La lignée des EUZET de Saint-Jean-de-Védas (34).
(suite 2)


Saint-Jean-de-Védas à 3600 pieds, le 18.03.1944
(Mission 23 SF 370 - photo transmise par M. Patrick MARTINEZ)
(Aérophotothèque du Centre Camille Jullian CNRS UMR 6573 MMSH, Aix-en-Provence)



Saint-Jean-de-Védas et ses écrivains des XXe et XXIe siècles
La population de Saint-Jean-de-Védas sous l'Ancien Régime
Le cadastre napoléonien : lieux-dits, chemins, mas, ponts et rivières
Le parcellaire, les rues, les mas, les châteaux et autres bâtiments de Saint-Jean-de-Védas, au XIXe siècle
La "vieille poste" de Saint-Jean-de-Védas
Les autorisations de "trasser" la pierre de Saint-Jean-de-Védas




A/ Saint-Jean-de-Védas et ses écrivains

1/ : Xavier AZEMA ; Pierre CARLES ; Jean-Claude RICHARD ; Louis SECONDY ; Jeanne SEGONDY

10 villages 10 visages
(entre Coulazou et Mosson)

Dans un ouvrage achevé d'imprimer sur les presses de l'Imprimerie Spéciale JAF 34, à Montpellier, le 13.09.1985, cinq écrivains se sont partagés la tâche (sous la conduite de Louis SECONDY) pour nous faire mieux connaître dix villages, très proches les uns des autres et tous près de Montpellier : Cournonsec, Cournonterral, Fabrègues, Juvignac, Leverune, Murviel-lès-Montpellier, Pignan, Saint-Georges-d'Orques, Saint-Jean-de-Védas et Saussan. Ces auteurs qui ont, chacun, traité une partie, sont : Jean-Claude RICHARD ("De la préhistoire à la fin du Monde Antique"), Jeanne SEGONDY et Louis SECONDY ("Un survol de dix siècles"), Xavier AZEMA ("De la Réforme à la Révolution"), Pierre CARLES ("La Révolution et l'Empire"), Louis SECONDY ("Dans le vent du changement", pour les XIXe et XXe siècles). Le livre est illustré par Jean COUDERC dont on voit un de ses beaux dessins sur la couverture reprise en photo ici.

Il n'est pas question, bien sûr, de reprendre les nombreux éléments de ce livre très riche en faits, statistiques, anecdotes et synthèses éclairantes mais nous voudrions nous interroger sur un seul aspect, celui des administrations municipales d'après la Révolution, en ce qui concerne Saint-Jean-de-Védas. Une première interrogation concerne l'année 1792. Dans le livre, il nous est expliqué le succès des jacobins, ce qui se marque à Saint Jean par l'élection au conseil de François MURAT dans la mouvance du conventionnel CAMBON. Le nom du maire n'est pas indiqué mais si l'on se reporte au tableau des maires affiché à la mairie, nous voyons que le maire est François ROUVIERE, de 1792 à 1795. Pourtant, quand on consulte le registre d'état civil qui est en ligne sur le site des AD 34 (5 Mi 1/145, période de 1626 à 1792), plusieurs constatations peuvent être faites. D'abord, le 04.11.1792, le maire est Antoine EUZET. C'est lui qui clôt le registre paroissial du curé GAUTIER dont le dernier acte est du 28.10.1792, immédiatement avant. Mais, ensuite, si l'on regarde l'acte qui suit cette clôture, le 10.12.1792, Antoine EUZET est témoin et est simplement indiqué comme "ménager". Par contre, il y a la signature de "ROUVIERE officier public". Les actes qui suivront ne démentiront pas ces dénominations. Il faudrait pouvoir se reporter aux délibérations communales pour savoir ce qui s'est passé. Antoine EUZET a-t-il été destitué pour des raisons politiques ou, plus simplement, a-t-il assuré un bref intérim avant l'élection effective du maire ? En tout cas, rien n'est indiqué dans le livre et aucune mention n'est reprise sur la plaque de la mairie.

