Les (d')EUZET du mas Euzet de Saint Sauveur du Pin.
La présentation du
lieu.
1/ La présentation du lieu
Les côtes : le site du mas d'Euzière
L'état des
connaissances.
Nouvelles découvertes et hypothèses (en 2017).
Observations (en 2016-2017).
qui avait pour "confront" le mas d'Euzet
Signification des abréviations : ° : naissance b : baptême p : parrain m : marraine fs : fils fa : fille test : testament x : mariage Cm : contrat de mariage + : décès (+) : enterrement |
2/ L'état des connaissances
Un mas d'Euzet, en 1202, 1245 et 1247, à Saint-Sauveur-du-Pin
Trois actes qui se trouvent dans le cartulaire de Maguelone donnent des précisions sur le mas d'Euzet de
Saint-Sauveur-du-Pin :
- En avril 1202, RAIMOND VI, comte de Toulouse, cède à l'abbaye de Franquevaux quelques domaines sur
la paroisse de Saint-Sauveur-du-Pin : videlicet mansum de Euzeto et mansum de Euzeriis et mansum de
Rotils, et mansum de Fraisseneto, et quicquid pertinet ad parrochiam Sancti Salvatoris de Pigno, retento michi et
successoribus meis in mansis illis annuatim. L'abbé ROUQUETTE, dans son édition du Cartulaire,
commente cet acte ainsi : "L'abbé de Franquevaux dont il est question est PONS, qui fut
abbé depuis 1176 au moins jusqu'en 1208. Cette donation fut soumise à une enquête par
GREGOIRE IX. Quoiqu'en dise l'acte de donation, seule la Grange du Pin resta en possession de ce monastère."
Dans son édition du Bullaire de Maguelone, l'abbé ROUQUETTE donne le texte de l'enquête du pape
du 23 juin 1238. En effet, GREGOIRE IX ordonne à certains dignitaires de l'Eglise de Nîmes de faire une
enquête sur les aliénations faites par RAIMOND VI au monastère de Franquevaux, en particulier sur la
Grange du Pin. L'abbé Rouquette précise en note : "GREGOIRE IX poursuit toujours son projet
de reconstituer l'ancien comté de Melgueil, et de réduire autant que possible les donations faites par les
comtes de Toulouse. La Grange du Pin est un grand domaine situé près de Prades-le-Lez, qui appartient
aujourd'hui à M. Louis DURAND de FONTMAGNE. Au bout de la propriété, non loin de la source du Lez, on
voit encore des traces de l'ancien prieuré de Saint-Sauveur-du-Pin, qui dépendait du monastère d'Aniane
: quelques pans de murs. Ce sont, croyons nous, les vestiges de l'ancienne église. La Grange du Pin dépendait,
au contraire, du monastère de Franquevaux. Sur ce point encore, GREGOIRE IX échoua dans ses revendications.
L'abbé en resta paisible possesseur. Mais d'après un acte de 1369, que nous avons trouvé aux
Archives départementales de l'Hérault (EMERIC, notaire, 1369, fol. 76), ce domaine devait payer chaque
année à l'évêque trente-deux sétiers de froment et quatre sétiers de blé,
plus cent quatre sols tournois. Cette censive était-elle marquée dans l'acte de donation, ou fut-elle
imposée à l'abbé de Franquevaux après l'enquête ordonnée par GREGOIRE IX ? Nous ne
saurions préciser sur ce point."
Nous retrouvons, au 27 août 1245, le mas d'Euzet (de Elzeto), le mas de Fraissinet (de Fraichineto) et celui
de Rotils : Item sunt et alia patua de pertinimento predicti mansi de Fraicheneto, et sunt et confrontantur ex parte camini de
sancto Egidion de Fisco, sicut movetur de carriera qua itur ad dictum mansum de Fraicheneto et sequitur vallatum del
Nieriis, usque i, dictum caminum de Sancto Egidio, et inde extenditur usque ad Podiolas del Nieriis. Illa vero patua que
sunt de pertimento mansi de Elzeto, sunt contigua patuis proxime dictis ; et sunt et confrontantur sicut movetur de
dictis podiolis del Nieris et extenditur usque in caminum publicum de Matellis, (...)
