Les EUZET et AUSSET : protestants de Montpellier.



La présentation du lieu.
L'état des connaissances.
Questions.



Le musée du désert : un baptême clandestin



1/ La présentation du lieu

Dans cette rubrique, nous avons l'intention de rappeler succinctement quels ont été les lieux de la "longue marche" des protestants de Montpellier : les temples, les écoles, les cimetières, les quartiers, les rues ...

(...)

2/ L'état des connaissances

La première période : 1560-1629 (de la fondation de l'Eglise de Montpellier à l'Edit de grâce)

Nous savons que, dès le commencement, Montpellier a attiré des réformés originaires de toute la région (voir la partie Histoire, dans la suite 2). Cependant, les historiens ignorent tout de la situation de la Réforme avant 1554 (année où deux "premiers" protestants furent suppliciés) et regardent l'année 1560 comme celle de l'apparition du protestantisme à Montpellier, même s'il est certain qu'il existait avant. En effet, c'est le 8 février 1559 (vieux style), c'est-à-dire, le 8 février 1560 que fut "plantée" l'Eglise de Montpellier par Guillaume MAUGET, ministre de Nîmes.

La même année 1560, une liste de "contributions" donne les noms d'habitants de Montpellier qui avaient "assisté aux assemblées défendues". Parmi elles, il y a un certain Anthony AURET, fils de Mathieu AURET, d'Assas. La liste originale est perdue, comme l'indique le pasteur Philippe CORBIÈRE, dans son "Histoire de l'Eglise réformée de Montpellier", en 1861. Il précise que "nous devons cette liste à M. HERMINJARD, de Vevay, qui la copia aux archives de la mairie de Montpellier, il y a une dizaine d'années (...) Nous avons vainement recherché l'original qui ne figure dans aucun catalogue (...). Il précise aussi : "Cette liste, d'une orthographe particulière, est écrite dans un langage mêlé de patois". Il est donc impossible de vérifier la forme exacte du r de AURET et aussi comment celui qui a écrit distinguait les r des z. Or, l'expérience enseigne que des confusions sont souvent possibles entre ces deux lettres. Rien n'interdit de penser que ces AURET étaient des AUZET, d'autant que ces derniers étaient présents - avec ces mêmes prénoms - à Assas dès le XVIe siècle (voir les EUZET d'Assas) et que les prénoms Antoine et Mathieu se retrouvent couramment dans la lignée des EUZET du Triadou.

Quel est, dans les registres protestants le premier ou la première EUZET de l'Eglise réformée que nous trouvons à Montpellier ? C'est peut-être Jean EUZET ( écrit EUZIÉ), baptisé le 8 août 1562, fils d'Antoine EUZET (écrit AUZIÉ) et de Gabrielle ... (le nom manque). Cette forme "EUZIÉ" est assez rare mais nous avons trouvé des formes proches (par exemple LIEUSET pour EUZET à Saint-Martin-de Cardonnet, en 1665 ou encore LIOUZET pour EUZET, à Montpellier, en 1733) Ce Jean, fils d'Antoine est peut-être le petit-fils de Mathieu EUZET, d'Assas, qui fait son testament en 1570 et qui est marié à Jeanne DESPUECH. La soeur de ce Mathieu, Florence EUZET, est mariée à un BONNEL, de Cournonsec. Ces patronymes, DESPUECH, BONNEL, se retrouvent parmi les noms de ceux qui font baptiser leurs enfants auprès des premiers pasteurs de Montpellier.

C'est ensuite Aubert EUZET, de la lignée de Saint-Jean-de-Védas, qui se marie en 1563 avec Peyronne MAZOYER(E), de Clapiers. Son fils Guillaume conclut son contrat de mariage avec Jeanne CAMBERNOUZE, de Saint-Jean-de-Blaquières, auprès du notaire SABATIER, en 1608. Cet Aubert est certainement un frère du Jean EUSET, de Saint-Jean-de-Védas, qui refuse de payer la dîme au fermier protestant, en 1564.

Nous avons retrouvé deux autres mariages qui sont typiques de la période des origines, les protestants de la région se rapprochant de la capitale régionale, Montpellier :

- Jaumete EUZET (fille de feu Jaume, de Saint-Jean-de-Coculles) et Pierre de MONTREDON, fils de Simon (de Saint Ambrois, dioceze d'Usez), en juillet 1588.
- Jeanne EUZET (fille de Pascal, d'Assas) et Estienne SABATIER (fils d'Antoine, du lieu de Sauvagnaigues), du 11 juillet 1604. Ce Pascal est certainement Pascal EUZET, marié avec Anthoinette DESPUECH, fils lui-même de Mathieu, d'Assas et de Jeanne DESPUECH, frère de Pierre, Michel, Anthoine jeune et Anthoine vieux, tous fils de Mathieu EUZET et de Jeanne DESPUECH, d'Assas.