Antoine EUZET, maire, le 04.11.1792

La plaque des maires de Saint-Jean-de-Védas, de 1792 à 2013
(photo prise à la mairie par M. Patrick MARTINEZ, en décembre 2013)

Le livre nous apprend aussi qu'en 1795, c'est le jacobin François MURAT qui est élu. (alors que le tableau des maires indique simplement "Administration cantonale" pour la période 1795-1800) On retrouve François MURAT après le coup d'Etat du 18 fructidor an IV (04.09.1796) et c'est encore lui qui est maire en avril-juin 1800, avec pour adjoint Benoît GUIZARD ; François MURAT est remplacé par Antoine EUZET en 1803 (le tableau des maires indique 1804), lequel reste maire jusqu'en 1808 ; dans les notes du livre, p. 229, il est dit qu'il est remplacé par Antoine SAINT-PIERRE jusqu'en 1815. C'est une erreur car celui-ci est sur Saint-Georges ; de 1808 à 1830, c'est François VIDAL qui est maire (tableau des maires) ; pour trancher sur tous les points relevés, il faudrait donc pouvoir accéder aux délibérations communales (cependant, celles qui sont conservées à la mairie ne commencent qu'en 1817, ce qui laisse la question du maire de 1792 en suspens).



2/ : Patrick MARTINEZ



Le premier livre, Saint-Jean-de-Védas. Images et Histoires (avril 2000) est, comme son nom l'indique, un mélange d'histoires des habitants et des monuments, d'anecdotes et de descriptions, le tout avec beaucoup d'illustrations et de photos. En voici les points essentiels : en 1663, le moulin du Trou et la Pistole Volante, l'origine du nom du village (depuis 1095), un charivari en 1761, de l'ancien presbytère au vieux château (1796-1854), les écoliers et le Suisse (en 1839, 1860, ...), la porte du château (après la démolition du château), le plan de 1845, la construction de la nouvelle école (de 1899 à 1904), l'almanach de l'Hérault de 1902, le monument aux morts (de 1919 à 1990) , le conseil municipal élu en 1935, le presbytère, l'église, le clocher, la croix de mission (au XIXe siècle, avant et après), la "promenade" - avenue de la gare, les chemins de fer, la crue de 1907, les lavandières, les conscrits, les équipes de football, les cafés, les Védasiens en voyage, le maréchal-ferrant, Saint-Jean vu du ciel au printemps 1944, le château du Terral (depuis 820), le château de la Lauze, le domaine du Claud, le Castelet, la "maison Ivanov", les carrières de pierre, les puits, Saint-Jean en deux tableaux (d'Edouard MARSAL et de Gustave COURBET), les bureaux de poste. Bien entendu, ces éléments sont groupés par thèmes : l'enseignement, la religion, les transports, le sport, etc. En ce qui concerne les EUZET de Saint-Jean-de-Védas, nous y avons trouvé des références pp. 47 (l'almanach de 1902), 129 et 130 (vente de la Lauze), 148 et 149 (les carrières de pierre).

Le deuxième livre, Saint-Jean-de-Védas. Aux jours d'hier (décembre) 2004) complète le "paysage", avec une table des matières bien garnie : La Voie Domitienne, à la lisière de Saint-Jean ; Saint-Jean, bâti sur une voie romaine ? ; Béjargues, le village disparu près de Saint-Jean ; Deux récits méconnus de la "Pistole Volante" ; Avril 1622 : les canons tonnent au Moulin de Tourtourel ; 24 avril 1683 : un mariage historique au Château ; Mai-juin 1724 : Pierre CORBIÈRE, Régent des Ecoles, compte les jours ; Saint-Jean vu par Jean-Marie AMELIN ; 1838-1842 : la Mosson déviée sous le nouveau Pont de Barre ; la population du village entre 1836 et 1936 ; 1907-1909 : quand le train empruntait la route nationale ; 1896-1911 : les mandats municipaux de Marius OMBRAS ; Un cantonnier et deux gardes champêtres ; 1907 : le village dans la tourmente de la crise viticole ; Saint-Jean au temps des vendanges ; La coopé : le temps de la cave coopérative ; Quand les bouilleurs de cru s'affairaient à "La Mosson" ; La distillerie du Pont de Barre ; Le temps de l'école ; Les Védasiens autour de leur église ; Les Védasiens sous les drapeaux ; Printemps 1940 : Saint-Jean accueille les scouts belges ; Saint-Jean au long des rues ; Quand Saint-Jean faisait la fête ; Quand on devait aller au "Vidoir" ; Les jours paisibles du Rieucoulon ; "Terre Neuve", le relais védasien sur la route de Sète ; Les mariés de Saint-Jean ; Les docteurs de Saint-Jean ; Les Védasiens au bord de l'eau ; D'un cimetière à l'autre : les sépultures védasiennes. A cette série de sujets, il faut encore ajouter une bibliographie et, surtout, de très nombreuses photos qui apportent leur "supplément d'âme". En ce qui concerne les EUZET de Saint-Jean-de-Védas, nous y avons trouvé des références pp.49, 50, 52, 53, 54 (la Vieille Poste et les alentours), 66 (l'élection municipale de 1888) et 170 (maison près de l'église).

