maguelone, moyennant cette petite exécution, continuèrent à jouir de la protection du Saint-Siège,
et qui plus est, à s'en prévaloir, comme le prouve une déclaration de Maur de Valleville, l'un d'entre eux, du 1er décembre
1464 (34). Les papes furent même, dans certaines circonstances, les premiers à leur adoucir le fardeau. Urbain V, par exemple, si
remarquablement prodigue envers nos populations, ayant égard aux dettes et aux charges de toute sorte de l'Eglise de Maguelone, remit à
son chef Gaucelm de Deaux deux mille florins d'or, sur l'arriéré de la censive qui revenait à l'Eglise romaine pour
l'inféodation du comté de Melgueil (35) : d'où l'on peut conclure que la leçon de Benoît XII n'avait pas été
très-efficace pour la régularisation des paiements, et que le caractère onéreux de cette inféodation fut loin de
s'affaiblir avec le temps.
Nos évêques, malgré tout cela, se soutenaient en face des pouvoirs politiques. Non-seulement ils défendaient leur position,
mais ils l'augmentaient, - sauf à faire hommage au roi de France pour les terres ou domaines de leur évêché qui relevaient de
la Couronne. On les voit, cheminant à travers tous les obstacles, sans se rebuter ni se décourager, ajouter à leur titre de comtes
de Melgueil et de Montferrand les lucratives appellations de seigneurs de Sauve, de Durfort, de Brissac et de la Marquerose.
Leur autorité temporelle trouvait un utile auxiliaire dans la juridiction spirituelle dont ils jouissaient à Melgueil comme
évêques, et aussi comme prieurs. Car l'évêque-comte Raynier, pendant le peu de temps qu'il occupa le siège de Maguelone,
d'où il descendit si tristement, avait eu la précaution d'unir à sa mense épiscopale, au moyen d'un échange avec son
Chapitre, l'église paroissiale du chef-lieu de son comté (36), ce qui, sans accroître précisément son pouvoir religieux,
lui permit, ainsi qu'à ses successeurs, d'exercer une action plus pleine et plus directe sur cette localité.
Cette action fut incessante et continue, comme en témoignent les documents de nos archives. Ici, c'est Pierre de Conques autorisant, en 1252,
moyennant une redevance annuelle, après avoir explicitement rendu hommage à la souveraineté du roi de France, les consuls de mer
de Montpellier à établir sur la plage de Melgueil un grau, avec une tour destinée à servir
de phare et de forteresse (37).
Là, ce sont des droits de péage perçus, au profit de nos évêques-comtes, aux graux de Vic
et de Cauquillouse et sur le littoral compris entre le cap de Cette et la Motte-Coycieux (38). Ailleurs, ce
sont des privilèges ou franchises octroyées par eux aux habitants de Melgueil, de
Villeneuve, de Balaruc, de
Gigean, et aux villages de la vallée de Montferrand (39) ; précieuses concessions,
nécéssitées le plus souvent par le besoin d'argent, mais où la liberté n'en trouvait pas moins à gagner : ce qui
n'empêchait point nos prélats de revendiquer très-haut, vis-à-vis des nobles, toutes leurs prérogatives : témoin
certaine expédition à main armée, qu'aurait entreprise Béranger de Fredol, en 1280,
afin de contraindre Henri de Roquefeuil à lui prêter l'hommage féodal pour sa moitié du château
de Brissac (40).
Nos évêques de Maguelone avaient, du reste, alors le tact de s'appuyer sur toutes les forces vives de la société. Lorsque Urbain
V, par exemple, eut fondé en 1364 le monastère des Bénédictins dont l'église est devenue en 1536 la
cathédrale de Montpellier, ils n'hésitèrent pas à y provoquer l'érection d'une chapelle, qu'y dota, le 18 octobre
1367, en l'honneur de saint Louis, le roi Charles V (41), heureux qu'ils se sentaient de pouvoir ainsi faire acte de "bon Français". Mais s'ils
savaient rendre à César ce qui est à César, comme à Dieu ce qui est à Dieu, ils entendaient qu'on leur rendit,
à leur tour, tous les devoirs auxquels ils croyaient avoir droit. Nos archives sont pleines de prestations d'hommages, attestant leur
suzeraineté vis-à-vis de leurs vassaux.
Une des choses les plus curieuses, sous ce rapport, est ce qui se pratiquait à leur prise de possession. Il subsiste là-dessus nombre de
procès-verbaux notariés, dans un ancien registre de l'Evêché, aujourd'hui conservé aux archives de la
Préfecture de l'Hérault (43) ; et je ne saurais mieux faire, pour donner une idée du cérémonial qui s'y observait, que
d'en analyser quelques-uns, - ces documents n'ayant d'ailleurs été utilisés par personne avant moi. Je traduirai, selon mon
habitude, aussi exactement que possible, afin de ne rien enlever à ces vieilles chartes de leur piquante originalité.
Je parlerai d'abord de la réception que firent, le 31 mars 1395, les habitants de Melgueil, - ou de
Mauguio, comme on appelle actuellement
cette localité, - à l'évêque de Maguelone Antoine de Lovier, allant les visiter, en qualité de comte, et leur demander
sur place la prestation régulière de leur serment féodal.
Antoine de Lovier était évêque de Maguelone depuis 1389, après avoir été précédemment
évêque de Rennes : mais, retenu à Avignon par ses fonctions de trésorier du pape Clément VII, il différa de
venir s'installer personnellement dans son diocèse, qu'il administra d'abord par l'entremise de son vicaire-général
Barthélémy Barrière. Il n'y élut domicile qu'à la suite de l'intronisation de Benoît XIII ; et il y entreprit
alors, au commencement de l'année 1395, une sorte de tournée seigneuriale. Il dut naturellement l'inaugurer par une visite au
chef-lieu de son comté de Melgueil ; et ce fut pour en consacrer la mémoire qu'un notaire dressa la procès-verbal que voici :
(G 1141, aux AD 34)
"Lesdits consuls, en leur nom et au nom de ladite communauté, d'accord avec leur assistance, éclatèrent, à la vue de messire
l'évêque, en témoignages de soumission, de respect et d'honneur, le reconnaissant comme leur vrai et légitime seigneur, par les
cris de "Bien venu soit Monseigneur de Maguelone, notre seigneur et comte de Melgueil ! Vive, vive Monseigneur de Maguelone, comte de Melgueil ! -
Ben sia vengut Monseignor de Magalona, nostre seignor et comte de Melgueur ! Viva, viva Monseignor de Magalona, et comte de Melgueur !" - Au milieu de ces
acclamations plusieurs fois répétées, les quatre consuls prirent par la bride le cheval du seigneur évêque-comte, en
signe de révérencieuse obéissance, et présentèrent audit évêque ladite bannière, encore
pliée, comme à leur vrai seigneur."
"Mesire l'évêque-comte la saisit de la main droite, la mit sur sa cuisse droite, l'éleva en l'air, et la déploya, pendant que
les consuls et leur entourage criaient de nouveau : Vive, vive Monseigneur de Maguelone, notre seigneur, comte de Melgueil ! - Viva, viva Monseignor
de Magalona, nostre seignor, comte de Melgueur !" - Après quoi ledit évêque donna la bannière à porter à
noble Guillem Peyre, habitant de Melgueil, là présent. Et en même temps ledit seigneur évêque-comte fit dresser et
étendre sa bannière propre, historiée de ses armoiries personnelles, avec ordre à noble Bertrand Aloys, viguier du
comté de Melgueil, et son fondé de pouvoirs, de la tenir également déployée devant lui, à côté de
la bannière de Melgueil portée par ledit Guillem Peyre, en l'escortant ainsi jusqu'à Melgueil. Et à cet endroit même,
avant d'aller plus loin, les quatre consuls mirent audit seigneur évêque-comte des bas de choix, dont l'un était rouge et l'autre blanc,
avec des souliers en cuir des mêmes couleurs ; puis lui ajustèrent à chaque pied un éperon doré ; le tout acheté et
payé de leur argent."
"Fait près du pont de Saint-Brès, dans la direction et à l'entrée du territoire de Melgueil, en présence du
révérendissime père en Christ messire Gilles de Lascours, évêque de Nimes, de vénérables et religieux hommes
Bérenger de Sauve, prévôt de Maguelone, Astorge de Gozon, prieur de Castries, Barthélémy Barrière, licencié
en décrets, archiprêtre de Montledier, de noble Jean Foucheran, gouverneur de la châtellenie et viguerie de Sommières, de
plusieurs autres témoins officiellement requis, et de moi Pierre Matthias, notaire public, qui ai assisté à tout ce qui vient
d'être dit, et qui en ai, sur la demande du seigneur évêque-comte, dressé procès-verbal."
"Ce cérémonial accompli et enregistré, ledit seigneur évêque-comte prit la route de Melgueil, les quatre consuls marchant
toujours à pied à la droite de son cheval, et Guillem Peyre et Bertrand Aloys portant devant lui les deux bannières
déployées. Le cortège étant arrivé au pont des Chasseurs, lesdits consuls présentèrent à
l'évêque les clefs de toutes les portes de Melgueil, comme à leur vrai seigneur et comte, en criant : "Vive, vive Monseigneur de
Maguelone, comte de Melgueil ! - Viva, viva Monseignor de Magalona, comte de Melgueur !" - acclamations à laquelle s'associèrent, en la
répétant à diverses reprises, ceux des habitants qui se trouvaient là. L'évêque-comte, après avoir ainsi
reçu les clefs, les donna en garde à maître Matthieu Batude, bachelier ès-lois, son procureur. Et aussitôt, sur le
même lieu, les quatre consuls, en leur nom et au nom de toute la communauté, à genoux et les mains dans celles de
l'évêque-comte, qui n'avait pas quitté son cheval, lui prêtèrent le serment de fidélité habituel : ils lui
promirent sur l'Evangile obéissance et respect."
Aussitôt le notaire de rédiger de cette seconde scène un nouveau procès-verbal :
"Fait, - continue l'acte, - entre ledit pont et la porte dudit lieu, en présence de messire l'évêque de Nimes, du damoiseau Jean
Foucheran, de vénérables et religieux hommes Jean Malroux, prieur de La Vérune, frère Jean Michelet, précepteur de
Saint-Antoine, de Nat Palmier, bourgeois de Montpellier, de beaucoup d'autres spécialement requis, et de moi Pierre Matthias, notaire, qui, sur
demande, ai enregistré ce qui précède."
"Ensuite, le même jour, vers l'heure des vêpres, ledit seigneur évêque-comte remit en garde auxdits consuls les clefs des portes
dudit lieu, pour les tenir en son nom, tant qu'il lui plairait. Les consuls les reçurent, en déclarant n'avoir aucun droit de les conserver
sans son bon vouloir ; déclaration dont ledit seigneur évêque-comte demanda un nouvel acte notarié."
"Fait dans la maison épiscopale et comtale dudit Melgueil, en présence de vénérable Pierre de Saint-Rambert, archidiacre du
diocèse d'Angers, de maître Rochayron, maître en médecine, de frère Jean Michelet, précepteur de Saint-Antoine, de
Jean et de Hugues Duval de Montpellier, témoins spécialement requis, et de moi Pierre Matthias notaire, qui ai rédigé l'acte,
et l'ai signé de ma main."
Tel est le premier document transcrit sur le Registre original dont j'ai parlé (44) ; il porte la date du 31 mars 1395. Le lendemain 1er avril,
l'évêque-comte Antoine de Lovier, poursuivant sa prise de possession, allait en faire autant à Villeneuve-lez-Maguelone. Le notaire
l'accompagnait encore, pour dresser devant lui et devant témoins procès-verbal. Voici ce nouvel acte :
"Au nom du Seigneur. Amen. L'an de la Nativité 1395, indiction troisième, le premier jour du mois d'avril, et la
première année du pontificat du très-saint père en Christ le pape Benoît XIII - Sachent tous, présents et à
venir, que le révérendissime père et seigneur en Christ, massire Antoine, par la permission divine évêque de Maguelone,
comte de Melgueil et de Montferrand, seigneur de Sauve, de Durfort, de Brissac et de la Marquerose, arrivant à Villeneuve-lez-Maguelone, afin d'y
prendre possession de la seigneurie dudit lieu, dont il est seul titulaire, et se trouvant, au sein d'un nombreux et vénérable cortège
d'ecclésiastiques et de séculiers, devant les portes de l'endroit, toutes grandes ouvertes pour le recevoir, le notaire maître
Guillem de Fabrègues, Pierre Satgier, Etienne Alibert et
Guillem Autier, consuls dudit Villeneuve, sortis jusque là à sa rencontre,
avec beaucoup d'autres habitants, parmi lesquels figurait presque en entier la partie la plus honorable de la population, hommes et femmes, lui firent
soumission, révérence et honneur, en le reconnaissant pour leur vrai et légitime seigneur, aux cris plusieurs fois
répétés de : Vive, vive Monseigneur de Maguelone, comte de Melgueil et seigneur de la Marquerose ! - Viva, viva Monseignor de
Magalona, comte de Melgueur et seignor de Marcharosa !" - Et là même lesdits quatre consuls, en leur nom et au nom de tous les habitants,
à genoux et les mains dans celles du seigneur évêque-comte, demeuré quant à lui sur son cheval, prêtèrent
audit seigneur serment de fidélité, qu'ils jurèrent sur les saints Evangiles d'observer à toujours : ce dont messire
l'évêque de Maguelone demanda qu'il fût dressé acte notarié."
"Fait devant la porte de Villeneuve située en face de Montpellier, présents vénérables et circonspects Barthélémy
Barrière, licencié en décrets, archiprêtre de Montledier au diocèse de Castres, Astorge de Gozon, prieur de Castries, Jean
de Pertot et Guiraud Bardochon, consuls de Montpellier, Guillem Carcassonne, changeur, Jean de Conques, bourgeois de Montpellier, et plusieurs autres, avec
le témoignage desquels se joignant au mien, j'ai, moi Pierre Matthias, notaire public, rédigé cette déclaration, que j'ai
signée de ma main, en foi de ce qu'elle renferme (45)."
Ici ce n'est plus seulement en qualité de comte de Melgueil et de Montferrand, c'est aussi, et particulièrement, comme seigneur de Villeneuve
et de la Marquerose, que prend possession l'évêque de Maguelone.
J'ai déjà dit ailleurs ce qu'il fallait entendre par la Marquerose. La Marquerose (46), qui avait pour chef-lieu le château du
Terral, alors
propriété des évêques de Maguelone, comme il l'a été plus tard de leurs successeurs les évêques de
Montpellier, et dont le nom est dans les compoix de la commune de Saint-Jean-de-Védas, demeuré affecté à une terre sise
au-dessous de ce château, du côté de la rivière de la Mausson (47), embrassait féodalement une quinzaine de villages des
alentours : La Vérune, Murviel, Pignan, Fabrègues, Villeneuve-lez-Maguelone, Mireval, Vic, Frontignan, Balaruc,
Poussan, Montbazin, Gigean, Cournonsec, Cournonterral et Saussan. C'était, comme le nom l'indique,
sans qu'on puisse toutefois lui assigner une étymologie bien précise, un marquisat, et nos évêques ne se montraient pas moins
jaloux de primer dans toute l'étendue de ce territoire que dans leur comté même de Melgueil.
Témoin cette prestation d'hommage faite par le seigneur de La Vérune à
Antoine de Lovier, le 25 mai 1395 :
"Moi Alzias Pelet, fils de noble Raymond Pelet, et seigneur de La Vérune, je me reconnais volontiers votre feudataire, messire
Antoine, par la grâce de Dieu évêque de Maguelone, pour mon domaine de La Vérune, au sujet duquel je vous dois hommage et serment
de fidélité, ainsi qu'à vos successeurs, à chaque changement de seigneur ou d'évêque. Je dois également
à chaque nouvel évêque de Maguelone albergue pour cent chevaliers, avec service armé et chevauchée, et avec obligation de
remettre au seigneur évêque et à ses successeurs, quand il leur plaira, les tours, fortifications, murs et portes de La Vérune.
Je vous fais, en conséquence, hommage à genoux, les mains dans les vôtres, messire l'évêque, et vous jure
fidélité sur les saints Evangiles, en promettant de vous donner l'albergue suffisamment et splendidement, à votre réquisition".
"Et nous évêque de Maguelone, nous ordonnons à noble Pierre Raymond, notre châtelain de Montferrand, ici présent, en lui
livrant les clefs dudit lieu de La Vérune, de prendre possession des murs et fortifications, en y montant, et en y plantant notre bannière
épiscopale de Maguelone, au cri habituel de "Maguelone ! Maguelone ! Pour le seigneur évêque de Maguelone !", en signe de notre
supériorité. - Ce dont noble Pierre Raymond s'acquitta, en saluant et en faisant saluer plusieurs fois par lesdites acclamations
l'érection de ladite bannière (48)."
L'acte se termine, comme d'usage, par le procès-verbal de la remise du château et des clefs au seigneur, qui vient de remplir son devoir de
vassal.
"Fait au château de La Vérune, le 25 mai 1395, etc (49)."
