La lignée des EUZET du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc (34).
Les branches de Viols-le-Fort.
(T 3 suite 2)
Les maisons de Viols à l'intérieur des fortifications
(photo J.C.E. 08.07.2004)
Le droit d'équivalent à Viols-le-Fort, au milieu du 18ème siècle.
L'industrie drapière à Viols-le-Fort, au début du 18ème siècle.
Les mas de Viols-le-Fort, à la fin du 17ème siècle.
Les EUZET muletiers de Viols-le-Fort.
Les RICOME vicaires et curés de Viols-le-Fort.
Les contes de Viols-le-Fort, au XXe siècle.
Les seigneurs du mas de Prat(s) ou Prax
Depuis la fin des années quatre-vingt, l'engouement pour les archives notariales a largement débordé les cadres de
la recherche universitaire en touchant le monde des chercheurs amateurs passionnés de généalogie et/ou d'histoire locale. L'on ne saurait
faire l'économie de la prise en compte de leur production dont le flux et la qualité croissent d'une année sur l'autre et qui participe
pleinement aujourd'hui de la vitalité de l'histoire locale (avec sans doute de notables variations selon les régions). Pour aller à
l'essentiel sur ce point, disons que les généalogistes et les historiens amateurs ont en commun d'avoir découvert récemment les
richesses des minutiers et d'ignorer le plus souvent la production historique sur la question. Leur intérêt pour l'archive notariale
procède de motivations qui, pour être différentes, se révèlent au final peu éloignées. S'il cherche d'abord
à reconstituer les lignées de ses ancêtres, via les principaux actes relatifs au droit de la famille, le généalogiste
amateur s'emploie aujourd'hui de plus en plus couramment à développer une "véritable" histoire de sa famille, ce qui le pousse à étendre le
champ de ses dépouillements à d'autres types d'actes (notamment à caractère économique). Cette volonté de mieux
comprendre la vie de ses ancêtres l'incite de plus en plus à s'intéresser à l'histoire locale. Le cheminement de l'érudit
local est souvent inverse. Allant d'abord chercher dans les minutiers matière à éclairer tant les faits de la vie quotidienne que les
évènements locaux, sa curiosité le pousse à s'attacher à certaines figures du passé local (à leurs
trajectoires personnelles et familiales). Ainsi, la boucle se boucle-t-elle, générant une interpénétration de ces deux mondes
d'amateurs d'histoire qui fréquentent souvent assidûment les archives". P. 58 et 59 de : "Liens sociaux et actes notariés (dans le
monde urbain en France et en Europe), sous la direction de François-Joseph RUGGIU, Scarlett BEAUVALET et Vincent GOURDON. Presses de
l'Université Paris-Sorbonne. Mai 2004. L'extrait ci-dessus est tiré de l'étude de Jean-Luc LAFFONT, maître de
conférences à l'Université de Perpignan, intitulée : "L'exploitation des archives notariales en France. Jalons historiographiques,
p. 17 à 73, dans ce livre. Le droit d'équivalent à Viols-le-Fort, au milieu du 18ème siècle
L'industrie drapière à Viols-le-Fort, au début du 18ème siècle
Les mas de Viols-le-Fort, à la fin du 17ème siècle.
Un marché entre un muletier et un charbonnier, en 1691
Le 08.04.1763, on voit dans un contrat passé en l'étude du notaire Jean Baptiste RICARD mais qui se trouve dans les minutes du notaire
Barthélémy PERIDIER de Montpellier, aux Archives départementales de Montpellier, qu'un financier, Joseph MARTIN, fondé de pouvoir
de Jacques BOURRELY, fermier général du droit d'équivalent de la province de Languedoc pour six ans (du 01.04.1764 au
31.05.1770), a baillé à Antoine EUZET, habitant de Viols-le-Fort, à titre de sous-ferme, le droit d'équivalent pour
Viols-le-Fort, Viols-en-Laval et Saugras. Pour bien comprendre cet acte, il faut en savoir plus sur ce droit d'équivalent. Pour cela, une des
meilleures sources est le "Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles", par Marcel MARION, première édition
en 1923, réimpression de l'édition originale, en 1979, Editions A. § J. PICARD (82, rue Bonaparte, Paris). Voici ce qu'il
écrit à l'article "Equivalent" :
"L'équivalent était un impôt spécial au Languedoc, établi en 1444, et devant équivaloir
(d'où son nom) aux aides alors rétablies par Charles VII après suppression temporaire par Charles VI. Moyennant une somme de 80.000 l.