Le troisième livre retrace, comme son nom l'indique, le parcours des 31 Védasiens morts pour la France (21 pendant la première guerre mondiale, 8 pendant le seconde guerre mondiale et 2 pendant la guerre d'Algérie). Quant au quatrième livre, il est dédié à l'église Saint Jean Baptiste, bien mise en valeur par beaucoup de photos en couleur. En ce qui concerne les EUZET de Saint-Jean-de-Védas, nous y avons trouvé des références pp. 24 et 25 (les travaux, en 1834 et 1837).



3/ : Pierre FOREST

Le volume d'Etudes héraultaises dans lequel se trouve l'article de Pierre FOREST

Dans le numéro des Etudes héraultaises paru en novembre 2013 (43-2013), on trouve une étude de Pierre FOREST, archéologue de l'Institut de recherches archéologiques préventives (INRAP) qui porte sur les anciennes carrières de pierres de Saint-Jean-de-Védas et sur ses "trasseurs". L'étude est partie de la question suivante : "Depuis quand extrait-on la pierre à Saint-Jean-de-Védas, et peut-on reconstituer des fragments de cette histoire oubliée ?" Au fil de cette histoire, l'auteur étudie, notamment, les liens entre les familles du lieu et cette exploitation. Evidemment, les EUZET y sont bien présents et M. FOREST nous a fait l'honneur d'utiliser nos propres découvertes puisque les EUZET de cette lignée ont longtemps été des "trasseurs". Pierre FOREST explique la signification de ce terme curieux : ""L'emploi de la dénomination trasseur recouvre donc deux étapes du travail d'extraction : trasser la pierre et la tirer. Trasser correspond certainement au travail préliminaire de préparation du bloc à extraire : noter les contours, tracer le centre, percer les trous sur une ligne continue pour fendre la pierre. Puis le travail de tirer la pierre consistait sans doute à enfoncer des coins et à dégager le bloc puis à le débarder, avec des treuils et à le tirer avec des civières en bois où à le rouler sur des rondins jusqu'au lieu d'entreposage au bord d'un chemin de halage où il sera chargé sur un charriot tiré par des chevaux ou des boeufs." Nous avons beaucoup appris en lisant cette étude : la situation avant le XVIIe siècle, le conflit avec l'évêque au XVIIIe siècle, les pièces d'archives utilisées dont le compoix, etc.

Notre propre fichier sur la lignée des EUZET de Saint-Jean-de-Védas montre qu'il y a eu des trasseurs de pierre pendant 8 générations, au moins de 1561 à 1791 (230 ans) : Jean (génération 2), Salomon et Philippe (génération 4), Jean dit Salomon (génération 5), Barthélémy (génération 6), Jean et Jacques (génération 7), Antoine et Antoine (génération 8) et Antoine (génération 9). Pierre FOREST n'a pas pu reprendre toutes ces données (en particulier, celles qui ont été trouvées en 2013 aux Archives municipales de Montpellier dans les actes du notaire MARIE et celles du XVIe siècle, trouvées en 2014), parce que son étude était déjà terminée. L'avantage d'un site Internet est de pouvoir continuellement mettre à jour la situation. L'inconvénient est qu'il faut périodiquement vérifier s'il n'y a pas eu des modifications. L'avantage d'un article dans une revue ou d'un livre est d'en donner une photographie définitive à un instant donné. L'inconvénient est que l'on ne peut plus ajouter, retrancher ou modifier ce qui est écrit. Les photos, justement, et plus largement, les illustrations de cette étude très fouillée sont remarquables. Ajoutées à l'appareil des notes, l'ensemble constitue un travail de référence qui enrichit la connaissance de l'environnement des EUZET de Saint-Jean-de-Védas.



4/ : Emmanuel LE ROY LADURIE

Dans "Les paysans de Languedoc", Emmanuel LE ROY LADURIE a écrit un chapitre sur la dîme : "La dîme : réforme ou révolution ?" (p. 373 à 389 du chapitre III de la 3ème partie - Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Paris. tome 1. 2ème édition). Il y a quatre sous-parties : Les réformés confisquent la dîme, Les décimables font grève, Dîmes en grains, Dîmes en argent.

Dans la sous-partie "Les décimables font grève", nous pouvons lire (p. 381-382) : Contagion des grèves : elles s'étendent vers l'Ouest, vers l'Agenais où "dès avant la guerre civile, les dîmes n'étaient plus payées" ; vers la Guyène et le périgord, où les paysans catholiques, note La Boétie, interrompent eux-mêmes leurs prestations. En pays calviniste, les grèves ont lieu selon les cas au détriment des prêtres ou des ministres.