L'évêque de Maguelone était, comme nos documents viennent de le préciser, seigneur unique et direct de Villeneuve, et il
était simplement suzerain de La Verune. C'est ce qui explique la différence des deux actes.
A Cournonterral, autre formule, à la date du 8 novembre 1395, eu égard au partage de la seigneurie
entre Miracla et Jean de Montlaur, - l'hommage étant d'ailleurs prêté à Montpellier dans le palais épiscopal, sans
déplacement du plélat. Ici encore je traduirai, cet acte me paraissant propre à éclairer certains détails du
Mémoire que j'ai publié, touchant la lutte soutenue par la classe populaire contre le pouvoir seigneurial dans cette localité.
"Sachent tous que nous Miracla de Cournon, fille et héritière de feu
Guillem de Cournon, chevalier, veuve de Pierre de Case,
damoiseau, possédant pour une moitié la seigneurie indivise de Cournonterral, et Jean de Montlaur, damoiseau,
héritier de feu noble Pierre de Montlaur, seigneur de Cournonterral, pour l'autre moitié, déclarons d'un commun accord à Dieu et à Saint-Pierre de
Maguelone, ainsi qu'à vous, révérend père en Christ, et seigneur Antoine de Lovier, par la grâce de Dieu
évêque de Maguelone, et à vos successeurs, devoir et vouloir tenir de vous ladite seigneurie de Cournonterral, chacun par moitié
indivise, à titre de fief entraînant hommage et redevance. Nous reconnaissons vous devoir, nous Miracla et Jean de Montlaur, en commun et par
indivis, albergue pour quatre chevaliers, une fois l'an, lorsque nous en serons requis, mais rien de plus à titre de cens ni de service. - Dans cet
état de choses, nous vous donnons le baiser de paix, et à genoux, les mains dans les vôtres, nous vous jurons sur l'Evangile
fidélité, et nous vous faisons hommage, en mandant à Jean Parateur, notre bayle de Cournonterral, et à noble Fredol de Montaut,
mon procureur à moi Miracla, qu'ils aient à vous livrer, messire l'évêque, les clefs du château de Cournonterral, à
condition toutefois que vous devrez nous rendre lesdites clefs et ledit château, le jour même où vous les aurez reçus, et sans
aucun amoindrissement."
"Et nous Antoine de Lovier, par la grâce de Dieu évêque de Maguelone, nous agréons pour nous et nos successeurs ladite
reconnaissance, et en la confirmant par l'autorité de Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, et au nom du Bienheureux Pierre, nous
vous concédons, à vous nobles Miracla et Jean de Montlaur, à titre de possession indivise, ledit fief, pour le tenir aux conditions
précédemment marquées, avec promesse de vous y protéger, ainsi que l'exercice de votre juridiction séculière.
Mandons à noble Bertrand Aloys, notre viguier de Melgueil, de recevoir les clefs du château de Cournonterral, et d'en prendre possession, en y
dressant et en y déployant notre bannière épiscopale, puis en montant sur ledit château, au son des trompettes, et en en faisant
le tour, au cri de "Maguelone ! Maguelone ! Cournonterral ! Cournonterral ! Pour Monseigneur l'évêque de Maguelone !" La prise de possession
ainsi effectuée en notre nom et au nom de notre Eglise, il vous restituera, à vous nobles Miracla et Jean de Montlaur, ledit château et
les autres fortifications. Fait à Montpellier, à la Salle-l'Evêque, dans la chambre dudit seigneur évêque, en présence de
vénérables et circonspects Raymond Gilles et Jacques Rebuffi, docteurs-es-lois, habitants de Montpellier," etc.
"Le 9 dudit mois de novembre, en vertu de ce mandat, ledit noble Bertrand Aloys, procédant à la mise en exécution de l'ordre à lui
donné par son seigneur l'évêque de Maguelone, se présenta audit Cournonterral, et là au nom dudit seigneur évêque,
requit lesdits Jean Parateur, bayle dudit lieu, et noble Fredol de Montaut, procureur de ladite Maracla, de lui livrer les clefs du château. Ils les
lui remirent, et alors ledit noble Bertrand Aloys, s'approchant des portes, les ferma et les ouvrit avec lesdites clefs ; après quoi, il monta, au
son de la trompette, sur les murs du château, la bannière dudit seigneur évêque à la main, l'y déploya et agita, au
cri plusieurs fois répété par les enfants qui l'accompagnaient : de "Maguelone ! Maguelone ! Pour Monseigneur l'évêque de
Maguelone ! Vive, vive Monseigneur de Maguelone !" - Magalona ! Magalona ! Per Monseignor l'evesque de Magalona ! Viva, viva Monseignor de Magalona !
Cette mission solennellement remplie, le même Bertrand Aloys restitua au bayle et au procureur, sur leur humble requête, les clefs dudit
château, et demanda un procès-verbal notarié de ce qui précède.
Fait audit château de Cournonterral, en présence de Raymond de Coffinhac, de maître Hugues Bedel, notaire, de Barthélémy
Dupuis, de Raymond Arlet, de Déodat Cellerier, de Bertrand Gachon, et de Guillem Domergue, prêtres dudit lieu, de plusieurs autres
témoins spécialement conviés, et de moi Gervais Formy, notaire (50)."
La seigneurie à Cournonterral était, comme on voit, indivise entre deux seigneurs, et l'évêque de Maguelone y avait,
conséquemment, un double hommage à recevoir (51).
A Fabrègues, la complication était bien plus
grande. Lorsque, le 8 janvier 1397, Antoine de Lovier y revendiqua ses droits de suzerain, il fallut diviser la seigneurie en quatorze parts, pour
pouvoir fixer le contingent de chacun des coseigneurs ; et voici par quels chiffres l'acte officiel marque la répartition. Le seigneur d'Alais
Bernard Pelet était, précise-t-il, seigneur de Fabrègues pour sept quatorzièmes, ou pour la
moitié ; Guillem de Fabrègues l'était pour trois des sept autres quatorzièmes ;
Béranger Dalmas et Adéaïde de Melgueil l'étaient
en commun pour un autre quatorzième, et les trois quatorzièmes de seigneurie restants se trouvaient partagés entre
Pons de Montauberon, Frédol de Montaut et Jacqueline de
Mujolan.
Sept coseigneurs donc à Fabrègues, avec part inégale de seigneurie, et conséquemment avec obligation de redevance proportionnelle,
Bernard Pelet devant, à lui seul, pour ses sept quatorzièmes de seigneurie, albergue à deux chevaliers, et ses six co-seigneurs pour les
sept autres quatorzièmes se trouvant assujettis, au prorata de leur part respective, à l'acquittement de deux autres albergues de même
nature (52). Sept prestations d'hommage pour la seigneurie de Fabrègues, par suite (53)
- spécimen remarquable de morcellement féodal, -
après quoi, prise de possession unique pour le tout par le viguier de Melgueil, au nom de l'évêque de Maguelone, avec le
cérémonial ordinaire de fermeture et d'ouverture des portes, d'ascension sur les tours, de plantation de bannière, au cri de "Maguelone !
Maguelone ! Fabrègues ! Fabrègues ! Pour Monseigneur l'évêque de Maguelone, comte et seigneur de Melgueil et de Montferrand ! -
Magalona ! Magalona ! Fabrigas ! Fabrigas ! Per Monseignor l'evesque de Magalona, comte et seignor de Melgueur et de Montferrand !"
(54)
Le Guillem de Fabrègues ici mentionné était en même temps, par l'effet d'un nouvel enchevêtrement de juridiction, hommager
de l'évêque de Maguelone pour une maison avec tour qu'il possédait à Gigean, sujette à
une redevance annuelle d'albergue pour cinq chevaliers, ce qui indiquerait un château d'une certaine importance (55).
Adélaïde de Melgueil, à son tour, comme fille et héritière de noble Raymond
de Melgueil, possédait le quart de l'étang de Melgueil et des salines
adjacentes ; y compris les droits de pêche et de chasse sur cet étang, ce qui l'obligeait envers l'évêque à
héberger trois chevaliers (56) ; et elle jouissait de plus, par indivis, de la moitié de la seigneurie de
Candillargues ; attribution qui nécessitait, de sa part, en dehors de l'hommage et du serment ordinaire de fidélité,
l'hébergement annuel de trente chevaliers, à la réquisition de l'évêque-comte, en cas de guerre, et la promesse d'envoyer,
par surcroît, en pareille cisconstance, tous ses hommes à l'armée du prélat (57).
Adélaïde n'ayant que la moitié indivise de la seigneurie de Candillargues, ne pouvait stipuler que pour cette moitié. La
reconnaissance et l'hommage furent complétés, le 13 janvier suivant, par une soumission analogue de Béranger Dalmas, seigneur de la
même localité pour l'autre moitié de la seigneurie, aux mêmes conditions et dans les mêmes termes, ainsi qu'avec le
même cérémonial, à la seule différence que l'acte en fut rédigé à la Salle-l'Evêque, dans
le cabinet d'Antoine de Lovier (58).
Vic faisait, comme Fabrègues et Cournonterral, partie de la Marquerose ; et l'évêque de Maguelone en
revendiquait la suzeraineté, même à l'égard des chanoines de son Eglise, qui y entraient en partage de la seigneurie. C'est ce
qu'indiquent la reconnaissance et la prestation d'hommage que firent, le 27 mars 1396, à Antoine de Lovier, de concert avec Miracla de
Cournonterral et avec Jean de Montlaur, le prieur de Castries Astorge de Gozon et le prieur de
Saint-Denis de Montpelliéret Raymond Jean, au nom du
Chapitre de Maguelone, coseigneur de cette localité pour un sixième ; Jean de Montlaur l'étant pour deux
autres sixièmes, et
Miracla pour le reste. Antoine de Lovier ne leur fit pas grâce du cérémonial de la prise de possession. Son
représentant, noble
Pierre Raymond, reçut les clefs, selon l'usage, puis déploya la bannière aux armes de l'évêque, et la monta sur les murs
du château, au cri proféré à diverses reprises par lui et son escorte, de "Maguelone ! Maguelone ! Vic ! Vic ! Pour monseigneur
l'évêque de Maguelone !" Il en fit autant sur le sommet de l'église, puis en vint rendre compte à l'évêque qui
l'attendait en bas. L'évêque prit alors, à son tour, les clefs, et les remit aux coseigneurs, dans l'église même de Vic, en
face du maître-autel, où avait eu lieu l'acte de reconnaissance, - toujours devant témoins, et avec accompagnement de procès-verbal
notarié (59).
Le réseau féodal enveloppait donc jusqu'aux ecclésiastiques eux-mêmes.
On en a une nouvelle preuve dans la reconnaissance faite, le 24 février 1397, par Pierre de Roquefourcade, moine de Saint-Guillem du
Désert, en qualité de prieur et de seigneur de Saint-Martin-de-Londres (60)
, à Antoine de Lovier, avec hommage et promesse d'albergue pour un chevalier
(61). Un troisième exemple est l'hommage prêté par le vestiaire de Maguelone, Jean Affrian,
comme prieur de Saint-Julien de Grabels, au même Antoine de Lovier, le 4 janvier 1399, pour la seigneurie
de Grabels, qui appartenait au Chapitre de Maguelone (62).
Les religieuses, à leur tour, ne pouvaient se soustraire à ce joug. Témoin la reconnaissance que firent à Jean Bonal, le 29 avril
1480, celles du monastère de Saint-Geniès, en se soumettant à lui, non pas seulement comme
évêque, mais aussi comme comte de Melgueil, et à s'engageant à lui payer, à ce titre, à la Saint-Michel de chaque
année, une redevance de deux marabotins d'or. Elles lui donnèrent, en outre, le même jour, une reconnaissance analogue pour les droits
seigneuriaux qu'elles exerçaient à Sainte-Colombe de Missargues, avec promesse d'un cens annuel de
cinquante sous melgoriens, en lui jurant fidélité à propos de ce fief (63).
Nos évêques n'épargnaient personne, si peu considérables que pussent être les revendications. Le 16 mai 1399, c'est
Pierre de Montlaur qui fait reconnaissance à Antoine de Lovier, comme seigneur de Murviel, pour les censives dont
il jouit dans cette localité (64). Le 13 février 1400, c'est Raymond d'Amans et c'est Jacques
de Narbonne qui reconnaissent, à leur
tour, tenir du même prélat le moulin de Rouquayrols, avec redevance annuelle de vingt setiers de blé
et d'orge, et de deux autres setiers de mouture ; et le moulin d'Issanca, moyennant dix setiers de blé de mouture,
et deux setiers en sus pour la dîme (65).
Le 21 du même mois, le bourgeois Bernard d'Autignac se reconnaît, de son côté, astreint envers le même évêque
à l'albergue d'un chevalier chaque année, pour les usages et fiefs qu'il possède dans la paroisse
Saint-Denis de Montpelliéret (66). Le même Bernard d'Autignac reconnaît, le même jour, et immédiatement après,
tenir de l'évêque et de l'Eglise de Maguelone, moyennant un cens annuel de dix-sept sous tournois, les moulins de
La Valette, sur la rivière du Lez (67).
Antérieurement déjà, le 10 décembre 1397, une fille du bourgeois de Montpellier Colin Bertrand,
Isabelle, s'était
reconnue vassale de l'évêque-comte Antoine de Lovier, pour la tour de Valsère, et autres acquisitions
récemment faites par elle dans les paroisses de Juvignac et de Grabels, au
sujet desquelles elle s'était déclarée obligée de fournir chaque année albergue à dix chevaliers, avec avoine et
dîner du lendemain, outre le serment habituel de fidélité (68).
Des évêques de Maguelone dépendait également le domaine de Montredon, situé sur la
rivière de la Mausson,dans la paroisse de Saint-Julien de Grabels, et qui leur payait une redevance de deux chapons,
comme l'atteste un hommage de son possesseur Jean de Montlaur, du 9 novembre 1395, à
Antoine de Lovier (69). Il en était de même du mas de Malbosc, qui leur devait l'albergue de deux
chevaliers, ou de quatre sous melgoriens annuellement (70) ; - de même encore
du mas de Carescauses, dans la paroisse de Juvignac, pour lequel ils avaient droit
à une moitié d'albergue de chevalier, chaque année (71).
Nos évêques avaient également pour hommagers les propriétaires du mas d'Agnac, ainsi que le prouve la reconnaissance qu'en fit
à Antoine de Lovier, le 18 février 1396, le damoiseau Fredol de Montaut,
coseigneur de Fabrègues (72). Les possesseurs du domaine de
Figaret, dans la paroisse de Saint-Michel de Guzargues, devaient, de leur côté, aux évêques de Maguelone, indépendamment de
l'hommage, l'albergue d'un chevalier annuellement (73).
Autres redevances de même nature leur appartenaient pour les domaines situés dans les paroisses de Notre-Dame d'Aix
(Balaruc-les-Bains) et de Saint-Maurice de Balaruc-le-Vieux (74) ; sur les terres
de la paroisse de Montauberon (75), etc.
Si nous nous éloignons du littoral et de la plaine qui l'avoisine, pour nous diriger vers la montagne, nous rencontrons les mêmes exigences et
les mêmes prestations féodales. Ce n'était pas un vain mot pour nos évêques que leur titre de seigneurs de Sauve, de
Durfort et de Brissac. On voit, le 9 mai 1395, Antoine de Lovier recueillir en personne le serment de fidélité des hommes du bailliage
de Sauve. Ils y passent tous, l'un après l'autre, la main sur l'Evangile, dans le monastère du lieu, le notaire Pierre Matthias enregistrant
au fur et à mesure le nom de chacun d'eux. Puis vient le tour des nobles du même ressort, parmi lesquels Raymond, coseigneur de la
Roque-Aynier, précise qu'il doit à l'évêque de Maguelone, en vertu de l'échange survenu
entre cet évêque et le roi de France (76), l'hommage précédemment réservé au monarque. Il le lui doit également,
ajoute-t-il, pour les domaines qu'il possède dans la paroisse de Saint-Bauzille-de-Putois, et pour son fief de
Saint-Michel de la Cadière (77). Deux jours après, le châtelain de Montferrand, Pierre Raymond, se
présentait de la part de l'évêque, dans cette dernière localité, pour en recevoir les clefs, symbole de suprématie,
avec le cérémonial ordinaire de fermeture et d'ouverture des portes, et d'érection de la bannière épiscopale,
publiquement déployée, au cri de "Maguelone ! Maguelone ! Pour Monseigneur l'évêque de Maguelone !" Après quoi il rendait
ces mêmes clefs au coseigneur de la Roque-Aynier, Raymond (78).
Antoine de Lovier, de retour à Montpellier, y reçoit, le 19 juin 1395, à la
Salle-l'Evêque (79), la reconnaissance que vient
lui faire Hugues de Mirabel, relativement à l'albergue de deux chevaliers et d'un sergent d'armes qu'il lui doit chaque
année, pour ce qu'il possède dans les bailliages de Sauve et de Durfort
. - L'évêque, cette fois-ci, n'a pas à se déranger : on vient à lui.