Après cette première localisation, nous gagnons en précisions grâce à un acte du 11
décembre 1247 : Super grangia de Pinu, et mansis de Euseto, et de Euseriis, et de Rotils, et de Fraisseneto, cum pertinenciis eorumdem,
ac super pocessionibus et rebus aliis ; que omnia dictum monasterium Francarum Vallium tenet et possidet, vel alius ejus
nomine, in parrochiis Sancti Salvatoris de Pinu, et Sancti Egidii de Fisco, et Sancti Clementis Magalonensis diocesis ;(...)
Grangiam de Pinu, cum omnibus mansis et expresse mansum de Fraichineto, et de Euseto, et de Euseriis, et de Rotils,
et omnia allia que dicta domus per se vel par allium possedet vel tenet, seu possedere vel tenere debet infra
parochias supradictas, sive sint domus, casamenta, edificia, furna, pasturalia, riperie, paludes, census, usatica, aque
aquarumve decursus, et piscaciones carum (...)
Le texte de 1247 est une sentence arbitrale, rendue entre ROSTANG, abbé de Franquevaux, et l'évêque de
Maguelone, au sujet de leur contestation sur la possession de la Grange du Pin, avec toutes ses dépendances : des mas
(de Fraissinet, d'Euzet, d'Euzières et de Rotils), ainsi que tous les droits prétendus dans les paroisses de
Saint-Sauveur-du-Pin, de Saint-Gély-du-Fesc, de Saint-Clément et de Saint-Jacques-de-Prades (de Pratis).
De l'analyse croisée de ces textes ainsi que des notes de l'abbé Rouquette, nous
concluons que le mas d'Euzet de Saint-Sauveur du Pin appartenait bien à l'abbaye de Franquevaux. Mais alors, si la
donation de 1202 n'a, en fait, concernée que la Grange elle-même, comme le souligne l'abbé
ROUQUETTE, comment peut-on expliquer cette appartenance ? Y-at-il eu un acte ultérieur qui permettrait de
résoudre cette contradiction ?
Le même mas d'Euzet, en 1205 ?
La solution se trouve probablement en 1205 (c'est-à-dire 3 ans après l'acte de 1202). En effet, nous
avons retrouvé pour cette année la vente d'un mas d'Euzet au monastère de Franquevaux :
"L'an 1205, le six mai, moi, Guillaume de PAMIERS (de Pamiis), je reconnais que Pierre (d')EUZET, fils de défunte Rufe
(d')EUZET et de Bernard de CAMBOUS, m'a vendu autrefois et m'a remis et vendu à moi et à mes successeurs tout le
manse d'Euzet (mansum de Elzeto),
avec toutes ses dépendances, ses champs, ses friches, ses prés, ses paturages, ses garrigues, ses bois, ses
terres cultes et incultes, avec toutes ses terres dépendantes et adjacentes, ainsi qu'il est notifié dans la
charte de vente faite et passée devant Hugues LAURENT, notaire. Par cette charte, il a abandonné toute
prétention sur ces terres et sur leurs dépendances, contre moi et mes successeurs. Aussi, moi, Guillaume de
PAMIERS, je donne, concède et remets à perpétuité au monastère de Notre-dame de
Franquevaux, à ses frères et à leur abbé PONS ainsi qu'à ses successeurs, ainsi
qu'à toi, frère BERNARD, représentant dudit monastère et de son abbé, la possession de
ce manse ; je vous cède là-dessus toutes mes prétentions et tous mes droits, dont je vous rends
procureurs, je m'en défait et je vous en investis. Je reconnais avoir reçu de ta part, frère BERNARD,
trois cent sous que j'ai obtenus pour prix de ce dit manse, et je le déclare afin qu'il ne t'en reste aucune dette.