La bourgeoisie huguenote s'approprie la dîme, de gré ou de force. Mais les paysans ne cèdent pas volontiers la dixième gerbe au nouveau maître, aussi rapace que l'ancien : la dîme, ils veulent radicalement la supprimer, non la transférer. Car les villageois sont souvent pressés par le paupérisme et ils étaient "huguenots de dîme" avant même d'être "huguenots de religion"... Un fermier décimal huguenot, Pierre RAFINESQUE en fait l'expérience : en avril 1564, à Saint-Jean-de-Védas, près de Montpellier, il vient lever la dîme des agneaux pour le compte du synode. Les paysans éludent sa demande ou lui signifient leur refus, par la voix de leurs femmes : Antoinette DONADE lui propose une mauvaise transaction ; Claude PRUNET déclare "qu'il est malade de gotes", et ne peut payer pour le moment ; Jean EUSET "n'est pas là" ; mais sa femme et sa nièce mettent RAFINESQUE à la porte.
(notaire Jean PORTAL, de Montpellier : 2 E 56/27, 04.04.1564, f° 10, aux AD 34).

Le récit de l'historien n'indique pas si Jean EUZET et sa famille étaient passés à la réforme mais c'est fortement probable. En effet, parmi les EUZET de Saint-Jean-de-Védas adeptes de la religion réformée, nous trouvons Aubert EUZET qui se marie au temple de Montpellier, en 1563, avec Peyronne MAZOYER, de Clapiers. Il y a encore Antoine EUZET marié avec Catherine VERNEDE et leurs fils. Deux d'entre eux, au moins, sont baptisés au temple de Montpellier ; Le reste de la lignée passera (ou restera) rapidement dans le giron catholique, toujours à Saint-Jean-de-Védas. Il n'y a rien concernant les EUZET dans les quelques feuillets du registre BMS de la RPR pour 1682-1684. Des gages seront donnés, peut-être pour faire oublier le passé protestant trop encombrant. Ainsi, on retrouve une fondation d'André EUZET, en 1687, au bénéfice des "Pères de la Merci", à Montpellier.

Réquisition contre Guillaume DONAT et Jean EUSET
(Jean PORTAL, notaire de Montpellier)

La photo ci-dessus montre la partie de cet épisode pour ce qui concerne Jean EUZET : " L'an et jour que dessus au lieu de Saint-Jean-de-Védas, dans la maison de Jean EUSET, Pierre RAFINESQUE a sommé et requiz Jean EUSET en la personne de sa femme et Guillaume DONAT en la personne de Simone DOMERGUE, sa niepce, de vouloir dismer les agneaux (...)".




5/ : Jean-Pierre DUFOIX

C'est dans une communication à l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier que, le 07.06.2010, M. Jean-Pierre DUFOIX a retracé l'histoire du château du Terral. Nous en reprenons ici plusieurs extraits, l'un qui brosse en quelques mots ses 2000 ans d'histoire et les autres, pour la période des guerres de religion, afin de mettre ce texte en perspective avec ce que nous avons trouvé dans les actes notariés pour l'exploitation des Peyrières, les carrières de Saint-Jean-de-Védas.

1er extrait :

"(...) Depuis la période gallo-romaine, dont il existe ici des traces sur le domaine, jusqu’à l’acquisition du Terral par la commune de Saint-Jean-de-Védas, cette histoire couvre deux millénaires avec la villa de Terraliis des temps carolingiens et la propriété diocésaine antérieure, dont on ne connaît l’existence que par les textes, le château médiéval des évêques de Maguelone, le quartier général de la croisade des Albigeois en janvier 1215, la demeure Renaissance de l’évêque Guillaume PELLICIER, le logis de Monseigneur François Xavier de BOSQUET au temps de Louis XIV, le bien national devenu propriété agricole des CAMBON sous la Révolution et l’Empire, la résidence de campagne, sous Napoléon III, de l’agronome Alfred BOUSCAREN dont bâtiments et parc gardent l’empreinte, le poste militaire allemand sous l’Occupation dans les années 1940, et enfin la propriété des descendants CAMBON et BOUSCAREN qui passeront la main à la commune de Saint-Jean-de-Védas en 1985 (...)"