Nos évêques de Maguelone n'étaient pas moins jaloux de leurs droits féodaux sur Ganges et sur Brissac. Le Registre
notarié de nos archives où j'ai déjà puisé tant de renseignements sur le temporel de ces prélats, nous montre
Antoine de Lovier recevant, le 5 mai 1395, le traditionel serment de fidélité du damoiseau Bertrand Pierre pour la ville de
Ganges, avec les clefs des deux portes, par manière de soumission (80) ; et aussitôt après un serment
analogue du même Bertrand Pierre, en qualité de coseigneur de Brissac, dont
l'évêque de Maguelone était suzerain comme comte de Melgueil et de Montferrand. Le serment et l'hommage y sont prêtés,
selon les règles, à genoux devant l'évêque, les mains dans les siennes, puis étendues sur l'Evangile (81).
Mais quel entrelacement de juridictions n'y avait-il pas de ce côté aussi ! Bertrand Pierre, en faisant ainsi
hommage à Antoine de Lovier pour sa part de la seigneurie de Brissac, stipule dans l'acte qui consacre son vasselage une exception en faveur du
mas de Colombiers d'Anglas et du mas de Buèges ; car, dit-il, bien que
situés sur le territoire de Brissac, ils ne dépendent pas de l' évêque-comte (82). L' évêque-comte agrée
l'exception, et reçoit les clefs du château de Brissac, qu'il remet immédiatement à son procureur ou fondé de pouvoirs,
Bertrand Aloys, avec ordre d'aller, de sa part et en son nom, prendre officiellement possession de Brissac. Tout cela se passe, sans nouveau
déplacement, dans la maison épiscopale de Ganges.
Le lendemain, 6 mai 1395, Bertrand Aloys était rendu à Brissac, avec le notaire Toussaint Roger et les témoins
nécessaires pour légaliser la mise à exécution de son mandat. Les délégués du seigneur de Ganges s'y
trouvaient aussi. Le procureur de l'évêque-comte ouvrit et ferma en leur présence, au nom du prélat, les portes du château,
puis y entra, en déployant et en agitant la bannière comtale d'Antoine de Lovier, qu'il arbora à l'endroit le plus élevé,
en criant et faisant crier par l'assistance, à diverses reprises : " Melgueil ! Melgueil ! Montferrand ! Montferrand ! Pour Monseigneur
l'évêque de Maguelone, comte et seigneur de Melgueil et de Montferrand, et de Brissac." - Melgueur ! Melgueur ! Montferrant ! Montferrant !
per Monseignor l'evesque de Magalona, comte et seignor de Melgueur et de Montferrant et de Brissac." - Ce rérémonial accompli, Bertrand
Aloys, sur l'humble requête de Hugues Sabatier, procureur de Bertrand Pierre, seigneur de Ganges et coseigneur de Brissac,
lui fit, par la remise des clefs, délivrance du fief, précédemment reconnu à l'évêque-comte, et voulut qu'un
procès-verbal notarié attestât l'exécution de son mandat. L'acte fut aussitôt dressé et signé, en
présence des témoins requis par les deux notaires Toussaint Roger et Pierre Matthias (83).
Même juridiction de nos évêques sur les environs de Brissac, comme le prouve une reconnaissance du 20 septembre 1399, faite par
Pierre de Montoulieu à Antoine de Lovier, pour ses domaines, dépendants de la paroisse de
Saint-Nazaire de Brissac (84) ; comme l'établissent encore une autre reconnaissance du 31 juillet 1399 au même prélat,
pour le fief de Soubeiras (85) ; puis une troisième, du 5 novembre 1399, pour le
château de la Roquette (86) ; puis une quatrième, de la même date, pour celui de
Notre-Dame-de-Londres (87). C'était comme comtes de Montferrand que nos évêques avaient des droits sur ces fiefs, situés géographiquement et
féodalement dans le rayon du comté de Montferrand (88).
Dans le même rayon se trouvait le bois de Valène, avec ses annexes les mas de Caravètes, de Matalongue et de Vessières. Le bois
de Valène avait primitivement appartenu en propre aux évêques de Maguelone. Mais Bernard d'Autignac l'avait, le 7 juillet 1215,
par besoin d'argent, aliéné, en faveur de la Commune de Montpellier, en en retenant seulement, avec un droit de supériorité
féodale, celui d'albergue pour dix chevaliers. La Commune de Montpellier devait en sus à l'évêque albergue pour trois autres
chevaliers par an, au sujet des mas de Caravètes et de Matalongue
réunis, puis un autre tribut encore de neuf sous tournois chaque année pour le mas de Vessières :
à quoi il faut ajouter trois albergues de surplus, à cause du pilori que la Commune de Montpellier
entretenait là pour la punition des malfaiteurs (89), la haute justice demeurant toutefois en matière criminelle l'apanage exclusif de
l'évêque. Ces diverses servitudes et prérogatives féodales sont formellement reconnues à l'évêque de
Maguelone Antoine de Lovier, par une charte du 25 janvier 1395 (1396), où les consuls de Montpellier, Jean de Pertot, Guiraud Bardochon,
Etienne de Clapiers, Jean d'Orlhac, Jean Frican et Pierre Sadorlin les énumèrent et avouent expressément, par acte notarié,
à la Salle-l'Evêque (90).
Elle illustre un article intitulé : "Montpellier, ville universitaire".
Je traduis, en l'analysant, - afin de donner une idée précise de cette autre série de documents vierges d'exploitation, - le
procès-verbal du 5 février 1398, relatif au mode de revendication financière que mit en pratique, ce jour-là, à
l'égard des coseigneurs de Fabrègues, l'évêque Antoine de Lovier.
"Au nom du Seigneur. Amen. Sachent tous ceux qui liront le présent acte, que, l'an de la Nativité du Seigneur 1398,
indiction sixième, la quatrième année du pontificat du très-saint père en Christ et seigneur le pape Benoît XIII,
le 5 février, jour fixé et assigné d'avance aux coseigneurs de Fabrègues par le révérend père en Christ et
seigneur messire Antoine, par la miséricorde divine évêque de Maguelone, comte de Melgueil et de Montferrand, seigneur de Sauve, de
Durfort, de Brissac et de la Marquerose, pour le paiement des albergues qu'ils doivent audit seigneur évêque-comte, à titre de droit
seigneurial, ledit seigneur évêque, en compagnie du vénérable père Reginald, par la permission divine abbé du
monastère de Saint-Guillem du Désert, au diocèse de Lodève, et des divers témoins nommés ci-dessous, formant un
cortège de plus de trente personnes à cheval, après s'être fait précéder pendant la nuit par son maître
d'hôtel, son maître queux et son fourrier, chargés de lui préparer une réception convenable, arriva audit lieu de
Fabrègues, où les coseigneurs, qui attendaient sa venue, allèrent à sa rencontre, et lui firent un honorable accueil.
L'évêque commença par entendre la messe dans l'église du prieuré, puis se logea dans la maison de
Guillem de Fabrègues, l'un des coseigneurs, parée pour la circonstance de tapisseries dans la chambre où on le conduisit pour se
reposer, ainsi que dans la salle destinée au festin. Les tables dressées et servies, il alla s'asseoir pour dîner. Il fut, durant le
repas, princièrement traité, tant par ledit Guillem de Fabrègues, agissant pour lui-même et pour
nobles Béranger Dalmas le vieux et Adélaïde de Melgueil, que par
Frédol de Montaut, Pons de Montauberon, et Jacqueline de Mujolan,
coseigneurs de l'endroit.
Le banquet fut splendide par l'abondance des mets et la variété des vins, auxquelles participa avec joie et honneur l'escorte
épiscopale. Le dîner fini, le seigneur évêque reçut la visite d'un habitant de Fabrègues, Matthieu Ricome, se
disant mandataire de noble et puissant seigneur Bernard Pelet, seigneur d'Alais et coseigneur de Fabrègues pour
moitié de la seigneurie, alors absent. Le prélat, devant lui et les autres coseigneurs, fit donner lecture par son vicaire et official d'une
lettre dudit seigneur d'Alais, où Bernard Pelet exprimait le regret de n'avoir pu, pour affaires graves, se rendre
à la réunion, et promettait de s'en remettre à la sagesse du seigneur évêque. La lecture de cette missive achevée,
le seigneur évêque dit qu'il avait été bien et honorablement traité, et qu'il se déclarait, quant aux albergues
de cette année-là, pleinement satisfait, qu'il en tenait quittes tous les coseigneurs de Fabrègues, et qu'il invitait chacun d'eux
à contribuer, au prorata de sa part de seigneurie, au paiement des dépenses du festin.
Fait en présence de vénérable père seigneur Reginald, abbé du monastère de Saint-Guillem du Désert, de
vénérables et discrètes personnes Jean Affrian, docteur en décrets, vestiaire de l'église de Maguelone ; Raymond Jean,
prieur de Saint-Denis de Montpellier, et Pierre Raymond, tous les deux chanoines de Maguelone ; de Barthélémy Barrière, licencié
en décrets et bachelier ès-lois, archiprêtre de Montledier au diocèse de Castres, vicaire et official du seigneur
évêque de Maguelone ; de Jean Peys, maître en médecine, chancelier de l'université de médecine de Montpellier, etc.,
et de plusieurs autres témoins spécialement requis. - Toussaint Roger, notaire (92)."
Cette manière de venir consommer sur place les redevances seigneuriales qu'on ne pouvait mettre dans sa bourse, n'est pas un fait isolé. Le
même Registre de nos Archives contient un procès-verbal analogue, relatif au paiement des albergues de Cournonterral. La ressemblance des
deux actes, en laissant voir dans le portefeuille des notaires de ce temps-là une formule libellée à l'usage de cette méthode
de perception gastronomique, prouve qu'elle était alors passée dans les habitudes de nos évêques de Maguelone. Je traduirai aussi
cette seconde pièce pour permettre de juger par comparaison.
"Au nom du Seigneur. Amen. Par le présent acte soient tous clairement avertis que, l'an de la Nativité du Seigneur
1398, indiction sixième, la quatrième année du très-saint père en Christ et seigneur le pape Benoît XIII, le
12 mars, jour assigné à dame Miracla de Cournon, fille et héritière du seigneur
Guillem de Cournon, possédant par moitié indivise la seigneurie de Cournonterral, et au damoiseau Jean de
Montlaur, héritier de noble Pierre de Montlaur, coseigneur du même lieu de Cournonterral pour l'autre
moitié indivise, du mandement du révérend père en Christ et
seigneur messire Antoine, par la miséricorde divine évêque de Maguelone, comte de Melgueil et de Montferrand, seigneur de Sauve, de
Durfort, de Brissac et de la Marquerose, par noble Pierre Raymond, viguier de Melgueil pour ledit seigneur évêque, et son procureur
spécialement chargé de requérir en son nom les albergues que lui doivent ses feudataires, ledit seigneur évêque,
après s'être fait précéder pendant la nuit par son maître d'hôtel, son fourrier et son cuisinier, à l'effet
de se ménager une réception convenable, vint à Cournonterral, avec sa vénérable compagnie. Il y fut honorablement
accueilli par ledit noble Jean de Montlaur et par noble Béranger d'Aumelas, représentant ladite dame
Miracla, ainsi que par un grand nombre d'habitants, nobles et autres, qui sortirent à sa rencontre.
Son premier acte fut d'entrer dans l'église paroissiale et d'y entendre la messe, à la suite de laquelle il administra à quelques-uns
la Confirmation. Puis, la table mise et servie, il dîna. Le dîner fut splendide par l'abondance des mets et la diversité des vins : les
coseigneurs se piquèrent de faire fête à l'évêque et à son escorte. Le repas terminé, ledit seigneur
évêque déclara devant ledit noble Jean de Montlaur et devant le procureur fondé de dame
Miracla, qu'il n'avait quà se féliciter de la belle réception dont il avait été l'objet, et
qu'il les reconnaissait quittes de leurs albergues pour cette année-là. De quoi ledit seigneur évêque et ledit
Jean de Montlaur, en commun avec le procureur fondé de dame Miracla, ont requis
procès-verbal notarié.
Fait en présence de puissants et nobles hommes messire Philippe de Lévis, chevalier, seigneur de Florensac, Bertrand de Lévis, son fils,
Alzias Pelet, seigneur de La Vérune, Pierre de Pignan et Naudin son fils, Antoine de Saussan, Pierre de Montlaur, Guillon du Caylar, coseigneur
de Montferrier, Frédol de Montaut, seigneur d'Agnac, Guillem de Fabrègues, coseigneur de Fabrègues, et d'autres témoins,
légalement appelés. - Toussaint Roger, notaire (93)."
Le Registre si riche en renseignements neufs, à l'aide duquel je fais à l'histoire tant de curieuses restitutions, nous donnr le tableau d'un
cérémonial presque pareil pour le paiement des albergues de la Cabane de Carnon.
La Cabane de Carnon, construite en vertu d'un accord du 5 janvier 1272 (1273) entre le roi d'Aragon Jayme 1er, seigneur de Montpellier, et
l'évêque de Maguelone Bérenger de Frédol, était, comme on sait, un bureau de péage, où se percevait sur les
marchandises un droit d'entrée et de sortie. J'ai édité, dans mon Histoire du commerce de Montpellier, les règlements
qui régissaient ce bureau, et dont on renouvelait chaque année la publication (94). Les droits de douane s'affermaient moyennant une redevance
annuelle au profit de l'évêque ; et il y avait là, conséquemment, matière à reconnaissance féodale et
à revendication de la part du prélat. La Cabane de Carnon dépendait en 1398 d'Adélaïde de
Melgueil, de dame Jacqueline, veuve de Guiraud Praguer, docteur-ès-lois de Montpellier, de
Guillem Raymond, et de la fille de celui-ci, Martrete, femme d'Arnaud Taillepain. A eux donc incombait en commun
l'obligation de faire pour elle albergue à l'évêque , de même aussi que pour l'étang de Melgueil, et que pour la saline
contiguë.
Antoine de Lovier ne se fit pas faute de venir prendre sur place, là comme ailleurs, son droit d'hébergement. Il y vint, le 26
février 1398, et y fut respectueusement accueilli par les coseigneurs. Il était, comme à l'ordinaire, en nombreuse compagnie.
On dressa dans l'île de Carnon des tentes pour abriter les chevaux de la dévote caravane. L'évêque se promena le long de
l'étang, puis se rabattit vers la Cabane, où il dîna, en vue de la mer, avec tout son monde. Le dîner fut, selon l'habitude,
copieux en mets et en vins. Le prélat, au sortir de la table, se déclara, devant les coseigneurs, satisfait de leur gracieuse réception,
et les reconnut quittes pour le droit d'albergue de cette année-là ; ce dont le notaire Toussaint Roger dressa acte, en présence des
témoins régulièrement requis (95).
Les consuls de Montpellier acquittaient, eux-aussi, à l'évêque de Maguelone, leur albergue de seize chevaliers, pour les possessions
déjà mentionnées qu'ils avaient dans le territoire du comté de Montferrand (96). Mais ils entendaient ne payer que le moins possible.
Un acte des plus curieux à cet égard est celui du notaire Toussaint Roger du 27 avril 1400, rédigé devant la porte du
mas des Caravètes, où ils marchandent au prélat son droit de gîte avec une sorte de lésinerie communarde, en stipulant
qu'ils ne lui doivent pas d'autre dîner que celui qu'il vient de recevoir là, et en forçant Antoine de Lovier à se
déclarer, bon gré mal gré, satisfait, selon la formule habituelle (97).
Ces servitudes féodales, qui provoqueraient aujourd'hui un insurmontable sentiment de répulsion, et dont les savants les plus versés
dans l'étude de l'histoire du moyen âge
ne peuvent eux-mêmes parfois s'empêcher de sourire, étaient, dans l'état social que je m'attache à caractériser,
tout-à-fait prises au sérieux. Je n'ai qu'à poursuivre, pour en donner une idée exacte, le dépouillement du Registre
remarquablement précieux de nos anciennes archives épiscopales, où j'ai déjà puisé tant de textes demeurés
jusqu'ici inconnus. Voici, par exemple, l'acte de prise de possession de Villeneuve-lez-Maguelone, le 3 mars
1472 (1473), par l'évêque Jean Bonal. Il mérite d'autant plus d'attention, que nous sommes, à cette date, en plein
règne de Louis XI.