Du côté des baptêmes, la situation est plus confuse car il faut "faire le tri" avec les AUSSET et autres TUZET, familles différentes mais dont les graphies sont parfois AUZET ou même EUZET. Comme la graphie des lignées des EUZET est elle-même parfois AUZET ou AUSSET, il faut être prudent. Certains sont, cependant, bien situés, car l'origine est indiquée, par exemple pour les EUZET de Saint-Jean-de-Védas :

- Jean EUZET (écrit LAUZET), le 3 avril 1578 (fils d'Antoine et de Catherine VERNEDE)
- Salomon EUZET (écrit AUZET), le 9 octobre 1580 (fils d'Antoine et de Catherine VERNEDE)

Nous avons encore Alesette EUZET (écrit LAUZET), fille de Pierre et de Jeanne DA..., en juin 1585 (sans précision d'origine) mais nous avons aussi la preuve d'une confusion dans la graphie avec un autre Pierre EUZET, marié avec Marguerite ESTIENNE, qui fait baptiser Jean EUZET, le 20 novembre 1616, présenté par Jean ESTIENNE et Anthonie AUDIBERT(E). Or, le 29 novembre 1628, lors du baptême de Marguerite TUZET, nous voyons qu'elle est la fille de Pierre TUSET et de Marguerite ESTIENNE. C'est, manifestement, le même couple que celui de 1616. Le nom et le prénom de l'épouse du Pierre EUZET de 1585 étant différents, il s'agit peut-être du Pierre EUZET, fils de Mathieu, d'Assas.

Certitude, par contre, en ce qui concerne Benjamin EUZET, fils de Jean d'Assas et de Françoise RICARD(E), le 8 (?) novembre 1625. L'enfant est présenté au baptême par Benjamin du CARBON (?), procureur en la cour des Aides et par Rachel PERIDIER (?), femme de Me Jean REDON, orfèvre. Certes, il y a un mariage protestant d'un homme TUSET et d'une femme RICARD, en 1617, selon les tables du chercheur BURLATS-BRUN, qui reste à vérifier, mais nous allons voir, dans la période suivante que le frère de Benjamin est François EUZET qui se marie en 1649 et qui passe au catholicisme, puisque les actes de naissance de ses deux enfants, en 1651 et 1669, se retrouvent dans les registres paroissiaux d'Assas. Nous savons par le mariage de ce François que le père, Jean EUZET marié à Françoise RICARD, était notaire à Assas et nous savons aussi qu'en 1602, il y avait à Assas un Jean EUZET, praticien, en relation avec les FESQUET, autre famille de notaires, selon un acte qui reste à étudier. Nous faisons le double pari que le mariage de 1617 concerne Jean EUZET, le père de Benjamin, et que le Jean EUZET de 1602 est le même que celui de 1617. Ces deux points vont être vérifiés bientôt.

(à suivre)

La deuxième période : 1629-1685 (de l'Edit de grâce à la révocation de l'Edit de Nantes)

Quelques actes montrent la permanence de ces familles EUZET réformée(s), à Montpellier, au moins jusqu'en 1642, mais ce sont surtout les familles AUSSET, originaires du Gard, qui sont de plus en plus majoritaires :

- Marguerite EUZET : enterrement le 27.01.1632
- Henry EUZET (tisseran) x Ysabeau TOUREILHE, le 28.02.1644. Contrat Me MONTET, le 18.01.1644. (à trouver et à analyser).

(à suivre)