Et je renonce à toute réclamation pécuniaire à ce sujet et je promets en toute bonne foi que je
ne ferai rien contre toi par ruse ou par artifice. Bernard ALBARIC, Benoît LABRE, Jean ADHEMAR, Stéphane
d'ARLER. Hugues LAURENT, notaire qui a rédigé cet acte. Donné à Guillaume de PAMIERS et au
frère BERNARD."
La vente du 6 mai 1205
L'analyse de cet acte de 1205 présente quelques difficultés pour localiser le mas et déterminer
qui sont les personnages en cause. Comme nous le voyons, rien n'est dit sur le lieu, exactement comme si c'était
évident, sans risque de se tromper. Or, justement, des indices forts nous amènent à penser qu'il s'agit
du mas d'Euzet de Saint Sauveur du Pin.
Des indices concordants
Premier indice : le notaire de 1205 est Hugues LAURENT. Or, les LAURENT (Laurencii) apparaissent dans les actes
du cartulaire de Maguelone entre 1188 et 1190, au moins à cinq reprises, avec deux personnages,
Hugues (Ugo) et Jean (Johannes), ce dernier étant aussi notaire. Dans l'inventaire des actes du
"Fonds de la commune clôture" de la ville de Montpellier, le notaire Hugues LAURENT apparaît dans trois actes,
en 1188, 1196 et 1199. Dans le cartulaire des GUILLEM de Montpellier, on trouve les notaires Hugues
LAURENT en octobre 1196 et en avril 1200, Jean LAURENT en juillet 1192 et en octobre 1197 mais
aussi Jacques (Jacobus) Laurent, notaire public de la ville de Montpellier en novembre 1202, quand il reçoit le
testament de GUILLEM VIII, seigneur de Montpellier. Ces LAURENT qui travaillent donc pour les plus grands (dont, au moins
en partie, pour l'évêque de Maguelone) constituent ainsi une dynastie de notaires et de juristes que l'on
retrouve entre 1188 et 1447, c'est-à-dire pendant une période qui s'étend sur au moins
259 ans (Jean au XIIe siècle, Hugues au XIIe et XIIIe siècles, Jacques au XIIIe siècle, Pons et Jean au
XIVe siècle, Jean au XVe siècle).
Dans son article intitulé "Chanceliers, notaires comtaux et notaires publics dans les actes des comtes de Toulouse", Emile G. LEONARD nous confirme ainsi que "Hugues LAURENT est un notaire public montpelliérain bien connu
par des actes publics allant de 1188 à 1202" (Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1955, n° 113, p. 59). De ce premier indice, nous pouvons donc conclure que, au plus tôt, Pierre EUZET
a pu vendre le mas à Guillaume PAMIERS en 1188, puisque c'est manifestement la première année du notariat d'Hugues LAURENT.
Deuxième indice : l'acheteur du mas d'Euzet avant 1205 et le vendeur du même mas en 1205 est
Guillaume de PAMIERS. De fait, il s'agit d'une famille qui apparaît plusieurs fois dans le cartulaire
de Maguelone, en 1198, 1199 et 1250, notamment. Ainsi, en 1250, Pierre de PAMIERS est
notaire public à Montpellier mais, surtout, en 1198, il y a une sentence entre Arnaud de PAMIERS,
bayle de Montferrand, et R. d'Aniane. A cette époque, le bayle de l'évêque, au
château de Montferrand, était donc un PAMIERS. Or, parmi les témoins de la donation de 1202,
nous retrouvons Arnaud de PAMIERS et il y a aussi un Raimond de PAMIERS. Plus important encore, deux des
témoins de l'acte de 1198 sont Raymond de PAMIERS et G. de PAMIERS. Nous pouvons raisonnablement
penser que G. veut dire Guillaume et que ce Guillaume est celui qui est l'acquéreur puis le vendeur du mas d'Euzet.