"Au nom de Jésus. Amen. L'an de l'Incarnation du Seigneur 1472, le 3 mars, régnant sérénissime prince
et seigneur notre sire Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Sachent tous, présents et à venir, que le révérend
père en Christ et seigneur messire Jean, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique évêque de Maguelone, comte de
Melgueil et de Montferrand, seigneur de Sauve, de Durfort, de Brissac et de la Marquerose, venant de Maguelone en grande et vénérable
compagnie d'ecclésiastiques et de séculiers, afin de prendre possession de Villeneuve, comme seigneur unique de l'endroit, les prud'hommes
Jean Zacharie, Antoine Suquet et Louis Crespin, consuls dudit lieu,
sortirent à sa rencontre, avec d'autres notables habitants. Prenant alors, en signe de soumission, la bride du mulet du seigneur
évêque-comte, ils marchèrent à pied à sa droite, jusque sur le pont situé près de la porte principale de
Villeneuve, vulgairement appelée Porte de Notre-Dame. Le seigneur évêque, arrivé là, et trouvant la porte fermée,
se mit à protester contre l'esprit d'ingratitude et de révolte des consuls et de l'ensemble des habitants, qui, en tenant la porte close,
semblaient lui interdire l'entrée de leur ville. A quoi les consuls répliquèrent qu'il n'y avait là ni révolte ni
ingratitude, mais simplement pratique d'un vieil usage, dont le but était d'obtenir du seigneur évêque qu'il voulût bien leur
confirmer les privilèges, libertés, prérogatives et prééminences concédés par ses
prédécesseurs. A la fin, toutefois, et après discussion contradictoire, les consuls se décidant à faire leur devoir
à l'égard de l'évêque, leur seigneur, lui livrèrent les clefs de toutes les portes dudit lieu de Villeneuve, aux cris
plusieurs fois répétés par tous les habitants de "Vive, vive Monseigneur de Maguelone, comte de Melgueil !- Viva, viva Monseignor
de Magalona, comte de Melgueur !" - Le seigneur évêque-comte prit les clefs, et les remit en garde à son frère Guillem Bonal.
Les consuls prêtèrent alors à genoux, et les mains dans celles du prélat, toujours monté sur son mulet, serment de
fidélité, comme à leur légitime seigneur, serment qu'ils refirent sur l'Evangile : de quoi ledit seigneur évêque de
Maguelone requit procès-verbal notarié.
Fait en présence de vénérables et religieuses personnes Jean Lobière, docteur en décrets, chanoine de Maguelone et prieur
de Saint-Etienne de Castries, vicaire et official dudit évêque, Jean de Fabrègues, bachelier en décrets, chanoine et infirmier
de Maguelone ; de Bernard Revel, marchand de Montpellier ; de noble Matthieu de Soriech ; de Pierre Bore de Mireval ; de plusieurs autres notable,
appelés officiellement comme témoins, et de moi Louis Marin, notaire, habitant de Montpellier. Le même jour, après l'heure de
vêpres, ledit seigneur évêque-comte remit aux mêmes consuls les clefs des portes de Villeneuve, pour les tenir tant qu'il lui
plairait. Les consuls le supplièrent alors humblement, au nom de toute la communauté, de vouloir bien annuler l'accusation de révolte
et de désobéissance qu'avait émise le prélat, en trouvant, à son arrivée, la porte close. L'évêque,
plus enclin à la miséricorde qu'à la rigueur, consentit aussitôt à la retirer, devant les mêmes témoins et
le même notaire Louis Marin (98)."
Une prise de possession plus singulière encore est celle du chef-lieu même du comté de Melgueil par l'évêque
Jean Bonal, le
12 décembre 1473. Le fond du cérémonial rappelle ce que nous avons déjà vu pratiquer, le 31 mars 1395,
à l'égard d'Antoine de Lovier ; mais il s'y mêle des circonstances tellement bizarres, qu'on ne peut se dispenser de traduire ce nouveau
document : c'est un impayable tableau de moeurs.
"Au nom de Jésus. Amen. L'an de l'Incarnation du Seigneur 1473, le dimanche 12 décembre, régnant
sérénissime prince et seigneur Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Sachent tous, présents et à venir, que le
révérend père en Christ et seigneur Jean Bonal, par la miséricorde divine et la grâce du Saint-Siège apostolique
évêque de Maguelone, comte de Melgueil et de Montferrand, seigneur de Sauve, de Durfort, de Brissac et de la Marquerose, en quittant sa
résidence de la Salle-l'Evêque de Montpellier, partit sur son cheval bai, accompagné d'une honorable escorte de chevaliers,
ecclésiastiques, nobles et autres séculiers, au nombre de plus de cent-vingt. Après avoir passé par le pont Juvénal
et devant l'église de Montauberon (99), il fit déployer sa bannière d'étoffe de soie, où figuraient ses armoiries,
représentant sur un champ d'azur une barre d'argent et deux moutons d'or, montant l'un à droite, l'autre à gauche
(100), et que portait noble
Jean de Neve, seigneur de Boutonnet (101) près de Montpellier. Se dirigeant alors directement vers Melgueil, il
rencontra sur son chemin nobles et honorables hommes Jacques Raynaud pour la noblesse, le notaire maître
Jean de Nimes et Pierre Dairic pour la classe populaire, et Garin pour les
monnayeurs, consuls de Melgueil la présente année. Ledit Jacques Raynaud offrit en ce moment au seigneur évêque-comte, à
titre de vrai et naturel seigneur de Melgueil, la bannière de ce comté, peinte aux armes comtales, et pliée, - bien qu'il y eut
débat entre ledit noble Jacques Raynaud et maître Jean de Nimes pour savoir lequel des deux devait en faire la remise au prélat. Le
seigneur évêque-comte, la prit de la main droite, l'appuya du même côté sur sa cuisse, et la confia à noble Alrias
Pelet, damoiseau, seigneur de La Vérune, dudit diocèse de Maguelone, qu'il chargea de la porter. Alrias Pelet l'ayant reçue, la
déploya, et la tint en l'air. le seigneur évêque-comte, descendant de son cheval, s'assit sur un banc de bois, recouvert d'un tapis de
laine, que les consuls avaient fait apporter pour la circonstance. Ceux-ci, en leur nom et au nom de la communauté de Melgueil, lui mirent, selon
l'ancien usage, un bas blanc et un bas rouge, et deux souliers alternant des mêmes couleurs, munis d'éperons dorés ; le tout
acheté aux frais de leur localité. Pendant cette toilette, le vénérable Jean Berbier, licencié-ès-lois, avocat de
la cour de Nimes, mandé, comme on disait, par les consuls, fit une allocution à la louange du seigneur évêque-comte, à la
suite de laquelle les mêmes consuls, en témoignage de soumission et d'obéissance, la tête découverte, et à genoux,
selon la coutume, se mirent à crier, à diverses reprises, de concert avec les autres habitants de Melgueil là présents :
"Vive, vive Monseigneur de Maguelone, comte de Melgueil !- Viva, viva Monseignor de Magalona, comte de Melguelh !" - Après quoi ledit
seigneur évêque-comte, remontant à cheval, poursuivit sa route, Jean de Neve et Alrias pelet portant devant lui les susdites
bannières, ledit Jean de Neve tenant la droite avec la bannière du seigneur évêque, et les consuls accompagnant toujours
à pied le prélat.
Le cortège avait déjà fait quelque chemin, lorsque le seigneur évêque-comte, à la prière de plusieurs
notables et vénérables hommes de la société du prélat, - bien que les consuls fussent régulièrement
obligés de marcher à pied en tenant la bride de son cheval, - voulant leur être agréable, permit auxdits consuls d'aller à
cheval jusqu'aux aires situées à l'entrée de leur ville, en déclarant toutefois que cela ne tirerait pas à
conséquence, et n'engagerait aucunement ses successeurs. Maître Jean de Nimes ayant néanmoins dit, à
ce propos, que les consuls n'étaient tenus d'escorter à pied le prélat que de leur bon plaisir, le seigneur évêque de
Maguelone retira sa permission. Il contraignit même les consuls déjà montés à cheval à descendre pour l'accompagner
pédestrement, ce qu'ils firent sans objection jusque vers le milieu du chemin. A Mesoul, le seigneur évêque-comte voulut bien, à
leur supplique, - Jean de Nimes s'étant désisté de son assertion, et ayant, au contraire, reconnu que,
d'après l'usage toujours observé en pareille circonstance, les consuls devaient escorter à pied le prélat, - accorda auxdits
consuls la permission de remonter à cheval, et de l'accompagner ainsi jusqu'aux aires situées près de la porte de Melgueil, du
côté de Montpellier. Arrivé là, il ordonna aux consuls de descendre de cheval, pour l'escorter de nouveau à pied ; ce qui
fut fait jusque devant la porte de Melgueil. Une fois devant la porte, les consuls, par l'organe de Jean Berbier, en présence de la population des
deux sexes sortie à la rencontre du cortège, l' évêque demeurant seul à cheval, déclarèrent au prélat
qu'ils étaient venus au devant de lui, par manière de soumission à leur vrai et légitime seigneur, afin de lui donner par cette
publique démonstration un témoignage non équivoque de respect, et pour l'amener, au moyen de cette marque de révérencieux
honneur, à confirmer, selon l'exemple de ses prédécesseurs, leurs coutumes et leurs privilèges. Le seigneur
évêque-comte leur dit qu'il agréait leurs sentiments de soumission, mais qu'avant de voir confirmer leurs privilèges et leurs coutumes, ils devaient
lui prêter serment de fidélité, comme à leur vrai et légitime seigneur, en lui livrant les clefs de toutes les portes de
leur ville ; après quoi, il ferait, à son tour, ce qui lui paraîtrait convenable.
Les quatre consuls se mirent alors à genoux, et, les mains dans celles de Jean Bonal, puis sur les saints Evangiles, que tenait
l'évêque toujours à cheval, lui prêtèrent serment de fidélité, en le reconnaissant pour leur vrai et
légitime seigneur. Ils lui livrèrent ensuite les clefs des portes de leur ville de Melgueil, au nombre de quatre. Tout cela se fit devant la
porte située en face du chemin qui mène à Montpellier, au cri plusieurs fois répété par les assistants, de
"Vive, vive Monseigneur de Maguelone, comte de Melgueil !- Viva, viva Monseignor de Magalona, comte de Melguelh !" - le seigneur
évêque-comte, sensible à ces témoignages d'honneur et de respect, s'empressa de ratifier les libertés et privilèges
légitimement accordés par ses prédécesseurs. Il prit les clefs dans ses mains, à titre d'évêque-comte, et
les transmit à son frère Guillem Bonal, son viguier dans toute la temporalité du diocèse de Maguelone. Ils se rendirent à
cheval l'un et l'autre jusque devant le portail de l'église Notre-Dame dudit lieu, les consuls les escortant toujours à pied. Finalement,
le même jour, vers l'heure de vêpres, le seigneur évêque-comte remit en garde auxdits consuls les clefs des portes de Melgueil,
pour les tenir tant qu'il lui plairait ; et de tout cela fut dressé acte par devant notaire.
Fait, pour l'ensemble de ce qui précède, en présence de révérends Jean de Costa, professeur en décrets, chanoine
et prévôt de Maguelone, Guillem de Neve, licencié ès-lois, seigneur de Boutonnet, lieutenant-général de magnifique
et puissant seigneur le gouverneur de la ville et des baronnies de Montpellier et d'Aumelas ; Jean de Château-Verdun, seigneur de Puycalvel,
écuyer du roi notre sire, et pour lui recteur de la part antique de Montpellier ; Jean de Montlaur de Murles, Pons Pelet de La Vérune,
damoiseaux ; de Michel Tincturier, bourgeois de Montpellier, coseigneur de Carnon ; de Bertrand de Montlaur, prieur de Saint-Marcel ; de Jean de
Fabrègues, prieur de Castries ; d'Antoine de Vissec, prieur de Cournonterral ; de Simon Caylar, prieur de Lattes et procureur-général
du Chapitre ; de Matthieu Segaudi, prieur de Moulines, chanoine de Maguelone ; et d'un très grand nombre d'autres témoins ; - et pour le
cérémonial pratiqué à la porte de Melgueil, en présence de nobles Guillem de Neve, Jean de Château-Verdun, Michel
Tincturier, et d'une multitude d'habitants. - Louis Marin, notaire de Montpellier (102)."
Je pourrais poursuivre les citations ; mais on est, je crois, suffisamment renseigné sur les exigences seigneuriales de nos évêques de
Maguelone. Comme tout cela contraste avec les leçons d'humilité chrétienne que leur avait léguées dans l'Evangile le
divin Maître !
Nos évêques se montrèrent jusqu'à la fin très-ardents défenseurs de leurs prérogatives féodales.
Quelle peine ne se donnèrent-ils pas, à la veille même de l'invasion du protestantisme, pour faire triompher, en face des contradictions
qu'il suscitait, leur prétendu droit à la première tête de gibier abattue dans la circonscription du comté de Montferrand
(103) ! Ils revendiquaient encore judiciairement ce privilège, en 1520, devant la cour du sénéchal de Beaucaire et de Nîmes.
Le sénéchal Jacques de Crussol le leur maintint, ou plutôt le leur fit restituer : car les habitants de la vallée de
Montferrand affectaient de le méconnaître. Les chasseurs de ce district durent, à partir de son arrêt du 6 octobre 1520,
abandonner à l'évêque-comte, ou à ses officiers, la hure des sangliers qu'ils tueraient, et une épaule des cerfs ou
chevreuils dont ils feraient leur proie, sous peine de cent marcs d'argent applicables au trésor royal, en cas de contravention.
Les récalcitrants eurent beau, dans une longue et vive requête, protester de la liberté naturelle que tout homme apporte en naissant,
et qui exclut pour lui tout joug de servitude (104), ils eurent beau s'efforcer d'établir, à l'appui de ce principe, la jouissance séculaire
du droit de chasse dans la vallée de Montferrand, qui les affranchissait de tributs de ce genre au profit de l'évêque-comte ; il leur
fallut obéir à l'arrêt du sénéchal (105).
Leur requête n'en renferme pas moins de précieux détails. Elle nous apprend qu'on tuait alors des cerfs, et même des sangliers,
sans compter les daims, les chevreuils et les loups, dans le territoire de Montferrand. Elle précise, en outre, que le bailliage de la
vallée de ce nom renfermait dix ou douze paroisses qu'elle nomme Saint-Pierre de Valflaunès, Saint-Martin de Tréviers, Saint-Jean de
Cocules, Saint-Etienne de Casevieille, Les Matelles, Saint-Gély du Fesc, Combalnoux (aujourd'hui Combaillous), Saint-Clément, Saint-Vincent,
Saint-Sébastien de Triadou, et Agarnes ; que l'évêque-comte entretenait dans chacune de ces paroisses des officiers seigneuriaux,
savoir : un capitaine, un bayle, un juge, un procureur, un notaire et des sergents ; que chacune d'elles avait de plus un lieutenant du bayle ou un
sous-bayle, spécialement chargé de sévir contre les malfaiteurs (106).
Les opposants de la vallée de Montferrand ont perdu leur procès : mais leur mémoire judiciaire nous est demeuré comme document
historique. L'évêque de Maguelone qui gagna ce procès en 1520, c'était Guillaume Pellicier 1er. Nous ne savons rien de
son neveu Guillaume Pellicier II, considéré comme évêque-comte, sinon qu'il mourut, en 1568, au château de
Montferrand, où il s'était réfugié pendant les troubles issus de l'invasion du protestantisme, qui lui avaient rendu impossible
le séjour de sa ville épiscopale, - de la ville de Montpellier, où il avait lui-même aidé à faire transférer
le siège de l'évêché en 1536.
Celui de nos prélats qui après cette translation paraît avoir eu le plus à coeur l'exercice de l'autorité, avec
plénitude de prérogatives, c'est Pierre Fenolliet. Quelle lutte ne soutint-il pas, à cet égard, avec son Chapitre dans les
derniers temps (107) ! Il ne molissait pas davantage avec les laïques : témoin sa raideur envers les Calvinistes de Mauguio, à la suite du
siège de Montpellier par Louis XIII en 1622. Avec quelle dureté ne les traita-t-il pas, afin d'assurer aux catholiques le monopole du
consulat, dans cette localité, encore aux trois quarts protestante (108) !
Aussi y éprouva-t-il une vigoureuse résistance. Il eut beau vouloir y renouveler les scènes seigneuriales des anciens
évêques-comtes. l'apparition qu'il y fit en 1626, malgré les pièces d'artifice qui saluèrent son entrée,
la musique qui l'escorta, et les fêtes qui embellirent son séjour, fut peu goûtée de la population.
C'était l'année où Fenolliet, après avoir complété la destruction des murailles de clôture de Mauguio,
se mettait à en rebâtir le château. Mais la Cour, il paraîtrait, vit de mauvais oeil ces travaux ; et nécessité
fut au prélat de s'arrêter dans son oeuvre de reconstruction. Le Gouvernement, qu'offusquaient les tours et les créneaux de Maguelone,
ne pouvait permettre à l'évêque de Montpellier de se donner une nouvelle forteresse. C'était assez pour Richelieu qu'il
eût un château à Montferrand.
Quel usage n'en faisait-il pas déjà au profit de son autorité ! Il y avait là des prisons souterraines, de terrible
renommée dans le voisinage, où on les appelait ironiquement, l'une la Marquise, une autre la Comtesse, une troisième la
Diablesse. Malheur à quiconque y entrait ! Il n'en sortait pas aisément, ni surtout valide comme à son arrivée : car on
ne tenait là nul compte de l'hygiène, et encore moins de la dignité humaine. Les prêtres, - fussent-ils chanoines de la
cathédrale de Montpellier, - y pâtissaient comme les plus humbles laïques. Le château de Montferrand ne lâchait pas facilement
sa proie. On y parlait de régime au pain et à l'eau, d'étrivières en place de déjeûner. Objet d'effroi pour les
environs, ce nid d'aigle faisait peur aux passants, qui n'osaient presque lever les yeux pour le contempler. Certains d'entre eux payaient parfois un
regard d'indiscrète curiosité d'une brutale arrestation, que suivait un cruel emprisonnement. On y enfermait jusqu'aux
délégués du parlement de Toulouse, chargés d'y porter, au nom de la Justice, des arrêts de redressement et de
conciliation (109).