La cour du Terral
(photo J.C.E., le 03.06.2014)

2ème extrait :

" (...) 1562 est l’année du massacre de Wassy, point de départ de la guerre civile qui embrase la France, dont l’histoire retiendra le nom comme celui de la première guerre de religion. Le Terral va vivre alors des heures particulièrement sombres. L’armée royale, sous le commandement d’Henri, duc de JOYEUSE, lieutenant général du roi Charles IX en Languedoc, se regroupe autour du Terral au mois d’août. Le château épiscopal est de nouveau, pour quelques heures, plus de trois siècles après la croisade des Albigeois, quartier général des troupes royales et catholiques. JOYEUSE a l’intention d’attaquer Montpellier, ville protestante et rebelle, mais il porte son effort en premier lieu sur Maguelone, laissant pour garder le Terral un contingent de cent hommes, ainsi que nous l’indique l’auteur du journal du siège de 1562. Au matin du 11 septembre, la petite garnison catholique qui craint une attaque abandonne son poste et rejoint le gros des troupes. Ce premier conflit local, dans le cadre de la première guerre de religion, conduit à une nouvelle mise à sac du Terral. En effet, le 12 septembre, les Montpelliérains, qui manquent de nourriture, sont informés du repli des soldats catholiques et pillent le domaine. Ils s’emparent d’importantes réserves de blé transportées sur-le-champ à Montpellier. Henri de JOYEUSE retourne au Terral quelques jours plus tard. Le 27 septembre 1562, l’armée catholique s’y regroupe avant de tenter une action sans suite sur le coteau de Saint-Martin-de-Prunet et des reconnaissances, en particulier vers l’enclos du Grand-Saint-Jean, au faubourg de la Saunerie dans les décombres de l’ancienne maison des Templiers déjà évoquée. On s’escarmouche au Terral. Guillaume PELLICIER finira ses jours probablement au château de Montferrand en 1567. La deuxième guerre de religion vient tout juste de rallumer les passions après les michelades de Nîmes et d’Alès. (...)"

3ème extrait :

" (...) Catherine de MÉDICIS tient les rênes de la France pour son fils le jeune Charles IX. Le 1er avril 1570, soit trois ans après la mort de Guillaume PELLICIER et quatre mois avant l’Édit de Saint-Germain-en-Laye qui met fin à la troisième guerre de religion, le Terral est incendié par les protestants, c’est-à-dire par l’armée des princes de NAVARRE et de CONDÉ poursuivie par Henri de MONTMORENCY, maréchal de DAMVILLE, adversaire des huguenots avant de les commander. (...)"

4ème extrait :

" (...) La reprise des combats des guerres dites de ROHAN, au dix-septième siècle, conduit, en 1622, à la capitulation de Montpellier devant les troupes royales de Louis XIII. Le Terral se trouve une nouvelle fois impliqué dans les combats qui opposent les troupes royales, sous le commandement du gouverneur du Languedoc, Henri II de MONTMORENCY, aux contingents protestants du duc Henri de ROHAN. Le quartier général de MONTMORENCY est établi à Villeneuve-lès-Maguelone. Ses troupes occupent les points hauts de la vallée de la Mosson. L’évêque Pierre FENOUILLET quitte le Terral pour se réfugier à Montferrand, comme l’avait fait avant lui Guillaume PELLICIER. Le Terral est à nouveau saccagé par les protestants en 1622 (...)"

5ème extrait :

" (...) En 1629, Louis XIII accordera l’Édit de grâce d’Alais. La parfaite réussite de la politique de RICHELIEU tournera définitivement la page militaire du protestantisme. Le Terral n’aura plus rien à craindre des huguenots ! (...)"

- Voir la totalité du texte sur Internet, dans Google, en demandant : "Ils ont fait le Terral" (titre de la conférence de M. DUFOIX).



B/ La population de Saint-Jean-de-Védas sous l'Ancien Régime



1/ En 1537 :

- Transaction passée entre les consuls et habitants de Saint-Jean-de-Védas et Honorat FOUCARD, marchand et bourgeois de Montpellier, les 01.07 et 12.07.1537 (notaire Jacques BARTHÉLÉMY, de Montpellier : 2 E 95/1052, vue 174 du registre en ligne, sur le site des AD 34) ; le litige portait sur le fait que, selon les consuls, Honorat FOUCARD n'était pas un véritable habitant du lieu car il n'avait qu'une maisonnette qu'il n'habitait pas, qu'il ne payait pas d'impôts et donc qu'il n'avait pas le droit de faire paître son bétail sur les terres, pâturages et garrigues de la paroisse ; à l'inverse, Honorat FOUCARD estimait qu'il avait le droit de faire paître son bétail car il possédait sur place une maison, des terres et des possessions ; pour trouver un compromis, les consuls de l'année et les chefs de famille se sont réunis : Antoine BOSC (bailhe), Antoine DONAT (consul), Guillaume DOMERGUE (consul), Pierre DONAT, Aubert GAUCH, Guillaume EUZET (écrit EUSET), Jean ACHARD, Jean DONAT, Etienne AUDIBERT, Jacques DONAT, Jean BONET, Jean DOMERGUE, Jean PONS, Jacques ANSSEL, Jean GAUBERT, Claude PRUNET et Vidal PITOT (?), tous habitants de Saint-Jean-de-Védas.