L'année suivante, en décembre 1199, le fonds de la "commune clôture" nous apprend la donation
entre vifs par Raimond de Carboneiras à Guilhem VEZIAN, son fils, de sa part du mas de Carboneriis
situé dans le terroir de Montferrand. Le notaire est Hugues LAURENT et l'approbation est
faite par Arnaud (Arnald) de PAMIERS, bayle de Montferrand. Ainsi au fil des actes, il
apparaît clairement que Hugues LAURENT, Guillaume de PAMIERS et Pierre EUZET étaient tous les trois,
à la même époque, dans la val de Montferrand. Les ressemblances et les "coïncidences" ne
s'arrêtent d'ailleurs pas là puisque c'est par des actes de la famille VEZIAN que nous avons connaissance de
l'existence du notaire Jean de LAUZET, au XIVe siècle.
Nous constatons aussi que l'année où les (de) PAMIERS apparaissent comme témoin ou bayle est
1198. Or, le cartulaire de Maguelone nous apprend le nom des bayles qui ont précédé. Nous avons
G. de CAMBRAS, en décembre 1181, Bermundo de SALVE (Bermond de SAUVE), en novembre 1188 et G. de
NUCE, en mars 1189 (n. s.). Nous pouvons donc imaginer que l'achat du mas par Guillaume de PAMIERS à
Pierre d'EUZET a eu lieu pendant la période où ils avaient le plus de pouvoir, au service de
l'évêque-comte, c'est-à-dire probablement dans les années 1190, entre 1190 et
1202, années à rapprocher de la période où Hugues LAURENT était notaire, entre
1188 et 1205.
Dans cette opération, peut-être que Guillaume de PAMIERS n'a servi que d'intermédiaire, poussé
par l'abbaye de Franquevaux qui avait, à cette époque une politique d'extension systématique de son
patrimoine dans cette paroisse, à partir des terres qu'elle possédait déjà.
Une politique d'acquisition systématique, par le monastère de Franquevaux, à Saint-Sauveur-du-Pin
- en 1201 : vente au monastère, par Rostang d'ASSAS et sa femme Béatrix, de tout ce qu'ils avaient
sur la métairie du Pin et dans toute la paroisse de Saint-Sauveur-du-Pin sur le mas de Galian.
- en 1201 : vente au monastère, par Ermessinde DUPIN et Pierre GARNIER son mari, de tout ce qu'ils avaient
à Montferrier, à Saint-Jean-de-Cuculles, Saint-Gély-du-Fesc et Saint-Sauveur-du-Pin.
- en 1202 : vente au monastère, par Roland de MONTAUT, de tout le mas Galian situé
dans la paroisse de Saint-Sauveur-du-Pin, confrontant au terroir que le monastère y avait déjà et de
la troisième partie de garrigues.
- en 1202 : donation au monastère de la Grange du Pin, par RAIMOND VI, comte de Toulouse.
La façade de la Grange du Pin, côté rue
(08.07.2004 - photo J.C.E.)
- en 1203 : vente au monastère, par Pons du TRIADOU, de la troisième partie du moulin à la
font du Lez et de la moitié d'un autre moulin dont le monastère jouissait de l'autre moitié,
situé sur le Lez, appelé le moulin de la Synagogue, avec tous les droits qu'il avait depuis la font du Lez
jusques à l'église de Saint-Sauveur-du-Pin.
- en 1203 : vente au monastère de la sixième partie des garrigues du mas de Galian.
- en 1205 : vente au monastère de la moitié de deux moulins sur le Lez.