A plus forte raison y détenait-on les criminels de divers genres, les sacrilèges, les sorciers. Il y eut un de ces derniers qui fut
condamné à subir la peine du fouet dans le val de Montferrand, en dessous du château, après avoir porté à son cou
le sarment destiné à le fouetter. Un autre sorcier mourut dans la prison même (110). On sortait des cachots de Montferrand pour être
envoyé aux galères, banni du royaume, ou pendu.
Cet ordre des choses ne venait pas, du reste, de l'initiative de Fenolliet. Il existait depuis l'acquisition du comté de Melgueil et de Montferrand
par nos évêques de Maguelone en 1215.
Faut-il s'étonner que le château de Montferrand ait fait ombrage à nos rois de France du XVIIe siècle ? On savait,
indépendamment de tout cela, que Fenolliet y avait soutenu, en 1622, un siège contre le duc de Rohan, - un siège de trois jours,
que les troupes d'un des plus habiles et des plus valeureux généraux d'alors avaient été réduites à lever,
après de stériles attaques. Une telle résistance le signalait aux représailles de la monarchie ; et Louis XIII, pour mieux
asseoir son autorité dans le Midi, crut devoir le démanteler. Il ne paraissait ni sage ni politique au roi qui venait de prendre tant de peine
pour s'emparer de Montpellier, de laisser derrière lui un donjon exposé à servir de lieu de refuge aux ennemis de l'Etat.
L'évêque François Bosquet, successeur de Pierre Fenolliet, eut beau momentanément rattacher à sa mense épiscopale,
par manière de compensation, la baronnie de Sauve, qui en était demeurée distraite depuis plus d'un siècle (111). L'arrêt n'en
avait pas moins été porté contre le pouvoir temporel de nos prélats. Ils n'eurent bientôt plus, pour abriter leur
majesté déchue, que le manoir et les ombrages de La Vérune, quand l'ennui les prenait sur les hauteurs du Terral.
L'évêque Colbert de Croissy, comprenant l'impossibilité de toute résistance à l'avenir contre l'autorité
monarchique, définitivement maîtresse, fut le premier, en 1698, à demander l'entière démolition du
château de Montferrand ; et si quelques ruines en subsistent encore aujourd'hui, c'est faute d'acquéreurs, à cette époque, pour
les matériaux restants (112). Nos prélats désormais n'eurent plus de leur comté de Melgueil et de Montferrand que le titre. Telle fut
leur situation durant tout le XVIIIe siècle. Le dernier des évêques de Montpellier qui a porté ce titre, avant 1789, est
François de Malide.
En réalité, le pouvoir temporel de nos évêques suspend son exercice, et cesse, par conséquent, d'avoir une véritable
existence, comme tous les pouvoirs du même genre, au moment où le pouvoir royal se substitue aux pouvoirs seigneuriaux. Cette substitution
passa chez nous à l'état de fait accompli, le jour où tombèrent, sous la pioche des démolisseurs de Louis XIII, les
murailles de Mauguio et les tours de Montferrand. S'il continua d'y avoir encore après cela des comtes de Mauguio et de Montferrand, seigneurs de
Sauve, de Durfort, de Brissac, et marquis de la Marquerose, ainsi que persistèrent à se qualifier les évêques de Montpellier, ce
furent des comtes découronnés, comme leurs châteaux, et que leur caractère désormais insignifiant fit seul trouver
grâce devant le monopole autoritaire de Richelieu et de Louis XIV.
Le protestantisme avait mortellement frappé le temporel de nos évêques. La royauté lui porta les derniers coups.
(1). C'est-à-dire vraisemblablement, pour avoir sur cette plage un chef militaire capable de leur tenir
tête : "Ludovicus, divina gratia imperator augustus, inter alia suoe largitatis donaria, Magalonensem Ecclesiam non reliquit
immunem. Inter coetera ergo beneficia, quoe eidem Ecclesioe plurima contulit, sanctissimo Argemiro Magalonensi Ecclesioe proesulante, pro oeternoe vitoe
proemio capescendo, Villamnovam prope Magalonam, quam Carolus Martellus, ejus proavus, in odium Sarracenorum Ecclesioe abstulerat, prout in privilegiis suis
continetur, pleno dominio in perpetuum possidendam restituit. Proeterea, villam de Terraliis, villam de Vedatio, villam de Montelio, villam de Bejanicis,
villam de Chauleto, et villam de Cocone, cum omnibus pertinentiis suis, eidem episcopo donavit." Arnald. Verdal. Catal. proes. Magal. Cf.
Gall. christ. VI, Instrum. 342, où l'auguste fils de Charlemagne notifie ainsi lui-même la restitution de Villeneuve à
l'Eglise de Maguelone : "Notum fieri volumus ... quia placuit nobis, pro mercedis nostroe augmento, et oeternoe remunerationis fructu,
quamdam villam, quoe est in territorio Magalonensi, cujus vocabulum est Villanova, sicuti eam Robertus comes in beneficium habuit, Ecclesioe S. Petri
Magalonensis, ubi Deo auctore Argemirus proeest, quia constat eam ex proedictis rebus Ecclesioe fuisse, cum omni integritate reddere ; ita duntaxat, ut
quidquid rectores ac ministri proedictoe sedis deinceps pro opportunitate ipsius Ecclesioe de eadem villa, vel de iis quoe ad eam moderno tempore pertinent,
facere voluerint, libero potiantur arbitrio ad hoec facienda." - Voy. mon Mémoire de 1853 sur Villeneuve-lez-Maguelone.
(2) C'est ce qui explique les serments faits par les seigneurs de Montpellier aux évêques de Maguelone que renferme
le Mémorial des nobles de nos archives municipales, et sur lesquels j'ai déjà attiré l'attention, dans mon Histoire
de la commune de Montpellier. Je transcrirai ici, à titre de spécimen, celui de Guillem V à
l'évêque Galtier : "Audi tu, Galteri, Magalonensis episcope. Ego
Guillelmus de Montepessulano, filius Guillelmi de Montepessulano, ab ista hora in antea personam tuam non capiam, vitam et membra tua tibi non tollam, nec
homo nec femina meo consilio, vel meo ingenio. Et si in illo honore, quem tu hodie habes vel possides, et canonici Magalonenses habent et possident in
communia, vel in antea tu adquisieris meo consilio, et canonici similiter meo consilio adquisierint, ego Guillelmus tollerem, vel forisfactum ibi facerem,
quum tu m'en commonras per sacramentum, vel si tu presens non fueris, aut Ecclesia Magalonensis m'en commonra per sacramentum, infra quadraginta
dies captalmen o rendrai, o to emendarai, vel ad tuam merce m'encontenrai, et a la merce canonicorum similiter. Et si homo vel femina in illo honore quem
tu habes et possides, et canonici habent et possident, vel in antea tu meo consilio adquisieris, et canonici similiter meo consilio adquisierint, tibi vel
canonicis aliquid tolleret, vel forisfactum faceret, si per me illud rederzere nollet, vel directum tibi et canonicis facere nollet, quum tu m'en
commorias
per sacramentum, aut si tu presens non fueris, vel Ecclesia Magalonensis tunc forte episcopum non habuerit, prior Magalonensis cum consilio capituli
Magalonensis m'en commonria per sacramentum, tibi et canonicis Magalonensibus adjutor ero sine inganno. Sicut in hac carta continetur, et clericus legere et
intelligere potest, ita tenebo et adimplebo sine omni inganno, me sciente, tibi, Galteri, Magalonensi episcopo et catholicis successoribus tuis, et
canonicis Magalonensibus, presentibus et futuris. Sic Deus me adjuvet, et iste sancte reliquie." (Arch. mun. de Montp. Mémorial des
nobles, fol. 19 v°.)
(3) Arnald. Verdal. Catalog. proesul. Magal., de Gothofredo.
(4) Voy., pour les détails, mon Etude historique sur les comtes de Maguelone, de Substantion et de Melgueil
, in-4°, 1854.
(5). Voici quelles étaient déjà alors les possessions de l'église de Maguelone et de ses
évêques. J'en emprunte la statistique à un diplôme de Philippe-Auguste de 1208, renouvelant et confirmant un acte
analogue de Louis VII : cette première étape féodale mérite de fixer l'attention.
"In nomine sancte et individue Trinitatis. Amen. Philippus, Dei gratia Francorum rex. Noverint universi, presentes pariter et futuri,
quod, sicut ex authentico pie recordationis genitoris nostri regis Ludovici cognovimus, ipse, ad instantiam Johannis quondam Magalonensis episcopi, ac
divine caritatis intuitu, Magalonensem ecclesiam, cum hiis que ad ipsam pertinere noscuntur, ad exemplar predecessoris sui venerande memorie Ludovici
serenissimi regis, sub regie protectionis munimine suscepit, et sui privilegii auctoritate communivit, statuens ut quascumque possessiones, quecumque bona
eadem Ecclesia in tempore ejusdem patris nostri, predecessorum ipsius largitione, sive alio justo titulo, juste et canonice possidebat, aut in futurum
largitione regum, vel principum, oblatione fidelium, aut concessione pontificum, seu justis aliis modis, Deo propitio, posset adipisci, eidem episcopo
Johanni et dicte Ecclesie Magalonensi illibata permanerent, in quibus hec propriis duxit vocabulis exprimenda : Totam videlicet insulam, in qua ipsa
Magalonensis Ecclesia sita est, cum omnibus pertinentiis suis, et insulam de Esclione, et quicquid in mari vel in stagno eadem Ecclesia juste possidere
videbatur, hoc est in mari piscationes suas, et ubicumque in Melgoriensi comitatu et Magalonensi episcopatu, portus, qui dicitur Gradus, aperiatur, in
omnibus redditibus qui inde provenerint medietatem, et in stagno similiter piscationes suas, pulmentum, decimas et sepes, et si alicubi in stagno
Magalonensis Ecclesia eas facere voluerit. Preterea predecessorum suorum vestigia sequens, jam dicte Ecclesie et prefato Johanni episcopo, privilegii sui
scripto, perpetuo possidenda concessit castrum quod dicitur Villanova, cum omnibus appenditiis suis, villam de Exindrio, villam de Amancione, villam de
Maurino, villam de Cocone cum pertinentiis suis, sicut sunt de terminio castri Villenove, castrum de Gijano cum parochia sua, et mansum de Villa Paternega,
et villam de Vico cum pertinentiis suis, castrum de Veruna totum cum pertinentiis suis, villam de Bejanicis, villam de Terrallet cum omnibus pertinentiis
suis, villam de Aguzanicis, villam Sancti Desiderii, mansum de Viveriis cum pertinentiis suis, villam quoque de Agantico cum pertinentiis suis, villam
Sancti Michaelis de Cadiera, villam Sancti Martini de Saltairanicis cum parochiis suis, mansum de Aquis Vivis cum omni tenedone illius feudi, totum
honorem de Boiset, villam de Pruneto in episcopatu Biterrensi, feudum de Lamano cum pertinentiis suis ; et si castrum vel munitionem aliquam dictus
Johannes episcopus per se vel par alium in suprascriptis locis, vel in alio aliquo loco sui juris, vel Ecclesie Magalonensis, vel feudalium ad ipsum vel ad
eamdem Ecclesiam pertinentium in toto episcopatu Magalonensi facere voluisset, licitum esset ei et successoribus suis de regia concessione, sine alicujus
contradictione. Adhuc etiam concessit eidem Johanni et Magalonensi Ecclesie auctoritatem faciendi gradum ubi ei visum fuisset in episcopatu Magalonensi,
salvo eo quod spectat ad comitem de redditibus gradus, et salvo eo quod spectat ad Ecclesiam Magalonensem. Adhuc etiam concessit predicto Johanni et
Magalonensi Ecclesie villam Sancti Sebastiani de Marojol cum pertinentiis suis, et totum honorem de Roveto cum pertinentiis suis, villam Sancti Jacobi de
Pratis, villam de Jocone, villam Sancti Dionysii, villam Sancti Briccii totam cum pertinentiis suis, Montempessulanetum totum cum omnibus adjacentiis suis,
feudum domini Montipessulani, Montempessulanum utique cum parochia sua, et castrum de Palude cum toto terminio suo, villam de Sorregio cum parochia sua, et
totum feudum quod habebat in eadem parochia et in parochia de Centrairanicis Raymondus Guillelmi de Piniano, vel aliquis per eum : hec, inquam, omnia dicto
Johanni et successoribus suis in pace possidenda concessit, et universa que ad Magalonensem episcopatum, sive ad fratrum ibidem degentium communiam juste
pertinere noscuntur. Preterea concessit eisdem ut exercerent justitias tam in civilibus, quam in criminalibus causis, auctoritate regia, in omnibus castris
et villis suis, absque omni contradictione ; et hoc idem concessit baronibus et castellanis ipsorum per eos in castris et villis suis, videlicet Guillelmo
de Montepessulano, Raymundo Petri de Agantico, Petro de Veruna, dominis de Vico, et si qui fuerint alii. Per ipsius
quoque privilegii sui paginam sanciendo decrevit, ut nullus comes, nullus princeps, nulla alia laïca potestas in clericis totius Magalonensis
episcopatus, aut in aliis ejusdem Ecclesie hominibus, sive in locis ad eamdem Ecclesiam pertinentibus, justicias, albergas, toltas, quistas, sive alias
quascumque injustas exactiones, post hujus decreti sui dationem, temerario ausu accipere presumeret, salva tamen ei et successoribus suis regia auctoritate,
ad hec in eternum valitura. Statuens adjecit, ut Magalonensem Ecclesiam et omnia suprascripta ad eamdem pertinentia, in quantum ad regiam spectabat
majestatem, nulli unquam persone, nulli loco concedere posset, sed ea semper ipse et successores sui ad regni Francie coronam sibi inconvulse servarent. Nos
igitur ejusdem patris nostri pio affectu vestigiis inherentes, pro salute anime nostre et omnium predecessorum nostrorum concessionem prescriptam, et
confirmationem omnium suprascriptorum ab eodem patre nostro factam, sicut superius et expressum, ad petitionem dilecti et fidelis nostri Guillelmi de
Altiniaco, venerabilis Magalonensis episcopi, ratam in perpetuum habemus et firmam ; et ut hoc perpetue stabilitatis robur obtineat, sigilli nostri
auctoritate, et regii nominis charactere inferius annotato, salvo in omnibus nostre regie dignitatis jure, presentem paginam confirmamus. Actum apud
Monsterolium Bellaii, anno Incarnationis Dominice M° CC° VIII°, regni vero nostri anno XXIX°."
(Cartul. de Mag., Reg. E, fol. 98, r°, où se trouve aussi le diplôme de Louis VII de 1161, type de celui-ci.) - Ces lettres de
1208 elles-mêmes sont visées dans le même Cartulaire, Reg. E, fol. 99 r°, par Louis IX (Paris, juin 1265), par
Philippe III (Ribemont, septembre 1271) et par Philippe IV (Paris, janvier 1286), ce qui prouve quelle importance on y attachait.
(6). "Devotionem quam tu et Magalonensis Ecclesia retroactis temporibus ad Apostolicam Sedem
noscimini habuisse, ac habere in futurum speramini, attendentes, comitatum Melgorii sive Montisferrandi, qui ad jus et proprietatem Ecclesie Romane
noscitur pertinere, cum omnibus pertinentiis ejus in feudum concedimus tibi ac successoribus tuis, sub annuo censu vigenti marcharum argenti, nobis et
successoribus nostris in festo Resurrectionis Dominice persolvendo ; salvo nichilhominus alio censu, quem pro alia causa Ecclesie debetis Romane ; ita quod
tu ac successores tui nobis et successoribus nostris fidelitatem propter hoc specialiter facietis,... nec castrum Melgorii seu castrum Montisferrandi, quum
sint caput comitatus ejusdem, infeodare seu quomodolibet alienare ullatenus presumetis, absque Apostolice Sedis licentia speciali. Minora etiam feuda, que
ad ipsum pertinent comitatum, nulli concedetis omnino, extra Magalonensem diocesim commoranti." (Bulle du 14 avril 1215, ap. Arch. dép.
de l'Hérault, Cartul. de Mag. Reg. D, fol. 275, et Reg. E, fol. 179 et 249 ; et Bull. de Mag.., fol. 20 et 54. Cf. Arnald. Verdal.
Catalog. episc. Magal. ; Gariel, Ser. proes. Magal., I, 307 ; Gall. christ., Instrum. 367, et Script. rer. gallic. et francic.,
XIX, 553, 607 et 743.) - Cette bulle porte une date fautive dans la transcription de Rinaldi, au tome I, pag. 390 de la Continuation des Annales
ecclesiastici de Baronius. - Voy., pour les diverses confirmations de cette bulle, mon Hist. de la Comm. de Montp., I, 304, et Gall. christ.,
VI, 760. - Ce fut sans doute pour se conformer aux restrictions mentionnées par elle, que l'évêque de Maguelone, Bernard de Mèze prit envers les consuls de Montpellier, le 5 novembre 1216, l'engagement de ne jamais aliéner
les châteaux de Melgueil et de Montferrand, sous peine d'une amende de mille marcs d'argent. (Arch. mun. de Montp., Gr. Thal., fol. 9 v°.)
