Le village d'Euzet



1/ La présentation du lieu


Euzet est à 16 km d'Alès, 33 km de Nîmes, 41 km de Souvignargues (où il y avait un mas d'Euzet),
46 km de Saint-Michel-d'Euzet, 58 km du Triadou et 85 km de Montpellier (via Nîmes).


2/ L'état des connaissances

Le village d'Euzet, dans le Gard, a eu son historien : André BERNARDY. Son livre, "Euzet, mon pays", ne peut pas être résumé ici mais on peut en citer quelques extraits intéressants pour la recherche sur les familles EUZET :

(p.50) A cette époque le Mas du Colombier (aujourd'hui Mas de la Verrerie, près de la route d'Uzès à Alès) et des dépendances importantes appartenaient déjà à la famille D'AZEMAR qui y résidait comme en témoigne un acte de 1363 passé devant le notaire royal Antoine BRUN qui y fait état d'un legs de P. D'AZEMAR aux pauvres d'Euzet. C'est une branche de cette famille très ancienne qui s'était installée à ce Mas du Colombier. Déjà en 1095, nous trouvons un D'ADHEMAR DE MONTEIL, évêque du Puy qui prêcha la première Croisade comme légat du pape Urbain II et la dirige à ses débuts. En 1237, les D'ADHEMAR sont toujours seigneurs de Monteil et possèdent plus de cinquante fiefs dont probablement certains de nos villages. Dans la suite, nous trouvons de loin en loin des actes où ils sont tour à tour seigneurs de Saint-Maurice en 1477 et d'Euzet en 1536.

(p.55) Dès 1358, le Bas-Languedoc, en pleine guerre de Cent-Ans, reçoit la visite de ces grandes Compagnies de Routiers ; elles traversent le diocèse d'Uzès, d'Ouest en Est ; (...) La misère est si grande que, cette année là, Noble P. D'AZEMAR, de Saint-Maurice, mais habitant le Mas du Colombier, fait par devant Antoine BRUN, notaire à Uzès, un legs important aux pauvres d'Euzet. Il en sera de même en 1565, mais ce sont à la fois les pauvres de Saint-Maurice et d'Euzet qui en seront les bénéficiaires.

(p.67) : L'évolution du nom Euzet :

- 1362 Yeuset (A. BRUN, notaire, Arch. D'ADHEMAR)
- 1384 Heusetum (Dénombrement Sénéchaussée)
- 1536 St-Martin d'Yeuset (Arch. d'Adhémar)
- 1547 Euset (Arch. Départ., C 1314)
- 1620 St-Martin d'Euzet (Doc. diocèse d'Uzès)
- 1640 Liouzet (Carte topog. GALLIE MERIAN)
- 1640 Vouset (Carte Languedoc, par BLAEUX)
- 1703 Liouset (Carte Bas-Lang., par LE FER)
- 1715 Euzet (Carte dioc. Uzès, par NOLIN)
- 1745 Yeuset (Arch. Diocèse Uzès)
- 1745 Ieuset (MENARD, VII page 653)
- 1780 Euzet (Toutes archives)
- 1830 Euzet (d°)
- 1840 Euzet-Ste-Croix (Carte évêché de Nîmes)
- 1880 Euzet-les-bains (Toutes archives)


(pp.76-81) Les compoix :

Il nous faut arriver en 1565 pour trouver un Compoix que les archives d'Euzet nous ont heureusement conservé, ces pièces tenant lieu, à cette époque, de cadastre. En vérité, ce n'est pas le Compoix original, mais la copie de sa rubrique alphabétique. Nous connaissons, grâce à cette pièce, la liste des soixante-un propriétaires qui se partageaient le terroir d'Euzet, sous Henri III. (...) : Nobles Pierre et Maurice d'AIZEMARD ; Noble Martin PIERRE ; Guillaume DE LA FABREGUE ; LA VIGUERIE ; trois ARNASSOU ; six CONILHERE ; deux DUPLAN ; trois FONTANIEU ; six PELADAN ; quatre PONGY ; six RICHARD ; six TROUPEL ; deux VIGNE.