2/ En 1567 :

- Actes notariés du notaire Jean RICHARD, de Montpellier (les chiffres indiqués sont ceux des vues du registre en ligne 2 E 57/7, sur le site des AD 34) : Fulcrand AUBERT (444), Anne BOSC (394), Barthélémy BOSC (391, 394, 422, 512), Claude BOSC (391, 394), Pierre BOSC (394), Jacques CALAGES (394, 462), Fulcrand COULOMB (429), André DOMERGUE (442), Antoine DONNAT (312), Antoinette DONNAT, veuve de Pierre DOMERGUE (502) Jacques DONNAT (429, 442, 448), Claude ESPINASSON (379), Jean EUZET (483), Antoine FRAISSINET (444), Jean GAUCH (400, 427, 490), Jean POMAREDE (394), Jacques de SARRET (268, 477). A noter, le contrat de mariage de Jacques CALAGES, fils de Guillaume (originaire de Saint-Martin-de-Londres, demeurant à présent à Saint-Jean-de-Védas) avec Anne BOSC (fille de feu Antoine), avec le consentement de Claude et Pierre BOSC, ses frères. A noter aussi que Barthélémy et Claude BOSC sont frères.

3/ En 1572 :

- Transaction et reconnaissance féodale, le 06.03.1572, entre Jacques de SARRET, seigneur de Saint-Jean-de-Védas, d'une part, et les consuls et habitants de Saint-Jean-de-Védas, d'autre part ; les consuls sont Barthélémy BOSC et Sauvaire VIELZ (VIEUX) ; le baille est Guillaume DONNAT ; le lieutenant du baille est Anne DOMERGUE ; les autres habitants qui participent à l'acte, sur la place publique, sont : Jean DONNAT, Jean GAUCH vieux, Pierre ACHARD, François VEZIAN, Pierre PRUNET, Jean GAUCH jeune, François DONNAT, Antoine EUZET, Antoine BADARON, Jean BROZET, Jean DONNAT jeune, Pierre DONNAT, Mathieu REBOUL, Mathieu DONNAT, Bertrand BASSIL, Pierre PASTRE, Guillaume DONNAT jeune, Jacques DONNAT, Jacques PRUNET, Jean AUDIBERT, Fulcrand DONNAT, Antoine VALLAT, Bernard VIELZHOME (VIEILHOMME) et Guillaume VEZIAN, "faisant et representant la plus grand part et nombre de la communaute dudit lieu" ; sont signataires, Jacques PRUNET, Anne DOMERGUE, Antoine EUZET, Jean GAUCH, Berthomieu (Barthélémy) BOSC et G (Guillaume) DONNAT ; le sujet de l'acte est celui du statut juridique d'une garrigue à Nouals (voir dans le parcellaire, la section C1 de la Lauze et la Garrigue) ; Jacques de SARRET rappelle l'inféodation initiale, en l'année 1276, le dernier jour du mois de juillet ; il indique encore l'inféodation du 8 des calendes de février 1319 et il se pose en tant que successeur, à Saint-Jean-de-Védas, du roi d'Aragon et de Majorque, la garrigue représentant une albergue d'un "gendarme ou chevalier" (notaire Jean RICHARD, de Montpellier : 2 E 57/9, f° 117 v., vue 119 du registre en ligne, sur le site des AD 34).

4/ En 1629 :

- Prêt, le 06.04.1629, pour les consuls Pierre DONNAT et Antoine ROUSSEL et aussi par les habitants Claude DOMERGUE, Guillaume BRINGUIER et Folcrand ESPINASSON, au nom de la communauté des habitants de Saint-Jean-de-Védas ; ils empruntent 400 livres au marchand de Montpellier, Pierre AUDIFFRET (notaire Guillaume PELERIN, de Montpellier : 2 E 57/128, f° 162 v., vue 166 du registre en ligne, sur le site des AD 34).