(7). 1280 marcs, d'après un autre manuscrit, de la Bibiothèque Nationale de Paris ; 1200 marcs seulement,
selon une quittance papale du Cartulaire de Maguelone, Reg. E, fol. 329 v°.
(8). "Porro, ut laborum et expensarum onera, quoe proefatus venerabilis proedecessor noster
Guillelmus, occasione acquisitionis comitatus hujus, sustinuit, posteris memorioe ministrentur, sciendum est nos in archivi nostri monimentis fide dignis
legisse, quod dictus dominus papa Innocentius III, qui dictum feudum concessit, a dicto proedecessore nostro habuit mille ducentas viginti marchas
sterlingorum argenti, et domini cardinales quingentas libras provisionum. Item, camerarius domini papoe habuit pro se trecentas vigenti libras provisionum,
valentes centum marchas sterlingorum proedictorum ; item, habuit unum rocinum et unum mulum, qui constiterant triginta quinque libras. Item tres fratres
dicti camerarii habuerunt triginta libras. Item capellanis, clericis, notariis, ostiariis, scriptoribus, et aliis familiaribus domini papoe quingentas
libras. Item, pro litteris scribendis et bullandis quinque libras. Item expenderunt procuratores hujus negotii, eundo Romam, stando et redeundo, pro
equitaturis, raubis, et aliis expensis, trecentas libras. Item constiterunt usuroe dictoe monetoe mutuoe viginti quinque libras. Et sic constitit dictum
negotium, quantum ad curiam romanam, ultra expensas alias, factas in partibus istis, in adipiscendis possessionibus, vindicationibus, litigiis et
recuperationibus castrorum et jurium dicti comitatus, 6,600 libras melgorienses." (Arnald. Verdal., Catal. episc. Magal. - Cf Gall.
christ., VI, 760.) Les détails de ce compte peuvent être discutables ; mais rien ne donne lieu de suspecter l'exactitude du total de
6,600 livres melgoriennes.
(9). Arch. mun. de Montp., Grand Chartrier, Arm. E, Cass. VII, n° 3, et Grand Thalamus, fol. 7 r° et 106
v° ; et Arch. dép. de l'Hérault, Cartul. de Mag., Reg. A, fol. 221 r°, et Reg. B, fol. 15 v°. - Cf. Gall. christ., VI, 761.
(10). "Anno 1218, decimo kalendas julii, Bernardus de Mesua concessit ad feudum honoratum domino Jacobo, regi Aragonum,
domino Montispessulani, quatuor denarios super moneta Melgoriensi, in qualibet libra dictoe monetoe. Dedit etiam eidem totum jus quod habebat in
castris de Piniano et de Salsano, et dominium et hominium, et alia quoe dominus Montispessulani episcopo facere tenebatur pro castris de Frontiniano, de
Castris, de Castronovo et de Sesteyranicis, seu pro stratis publicis et ripariis ac patuis ; pro quibus omnibus dictus dominus Montispessulani debet
dare domino episcopo et ejus successoribus, annis singulis, si ab eis requiratur, pro servitio unum marabotinum auri, et valentiam de hominibus
dictorum castrorum ; addito quod, si dicta castra separentur a dominatione villoe Montispessulani, episcopus possit omnia proedicta feuda recipere
pro commisso : pro qua infeudatione habuit episcopus viginti millia solidorum Melgoriensium." (Arnal. Verdal., Catalog. episc. Magal.)
(11). C'est un autre évêque, son successeur sur le siège de Maguelone moins d'un siècle
après, qui a transmis à l'histoire le témoignage de cette lamentable énormité, dont il aura pu voir lui-même se
perpétuer le souvenir accusateur en célébrant la messe dans sa cathédrale : "Audivimus dici ab antiquis,
qui, ut dicebant jurati in casibus nostris, a majoribus suis audierant, quod dictus episcopus (Raynerius) fuit cum hostia consecrata veneno interfectus ;
et tunc fuit in ecclesia Magalonensi ordinatum, ut diaconus et subdiaconus in altari majori Beati Petri cum presbytero assistentes, de manu sacerdotis
ibidem celebrantis, et de eadem hostia consecrata, et de eodem sanguine communicarent." (Arnald. Verdal., Catal. proes. Magal.)
(12). Aussi le protestantisme se développera-t-il avec une sorte de frénésie dans nos parages
melgoriens ; et il faudra, pour en réprimer l'essor, toute la force des soldats et des canons de Louis XIII, jointe à l'inflexible
volonté du cardinal de Richelieu.
(13). Bulles d'Honorius III, de 1216 et de 1225, ap. Cartul. de Mag., Reg. E, fol. 317, et Reg. F,
fol. 21.
(14). D'autant mieux que les évêques de Maguelone étaient déjà vassaux
incontestés des rois de France pour leurs possessions de Villeneuve et de Gigean, comme le portent les lettres de Louis VII, de 1179,
en faveur de Jean de Montlaur 1er. (Gall. christ., VI, Instrum. 361.)
(15). L'évêque Pierre de Conques venait de reconnaître sa haute
suzeraineté pour les deux fiefs de Montpelliéret et de Montpellier, ce qui encourageait les conseillers de saint Louis à marcher en avant dans cette voie. (Voy. l'acte
du 15 avril 1255, ap. Gall. christ., VI, Instrum. 370.) - Le successeur de Pierre de Conques, Guillaume Christol, avait, sans
hésitation, fait la même reconnaissance, en janvier 1257. (Voy. ibid. VI, 771.)
(16). Voyez au sujet de cet usage, une très-remarquable étude de M. Henri Lavoix sur les Banquiers aux
croisades, dans le Journal officiel de la République française du 11 juin et du 4 juillet 1875 ; et les savantes recherches
sur le Millarès de M. Louis Blancard, dans le Sémaphore de Marseille du 5 mai 1876, etc., et de M. Adrien de
Longpérier, dans le Journal des Savants du mois de juillet 1876.
(17). Arch. dép. de l'Hérault, Cartul. de Mag., Reg. D, fol 279 v°, et Bull. de Mag., fol. 20 v°
et 54 v°. - Cf. Gariel, Ser. proes. Magal., I, 310 ; Martène et Durand, Thes. nov. Anecdot. II, 403 ; Gall. christ., VI,
Instrum. 374 ; et Arnald. Verdal., Catalog. episc. Magal. - J'ai déjà enregistré ce texte, en 1854, dans mon
Mémoire sur la Monnaie mahométane attribuée à un évêque de Maguelone.
(18). S. Louis - qui était la justice même - fut le premier à lui en fournir les moyens.
"Ne permittatis, écrit-il au sénéchal de Beaucaire, le dimanche avant la fête de Noël de
l'année 1268, "episcopo Magalonensi, vel feudalibus suis, in illis feudis quoe tenentur a nobis violentiam indebitam seu
injuriam in aliquo inferri seu fieri, in quantum ad vos pertinet, nec feuda propria illicite occupari, et eosdem episcopum et ejus feudales et subfeudales
ipsos, a talibus, prout justum fuerit et ad vos pertinet, defendatis." (Gall. christ., VI, 773. - Cf. Cartul. de Mag., Reg. C., fol. 69.)
(19). Voy. mon Mémoire sur les anciennes monnaies seigneuriales de Melgueil et de Montpellier. Voy. aussi
dans le Cartulaire de Maguelone, Reg. D, fol. 274, la lettre de Philippe le Hardi de 1282.
(20). Février 1291. Voy. Hist. génér. de Lang., IV, 69, et Hist. de Nismes de
Ménard, I, 388.
(21). Mars 1293. Voy. Hist; de la Comm. de Montp., II, 114, 304 et 354.
(22). Octobre 1295. Voy. Hist. génér. de Lang. IV, 85, et Ménard, Hist. de
Nismes, VII, 687 et 722.
(23). Lettre de Boniface VIII à Philippe le Bel, du 18 juillet 1300, ap. Cartul. de Mag., Reg. E,
fol. 249 v°, et Reg. F, fol. 163 r°. - Cf. Gariel, Ser. proes. Magal., I, 311 ; Gall. christ., VI, Instrum. 379 ; Hist. gén. de
Lang., IV, 98, et Rinaldi, Annal. ecclesiast. ann. 1300, n° 27.
(24). Lettres du 2 novembre 1300, ap. Cartul. de Mag., Reg. C, fol 61 v°, et du jeudi après le
dimanche Reminiscere 1302, ibid.
(25). cartul. de Mag., Reg. B, fol. 193 et 194, et Reg. F, fol. 179, 180 et 181.
(26). Bulles du 18 novembre 1329 et du 5 septembre 1331, ap. cartul. de Mag., Reg. F, fol. 165 et
166. - Cf. Hist. gén. de Lang., IV, 206.
(27). Voy. mon Mémoire sur les anciennes monnaies seigneuriales de Melgueil et de Montpellier.
(28). Bulles déjà citées du 18 novembre 1329 et du 5 septembre 1331, ap. cartul.
de Mag., Reg. F, fol. 165 et 166.
(29). "Anno 1332, limitavit (Johannes de Viridisicco) territorium de Melgorio cum
territorio partis regioe Montispessulani, axcambiatoe cum domino rege Francioe, de qua limitatione habetur instrumentum in archivo." Arnald. Verdal.
Catalog. epis. Magal. - Cf Gariel, Ser. proes. Magal., I, 466, et Gall. christ., VI, 782. - Un rouleau de parchemin, conservé
aux Archives municipales de Montpellier (Grand chartrier, Arm. C., cass. XVIII, n° 4) renferme les détails de cette délimitation,
dont l'acte se trouve également transcrit sur le Cartulaire de Maguelone, Reg. B, fol. 174 r°.
(30). Voy. ap. Gall. christ., VI, Instrum. 381, la lettre de Philippe de Valois du 8 mai 1334.
(31). Voy. les lettres de Philippe de Valois, du 19 janvier 1338 (1339), parmi les Pièces
justificatives de mon Etude historique sur les comtes de Maguelone, de Substantion et de Melgueil. - Nos évêques se refusèrent,
dans le principe, à permettre aux habitants de Melgueil d'avoir des consuls, et cette petite ville fut d'abord réduite à s'en tenir,
pour l'administration de ses affaires intérieures, à des syndics et à un conseil de bourgeois, dont, par une sentence arbitrale du
5 juillet 1307, Pierre de Lévis se borna à régler l'élection et à déterminer les prérogatives
(Voy. les numéros II, III et IV des mêmes Pièces justificatives). Nos prélats sembleraient avoir reculé, pour le
chef-lieu de leur comté de Melgueil, devant l'appréhension des souvenirs républicains inhérents aux mots Consuls et
Consulat. Il leur fallut cependant, de guerre lasse, les subir, et nous verrons bientôt des consuls à Melgueil, tout comme à
Montpellier, à Villeneuve-lez-Maguelone et ailleurs.
(32). Voy. Cartul. de Mag., Reg. F, fol 287.
(33). Lettre de Benoît XII, du 7 juillet 1341, ap. Gariel, Ser. proes. Magal., II, 13, et Gall.
christ., VI, Instrum. 383.
(34). Voy. Gariel, Ser. proes. Magal., II, 151, et Gall. christ., VI, Instrum. 387. - Cf. De Grefeuille,
Hist. de Montp., II, 145.
(35). Bulle du 15 mai 1367, ap. Gariel, Ser. proes. Magal., II, 90, et Gall. christ., VI, Instrum.
385. - Cf. De Grefeuille, Hist. de Montp., II, 122.
(36). "Anno 1247, XVI kal. aprilis, acquisivit (Raynerius episcopus) ecclesiam parrochialem
Beate Marioe de Melgorio episcopali mensoe a proeposito et capitulo ; et dedit eis pro excambio ecclesias Sancti Petri de Cornone, Sancti Juliani de
Casalignis, Sancti Stephani de Castriis, et Sancti Theodoriti de Veranicis, cum earum capellis." (Arnald. Verdal., Catal. episc. Magal. - Cf Cartul.
de Mag., Reg. F, fol. 166, et Gall. christ., VI, 768.)
(37). "Anno 1252, Petrus de Conchis dedit consulibus maris Montispessulani potestatem
faciendi gradum et turrim in plagia nostra de Melgorio, sub censu annuo quatuor librarum piperis valde boni ... Sed tamen eis usi non fuerunt."
(Arnald. Verdal., Catal. episc. Magal. - Cf. Arch. mun. de Montp., Gr. Thal., fol. 18 v°.)
(38). Cartul. de Mag., Reg C., fol. 195. - Cf. Etude historique sur les comtes de Maguelone, de Substantion
et de Melgueil, note 4 de la page 94.
(39). Voy. mes précédents Mémoires sur ces diverses localités.
(40). "Anno 128O, videlicet v kal. februarii, Berengarius Fredoli, quia comes Ruthenensis et
dominus de Roquafolio, qui tenebat ab eo in feudum medietatem castri de Brixiaco, nolebat sibi facere recognitionem, expugnavit castrum ipsum, et vi
armorum cepit ipsum, et gentes ipsius comitis, quoe intus erant." (Arnald. Verdal., Catal. episc. Magal)
(41). "Karolus, Dei gratia Francorum rex, etc. Notum facimus universis, presentibus et futuris,
quod, cum sanctissimus pater Urbanus, divina providentia sacrosancte Romane Ecclesie summus pontifex, in honorem Beati Benedicti, cujus habitum et regulam
diu gessit, in villa Montispessulani, senescallie Bellicadri, de qua senescallia traxit originem, noviter ordinaverit opere miro construi ecclesiam
collegiatam capellanorum devotorum et studentium, sub habitu et regula supradictis, nos, ducti consideratione predicta, censuimus, diu est, unam in eadem
ecclesia in honorem Beati Ludovici fundare capellam, ipsamque dotare ad sustentationem deservientium, ut ipsorum adjuti piis precibus possemus, terrenorum
hujusmodi largitione munerum, eterne beatitudinis, divina misericordia, premium adipisci. Nunc igitur opus hujusmodi propositum cum effectu [complere]
volentes, eidem capelle nostre capellanisque et clericis cultum divini numitis celebraturis, de nostra certa scientia et authoritate regia ... donamus,
assignamus, et concedimus tenore presentium possessiones et redditus qui sequuntur, quos ad hoc ex certo animo nuper emptionis titulo acquisivimus, per
dictos capellanos et clericos, eorumque successores, eidem capelle desservituros, perpetuo et pacifice possidendos : primo videlicet quadraginta libras
turonenses annui et perpetui redditus, capiendas et habendas de et super consulatu et universitate loci de Sancto Poncio de Malis canibus, vicarie
Biterrensis et senescallie Carcassone ; ... item unum hospitium ... in loco de Magalassio, vicarie et diocesis Biterrensis, etc. - Actum apud Vincennas,
die decima octava mensis octobris, anno Domini millesimo trecentesimo sexagesimo septimo, regni vero nostri quarto." (Bibliothèque Nationale,
fonds de Languedoc, tome 86, fol. 73 r°. - Cf. Gariel, Ser. proesul. Magal., II, 92.)
(42). Voy. notamment les six volumes du Cartulaire de Maguelone, déposés aux archives de la
Préfecture de l'Hérault.
(43). Il est coté Cartulaire 9, et peut être regardé comme faisant suite au Cartulaire
de Maguelone proprement dit. Les actes qu'il renferme y sont en général plus développés que ceux des périodes
précédentes. Aussi m'y arrêterai-je de préférence : il y a là une source féconde de renseignements neufs
et typiques sur le temporel de nos évêques à la fin du XIVe siècle et postérieurement. Antoine
de Lovier y jouit d'une vraie mise en scène, qui autorise à dire : Ab uno disce omnes.
(44). Ce registre est en parchemin, grand format, d'une écriture soignée, et les actes de reconnaissance
et d'hommage y sont couchés à la suite l'un de l'autre, par ordre chronologique. Chacun d'eux offre au bas le parafe officiel du notaire qui
l'a rédigé. Le premier acte transcrit étant celui que je viens de donner, l'évêque Antoine de
Lovier aura, sans doute, cru devoir commencer par une visite au chef-lieu du comté de Melgueil sa tournée de possession
seigneuriale.
(45). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 1 v°.
(46). Arch. départ. de l'Hérault, Cartul. 9, fol. 1, v°.
(47). Voy. le plan cadastral de Saint-Jean-de-Védas de 1814.