- en 1206 : vente au monastère, par Guillaumette MOLINIER, de la 5ème partie du mas de Rotils (acquise
en 1204 par sentence du parlement de Toulouse qui avait adjugé à Guillaume MOLINIER, son père,
1/5 du mas de Rotils). Nous voyons, ensuite, que le monastère a arrenté ce mas, en 1247 et qu'à
cette occasion, nous en connaissons les confronts qui sont le mas de Cadenières (cadeneriis), Puy-Long (podio longo),
Rédonel (redoneli), Puy-Ferrier (podio ferrerio) et de Coste (de costa).
Ainsi, entre 1200 et 1206, la politique d'acquisition de biens, dans la paroisse de Saint-Sauveur-du-Pin,
par le monastère de Franquevaux, a été particulièrement "agressive". Nous constatons,
d'ailleurs, qu'avant ces six annés, le monastère possédait déjà des biens importants
dans cette paroisse, comme la moitié du moulin de la Synagogue (acte de 1203) et au moins un terroir (acte de
1202). Effectivement, un acte antérieur d'achat a pu être retrouvé :
- en 1181 : vente au monastère, par Pons BERNARD, de vignes au mas de Galian (ou Gaillan : de gallano
ou de gaillano), près la vigne de Saint Sauveur.
De même, les acquisitions ne se sont pas arrêtées en 1206. Nous avons ainsi pu retrouver des actes
bien ultérieurs (en 1261, par exemple). Il y a eu aussi une politique de protection des droits attachés
à ce patrimoine, dès le début du XIIIe siècle. Ainsi, le 8 mai 1209, une
transaction a accordé à l'abbé de Franquevaux de ne pas payer la dîme dite des "ortalices".
Ce texte est, aujourd'hui, perdu mais c'est grâce à cet accord que le Parlement de Toulouse a confirmé
ce droit 329 ans plus tard, le 30 janvier 1538.
Par ailleurs, nous constatons l'absence d'archives entre 1206 et 1247, alors que la sentence de 1247
fait ressortir le nom d'autres mas possédés par le monastère : de Fraissinet (à
Saint-Gély-du-Fesc) et d'Euzières (à Saint-Sauveur-du-Pin), notamment.
C'est donc dans ce contexte qu'il faut replacer la vente au monastère, en 1205, du mas d'Euzet, par Guillaume
de PAMIERS. C'est la poursuite d'acquisitions, systématique et méticuleuse, de tous les biens contigus à
ceux que le monastère possédait déjà, dans la paroisse de Saint-Sauveur-du-Pin. Quant à
Guillaume de PAMIERS lui-même, nous le retrouvons comme témoin, avec Jean ADHEMAR, dans la vente des
moulins de 1205, le notaire étant Hugues LAURENT, c'est-à-dire trois des protagonistes de l'acte de vente du mas
d'Euzet dans cette même année 1205. Nous constatons, également, le déplacement des TRIADOU du site de Saint-Sauveur-du-Pin à Saint-Sébastien-de-Cassagnas (qui deviendra "Le Triadou"), du moins s'il s'agit de la même lignée (voir Le Triadou), exactement comme les EUZET qui ont probablement fait le même parcours, avec une étape supplémentaire à Saint-Gély-du-Fesc (là-aussi, s'il s'agit de la même lignée). Nous pouvons ainsi imaginer que ces deux familles se connaissaient, ce qui a peut-être facilité le mariage de Bernard EUZET avec la veuve héritière des TRIADOU, vers 1368.