5/ En 1662 :

- Hommage, serment et reconnaissance des chefs de famille de Saint-Jean-de-Védas, le 17.01.1662, à Bernardine du VERGIER (veuve et héritière de Jacques de SARRET, seigneur du lieu) ; son "balhe" est Jacques PRUNET et son "procureur juridictionnel" est François MERIC ; le "maire" est Claude DOUMERGUE ; les "consuls modernes" sont Anthoine ESTEVE et Pierre COSTECAUDE ; parmi les chefs de famille, il y a Sallamon (Salomon) EUZET et Philip (Philippe) EUZET ; les autres habitants indiqués dans l'acte sont : Fulcrand ESPINASSON, Pierre BOSC, François BOSC (frère de Pierre), Anthoine COULLONDRE, André RICOME, Aubert DONNAT, Massal DONNAT, Jean CARLE, Raynaud DOMERGUE, Anthoine SERANNE, Jean BESTION, Jean GAUCH, Laurent GAUCH, François CALATGES, Aubert BLANC, Jacques BOUGETTE, Jean DELMAS, François DONNAT, François et autre François VIDAL, Jean ROUX, Jean GACHE, Pierre COLLONDRE, Anthoine GAUDE, Pierre TRIAL, Pierre FERMAUD, Anthoine et autre Anthoine SERRES (père et fils), Jean VÉZIAN, François GLEIZE, Henri ROUVIÈRE, Jacques DAUGRES, André DONNAT, Pierre ARNAL, Jeanne SAGNIÈRE (veuve d'Aubert BILLIÈRE), Jeanne ESPINASSONNE (veuve de Jean BILLIÈRE), Marguerite DAUMASSE (veuve de Jean PRUNET), Marie CASTELLE (veuve de Michel BERTRAND), Catherine BENEZECHE (veuve de Guillaume BERTRAND) Marie [nom laissé en blanc] (veuve de Jacques ROUX), Gracie ESPINASSONNE (veuve de Pierre DELORT), Marie BADERONNE (veuve de Pierre FERMAUD), Pierre VIALLA, Pierre BADEROUX (notaire Léon BARRAL, de Lavérune) ; l'original de cette pièce se trouve aux Archives de la mairie de Saint-Jean-de-Védas, cote AA 1 ; les éléments repris ici sont tirés d'un article du magazine municipal, "Forum", dans son N° 13 de décembre 1991 : article transmis par M. Patrick MARTINEZ, le 08.02.2014 ; l'article est intitulé "Les archives védasiennes sorties de l'oubli", avec une photo de MM. Pierre de PERETTI (archiviste au Conseil général) et Patrick MARTINEZ (maire-adjoint) ; des rectifications de noms ont été faites, à partir du registre du notaire Léon BARRAL qui est conservé aux AD 34 (2 E 70/251, f° 169).

6/ En 1673-1675 :