(48). "Ego Alzias Peleti, filius nobilis Remondi Peleti quondam, dominus castri de Veyruna, sponte,
liberaliter et benigne recognosco et confiteor vobis reverendo in Christo patri domino Anthonio, Dei gracia Magalonensi episcopo, me tenere et tenere
debere ... a vobis ... in feudum totum dictum castrum, cum omnibus suis juribus et pertinenciis, et omnimoda jurisdictione alta et bassa, ... pro quo
siquidem toto castro predicto et feudo ipsius teneor et debeo facere hominium, et fidelitatis juramentum prestare vobis domino episcopo supradicto et
successoribus vestris, mutante domino dicti castri, vel mutante domino episcopo Magalonensi, et albergam centum militum mutante domino episcopo Magalonensi ;
item servicium, exercitum et cavalcatam ; et reddere castrum de Veyruna et turres, fortalicia, muros et portalia, ... quociens dicto domino episcopo et
ejus successoribus videbitur expedire, seu placuerit ... Et homagium pro predictis, flexis genibus, et junctis manibus in manibus vestris dicti domini
episcopi facio, et fidelitatem vobis et vestris successoribus super sancta Dei Euvangelia, a me corporaliter tacta, juro : et albergam predictam
sufficienter et splendide, ad requisitionem vestri, ... facere promitto, in casu predicto ... - Et ibidem nos episcopus supradictus precipimus et damus in
mandatis tibi nobili Petro Remondi, castellano nostro Montisferrandi, ibidem presenti, tradendo tibi supradictas claves, quatinus turres, muros et
fortalicia ipsius castri recipias, et ascendas, et ibidem vexillum nostrum episcopale Magalonensis Ecclesie erigas, et clames ac clamari facias, et signum
nostrum predictum ponas, scilicet : " Magalona ! Magalona ! Magalona ! Pro domino episcopo Magalonensi !" ; et hoc in signum dominii nostri episcopi
supradicti. - Quod dictus nobilis Petrus Remondi fecit et fieri fecit, et dictum vexillum erexit, clamavit, et per plures clamari fecit"
Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 10 v°.)
(49). Rapprocher de cet acte l'hommage fait à Robert de Rouvres, le 14 avril
1437, par la veuve de Guillem Pelet, Thérèse, et par son fils mineur
Alrias Pelet, avec reconnaissance d'albergue pour cent chevaliers,
à chaque changement d'évêque, - hommage impliquant service militaire et chevauchée, et se terminant, comme de coutume, par le
déploiement de la bannière épiscopale et l'acclamation " Maguelone ! Maguelone ! Pour Monseigneur l'évêque de Maguelone !",
en signe de possession. (Ibid., fol. 57 v°.) - Voir aussi la prestation d'hommage du 10 novembre 1298 à l'évêque
Gaucelin de la Garde, Cart. de Mag., Reg. C, fol. 231 r°, etc.
(50). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 12 v°. le même registre renferme, à
la date de 1474, un cérémonial analogue d'hommage fait pour la même seigneurie de Cournonterral
à l'évêque de Maguelone Jean Bonal, par Bompar de Large,
que suit une prise de possession, analogue aussi, où le notaire d'alors semble avoir calqué son acte sur celui de 1395.
(Voy. fol. 77 r°.)
(51). Elle avait appartenu précédemment à trois seigneurs, au lieu de deux, comme le prouvent les
prestations d'hommage faites à l'évêque de Maguelone Guillaume d'Autignac, par
Pierre Bernard de Montagnac, Bertrand de Montlaur et Pierre de Cournon, en 1215, transcrites sur le
Cartulare de Maguelone (Reg. B, fol. 213 v° - 215 r°), et les actes de même nature reçus en 1319 par l'évêque
André de Fredol (ibid., fol. 217), en 1299 par Gaucelin de la Garde
(ibid., fol. 218 et 219), etc.
(52). Plus tard, la répartition des droits seigneuriaux se modifie : le même Cartulaire nous montre,
au fol. 58 v°, le docteur ès-lois Charles de Frontignan faisant hommage, le 22 avril 1437, à l'évêque
de Maguelone Robert de Rouvres pour un quart de la seigneurie de Fabrègues.
(53). "Nos nobiles Bernardus Peleti miles, dominus Alesti et condominus castri de Fabricis pro
medietate, que facit septem partes, et Guillelmus de Fabricis, ejusdem loci de Fabricis condominus pro tribus partibus septem parcium alterius medietatis
dicti castri, ac Poncius de Monte Arbedone pro medietate sex parcium cum dimidia de quatuordecim partibus indivisis medietatis dicti castri, et Fredolus de
Monte alto, ac Jacoba de Mujolano, domina de Mujolano, ejusdem loci de Fabricis condomini, pro alia medietate dictarum sex parcium cum dimidia de
quatuordecim partibus indivisis ejusdem medietatis dicti castri ; que quidem sex partes cum dimidia de quatuordecim partibus medietatis dicti castri
faciunt tres partes cum quarta parte unius de quatuordecim partibus indivisis tocius castri predicti ; et Guillelmus de Fabricis predictus asserens me
procuratorem nobilium Berengarii Dalmacii senioris et Alaydessis de Melgorio ... pro quartadecima et ultima parte tocius castri predicti ; nos, inquam,
omnes et singuli ... recognoscimus vobis reverendo in Christo patri domino Anthonio, divina gracia Magalonensi episcopo, comiti et domino Melgorii et
Montisferrandi, quod nos tenemus et tenere debemus a vobis et successoribus vestris ... in feudum, cum homagio fidelitatis, racione ipsius comitatus, partes
predictas, nobis modo predicto contingentes, dicti castri de Fabricis, ... nominibus quibus supra, pro indiviso ... Ac pro dicto feudo faciemus nos et
successores nostri ... vobis et successoribus vestris, comitibus et dominis Melgorii et Montisferrandi, annuatim, cum fuerimus requisiti, et non aliter, ego
dictus Bernardus Peleti, pro dicta medietate dicti castri albergam duobus militibus ; et ego Guillelmus de Fabricis tres partes septem parcium aliarum
duarum albergarum alterius medietatis, pro aliis duobus militibus ; et nos Poncius de Monte Arbedone, Fredolus de Monte Alto et Jacoba de Mujolano tres
partes ac quartam partem dictarum septem parcium prefatarum duarum albergarum illius alterius jam dicte medietatis pro aliis duobus militibus ; et ego
Guillelmus de Fabricis, ut procurator et nomine procuratorio dictorum nobilium Berengarii et Alaidaissis, septimam partam dictarum septem parcium prefatarum
duarum albergarum illius alterius suprafate medietatis pro illis aliis duobus militibus ..." Cart. 9, fol. 32 r°.
(54). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 32 v°.
(55). "Videlicet in capite castri de Gijano majorem domum meam cum turri ..." (Reconnaissance
du 3 mars 1397, ibid., fol. 36 r°.)
(56). "Albergam tribus militibus, cum civata et disnari tantum ..." (Reconnaissance du 20
mars 1396, faite à Antoine de Lovier dans l'église paroissiale de Sainte-Marie de Melgueil devant
le grand autel. Cartul. 9, fol. 27 r°. - Cf. autres reconnaissances analogues faites à l'évêque Jean
Bonal par noble Folquet de Belvezer, le 4 décembre 1473, et par Michel Tincturier,
le 1er mars 1475 (1476), ibid, fol. 63 v° et 80 r°. - Voir aussi les reconnaissances du Cartul. de Mag., Reg. B, fol. 21-23, et
Reg. C, fol. 15-18.
(57). "Pro hoc autem feudo ... ego dicta nobilis Aladaissis et mei successores debemus facere vobis
et vestris successoribus futuris dominis Melgorii annuatim albergas triginta militum, si illud exigere et recipere volueritis ... Debeo eciam facere
homagium et jurare fidelitatem, ... et pro vobis et successoribus vestris facere guerram vivam ... quandocunque vos vel successores vestri domini Melgorii
guerram habebitis. Item debeo ego et successores mei vos et vestros sequi in exercitum cum hominibus predicte ville, ... pro media parte indivisa,
quandocunque guerram habebitis." (Reconnaissance du 29 mars 1396. Cartul. 9, fol. 28 r°.)
(58). "In studio dicti domini episcopi." (Acte du 13 janvier 1397. Cartul. 9,
fol. 29 v°. - Cf. ibid. fol. 65 v°, reconnaissance semblable faite à Jean Bonal, le 4 décembre
1473, par Folquet de Belvezer.) - A la date du 8 mai 1340, le Cartulaire de Maguelone (Reg. E, fol. 322 v°)
renferme une reconnaissance de même nature, faite à l'évêque Arnaud de Verdale.
(59). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 26 r°. - Un cérémonial du même
genre se pratiqua le 29 janvier 1474 (1475), quand Bompar de Large et sa femme Jeanne de Panat
firent à l'évêque Jean Bonal hommage pour la moitié de la seigneurie de
Vic, dont l'autre moitié était indivise entre le Chapitre de Maguelone et noble
Tristan de Montlaur (ibid, fol. 78 v°). - Voir antérieurement la prestation d'hommage faite à
Bérenger de Fredol en 1289, ap. Cartul. de Mag., Reg. B, fol. 127 r° ; à
Bernard de Mèze en 1225, ibid, Reg. A, fol. 19 ; à
Arnaud de Verdale en 1340, Reg. C, fol. 197 r°.
(60). L'évêque de Maguelone Godefrid avait, en 1090,
donné l'église de Saint-Martin de Londres à l'abbaye de Saint-Guillem du Désert, - en même temps que les églises
de Saint-Vincent de Jonquières et de Saint-Pierre de Poussan à l'abbaye de la Chaise-Dieu. (Voy. Gall. christ., VI, 741.)
(61). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 35 r°.
(62). Cartul. 9, fol. 38 r°.
(63). ibid., fol. 94 r° et 96 r°. - Cf. acte du 31 décembre 1236, ap. Gall. christ., VI,
Instrum. 368 et Cartul. de Mag., Reg. E, fol. 228. Voir aussi au même Cartulaire, fol. 229 du même Registre, l'acte du 20
août 1235.
(64). Cartul. 9, fol. 39 v°.
(65). "Duo molendina, ... videlicet molendinum de Roquayrols, situm in territorio et juridictione
de Balaruco, super ripariam de Avena, ... et molendinum d'Yssanchas, situm in dictis territorio, juridictione et riparia ..." (Cart. 9, fol. 45
r°.) - Jacques de Narbonne habitait Poussan et percevait certains droits sur les condamines de Gigean
, comme en témoigne une reconnaissance faite par lui pour ces droits-là, le 24 février 1400 à
Antoine de Lovier, "domino de Gijano." (Ibid., fol. 47 r°.)
(66). "Omnia usatica et feuda, ... que ego teneo, ... in parrochia Sancti Dyonisii extra muros
Montispessulani, in secunda, tercia et quarta insulis." (Ibid., fol. 46 r°.) - Il existait donc alors tout un quartier sur l'emplacement
de l'Esplanade de Montpellier d'aujourd'hui.
(67). "Totam dominacionem, ... usatica ac dominium molendinorum de Valleta, ... situatorum super
ripariam Lani ..." Cartul. 9, fol. 46 v°.
(68). "Habetis in dicto feudo pro servicio annuatim albergas decem militibus, quas solvere promitto,
si requisite fuerint, cum civata et dinari in crastinum." (Ibid., fol. 37 r°.)
(69). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 13 v°.
(70). "Pro premissis facio et facere teneor albergas duorum militum, vel solvere quatuor solidos
melgorienses, ... singulis annis." (Reconnaissance de Jean Bérenger, du 14 janvier 1395 (1396),
ibid., fol. 13 v°.)
(71). Reconnaissance faite par Jean Sazy, le 30 janvier 1396, ibid, fol. 19 r°. - Cf.
ibid., fol. 88 r°, reconnaissance du 11 avril 1378.
(72). Ibid., fol. 22 v°.
(73). Reconnaissance du 25 février 1396, ibid., fol 23 r°.
(74). Reconnaissance du 4 mars 1396, ibid., fol. 24 r°. - Cf. reconnaissance du 1er juillet 1475, ibid., fol. 83 v°.
(75). Reconnaissance d'Etienne de Manhania, du 22 mars 1396, ibid., fol. 25
r°.
(76). Le bailliage de Sauve et la châtellenie de
Durfort avaient été dévolus à nos
évêques de Maguelone en 1293, en échange de la cession qu'ils firent alors de Montpelliéret à Philippe le Bel.
Le même échange leur avait aussi procuré la châtellenie de Sainte-Croix de Fontanès et
la seigneurie de Poussan, ce qui
leur donnait droit à l'hommage des seigneurs de ces localités. Aux preuves que j'en ai déjà fournies dans ma Notice sur le
Cartulaire seigneurial de Poussan, le Registre épiscopal auquel je fais de si précieux emprunts en ajoute certaines autres. Deux actes du
17 février 1396, par exemple, nous montrent Philippe de Lévis, seigneur de la Roche, prêtant, en
son nom et au nom de sa mère Jourdaine de La Roche, coseigneurs de Poussan l'un et l'autre pour un quart par indivis,
hommage et serment de fidélité à l'évêque Antoine de Lovier, conformément à
l'acte de partage de 1341 (fol. 21 r° et v°). Mais c'est surtout pour le bailliage de Sauve que se manifeste l'importance de notre Registre
épiscopal. Il ajoute beaucoup à l'intérêt des documents statistiques transcrits sur le Cartulaire de Maguelone, Reg. D, fol. 54
et 138.
(77). Arch. dép. de l'Hérault, Cartul. 9, fol. 5 v° - 7 r°. - Même formalité à
chaque changement de seigneur. Rigauld de la Roque-Aynier vient à Montpellier, le 22 novembre 1400, renouveler à
Antoine de Lovier la reconnaissance faite à ce prélat, le 9 mai 1395, par son père
Raymond, pour sa part de seigneurie de la Roque-Aynier et pour ses possessions de
Saint-Bauzille de Putois (ibid., fol. 50 v°). Sa prestation de serment est suivie, le 11 mars 1402, de celle d'une autre
coseigneur de la Roque-Aynier, Nat de Saussan, au même évêque
(ibid., fol 54 r°).
(78). Cartul. 9, fol. 7 r°.
(79). "In Montepessulano, in aula episcopali, videlicet in terrassia que est supra cameram
retractus ejusdem domini episcopi." (cartul. 9, fol. 11 r°.)
(80). "Ego Bertrandus Petri domicellus, dominus ville Agantici et omnium pertinencium ad eamdem, ...
assero, confiteor et recognosco, per me et meos successores, bona fide et sine dolo, vobis domino Anthonio, miseracione divina Magalonensi episcopo, ... quod
ego habeo et teneo, habere et tenere debeo, habere et tenere volo, a vobis et successoribus vestris in feudum, et predecessores mei a vestris
predecessoribus habuerunt et tenuerunt, ... videlicet totam villam Agantici, dominaciones, majores justicias et minores, et omnem omnino juridictionem
ejusdem ville, intus et extra ... Preterea fateor et recognosco vobis domino episcopo, quod ego et successores mei debemus et tenemur vobis et
successoribus vestris, per pacem et guerram, tradere et reddere, sine aliqua dilatione, forcias et municiones quascumque ejusdem ville, ... cum clavibus
duorum portalium, scilicet de Boquerio et de Cruce ... Pro quibus omnibus et singulis, ego predictus Bertrandus Petri et futuri successores mei domini
Agantici ... sumus ac esse debemus homines vestri, et debemus facere homagium et jurare fidelitatem vobis et successoribus vestris, et vos et
vestros successores sequi, et defendere vos et vestros homines atque terram, ac vobis et vestris facere valenciam, ad expensas vestras, in placito et in
guerra contra homines quoscunque. Debemus eciam pro predictis facere apparatum annis singulis, in festo apostolorum Petri et Pauli, quatuor clericis, et in
subsequenti festo Beati Petri omnibus clericis venientibus ad festum. Et hec omnia ego predictus Bertrandus Petri, per me et meos, recognosco, et
promitto adimplere fideliter et tenere, ... faciens de presenti homagium vobis predicto domino Anthonio, Dei gracia episcopo supradicto, junctis manibus et
positis infra vestras, et flexis genibus ... Et juro super sancta quatuor Dei Evangelia, a me corporaliter manu tacta, fidelitatem, vitam et membra, dato
firmitatis osculo atque pacis ... - Post hec immediate predictus Bertrandus Petri, dominus de Agantico, in signum subjectionis et servitutis, reddidit et
restituit duas claves, quas esse dicebat duorum portalium dicte ville, scilicet de Boquerio et de Cruce, domino episcopo memorato, et eas in manibus
predicti domini episcopi humiliter posuit ... Acta fuerunt hec Agantici, in domo episcopali." (Cart, 9, fol. 2 r°.)
(81). "Ego Bertrandus Petri domicellus, dominus Agantici et pro parte castri de Brixiaco, ...
recognosco vobis domino Anthonio, Dei gracia Magalonensi episcopo, comiti et domino Melgorii et Montisferrandi, ... quod ego teneo et habeo a vobis
in feudum, racione comitatus Melgorii et dominii Montisferrandi, ... caput castri de Brixiaco, turres et fortias et municiones omnes, ... merum
et mixtum imperium, et omnem juridictionem, ... in toto castro de Brixiaco, villa et barriis ejus, et in toto ipsius castri territorio ... Et pro ipso
feudo ego et successores mei sumus et esse debemus homines vestri, et facere debemus homagium, et prestare fidelitatis juramentum ... Et modo de presenti,
ego supradictus Bertrandus Petri, pro prenominato feudo, facio vobis dicto domino meo Anthonio, episcopo antedicto, comiti et domino Melgorii et
Montisferrandi, homagium, jure et racione comitatus vestri predicti, flexis genibus, junctis manibus meis, et positis infra vestras, et me a vobis domino
episcopo predicto ad osculum recepto, promitto et juro super sancta quatuor Dei Euvangelia, a me gratis et corporaliter tacta, fidelitatem, vitam et
membra ... Et servicium quod pro ipso feudo facere debeo ... faciam vobis fideliter et sine aliqua difficultate." (Ibid.)
