Les EUZET hors de France : à la recherche des Huguenots.
"A la fin d'un entretien avec un journaliste allemand au cours duquel nous évoquions les
difficultés de compréhension entre pays, il me posa la question : "à votre avis, que peut-on faire pour
supprimer ces querelles ?" Je lui répondis sans hésiter : "développer les recherches
généalogiques, cela nous rendra plus humble par la découverte de nos racines qui rejoignent celles de
l'autre !" Editorial de Claude ROLL dans le n° 141 (2003-1) du périodique du Cercle
généalogique d'Alsace."
"La généalogie est un antidote au racisme. Personne ne peut dire "je suis 100 % Breton" ou "100 % Bourguignon". A partir
du moment où on prend conscience de ce mélange, on n'a plus de sentiment de supériorité". Michel SÉMENTERY,
président de la Fédération française de Généalogie, dans un interview paru dans "La revue française de
Généalogie et d'Histoire des familles", p. 49, n° 157, avril-mai 2005.
Le 28.12.1600, les catholiques reprennent possession de l'église Notre-Dame-des-Tables, à Montpellier,
en présence de l'évêque GUITTARD de RATTE, mais les protestants s'y opposent.
(peinture anonyme/ Eglise Notre-Dame-des-Tables, photo Guillaume BONNEFONT)
(La Gazette de Montpellier 02-08.03.2017, article : "Les protestants à la conquête de Montpellier")
La Norvège
Le sondage de février 2016 Le sondage de février 2016 La carte du quartier, le 08.02.2016, à l'entrée de Gunthorpe Street
1 - Spitalfields Market (au Moyen-Âge, hors les murs, un hôpital y est ensuite installé puis, après 1666, le lieu devient le principal marché de fruits et légumes de Londres, jusque dans les années 1980) Sur un mur du pub, "The Ten Bells"
Panneau du pub, "The Gun", à l'angle de Crispin Street et de Brushfield Street
Si "The ten Bells" est encore debout (en février 2016), ce n'est pas le cas de "The Gun" et de son restaurant "Grenadier" détruit pratiquement un an avant notre seconde visite du quartier. Un blog, sur Internet, montre les regrets des Londoniens pour ce pub qui existait à cet endroit depuis 1929 mais aussi, un peu plus loin, depuis - peut-être - dès la fin du XVIe siècle). Nous avions pu le photographier en décembre 2000 (voir ci-après, la photo n° 3). Sur le panneau ci-dessus, on peut lire que les casernes d'artillerie établies dans le quartier près d'Artillery Lane étaient connues sous le nom de Casernes françaises (ou des Français), compte tenu des Huguenots habitant à Spitalfields. A lui seul, cet exemple montre combien le quartier, en complète transformation, voit les vestiges du passé disparaître les uns après les autres. La rue Dorset était considérée comme la pire de Londres
Au milieu du trou ... il y avait la "Dorset (alias Duval) Street"
Tous ces bouleversements immobiliers sont en phase avec le quartier qui a accueilli, des vagues successives d'immigrés, les Français Huguenots (à cause de leur religion), les Irlandais (à cause de la famine), les Juifs russes (à cause des pogroms), les Bangladais (à cause de la guerre civile au Pakistan), chaque vague recouvrant la précédente dont les membres se sont éparpillés dans les autres quartiers. C'est pour cela qu'au 19 de la rue Princelet, à Spitalfields, se trouve le musée de l'immigration (mais qui, le 08.02.2016 était fermé pour travaux). A ce jeu des populations, il devient de plus en plus difficile de trouver des traces évidentes des Huguenots, dans ce qui est largement devenu une "Banglatown". Pour être juste, il faut aussi remarquer la place de plus en plus importante laissée aux boutiques de mode, aux galeries et aux artistes. C'est, probablement, ce qui explique les bouleversements immobiliers récents : il faut faire place nette aux tours et aux nouveaux immeubles pour ce que, à Paris, on appellerait des "bobos" (même s'il y a des efforts législatifs pour laisser subsister certaines façades ou des enseignes, comme traces du patrimoine ancien). Le "bouc émissaire", devant le marché et les belles boutiques
La seconde se veut plus positive : Une plaque en carreaux (style Delft) de la saga des Huguenots Le sondage de décembre 2000
1/ L'Angleterre
Le sondage de décembre 2000
Les références
A la recherche des Huguenots à Londres, nous avons réalisé deux sondages, à 15 ans d'intervalle : le premier en décembre 2000, le second en février 2016. Les photos prises à ces occasions montrent l'évolution du quartier où les Huguenots sont venus habiter, à Spitalfields, une zone longtemps déshéritée, hors les murs, à deux pas de la riche City où ils n'avaient pas le droit de s'installer.