Soixante-dix années s'écoulent, et nous voici sous Louis XIII, en 1635, avec un nouveau compoix qui est, cette fois-ci, un original et par conséquent très détaillé. Il comprend soixante-neuf noms (...) :

a) Les nobles - Parmi eux, nous relevons les noms de : DE BOUQUET, D'AzEMARD, noble Jean et Pierre D'AZAMARDZ, noble Jean DE CASTELVIEL, Jean DE NERS, Pierre DE TERGILLY, Jacques DE TERGILLY, Anne COSTE, femme de Noble François DE TERGILLY. Les co-seigneurs d'Euzet étaient à cette époque : D'AZEMARD et DE BOUQUET (...) Mais Louise DE CALVET, dame DE BOUQUET, en se mariant, en 1638, avec René DE LA TOUR DU PIN, baron de Malérargues, seigneur de Meyrières, capitaine des gardes de Monsieur DE SULLY, apporta à son époux, en tout ou en partie, les fiefs de Mons, Euzet, Vacquières et Saint-Just. (...)

b) Les "baïles" - Certains habitants ont ce titre, transcrit "baïle" dans le compoix, c'est-à-dire : représentants d'un seigneur, quoiqu'ils soient en même temps, et pour leur propre compte, propriétaires fonciers. (...) Comme il y avait deux co-seigneurs d'Euzet, il y avait deux baïles qui étaient : Pierre TROUPEL et Pierre PELADAN.

c) Les consuls - Dès le XIIe siècle, les cultivateurs et artisans obtinrent une liberté personnelle à la suite de la presque disparition des serfs. L'église a largement contribué à cette émancipation, ayant souvent pris l'initiative de faire accorder des franchises par les seigneurs. Ces libertés et ces franchises furent consignées dans des chartes (...) ; des consuls furent élus pour administrer les cités. Dans nos villages l'octroi de chartes et l'élection de consuls ne paraît pas être antérieure à 1254 (...) De toute façon, dès le XIIIe siècle, l'histoire populaire débute dans les communes, car les consulats des villes ou villages apprennent à faire entendre leur voix (...) le compoix de 1635 nous révèle le nom de deux d'entre eux : Barthélémy DAUPLAN et Claude FONTANIEU. Quelques années plus tard, en 1637, nous trouvons comme consul : Jean DE CASTELVIEL.

d) Les propriétaires habitant Euzet - Nous avons relevé les noms de : Jean FONTAGNIERES, Pierre FONTAGNIERES, Pierre PELADAN, fils de Simon, Pierre PELADAN, fils de Raymond, Antoine PELADAN, Jean PELADAN, François PELADAN, Reimond TROUPEL, d'Uzès, Jean TROUPEL, Pierre TROUPEL, fils de Blaise, Jeanne et Madeleine RELLIANES, Reymond DAUPLAN, Jacques DUMAS, Pierre COULON, Pierre BERGIER, André GARNIER, Isabeau BONNETTE, Jean PONGY, François AUBEILLIE, Jean PASCAL, Etienne PENARIE, Antoine ROURE, Jean BEAUMASSIERE, Anne FABREGUE, Isac FABREGUE, Pierre DEGAT.



e) Propriétaires paraissant habiter hors de la commune :

De Saint-Jean : Monsieur DE TALZ, Claude VIGNE, baïle, Jean ESPERANDIEU, Pierre PONGY, Jean REYNAUD, Pierre FELINES.
D'Alès : Anne DE LA FOUN, Arnaud RICHARD.
De Vacquières : Etienne VEIRUN.
De Saint-Hippolyte : Maurice ANIEL, Pierre SAUSSINES, Antoine SOLEIROL, Jacques MAZELET, Sire Jacques BRUJAS, Sire Jean BEGAU, d'Alès.
De Monteil : Etienne GIRARD, Thobie SOLEIROL.
De Bézut : Jacques MEJANES, DAUTZ.

f) Les "Hoira"

Sous ce nom, écrit quelquefois "doira", sont désignées certaines propriétés restées indivises entre les héritiers comme il était d'usage courant en Languedoc. C'est ainsi que nous trouvons les "hoira" de : M. DE TERGILLY, Etienne PELADAN, Antoine DAUPLAN, Thibaud FONTAGNIEU, Mathieu TROUPEL, Marie FABREGUE, Pierre D'ASPES (de Saint-Jean), PONTANIEL d'Uzès (de Saint-Hippolyte), Antoine COMBE (de Saint-Hippolyte), Simon COMBES (de Monteils).



La dédicace d'André BERNARDY ... il y a 50 ans !
(photo J.C.E., le 19.03.2008)

(pp. 81-82) Après la Grâce d'Alais de 1629, le pays jouit d'une période de paix. Dans les villes, les manufactures de soie tournent à plein, tandis que dans les campagnes, les travaux des champs, l'élevage des moutons et des vers à soie ont lieu dans le calme. La prospérité qui est à peu près générale, se reflète par les chiffres élevés des habitants qui nous sont donnés pour l'année 1665 : (...) ; Euzet : 132 habitants dont 130 protestants et 2 catholiques. Ces chiffres nous révèlent que la population a, à peu près décuplé depuis 1382, époque où le pays était exsangue. Ils se rapprochent de ceux donnés à la fin du XIIIe siècle.