Surtout, nous avons François EUZET, d'Assas qui présente au baptême, le 21 juin 1642, Suzanne DUMAS, fille de Jean ; avec lui, c'est Suzanne ROUSSE qui présente l'enfant. Or, nous savons que, le 29 janvier 1652, un certain François LUZET, d'Assas a abjuré, selon les sources dépouillées par l'historienne Louise GUIRAUD, dans son livre sur "La réforme à Montpellier". Elle s'est demandée si la véritable forme n'était pas EUZET, au lieu de LUZET. Il est fort possible que ce soit ce François EUZET, de 1642. Dans cet acte comme dans celui du baptême de Pierre DUMAS, le 5 février 1645, nous voyons que l'épouse de Jean DUMAS est Marguerite LAUZET(TE). Nous pouvons donc faire l'hypothèse qu'il s'agit d'une soeur de François EUZET. Par ailleurs, Pierre DUMAS, fils de Jean, est présenté au baptême par Pierre PRUNET, orfèvre. Or, c'est la femme d'un autre orfèvre, Jean REDON, qui présente au baptême, Benjamin EUZET, fils de Jean et de Françoise RICARD, en 1625. Pour le moment, nous nous contentons de noter ces similitudes, en particulier la même origine : Assas. Il est fortement probable que le François EUZET de 1642 soit celui qui se marie en 1649, fils du notaire Jean EUZET et de Françoise RICARD et qui abjure en 1652. Cette explication butte, cependant, sur la naissance - catholique - de son fils Jean-Jacques, en 1651, le parrain étant un notaire de Meyrargues, Jean QUERELLE. Il y a un an d'intervalle entre la naissance et l'abjuration, délai qui reste encore à expliquer s'il s'agit bien du même personnage.

Du point de vue de la graphie, il est aussi assez remarquable que l'acte de 1642 soit suivi par le baptême de Jean AUSSET (tel que c'est indiqué en marge), fils à Louys AUSET (tel que c'est indiqué dans le corps de l'acte) et de Marguerite MAZET(TE), le 17 juin 1642. Or, dans un autre acte du 22 janvier 1640, le baptême de Claude AUSSET, fils de Louys AUSSET, boulanger, et Marguerite MAZETTE, nous voyons qu'il s'agit d'une famille AUSSET que nous pouvons suivre sur quatre générations et dont la graphie du nom varie essentiellement entre AUSSET, AUSET et AUZET. La première génération est constituée par deux boulangers, probablement frères : Pierre, marié avec Magdeleine ABRIC et Louis, marié avec Marguerite MAZET. A la deuxième génération, nous avons au moins deux enfants de Pierre : Marguerite, mariée avec Barthélémy DUMAS (tailleur) et Marthe, mariée avec Daniel BREMOND (boulanger) ; il y a aussi les enfants de Louis : Pierre (marchand garnissé), marié avec Marie BRUNEL, Pierre, Magdeleine, Louis, Claude et Jean. A la troisième génération, les enfants de Pierre et Marie BRUNEL sont Marguerite, mariée avec Jean PASCAL, Louis et Pierre, marié avec Marie BARRAL. A la quatrième génération, ce sont les enfants de Pierre et Marie BARRAL : Jean baptiste, Jean et Catherine. Ces quatre générations de protestants AUSSET vont du baptême de 1640 au décès de Jean AUSET, le 12 avril 1717, fils de Pierre AUSSET et de Marie BARRAL. En 77 ans, il n'y a jamais eu de variantes EUZET du nom de cette famille AUSSET, pour une vingtaine d'actes, au total.

Enfin, dans les années qui suivent (jusqu'en 1660), il n'y a aucune naissance d'EUZET. Nous avons simplement trouvé le baptême d'une Izabeau TUZET, le 24 décembre 1658, fille à Jean, boulanger, et à Jeanne SALOMON. Ce couple est bien situé comme TUZET et non comme EUZET, avec au moins quatre autres enfants, en 1660, 1663, 1665 et 1667, et des variations de graphie intéressantes (EUZET, une fois en 1660 et AUZET une fois, en 1667.) Il semble donc que la source protestante des EUZET d'Assas, de Saint-Jean-de-Védas et de Saint-Jean-de-Cuculles se soit rapidement tarie, sans que nous en connaissions la ou les causes. Abjuration ? Emigration ? Fin de lignée ? Plusieurs causes à la fois ? La réponse reste à trouver.



La troisième période : 1685-1770 (de la Révocation de l'Edit de Nantes à la mise en liberté des captives de la tour de Constance et des galériens de Marseille et de Toulon)

(à suivre)

La quatrième période : 1770-1804 (l'Eglise est reconnue de fait sans l'être de droit, puis sa position s'améliore avec l'Edit de tolérance et le Consulat qui la replace sur une base légale)

(à suivre)

3/ Questions

sommaire

haut de page

Les EUZET et AUSSET (suite 1) : protestants de Montpellier.

Les EUZET et AUSSET (suite 2) : protestants de Montpellier.

Les autres lignées de l'Hérault

Les EUZET d'Assas.

Les EUZET de Saint-Jean-de-Védas.

Les EUZET de Saint-Jean-de-Cuculles.