(photo J.C.E., le 08.02.2016)
2 - The Huguenot Weavers of Spitalfields (installés dans le quartier après 1685, les Huguenots tisserands utilisent des métiers Jacquard pour faire de riches tissus de soie)
3 - Christ Church (bâtie entre 1714 et 1729, beaucoup d'Huguenots tisserands ont été enterrés dans la crypte de l'église)
4 - Petticoat Lane (le nom vient de marchands qui vendaient de vieux habits dits "Petticoats")
5 - Allen Gardens (jardin public, depuis 1958)
6 - Brick Lane (rue des immigrations successives au fil des siècles, aujourd'hui surtout des Bengali)
7 - Canon Barnett School
Les Huguenots qui se sont installés dans le quartier de Spitalfields étaient, notamment, des tisserands de soie qui sont restés dans la mémoire des Londoniens. C'est tout l'intérêt d'un tableau de carreaux qui se trouve sur un mur de l'ancien pub, "The Ten Bells", près de l'église du quartier, "Christ Church".
(photo R.E., le 09.02.2016)
(pub fermé le 20.02.2015 puis démoli)
La partie qui subsistait vient d'être démolie, dans le même plan que l'immeuble de "The Gun"
(appelée ensuite rue Duval, Jack l'éventreur y a perpétré un de ses crimes)
(photo J.C.E., le 09.02.2016)
Finalement, des nombreuses photos faites pendant cette visite du quartier, nous en retenons deux. La première est celle du "bouc émissaire" qui représente l'immigrant, figure qui a marqué "L'East End" de Londres et, particulièrement le quartier de Spitalfields :
(photo J.C.E., le 08.02.2016)
(photo J.C.E., le 08.02.2016)
1/ L'église "Christ Church" de Spitalfields, oeuvre de Nicolas HAWKSMOOR
2/ Méreau avec un calice (un méreau était un jeton, dont chaque fidèle protestant qui désirait communier, devait se munir auprès de l'Ancien de son quartier)
3/ Les Huguenots de Spitalfields
4/ Méreau montrant l'agneau de Dieu
5/ "Umbra sumus" : Nous sommes des ombres (inscription sur un mur de "l'Église neuve", devenue ensuite une synagogue et, aujourd'hui, une mosquée, dans Brick Lane
6/ Méreau montrant la colombe de la paix, l'écu avec la croix de Lorraine et un cygne
7/ 1598 : l'Edit de Nantes d'Henri IV qui a garanti les droits des Huguenots
8/ Initiales d'Anna Maria GARTHWAITE, conceptrice de tissus en soie, à Spitalfields
9/ 1685 : révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV, ce qui a entraîné l'exil d'Huguenots qui ont fui la persécution
10/ Fleur de Lys, méreau avec crucifix et un lièvre
11/ Orfèvres huguenots
12/ Horticulture, à Spitalfields
13/ Psaumes 9:9 - "Le Seigneur est un refuge pour ceux qui sont opressés, une forteresse dans les temps de trouble ..."
14/ Horticulture, à Spitalfields
15/ Horlogers huguenots
16/ Un marchand de tissus de soie de Spitalfields
17/ Méreau avec une croix, une bobine pour la soie et une branche de chêne qui symbolise la force et la fidélité
18/ La croix huguenote
19/ Méreau avec les armoiries de la France, un canari et une branche de chêne qui symbolise la force et la fidélité
20/ Un protestant prêchant à l'église neuve (dans Brick Lane)
n°1 |
n°2 |
n°3 |
n°4 |
n° 0
Les petites rues, Artillery, Duval, Calvin (n°1), Fournier (n°2), Crispin (n°3), Nantes ou Fleur-de-Lis (n°5) rappelent leur présence, pour quelques temps encore. L'église de "Christchurch Spitalfields"
(n°4), au milieu du quartier, a été bâtie entre 1711 et 1729. C'est un district ancien, tout en briques du XIXe siècle, plus ou moins noircies; un endroit plutôt déshérité mais en pleine "rénovation", avec de grands immeubles qui font peu à peu disparaître ces
vestiges du Londres de DICKENS. Au nord, les rues Navarre, Rochelle (n°6), Palissy, Ligonier ; au sud, la rue Threadneedle (n°8) (ou était le Consistoire), à la porte de la City, avec ses grandes banques omniprésentes. Les Huguenots étaient aussi à Soho et dans de nombreux autres
endroits de Londres et du Royaume Uni.