(pp. 90-91) C'est ainsi que le terrain étant déblayé, le 17 octobre 1685, Sa Majesté put, à Fontainebleau, signer l'Edit qui révoquait celui de Nantes. Cette révocation va avoir des conséquences malheureuses pour l'économie de la province et du pays tout entier (...) Tous les membres d'une même famille n'adoptent pas la même ligne de conduite : les uns s'exilent, tandis que d'autres restent et s'efforcent de sauvegarder, en même temps que leurs biens propres, les biens de ceux qui fuient.

(pp. 91-92) L'exemple le plus typique est celui de la famille de LA TOUR DU PIN, de Malérargues. Nous avons vu que René a épousé, en 1638, Louise DE CALVET, dame DE BOUQUET, dont il a eu cinq enfants et qu'il est devenu, par ce mariage, seigneur ou co-seigneur de Mons, d'Euzet, de Saint-Just, de Vacquières et autres lieux. A sa mort, en 1680, tandis que son deuxième fils, César, devient seigneur de Saint-Just et son troisième, Charles, seigneur de Meyrières, l'aîné, François, devient baron de Malérargues, seigneur de Vacquières, Mons, Euzet et Bouquet, et sa femme, Françoise DE MONTCALM, lui donne à son tour quatre fils et deux filles.

L'aîné René reste avec son père au château de Mons et la fille Louise reste avec son mari, M. DE JULIEN, seigneur de Saint-Laurent-la-Vernède, qu'elle avait épousé en 1682. Mais les autres enfants, au nombre de quatre, s'exilent à l'étranger avec leur mère Françoise DE MONTCALM. Ce sont : César, seigneur de Lavalas (qui reviendra en France avant 1695) ; Alexandre, seigneur de Vacquières, que nous retrouvons peu après en Angleterre, dès 1689, comme cornette de cavalerie dans le régiment de SCHOMBERG, qui était uniquement composé de réfugiés ; Jean-Louis, seigneur de Saint-Just et la deuxième fille, Judith-Isabeau.

Ainsi François de Malérargues voit sa famille écartelée : sa femme, une fille et trois de ses fils sont en exil pour rester fidèles à leur religion. Il aura la douleur de voir son frère Charles DE LA TOUR DU PIN de Malérargues, seigneur de Meyrières, avertir en 1704 le général Lalande de la présence à Euzet de CAVALIER et des débris de sa troupe et son nom sera voué à la haine des habitants.


(pp.140-141) Ce déclin [des bois] s'accentuera encore en ce même XVIIIe siècle par l'établissement des verreries dans les garrigues. Leur création a été provoquée par l'accroissement considérable de la demande de flacons et de bouteilles venant des parfumeurs qui fabriquaient des eaux de senteur tirées de la lavande aspic, des distillateurs qui fournissaient l'eau de Hongrie ou l'alcoolat de romarin, enfin et surtout des négociants de vin de Frontignan, de Lunel, et d'autres crus excellents.

Il existait déjà des verreries dans les garrigues bien avant le XVIIIe siècle, mais les fabrications étaient réduites, ce qui limitait les quantités de bois qu'elles consommaient. C'est à cette époque que se développent chez nous la verrerie de Laval, dans les Vallongues et celle du Mas du Colombier, à Euzet. En bordure de ce quartier d'Aigue-Blanque ce mas a servi, à maintes reprises, de refuge à CAVALIER et de lieu de culte aux assemblées clandestines ; (...) Les propriétaires, Nobles d'AZEMAR, étaient d'ailleurs gentilhommes-verriers depuis plusieurs siècles, mais ils possédaient de nombreuses terres dispersées dans tout le Languedoc et transportaient leur verrerie, tantôt à Cournonterral et Saint-Martin-de-Londres, tantôt à Euzet et Saint-Maurice-de-Cazevieille, là où ils trouvaient le bois necessaire à leurs fours.