la province leva à son profit les droits sur la viande, le poisson frais ou salé et le vin qui constituaient l'équivalent. Par la suite
l'équivalent subsista et fut une des principales ressources du budget de la province qui l'affermait tous les six ans. Vers la fin du XVIIe
siècle le tarif de l'équivalent était de 2 deniers par livre sur la viande et le poisson, et de un sixième du prix du vin vendu
au détail : le prix de la ferme était alors de 320 à 340.OOO l. Au XVIIIe siècle l'augmentation de quelques tarifs (les droits
furent portés à 6 deniers par livre sur la viande, à 15 et 30 sous le quintal sur le poisson frais ou salé, et restèrent
au sixième pour le vin), et surtout le développement de la consommation, portèrent le prix du bail à 688.000 l. en 1736,
à 1.108.000 en 1768, jusqu'à 1.442.000 en 1782, à 1.376.000 en 1788 ; cette augmentation aurait été
encore plus considérable si les enchères avaient été plus sérieuses, si les Etats ne s'étaient pas obstinés
à conserver presque toujours les mêmes fermiers, et s'ils les avaient mieux protégés contre la fraude. L'équivalent
n'avait d'abord été perçu que dans les villes murées : à partir de 1704 il le fut partout. On appelait
preciput de l'équivalent une somme fixe de 69.850 l. (primitivement de 80.000) qui avait été attribuée au roi sur le
produit de cette imposition, ainsi que l'aide, de 120.000 l."
Le bail signé avec Antoine EUZET se montait à 3600 livres à payer en six parts annuelles de 600 livres, le contrat étant de six ans,
du 01.04.1764 au 31.12.1770. Les versements devaient s'effectuer d'avance et pour chaque année en quatre versement égaux, de trois mois en
trois mois. De plus, Antoine EUZET devait payer "la première année les 2 sols pour livre en sus dudit prix aux mêmes termes
et en la somme ci dessus expliquée et en outre de payer chacune des dites 6 années pour gauzaille la somme de 12 livres." Deux
habitants de Viols-le-Fort se sont portés caution : Joseph SABATIER (qui a signé) et Joseph SERANE (qui ne savait pas signer). Antoine EUZET a
signé avec Joseph MARTIN.
On comprend mieux le mécanisme juridique avec le contrat du 10.07.1774 entre Antoine EUZET et François AVINENS, cabaretier à Viols-le-Fort, pour la vente du vin dans son cabaret ; il s'agit de la déclinaison d'un monopole qui permettait au fermier puis au sous-fermier de se rembourser sur les produits vendus au détail ou en gros - voir l'article d'Antoine EUZET dans Viols-le-Fort. (génération 7).
Un article de la Bibliothèque de l'Ecole des chartes (année 1943, p. 104) de Paul-M. BONDOIS, reprend les résultats de
l'enquête menée à l'automne 1708 par le contrôleur des finances, Nicolas DESMARETS, sur l'industrie drapière en France. Aux pages
137-218, c'est le Languedoc qui est analysé et p. 165, c'est la situation de Montpellier et de ses environs. Pour cette région, le rapport est
l'oeuvre de l'inspecteur PAIGNON pour des productions aussi importantes que variées (draps, londrins, pinchinats, droguets, cadis, etc.). En ce qui
concerne Viols-le-Fort, il y avait alors 11 fabricants et 6 métiers. Pour apprécier cette situation, il faut la comparer avec les
autres centres proches. Saint-Martin-de-Londres avait 11 fabricants et 10 métiers. Brissac, pour le cadis, avait 13 fabricants et 20 métiers.