n°5 |
n°6 |
n°7 |
n°8 |
Références
2/ L'Allemagne
3/ La Norvège
Le nom de lieu, Auset, se trouve en Norvège au moins à deux endroits. D'une part, une ferme près de
Hegra et de Stjordal, dans le comté de Nord-Trondelag et, d'autre part, un hameau dans le comté de
Trondheim, près du Snillfjord. Ces deux sites sont dans le centre-nord de la Norvège, à
hauteur de la ville de Trondheim. Une illustration permettra, ultérieurement, de visualiser.
Le nom AUSET (comme EUZET, EUSET, ELZET ou AUZET) trouve son origine, pour un Français, dans le sud de la
France, le Languedoc ou la Provence, en gros de Montpellier à Nice, c'est-à-dire sur des terres où
poussent les chênes verts, puisque c'est la signification de ces noms, dans notre pays. (voir Les EUZET et les familles
dont les noms sont proches mais différents)
Avec l'émigration causée par la répression contre les protestants, nous pouvons légitimement penser que des AUZET
de la RPR sont arrivés jusqu'en Norvège et qu'ils y ont fait souche. La première hypothèse qui vient donc à
l'esprit est une implantation de Huguenots du midi dans ces terres scandinaves.
Cette hypothèse semble confirmée par les BMS de la région d'Hegra où des AUSET ont
prospéré à partir d'une ferme du même nom. Une simple consultation d'Internet montre la
persistance du nom, au moins du XVIIIe siècle à aujourd'hui, particulièrement dans la région de
Trondheim. De plus, certains ont émigré aux Etats Unis, où nous notons parfois un changement du nom en
Auseth. Pour avoir une confirmation ou une infirmation de cette hypothèse, il faudra étudier les BMS les plus
anciens (1714 pour la région d'Hegra) et l'histoire des fermes et des habitants de cette région (qui a
été réalisée par deux auteurs, l'un au XIXe siècle et l'autre récemment).
Pourtant cette interprétation est battue en brèche par une simple observation, de la carte du centre de la Norvège. Nous nous
apercevons alors que beaucoup de hameaux ou de fermes ont leur nom qui se termine par "set", à l'instar d'Auset (35
exemples sont donnés dans les références, pour la région centrale de la Norvège). Il
semble donc que la signification de cette terminaison est "ferme" ou "petite localité". Nous aurions alors la ferme
d'Au (pour Auset) ou encore celles de Jen, de Klau, d'Orm, d'Ho, de Renn, de Tron, de Gull, etc. Ces noms dont nous pouvons
deviner, dans certains cas, la provenance (Stein, Gull), à savoir un minéral ou un animal, ont dû aussi
évoquer le nom du premier propriétaire, selon le même processus de construction des noms que nous
trouvons en France. Nous voyons ainsi que, dans cette hypothèse, les Auset de Norvège n'auraient strictement
rien à voir avec les Auset ou Auzet de France.
- Existe-t-il, en français, un livre qui puisse apporter de nouveaux éléments à l'une des deux
hypothèses développées dans cette page ?
- Eliz AUSET, baptisée à Bromsberrow, dans le Gloucestershire, en Angleterre, en 1651, n'est-elle pas
d'ascendance norvégienne ?
Références
- carte routière 1 : 325 000 Kümmerly + Frey. Norvège Centrale II (Alesund - Trondheim - Namsos). Sur cette
carte du centre de la Norvège, il y a de nombreux hameaux ou fermes dont le nom se termine par "et" ou, plus souvent
encore, par "set" : Buset, Auset, Tuset, Helset, Alset, Hoset (2 endroits), Haugset, Hallset, Hindset, Ormset, Skogset, Utset, Gaupset, Silset,
Furset, Mauset, Hegset, Berset, Langset, Talset, Hovset, Orset, Klauset, Jenset, Rorset, Myrset, Rosset, Rennset, Heggset,
Steinset, Gullset, Dalset, Viset, Tronset ...