Rufe (d')EUZET, au XIIe siècle
L'acte de vente du mas d'Euzet, en 1205, nous apprend aussi que Pierre (d')EUZET est fils de Rufe (d')EUZET et de Bernard (de)
CAMBOUS. Il peut paraître curieux que Pierre (d')EUZET porte le nom de sa mère, sauf si nous traduisons Pierre de Euzet, fils de
défunte Rufe de Euzet. Il y aurait là, la référence à un lieu sans que ce soit
forcément un nom de famille [au sens actuel], ce qui correspondrait à une époque où beaucoup de patronymes n'étaient pas
encore formés. Malgré les indices ci-dessus qui poussent à conclure que
le mas de 1205 et celui de 1202-1245-1247 sont un seul et même mas, l'absence de localisation dans l'acte de
1205 a obligé à passer en revue la totalité du patrimoine du monastère de Franquevaux. En effet,
la question que l'on pouvait se poser était tout simplement un lien soit avec Saint-Michel-d'Euzet soit
avec Euzet [les bains]. Ces deux petites communes, qui existent toujours dans le Gard, n'étaient peut-être
que deux "mas", en 1205 (par exemple, Saint-Michel-d'Euzet n'avait encore que huit feux, en 1384,
c'est-à-dire 179 ans après ces évènements). Le fait qu'un des témoins de l'acte s'appelle
ADHEMAR pouvait même faire penser au village d'Euzet où les ADHEMAR, nobles verriers, ont
été présents pendant des siècles. A contrario, nous trouvons aussi des ADHEMAR dans le
cartulaire de Maguelone (par exemple, Adhemarus de MONTELLIS, en 1180 et 1181), et le nom de CAMBOUS
fait pencher pour le mas de Saint-Sauveur-du-Pin, compte tenu de la proximité du château de Cambous et de ce
mas.
3/ Nouvelles découvertes et hypothèses (en 2017)
L'arbitrage entre l'évêque de Maguelone et l'abbé de Franquevaux, en 1247,
L'article des patus du mas d'Euzet, en 1442
Extrait de l'article de la Grange du Pin, en 1442
4/ Observations (en 2016-2017)
Saint Sauveur du Pin (suite 1)
En fait, les cahiers de titres du monastère ne font aucune référence aux deux villages ci-dessus
et ne citent pas plus le mas d'Euzet de Saint-Etienne-d'Escate que celui de Bagard (voir
Les villages, mas et autres lieux appelés Euzet dans le Gard).
Il ne reste donc qu'une seule conclusion : le mas d'Euzet de 1205 est bien celui
de 1202, 1245 et de 1247, à Saint-Sauveur-du-Pin.
De plus, cet acte nous ouvre la porte du XIIème siècle. En effet, la vente du manse par Pierre (d')EUZET à Guillaume (de) PAMIERS a
eu lieu "autrefois". En remontant, au plus tôt, au début du notariat d'Hugues LAURENT, nous sommes alors en
1188. En supposant encore que Pierre (d')EUZET ait eu alors 30 ans, sa naissance serait aux alentours de 1158. En supposant aussi que sa
mère Rufe ait eu alors vingt ans, cela la ferait naître vers 1138. Si Pierre (d')EUZET était beaucoup plus âgé au
moment de la vente, cela reporterait d'autant la naissance de Rufe, au tout début du XIIème siècle.
à propos de
la grange du pin et ses dépendances, dont le mas d'Euzet.