Aniane avait pour le cadis, 11 fabricants et 7 métiers. Montpellier pour les couvertures et les futaines avait 28 fabricants, 45 drapiers et 20
métiers. Les plus gros centres se trouvaient à Lodève (drap pour les troupes, 4 fabricants, 90 métiers), Clermont (londrins,
pinchinats, 12 fabricants, 109 métiers), Villeneuve-les-Clermont (londrins, 1 fabricant, 40 métiers), Lagrange, près Pézenas
(1 fabricant, 10 métiers), Bédarieux (londrins, droguets, 15 fabricants, 45 métiers), Brissac (cadis, 13 fabricants, 20 métiers),
Saint Bauzille La Roque (sempiternes, 15 fabricants, 10 métiers), Ganges (17 fabricants, 6 métiers). L'inspecteur ajoute que
"le commerce drapier gardait de l'importance dans toutes les cités et même dans les villages" et rappelle le nombre
de marchands drapiers à Béziers (24 marchands), à Agde (12 marchands), Lunel (7 marchands) et Gignac (9 marchands). L'original de cette
enquête se trouve dans le fonds français des manuscrits de la Bibliothèque nationale, cote 8037.
A l'occasion d'un procès entre Jacques BONNET, habitant de la métairie des Avinens, et les consuls et la communauté de
Viols, en 1693, la liste des métairies de Viols-le-Fort a été tirée de l'extrait des impositions de l'année
1691 (dossier de la cour des comptes, aides et finances de Languedoc, à Montpellier : 1 B 5577, aux AD 34).
L'intéressé essayait de démontrer qu'une partie du mas des Avinens était sur le taillable d'Argeliers. Voici
donc la liste en question qui a fait référence :
- Château de Cambous, taillable de Viols-en-Laval
- Callages, taillable de Viols-le-Fort
- Lavit, taillable de Viols-en-Laval
- Peirescanes, taillable de Viols-en-Laval
- Roussières, taillable de Viols-le-Fort et Viols-en-Laval, le Château de la Rouquete et Saint-Martin-de-Londres
- Paillas, taillable d'Argeliers et Viols-le-Fort
- Maure, taillable d'Argeliers et Viols-le-Fort
- Mas Andrieu, taillable d'Argeliers
- Malettes, taillable de Viols-le-Fort
- Les Avinens, taillable de Viols-le-Fort
- La Micallié, taillable de Viols-le-Fort
- Le Mazet, taillable de Viols-le-Fort
- Les Clauzels, taillable de Viols-le-Fort
Notes :
- Le mas Andrieu ou mas d'André est dit "alias de Cambon", le 16.11.1431 (1 E 2404, aux AD 30) ;
- Le mas de Maurou ou de Maures s'appelait "del Euze" en 1274 (cartulaire de Maguelone III, p. 212)]
- Dans la liste ci-desus, il faut certainement lire le mas des Matelettes au lieu du mas des Malettes.
(à suivre)
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Les RICOME vicaires et curés de Viols-le-Fort.
Les contes de Viols-le-Fort, au XXème siècle
La couverture du livre "Sous le micocoulier"
(de Fernand RAMBION)
La couverture du livre "Le mas des Merle
(de Fernand RAMBION)
Les seigneurs du mas de Prat(s) ou Prax
de 1229 à 1714 : le mas de Prat(s) et le mas de Peyrescane
Qui était donc ce Raymond AIRRE (Aerra) et que possédait la famille AIRRE ? Un bon résumé est
donné par l'abbé Emile BOUGETTE, dans son livre sur le Mas-de-Londres. Les éléments qui suivent en sont tirés.