(82). "Verumptamen excipio a dicta generalitate dicte recognitionis mansum de Columberiis de
Anglariis, et mansum de Boieta, qui mansi sunt sub jurisdictione et territorio dicti castri, quos duos mansos a vobis non teneo." (Ibid.)
(83). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 5 r°.
(84). Ibid, fol. 40 r°.
(85). Cette reconnaissance du 31 juillet 1399 fut renouvelée à l'évêque de Maguelone
Pierre Adémar, le 23 juin 1415, par Béranger de Soubeiras :
"ratione comitatus Melgorii et Montisferrandi." (Ibid., fol. 55 v°.)
(86). Ibid., fol. 42 r°.
(87). Ibid., fol. 44 r°.
(88). Les feudistes qui seraient désireux de se procurer des détails plus complets concernant les
redevances auxquelles avaient droit nos évêques dans la circonscription du comté de Montferrand, pourraient consulter avec profit le
relevé que renferme à cet égard le Cartulaire de Maguelone, Reg. E, fol. 246-248, à la date de 1358 : cinq grandes
pages in-fol. de statistique, à l'usage de leurs officiers de finance, luttant de minutieuse exactitude avec les rôles de nos percepteurs
d'aujourd'hui.
(89). Ce pilori donna lieu, en 1370, à un ardent conflit entre l'évêque-comte
Gaucelm de Deaux et les consuls de Montpellier (Voy. De Grefeuille, Hist. de Montp.., II, 126, et Gall. christ. VI, 792.)
(90). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 17 v°.
(91). Tout cela il va sans dire, était en dehors du paiement de la dîme. Celui-ci variait selon les
localités, et il en était de même du droit de lods et ventes. Voici comment il se trouve tarifé sur un feuillet de notre
Registre : "Solvitur laudimia reverendo in Christo patri domino Magalonensi episcopo, comiti Melgorii et Montisferrandi, dominoque
Salvii Salviensis, Durisfortis Brixiacique et Marcherose : et primo in Montepessulano, pro laudimio decima pars, sive de decem unum, licet quod justum
laudimium sit quinta pars ; sed illud fit ex gratis. Item de comitatu Melguorii, aquis stagni Melguorii et de Carnone, et in Villanova Marcherose, et in
baronnia de Brixsaco, solvitur pro laudimio quinta pars, sive de quinque unum. Item in baronnia Salvii et Durisfortis, solvitur pro laudimio sexta pars,
sive de sex unum. Item de comitatu Montisferrandi solvitur pro laudimio septima pars, videlicet de septem unum."
(92). Arch départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 48 r°. - Ce n'était pas la première
fois qu' Antoine de Lovier se faisait ainsi héberger. On lit, au fol. 34 du même Registre, à la
suite de la prestation d'hommage déjà mentionnée ci-dessus, qu'une autre réception semblable avait dû avoir lieu pour lui
à Fabrègues le troisième dimanche après Pâques de cette année-là :
"videlicet in dominica qua in sancta Dei Ecclesia cantatur Jubilate".
(93). Arch départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 48 v°. - Il semblerait résulter de ce
procès-verbal, que le carême n'était pas alors chez nous trop rigoureux, à moins de supposer invariablement
stéréotypée la formule du notaire relative au dîner épiscopal : " In quo quidem prandio idem dominus
episcopus et sui comites, seu sibi associati, fuerunt per dictos condominos ejusdem loci Cornonis in maxima escarum copia et diversitate vinorum splendide
refecti." Le 12 mars 1398 correspond, en effet, au mardi après le troisième dimanche de carême, Pâques tombant,
cette année-là, le 7 avril. Notre évêque de Maguelone aurait-il donc voulu se donner le plaisir d'une mi-carême
anticipée ?
(94). Hist.du comm. de Montp., II, 445. Cf. I, 78.
(95). "Dictus dominus episcopus accedens ad Cabanam predictam fuit hilariter receptus, et extensis
in insula dicte Cabane tentis, ad cooperiendum equitaturas dicti domini episcopi, loco stabulorum, dictus dominus episcopus juxta litus stagni, una cum suis
gentibus applicatus, fecit partem dictarum equitaturarum in dictam insulam predicte Cabane transfretari, et aliam partem, que propter loci parvitatem non
potuit ibidem collocari, apud Peyrols remisit. Deinde dictus dominus episcopus, post longum spaciamentum habitum per eum secus litus stagni predicti, ad
Cabanam predictam transfretavit, et decoctis cibariis, aliisque ad prandium necessariis preparatis, ac stratis nonnullis mensis in insula predicta, extra
tamen Cabanam predictam, a parte maris, una cum suis, pro recreatione sua sumenda, recubuit. In quo quidem prandio fuit in maxima escarum copia et
diversitate vinorum splendide refectus, et sui comites, seu sibi associati, solemniter refocillati. Postmodum vero, sumpto prandio, dictus dominus episcopus
... dixit quod alacriter et honeste fuerat receptus et depastus, quodque super dictis albergis prefatos Alaidayssim ac dominam Jacobam, et Guillelmum
Remundi, ac Martretam ejus filiam, quittabat, et quittos esse volebat, quantum ad illum annum ..." (Cartul. 9, fol. 49 r°. Cf. ibid.
fol. 68 v°, reconnaissance du 2 décembre 1473, faite à l'évêque Jean Bonal par
Michel Tincturier.)
(96). Dix albergues de chevaliers pour le bois de Valène, trois albergues pour le
mas des Caravètes et ses dépendances, trois autres albergues pour le pilori
qu'ils avaient là comme justiciers.
(97). Cartul, 9, fol. 49 v°. - Les droits de l'évêque-comte furent maintenus, comme en
témoigne la reconnaissance que firent, le 18 mai 1481, nos consuls de Montpellier à Jean Bonal, à condition que le prélat
ne pourrait exiger l'acquittement de ses albergues que l'année même, et qu'il y aurait prescription, passé ce terme. (Ibid.,
fol. 92 v°.)
(98). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 62 r°.
(99). Là se trouvait la limite qui séparait le territoire de Melgueil de celui de Montpellier,
d'après la délimitation de 1332, comme l'indique l'acte du 8 avril 1333, couché sur le Cartulaire de Maguelone,
Reg. B, fol. 178.
(100). Jean Bonal aurait eu pour armoiries, selon M. Fisquet dans la France
pontificale, "d'azur à la bande d'argent, accompagnée de deux cerfs d'or, un en chef et un en pointe". - L'assertion est en
désaccord avec mon texte, où il est expressément dit : "In campo azuri fuit una barra argenti et due verveces auri,
una videlicet a dextris, et altera a sinistris ascendentes." Vervex n'a jamais signifié un cerf, mais un mouton ou une brebis.
(101). Le seigneur de Boutonnet figure dans tous les anciens actes comme vassal de l'évêque de Maguelone
(Voy. notamment Cartul. de Mag., Reg. E, fol. 124, et Reg. B, fol. 32.)
(102). Arch. départ. de l'Hérault, Cart. 9, fol. 70-72.
(103). Cartul. de Mag., Reg. F, init. - Cf. Gariel, Ser. praes. Magal., II, 119, et Gall.
christ., VI, 797. - Ils avaient droit aussi à la tête des dauphins pêchés sur le littoral du comté de Melgueil, et au
meilleur morceau de certains autres poissons. Voy. Cartul. de Mag., Reg. C., fol. 168 et 48, et Reg. E, fol. 47.
(104). "Dicunt memorati impetrantes quod quilibet, jure disponente, nascitur liber, immunis a
quocumque jugo, sive prestatione vectigalis, tributi, et alterius oneris. Itaque servitus, cum sit multum odiosa, quia juri naturali contraria, inesse
nunquam presumitur." (Arch. départ. de l'hérault, Cartul. 9, fol. 126.) - Leurs ancêtres s'étaient
déclarés débiteurs de cinquante livres tournois, en 1362, envers l'évêque de Maguelone
Déodat, à titre de droit de joyeux avénement. Ils y mettaient, à la vérité, pour condition,
"quod libertates dicte universitatis et ipsius hominum vallis predicte idem dominus episcopus et comes laudaret et confirmaret eisdem,
prout sui predecessores laudare et confirmare olim consueverant." (Cartul. de Mag., Reg. E, fol. 347 r°.)
(105). Rapprocher ce fait de l'ordonnance de François 1er de 1516, qui prononce la peine de
bannissement, de l'exil, puis des galères, ou même de la mort, suivant la gravité des cas, contre quiconque oserait attenter au droit
de chasse du roi et des seigneurs dans leurs domaines. - Or, les évêques de Maguelone, à titre de comtes de Melgueil et de Montferrand,
avaient naguère possédé ce droit. Charles VI, par des lettres patentes de 1404, l'avait expressément reconnu à
Antoine de Lovier. (Voy. Gall. christ., VI, 797. - Cf. Cartul. de Mag., Reg. F, init.)
(106). "In bailliago de valle de Monferrant, cujus prelibatus reverendus pater dominus
Magalonensis episcopus pretendit se esse dominum jurisdictionalem, sunt decem vel duodecim parochie, videlicet parochia Sancti Petri de Valleflaunes,
Sancti Martini de Trivies, Sancti Johannis de Cocullis, Sancti Stephani de Casaveteri, las Mathellas, Sancti Egidii del Feysc, Combalnoux, Sancti Clementis,
Sancti Vincencii, Sancti Sebastiani de Triado, et Agarnes ; in quibus quidem parochiis predictis dominus Magalonensis episcopus, et in qualibet ipsarum,
tenet officiarios, videlicet capitaneum, bajulum, judicem, procuratorem, notarium, et servientes. Precipue in qualibet ipsarum est locumtenens bajuli, sive
subbajulus, qui habet potestam ac facultatem ac speciale mandatum ab ipso domino episcopo Magalonensi contra quoscumque malefactores deliquentes infra
dictum bailliagium." (Cartul. 9, fol. 126)
(107). Voy. ma Monographie sur Pierre Gariel, première partie.
(108). Voy. la Chronique de Mauguio, que j'ai publiée en 1876.
(109). Apologie du scindic du Chapitre cathédral de Montpellier contre un imprimé intitulé
Découverte et refutation des faussetez, impostures et calomnies, contenuës en un imprimé intitulé Repliques aux remarques de
Monsieur l'evesque de Montpellier sur le factum dudit scindic, 1652, Biblioth. de la ville de Nîmes, Recueil 11405, relatif à
l'année 1651. - Ce mémoire, de 75 pages in-4°, donne, à certains égards, la clef de l'interprétation de la
lettre qu'écrivait, à la date du 28 novembre 1644, le juge-mage André de Trinquère au chancelier Seguier, et dont voici
la copie textuelle, d'après l'original, conservé à la Bibliothèque de l'Institut, fonds Godefroy, volume 273, fol. 294 :
"Monseigneur, Sy tout le monde ne cognoissoit la mauvaise vie de Monsieur nostre evesque de Montpellier, j'aurois plustost mis soubs le
silance ce que la charité m'obligeoit de cacher, principalement de ceux quy sont les chandeliers de l'Eglise, et quy doivent estre le miroir de bon
exemple. Nous sommes dans une ville mi-partie d'heretiques, où il semble estre obligé de prendre garde à ces maudites actions
detestées de tous ceux de ceste province ; mais au lieu de les cacher, sa turpitude le monstre et le faict cognoistre, d'autant plus qu'il ne se
souscie de Dieu ny de la religion catholique. L'aage où il est peust donner de bonnes pensées à ceux quy ne sçavent point la
suite de ces vices ; mais en cela il a acquis des habitudes sy pernitieuses, que, sy le papier ne rougissoit de ses actions, vous trembleriez de la
lecture des forfaicts sy abominables. Quoy qu'il en soit, Monseigneur, j'offre presanter cinq cens tesmoings de ces pernitieuses actions, à la
moindre enqueste que vous commanderez estre faicte, et suivant cela vous jugerez que c'est luy faire grace en le banissant de la France, comme le plus
infemme de la terre. N'estoit, Monseigneur, le zelle des catholiques, la risée des heretiques, et le scandale de nostre Religion, je ne vous aurois
escrit, ny ne me serois montré partie contre ces vices, quy, estans hors d'experance d'amendement, doivent estre chastiez par les loix, et en sa
personne punis suivant les ordonnances, ce que toute la ville de Montpellier expere, et mesme il est necessaire pour le bien de l'Estat que on s'assure de
sa personne au plustost. C'est de quoy je vous ay vollu donner advis, comme le principal de la Justice de ceste ville, estant, Monseigneur,
vostre très-humble et très-obeyssant serviteur. - De Trinquère, juge-maje et lieutenant-general en la seneschaussée de
Montpellier. - De Montpellier, ce 28 novembre 1644." - Au dos : "Monseigneur, Monseigneur le Chancellier, à Paris."
J'ai vu et manié, à la Bibliothèque de l'Institut, cette lettre originale du juge-mage André de Trinquère, et il m'a paru
absolument impossible d'en mettre en doute l'authenticité. Le cachet s'y trouve encore à l'endroit du pli. On ne peut même accuser de
calomnie son auteur. Le juge-mage André de Trinquère était un homme parfaitement honorable et excellemment religieux. Un de ses neveux,
Antoine de Trinquère, moine de l'Observance de Saint-François, fut définiteur général de l'Ordre, et trois fois
provincial de la province de Saint-Louis ; et deux de ses fils furent, à leur tour, chanoines d'Aigues-Mortes. Une de ses filles, Catherine de
Trinquère, épousa N. de Sarret, baron de Coussergues, et se rattache, à ce titre, à la famille de notre maréchal de
Mac-Mahon. Etait-ce donc la faute d'André de Trinquère, si Fenolliet avait déjà
oublié à ce point les leçons et les exemples qu'il avait reçus de saint François de Sales ? Le juge-mage, en sa
qualité de chef de la Justice, s'acquittait conscencieusement d'un devoir pénible, en informant le chancelier Seguier des habitudes
pernicieuses et des maudites actions d'un prélat devenu si tristement méconnaissable. André de Trinquère n'avait pas plus
que nous le droit de taire la vérité.
(110). Brief examen fait par un ecclésiatique du diocèse de Montpellier du livre qui porte ce
tiltre : Apologie du scindic du Chapitre cathédral de Montpellier contre un imprimé intitulé Découverte et refutation des
faussetez, impostures et calomnies, contenuës en un imprimé intitulé Repliques aux remarques de Monsieur l'evesque de Montpellier sur
le factum dudit scindic, 1652, Biblioth. de la ville de Nîmes, Recueil 11405.
(111). Depuis 1570. - Voy. Hist.gén. de Lang., V, 306.
(112). Voy. mon Etude historique sur les comtes de Maguelone, de Substantion et de Melgueil, pag. 101.
La dernière partie de l'étude d'Alexandre GERMAIN est une série de "pièces justificatives inédites" qui ne sont pas
reprises ici (à l'exception d'une partie de celles du point 7). La liste est la suivante :
1/ Cérémonial de la prise de possession de Melgueil par les évêques de Maguelone (reconnaissances de 1395 et 1473).
2/ Cérémonial de la prise de possession de Villeneuve-les-Maguelone (reconnaissances de 1395 et 1472/73)
3/ Prestation d'hommage par les seigneurs de Cournonterral (reconnaissance de 1395)
4/ Prestation d'hommage par les consuls de Montpellier (reconnaissances de 1395/96 et de 1480)
5/ Prestation d'hommage par les religieuses de l'abbaye de Saint-Geniès (reconnaissance de 1480)
6/ Droit de joyeux avènement perçu par les évêques de Maguelone sur les habitants de la vallée de Montferrand (1362)
7/ Droits de pêche et de chasse revendiqués par les évêques de Maguelone dans leur comté de Melgueil et de Montferrand
(voir les photos, ci-après)
8/ Paiement d'albergues requis sur place par les évêques de Maguelone (1398 à Fabrègues, Carnon, Cournonterral et pour
les consuls de Montpellier)
9/ Démolition du château de Montferrand (1699, Conseil d'Etat)
Droits de pêche et de chasse revendiqués par les évêques de Maguelone dans leur comté de Melgueil et de Montferrand
![]() 5 juin 1329 |
![]() 6 mai et 12 juin 1341 |
![]() 22 septembre 1404 |
![]() 6 octobre 1520 (début) |
C'est dans la troisième photo que l'on évoque le mas de Euseto (2ème colonne, 7ème ligne), c'est-à-dire le mas des EUZET de Saint-Gély-du-Fesc (voir "Saint-Gély-du-Fesc (suite 2)".