Une première étude des hommages et reconnaissances faites en faveur du seigneur évêque de Maguelone par les habitants de la paroisse de Saint Clément (de Rivière) et les coseigneurs de Montferrier, en 1442, montre que la formulation des biens de Franquevaux (du 11.12.1247) est reprise à l'identique, le 07.02.1442 : "La grange appelée du pin avec tous ses mas et appartenances, et par expres le mas de Frayssinet, de Euzet, d'Euzieres et de Rotil et généralement tout ce que ledit abbé possède dans les paroisses de Saint Sauveur du Pin, Saint Gély du Fesc, Saint Clémens et Saint Jacques de Prades" ; le cens annuel est de 100 sols melgoriens et 2 muids de froment payables annuellement à la fête saint Michel. De plus, ces reconnaissances indiquent à part les patus dont ceux du mas d'Euzet (on y retrouve bien les patus du mas de Frayssinet et de Rotils mais pas celui d'Euzière) ; les patus du mas d'Euzet s'étendent du puech de Linieres jusqu'à la rue publique des Matelles. Par contre, si certains mas sont bien indiqués (Rotils et Frayssinet, notamment), il n'y a pas le mas d'Euzet. Même dispositif dans les reconnaissances du 23.09.1613 ; le patus du mas d'Euzet est bien indiqué mais pas le mas lui-même. Sous réserve d'une étude plus complète de ces reconnaissances, que peut-on en conclure ? D'abord, quand on regarde la carte des lieux, on voit bien que Saint-Gély, Saint-Clément et, anciennement, Saint-Sauveur, se touchent. Les domaines de ces mas pouvaient donc être sur deux paroisses. De plus, la formule générale des mas dépendant de la grange du pin ne permet pas de situer le lieu exact du siège de chaque domaine, puisque quatre paroisses sont indiquées pour ces possessions. A partir de là, l'hypothèse que nous formulons (avec prudence) est que le mas d'Euzet était (essentiellement) sur la paroisse de Saint-Gély-du-Fesc et que c'est le même que celui qui est indiqué dans les actes des consuls de Montpellier, en 1342 et 1343. Pour le dire autrement, il n'y avait pas deux mas d'Euzet (l'un à Saint Sauveur et l'autre à Saint Gély) mais un seul mas, à Saint-Gély-du-Fesc. Quant aux d'EUZET d'avant 1205, sont-ils dans la lignée ancestrale des EUZET qui vont, en 1420, céder le mas aux COULONDRE ? Pour le moment, rien ne permet de l'affirmer (note du 09.06.2017).
(G 1656, aux AD 34)
(G 1656, aux AD 34)
Ecrire sur des périodes aussi lointaines demande beaucoup de prudence. Or, quand on surfe sur Internet, particulièrement sur les pages de Geneanet, on trouve beaucoup d'absurdités. Certains qui ont copié nos pages n'ont pas hésité à relier la branche ci-dessus à celle de Saint-Gély-du-Fesc puis à celle de Saint-Jean-de-Védas, en indiquant comme certaines ou en ajoutant des filiations et/ou des années de naissance qui sont sorties de leur imagination, voire en les rattachant - sans preuves apparentes - à des branches seigneuriales du Gard. On pouvait croire que la généalogie à l'ancienne - qui avait pour but unique de démontrer une origine noble pour de braves roturiers - avait disparu. Manifestement, Internet a redonné ... du blason à ces comportements non scientifiques. Pour notre part, sur ce site, nous avons essayé de garder les pieds sur terre, de ne rien avancer qui ne soit démontré par une pièce d'archive toujours référencée. Nous avons, parfois, noté des hypothèses, plus ou moins fortes (l'origine à Notre-Dame-de-Londres des EUZET de Saint-Jean-de-Védas, le rattachement plus que probable des EUZET de Cazevieille à la lignée de Saint-Gély ou encore le lien des EUZET de Saint-Félix-de-Lodez et de Sète avec la lignée de Saint-Gély, via la branche de Viols-le-Fort). Bien entendu, nous restons ouverts à toutes les démonstrations et nous serions ravis que l'on nous indique des documents nouveaux permettant de relier ce qui peut l'être, surtout pour les périodes les plus anciennes. Faisons le pari de l'intelligence ! (note du 10.10.2016)
Et pour terminer un clin d'oeil que nous livre Diane MEUR dans La carte des MENDELSSOHN (Sabine WESPIESER éditeur, 2015) : "Au commencement, il y avait un homme ... Eh bien non. Au commencement, il n'y a jamais un homme, ni une femme d'ailleurs, ni même un homme et une femme, pas plus qu'il n'y eut un premier jour et une première nuit. Ce sont des multitudes d'ancêtres dont le nom s'est perdu, de plus en plus nombreux et incertains à mesure qu'on remonte, si bien qu'on en arrive à ce constat déroutant pour les grands gosses que nous sommes : dans ce domaine, il n'y a pas de commencement." (note du 10.01.2017)