En 1124, soixante-sept ans avant cette donation, Bernard Airre possédait le château de la Roquette, dans
la paroisse de Valflaunès, appartenant au district de Montferrand, lui-même partie intégrante du
comté de Substantion ou de Melgueil. Après un épisode guerrier et un arbitrage entre Bernard IV, comte
de Melgueil et Guilhem VI, seigneur de Montpellier, Bernard IV donne en fief, au commencement de l'année 1130,
à Bérenger AIRRE et à ses frères (dont Raimond) le château de la Roquette. Raimond AIRRE
fait hommage à Raimond V, comte de Toulouse et de Melgueil, au mois de juin 1173. A cette époque, il y
avait un co-seigneur du château de la Roquette appelé Raimond de MELGUEIL. Un arbitrage eut lieu entre les deux
co-seigneurs, en juin 1197, c'est-à-dire six ans après la donation du mas de Prats. Raimond AIRRE et
Raimond de MELGUEIL devaient avoir, par parts égales et indivises, avec le château de la Roquette, tout ce
qu'ils possédaient dans le village de Viols. Les mas étaient exclus de cette convention pour tenir compte
de la donation en fief à Raimond AIRRE d'octobre 1191.
Le comté de Melgueil et de Montferrand fut inféodé en 1215 à l'évêque de
Maguelone qui était alors Guillaume d'ANTIGNAC et Raimond AIRRE fit hommage au nouveau seigneur. Cette reconnaissance fut
renouvelée par le fils de Raimond AIRRE, appelé aussi Raimond, le 17 février 1239, à
l'évêque de Maguelone, Jean de MÈZE.
Raimond AIRRE maria sa fille Béatrix à Guillaume de PIAN, sénéchal de Carcassonne, qui
hérita de la moitié du château de la Roquette et de ses dépendances. L'autre moitié
(celle de Raimond de MELGUEIL) fut rachetée ensuite par Guillaume de PIAN. Le fils de ce Guillaume de PIAN,
appelé aussi Guillaume, fit hommage le 5 décembre 1302, à l'évêque Gaucelm, comte
de Melgueil et de Montferrand, pour le château de la Roquette et tout ce qui avait appartenu à son aïeul
Raimond AIRRE et à Raimond de MELGUEIL. Il reconnut que ses frères, sa mère et lui-même
devaient le service et l'hommage au comte de Melgueil. Le 19 avril 1354, Jean de PIAN, fils de Guillaume, renouvela
à l'évêque de Maguelone, Durand de CHAPELLES, la même reconnaissance. Puis, le château
passa à Marie de PIAN qui préta hommage à l'évêque de Maguelone, Antoine de LOVIER, le 1er
novembre 1399, puis en 1416, pour les possessions dépendant du château de la Roquette, sous
l'albergue de trois chevaliers. Cependant, par la suite, elle refusa de faire les reconnaissances demandées par
l'évêque-comte. Aussi, le 28 octobre 1449, la seigneurie tomba "en commis".
Il se trouve aussi que le territoire du château de Londres était sous la juridiction de deux seigneurs, vassaux
du comte de Melgueil, au XVIe siècle. Nous connaissons déjà le sieur de la Roquette mais il y avait
également le chapitre de l'église de Maguelone (pour un quart). Or, dès le 31 janvier 1205, le
coseigneur était le chevalier Bernard Pierre de MONTOULIEU. Il tenait ces biens en fief du chapitre de Maguelone.
La famille de Bernard Pierre de MONTOULIEU garda le fief du château de Londres et d'une partie du vallon de Londres
pendant trois siècles. Un de ses petit-fils en fit reconnaissance à Jean de VISSEC, prévôt du
chapitre de Maguelone, le 26 janvier 1327, devant le notaire public, Guillaume CLERC.
Cette seigneurie passa ensuite entre les mains d'Antoine de LAUTREC (1460), , de Claude de VABRES
(1508-1509-1511), de Michel de VABRES puis de Jean de VERNIOLLES (1520), puis de Jeanne de THURIN
(épouse de ce dernier) qui se maria avec Jean de ROQUEFEUIL, seigneur de la Tour et Cournonsec. Dans son testament du
17 septembre 1557, elle divisa ses biens entre ses enfants. L'aîné, Fulcrand de ROQUEFEUIL, eut
la baronnie de la Roquette avec le Castel et Viols, cependant que François de ROQUEFEUIL eut la seigneurie de
Notre-Dame-de-Londres. De Fulcrand de ROQUEFEUIL, la seigneurie passa à son fils François, puis Henri, puis
Pierre qui, en 1705, fit renouveler devant le notaire Jean-François CAUSSE, les reconnaissances de ses terres.