La rivière du Parc



C'est dans n° 4 de 1959 (tome IX) de la revuedu club cévenol, "Causses et Cévennes", que sont signalées les distinctions obtenues par André BERNARDY, à la suite de la parution de son livre : le prix de la littérature régionaliste par le Conseil général du Gard et le prix Ozenne de l'Académie des Sciences et belles Lettres de Toulouse. C'est aussi dans le n° 4 de 1958 de la même revue que l'on trouve un compte rendu de son livre, qui commence ainsi : "Il est très rare qu'un auteur s'aventure à retracer l'histoire de petits villages : les recherches sont difficiles, les documents assez rares, et l'audience de tels ouvrages relativement restreinte. Dans le cas présent, l'auteur, M. André BERNARDY, a réussi à réunir assez de documents pour faire revivre des évènements fort divers dont quelques uns sont même divertissants : ainsi a été évité l'écueil d'un livre austère et fastidieux. (...)"



A noter aussi le n° 42 de la Société historique de l'Uzège (février 2008) dont le thème est une "Contribution à l'histoire d'Euzet". Dans son éditorial, la présidente, Anaïs de RANITZ indique qu'il s'agit du dernier numéro de la revue, la société cessant d'exister au 28.02.2008. On peut le trouver, disponible en usuel dans la salle de lecture des AD 30, sous la cote PER/C 89. La photo qui suit est celle de la page du sommaire.


Contribution à l'histoire
d'Euzet



Sondage sur les actes des notaires d'Alès (entre 1394 et 1629), de Nîmes (entre 1465 et 1618) et de Vézénobres (entre 1490 et 1517), à partir des relevés d'Y. CHASSIN du GUERNY, mis en ligne par Michel MORICE sur "Planète Généalogie" :

- 24.02.1475 : contrat de mariage entre Jean BALMOSSIERE d'Euzet et Jeanne EVESQUE, fille de Jean, de Trouillas, paroisse de Roussan
- 26.04.1482 : constitution de dot ; présent : Jean PELADAN, d'Euzet
- ......1496 : oblige à noble Bertrand de Barjac, seigneur de Bouquet, coseigneur de Vacquières, Euzet et Saint Just de berthanaves
- 23.11.1517 : contrat de mariage ; présent : Jean MALMOSSEYRE, d'Euzet
- 11.11.1550 : contrat de mariage entre Claude DUMAS, de Méjanes, et noble Louyse AYMARD (AZEMARD), veuve de Raimond PIERRE, d'Euzet ; présent : noble Martin PIERRE, fils et héritier dudit Raimond
- 11.11.1550 : contrat de mariage entre Pierre DUMAS, de Méjane, fils dudit Claude, et Jeanne PIERRE, fille de feu noble Raimond précité
- 28.10.1560 : quittance de dot par Barthélémy DUPLAN d'Euzet, mari de Catherine PIERRE, à noble Martin PIERRE, aussi d'Euzet
- 08.07.1608 : contrat de mariage entre Pierre FONTANIEU, cardeur de Nîmes, natif d'Euzet, fils de Raimond baille d'Euzet et de feue Jeanne JALABERT, avec Marie CARRIÈRE, fille de feu Etienne et de Marguerite AUDEMAR

3/ Questions

- Y a-t-il eu des EUZET à Euzet ? André BERNARDY m'avait indiqué, en 1958 qu'une certaine Elisabeth EUZET habitait non loin du village d'Euzet mais, malheureusement je n'ai pas pris contact avec cette personne et l'adresse est perdue.

- Un EUZET a-t-il participé à la guerre des Camisards ? Il y a bien Abdias AUSET ou AUSSET, de Marsillargues, mais il faut établir sa généalogie pour déterminer s'il y a un lien avec les familles EUZET. A priori, on est plutôt du côté des AUSSET du Gard. Il a suivi CAVALIER dans son exil, en juin 1704. Contrairement à CAVALIER, il n'est pas allé s'installer en Angleterre mais en Suisse.

4/ Références

- André BERNARDY : en plus de son ouvrage sur le village d'Euzet, il devait encore m'adresser, le 20 avril 1960, un autre de ses livres : "A la recherche de la villa de Tonance Ferréol, suivi de la villa gallo-romaine de Marignargues, à Saint-Maurice-de-Cazevieille". Une rue d'Euzet immortalise son souvenir : "André BERNARDY. 1901-1986".

- Jean-Marc DAUMAS : Marsillargues en Languedoc (1984). Studium Réformé Occitan. pp 84 et 115.

- Henri BOSC : La guerre des Cévennes. 1702-1710. Presses du Languedoc. 1993. p 676, T3.

- Dom DEVIC et Dom VAISSETE : Histoire générale du Languedoc. Toulouse 1876. T14. C 2001 à C 2003.



Des ruines de l'établissement thermal d'Euzet (les bains)
qui auraient fait le bonheur des romantiques du XIXème siècle

(photo Jacqueline et Kai LINDSTRAND, en 2004)

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