- http://www.rootsweb.com/~mngenweb/lookups.htm Ce site recense pour le Minnesota (USA) les travaux de
généalogie de certains pays qui ont fourni des émigrants à l'Amérique. En ce qui concerne
la Norvège, sont notamment cités les travaux de Kathryn KELLY sur les fermes dépendant de la paroisse
de Stjordal et sur les personnes qui y vivaient. Nous y retrouvons, dans le volume 5, la ferme Auset (rien que pour ce
volume, 48 fermes sont indiquées, dont Hoset, Buland et Berget, des noms à consonnance française).
- BMS pour les localités d'Hegra, Lanke, Meraker, Skatval, Stjordal et Vaernes. Période 1714-1739.
Film Mormons n° 125394. Les Mormons ont aussi 11 films sur l'histoire et la généalogie des habitants des
fermes de cette région (en norvégien). Les BMS, pour la même zone, ont été filmés
pour Hegra jusqu'en 1821. Le site de Family Search des Mormons indique la présence d'AUSET en Norvège,
à partir de 1739. Peder HALVORSEN ou AUSET, né vers 1739, est marié à Marit
JOHNSEN. Ils ont pour fils, Halvor PEDERSEN (AUSET), baptisé à Hegra en 1765. Celui-ci se marie avec
Anne LARSEN KLEIVEN, le 10 avril 1794, et meurt le 12 juin 1838. Ils ont pour fille Marit HALVORSEN,
baptisée le 26 décembre 1798. Le site indique le lieu : "Auset, Hegra, N-Tig. Norw." Elle
décède dans le même lieu, le 13 novembre 1870. Mariée le 14 novembre 1833 à
Hegra, elle a un fils nommé Beret LASSESEN AUSET et une fille Ane LASSESEN AUSET, les deux baptisés à
Hegra, respectivement le 20 octobre 1835 et le 28 février 1834. Ces notations sont surprenantes. Il
semblerait que le nom AUSET soit d'abord une espèce de surnom ou de premier nom que l'on tient à garder comme
une trace familiale. Il semble ensuite que ce soit devenu le nom d'un lieu. Enfin, le nom saute même une
génération puisque Marit HALVORSEN (3ème génération) ne le porte pas. Par contre, il revient en
force à la 4ème génération.
- de nombreux sites montrent la présence continue, jusqu'à aujourd'hui, d'AUSET en Norvège et aussi
aux USA, à la suite d'émigrations norvégiennes (avec parfois la transformation du nom en AUSETH) :
http://www.samefolket.se/aldre-nummer/apr99se.htm
http://homepages.paradise.net.nz/mike.heeney/irctkd.htm
www.nkf.no/nkf/gjestbok/guestbook.html
home.c2i.net/olangaas/a06.htm
http://www.multinet.no/~paalk/index.html
etc.
L'exemple de ce sujet montre les services que peut apporter Internet. En faisant une recherche sur le mot "AUSET", dans le
site de Family Search des Mormons, les informations sur la Norvège et les films disponibles sont apparus, en
particulier pour la région d'Hegra. En faisant, via google.com, une recherche sur les mots "Auset Hegra Norway", de
nouvelles informations sont apparues et puis encore d'autres, en utilisant toujours le moteur de recherche Google, et en
faisant une recherche sur "Auset Norvège", puis sur "Hegra Norway". Des dizaines de sites ont été
indiqués qui ont permis de bâtir l'article, complété par l'analyse d'une carte routière
trouvée à l'espace IGN de Paris. Ainsi, pratiquement sans bouger de chez soi peut-on, aujourd'hui, progresser
très vite dans une recherche.
En "triturant" les modes d'accès à partir de quelques données (un nom de localité, un nom de
pays, un site généalogique ...), nous pouvons obtenir des résultats non négligeables. Il est
toujours possible ensuite d'ajouter des illustrations (que nous pouvons aussi trouver sur Internet) et commencer à
échanger des renseignements plus précis, grâce aux messageries electroniques (e-mails) qui sont
indiquées dans la plupart des sites.