Ce fut ensuite Joseph-François de ROQUEFEUIL, puis Grassinde de ROQUEFEUIL, épouse de François-Joseph
de PAVÉE, baron de Villevielle et Montredon, puis Joseph de JULLIEN, comte de Vinizac, qui fut le dernier seigneur du
château de Londres et baron de la Roquette, au moment de la Révolution.
Mais, qu'en est-il des emphytéotes, titulaires du bail correspondant sous réserve d'une redevance annuelle, c'est-à-dire ceux
qui étaient réellement attachés au mas et qui en exploitaient les ressources ? A qui ces baux de
très longue durée ou probablement perpétuels ont-ils été accordés ?
Il semble bien que la première famille bénéficiaire était originaire du lieu puisque son nom était de Pratis, que l'on peut traduire par du
PRAT, DELPRAT, DESPRATS ou, plus simplement, PRAT.
Ainsi, dans le cartulaire de Maguelone, il y a un acte du 20.03.1284 à propos de la vente des herbes,
glands, etc. des mas de Malpertrach et des Prats, paroisse de Viols : "Secondus mansus vocatur de Pratis et confrontatur ex una parte cum
honore de Cantegrils, ex alia cum honore Poncii de PRATIS, ex alia cum manso de Molis, ex alia cum honore de Peiras cavas" (Reg. E, fol 294 r°)
.
En 1617 (le 5 ou le 25 décembre - l'acte est tâché), une reconnaissance est faite pour Jacques EUZET, du Triadou, et pour Jean EUZET,
son cousin du mas de Prats, paroisse de Viols. Dans cet acte du notaire de la Val de Montferrand, Claude LEBLANC (2 Mi 219 R 610, aux AD 34), qui concerne la directe indivise entre les deux
branches de EUZET de la lignée du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc, sont indiquées les reconnaissances précédentes.
C'est notamment celle du 17 juillet 1380, une reconnaissance qui concerne Jean RAYMOND, Jean DUMAS, Guillaume du TRIADOU et Marquèse, femme de
Raymond du PRADS ou PRATS.
Enfin, lors d'une reconnaissance du mas de Malpertrach, le 14 février 1384 (c'est-à-dire 1385, "nouveau style")
et du 8 mai 1385, les confronts du mas concernent encore la même famille : "Cum terris Proba uxore Bernardi de EUSETO pro
manso de Pratis" (p 1), "Cum honore Probe uxore dictus Bernardi de EUSETO pro manso de Pratis" (p. 2) et
"Cum honore Probe de PRATIS uxoris Bernardi de EUSETO" (p. 3).
Or, nous savons par le procès sur les censives du Triadou que Bernard EUZET est entré en possession du mas du Triadou en épousant
(probablement en 1368) Probe (de) PRAT, veuve de Guillaume (du) TRIADOU . Grâce à la reconnaissance de 1385, nous apprenons aussi
que Bernard et Probe étaient toujours en vie à cette époque et qu'elle était propriétaire du mas de PRAT, "son honneur"
(G 1719, aux AD 34).
Une analyse de tous ces actes permet de conclure que les premiers emphitéotes ont été les (du) PRAT puis, par alliance, les EUZET. C'est
probablement Mathieu EUZET, neveu de Bernard, qui a hérité à la fois du Triadou et du Prat car, dans les reconnaissances
ultérieures (XVIIe-XVIIIe siècles) auprès de l'évêque comte de Montpellier, celui-ci ne manquait pas de
rappeler l'origine des droits en soulignant que "les héritiers de Mathieu EUZET du lieu de Cassagnas tenaient le mas de Prats avec toutes
ses appartenances".
1/ Au XVème siècle.
Aucun texte n'a été retrouvé concernant le mas de Prat.
3/ Au XVIème siècle et au début du XVIIe siècle.
Deux types de pièces ont permis de retrouver les noms des propriétaires du mas de Prat : les actes notariés et les compoix.
a) Les actes notariés : quatre dates sont à retenir, qui concernent tous des EUZET de la branche du Triadou.
- le 29.01.1565 : transaction qui montre la gestion en commun des deux branches EUZET, du Triadou, à savoir entre Antoine vieux et son fils Jean, d'une part, Antoine jeune et son fils François, d'autre part (générations 7 et 8 de "La lignée".), notaire Jacques BARTHÉLÉMY, de Montpellier.
- le 06.02.1574 : inventaire des biens de Jean EUZET qui indique le nombre de titres possédés par les deux branches (génération 8 de "La lignée".), notaire Jean GARNIER, des Matelles. L'acte qui suit, de 1601 précise que c'est François (génération 8 de "La lignée".) qui se chargea de ces titres correspondants à leurs biens qui étaient indivis et partagés entre les deux branches cousines.
- le 11.03.1601 : partage des titres entre Jean vieux (fils de François, génération 9 de "La lignée") et Jacques (fils de Jean, (génération 9 de "La lignée"), notaire Barthélémy GREGOIRE, des Matelles. Jean vieux conserve les titres du mas de Prat. C'est doublement logique car son père avait vendu sa part du mas du Triadou, le 27.08.1585 et parce que sa tante (Dauphine, soeur de François) avait acheté la part du mas de Prat de Jacques (fils de Jean), comme on le voit dans l'acte du 03.06.1603 qui suit.
- le 03.06.1603 : partage du mas de Prat entre Audibert REBOUL (fils de Jean REBOUL et de Dauphine EUZET) et Jean vieux (génération 9 de "La lignée".), notaire Barthélémy GREGOIRE, des Matelles.
Ainsi, en ce tout début de XVIIe siècle, on voit que la branche des EUZET du Triadou n'avait plus de droits sur le mas de Prat et que ces droits étaient entièrement passés entre les mains de la branche qui allait s'installer désormais à Viols-le-Fort. Celle-ci allait elle-même se diviser, la première division ayant eu lieu entre les descendants de François et ceux de sa soeur Dauphine, en 1603. Cet acte est précédé par une enquête diligentée par Jean vieux (les 20 et 28.05.1603, notaire Barthélémy GREGOIRE, des Matelles) visant à démontrer que la gestion du mas de Prat par Dauphine EUZET et son mari, Jean REBOUL avait été néfaste pour la propriété (coupes de bois de chauffe livrées à Montpellier, bois pour les charbonniers, etc). Bref, ils étaient accusés d'avoir dévasté ce mas pendant plusieurs années, après le 4 mai 1582, date à laquelle François avait arrenté le mas de Prat pour cinq ans à Jean
REBOUL, du Château de Londres, mari de sa soeur Dauphine. Il demandait donc le remboursement de dégats commis à ce mas du temps de leur administration. On peut supposer que la part louée était celle qui appartenait en propre à François, l'autre partie étant entre les mains de Dauphine, suite à l'achat de la part de Jacques (mais on ne connaît pas la date de cet achat).
La conclusion que l'on peut tirer de ces actes est certainement la continuité des EUZET comme propriétaires du mas de Prat durant tout le XVIe siècle. Le premier acte, celui du 29.01.1565 concerne les deux Antoine qui ont fait les reconnaissances du quart du mas du Triadou au Chapitre cathédral de Montpellier, en 1520 et 1523. L'association, pour leurs biens, avec leurs fils respectifs, en 1565, indique probablement qu'ils étaient en fin de vie. Nés au tout début du XVIe siècle ou à l'extrême fin du XVe siècle, ces deux cousins ont dû hériter du mas de Prat (comme des autres biens) de leurs propres parents, héritiers eux-mêmes des Bernard et Mathieu EUZET des XIVe et XVe siècles. Pour autant, étaient-ils en possession de la totalité du mas ? L'étude des minutes notariales montre qu'il y avait une autre branche des EUZET, issue du mas de Sueilles, de Cazevieille.