- Compoix de 1673-1675 (pour la conception mais avec des ajouts jusqu'à la fin de la première partie du XVIIIe siècle), comprenant la liste des contribuables (habitants ou non de Saint-Jean-de-Védas) ayant fait des "manifests" (déclarations de biens immeubles) et l'indication du folio de la première page de chaque manifest quand il est lisible et existant : Monsieur de SAINT JEAN (fin au f° 9 v. puis on passe directement au f° 15), Pierre ARNAIL (15), Jean AUBRE (16), François BOSC (17), David BOSC - remplacé par Jean FICHES (20), Marie BADERONNE - remplacée par Aubert FERMAUD (21), François BILLIERE (23), Marie BILLIERE - remplacée par Aubert ESPINASSON (26), Jean BOSC, fils de Pierre (28), André BONNET (31), Monsieur BARRE (32), Aubert BILLIERE (34), Indivis des trasseurs (4.), Hoirs de NADAL Berthomieu (43), Jean BOSC, fils de Sauvaire BOSC (44), Pierre BADERON (46), Pierre BALZAC, et ajout de Jean MURAT (48), Pierre BESTION, - ajout hoirs de (49), Jean BALY (51), Pierre BONFIL (52), Guillaume BERTRAND - Guillaume est barré et remplacé par Jean (54), Jacques BOUGETTE - BOUGETTE est barré et remplacé par BAISSIÉ (55), AUBERT BLANC - Aubert barré et remplacé par Jacques (56), Pierre BOSC "june" (59), François CALATGES (61), Louis CAILUS (63), André COLLONDRE (64), Jean CROUZAT (67), Le sieur CLAUZEL - barré et remplacé par noble Jean Alexandre PACIEUX (68), Monsieur COURDURIER - barré et remplacé par "Monsieur Jean Pierre Hercule ROY, capitaine au régiment de cavalerie d'Anjou" (72), Pierre COSTECAUDE (73), Marie COSTECAUDE - barré et remplacé par Aubert DAUGRES (75), Jean CARLES - CARLES barré et remplacé par DELORT (76), Pierre COLONDRE (78), Claude DOMERGUE - DOMERGUE barré et remplacé par DONNAT et, au dessous : à présent Antoine son fils (80), Pierre et Jean DOMERGUE - barré et remplacé par François ESPINASSON (82), Monsieur DUMAS (83), Marsal DONNAT (84), Antoine DONNAT - ajout : cardeur (85), Hoirs DAUZET et DOMERGUE (86), Aubert DONNAT (87), Catherine DOMERGUE (90), Nicolas PORTES - 1 seul item barré (90 v.), Jean DONNAT (91), André DONNAT (93), Jean DUCAMP (94), Pierre DALMAS - ajout : à présent la veuve de FONVIELLE (95), Noël TRIAIRE (96), Jean DELARQUE (98), Jean DELORT (100), Le sieur DOUZIECH - barré et remplacé par Pierre CAMBACERES (101), François DONNAT (103), Aubert ESPINASSON (105), Guillaume ENCONTRE (112), Pierre FERMAUD (113), François FERMAUD (115), Antoine FAGES (116), Jean GALIERE - barré et remplacé par sieur Pierre MOREAU (117), Jean GACHE (118), Pierre GAUCH - ajout "vieux" (119), Antoine GUIRAUD (120), Pierre GAUCH - ajout "jeune" (122), Laurens GAUCH (123), Guiraud GAUCH - barré et remplacé par Louis GAUCH (124), François GLEIZE - ajout : à présent Jan GLEIZE (125), Pierre et Jean GAUCH indivis entre André RICOME, Pierre GAUCH, François VIDAL et Pierre GAUCH "june" (126), François ICARD (127), Jean ICARD (128), Monsieur LAPARRE - LAPARRE barré et remplacé par Lecorier (?) de ROQUEFUEIL (129), Aubert MALECOMBE (133), Monsieur MADURAN (134), Pierre MONTAUD - barré et remplacé par Jean NEGRE et Françoise REBOUL (136), Benoist CHAPEL - manifest ajouté sous le 136, Barthélémy MAURIER (137), Antoine MAURIER - manifest ajouté au verso du (137), François MERIC (138), Aubert PIGOULIÉ (144), Jacques PRUNET (147), André RICOME (148), Antoine et Jean ROUX - Antoine et Jean barrés et remplacés par Jacques ROUX (152), Marguerite EUZET "femme de Charles ROUSSEL" (153 v.), Pierre RUAS (154), François REBOUL (155), Marguerite EUZET "femme de Charles ROUSSEL" - continuation du compoix (156 v.), Antoine ROUSSEL (157), Simon ROUSSEL (158), Etienne RESSEGER (159), Henri ROUVIERE (160), Pierre ROUVIERE (162), Marie ROUVIERE (163), Marc ROUSSEL (164), AUBERT et François ROUVIERE - noms et manifests barrés - au-dessous, David COUDOUGNAN - nom et manifest barrés (165), Fulcrande SAILLANTE (166), Monsieur de SAINT SERIES - ajout : "seigneur du domaine et chateau de Lalause" (169), Monsieur SERRES (173), Antoine SERANE - Antoine barré et remplacé par François (174), Demoiselle Jeanne de TROSSEL (175), Monsieur de TEMCLAC (176), Pierre TRIAL - ajout : Jacques TRIAL "petit fils dudit (177), André EUZET (178), Barthélémy EUZET (180), François VIDAL (181), Louis et Marie VIDAL (182), Monsieur VALAT (185), Antoine VALAT (186), Jean VESIAN (188), Monsieur PICHON (189), Barthélémy EUZET - continuation du compoix (190), Jean PORTE (191), Joseph BOSC - un seul item barré au verso de 191, François VIDAL - suite du compoix (192), André RICOME - suite du compoix au verso de 192, Antoine SERANNE - suite du compoix du f° 174, Jean BESTION (194), Barthélémie ROUSSE (195), Jean CALATGES - ajout : au compoix de François CALATGES (196), Louis PRUNET (205), Jean REFREGIÉ - au verso de (205), Sieur Nicolas MAUMIGES ? (206), Jean GAUCH - au verso de (206).

[il faudra aussi consulter la "brevette" de ce compoix, c'est-à-dire le livre des mutations immobilières ; elle existe aux Archives municipales sous la cote CC3, pour la période 1678-1789]

7/ En 1698 :

- Liste des enfants confirmés par l'évêque de Montpellier, le 21.06.1898 : André ROUSSEL, Jean FERMAUD, Jean BAILIE, François GLAIZE, Antoine SERANE, Jacques BLANC, Joseph CALLAGE, François CALLAGE, Pierre GRAVILLÉ, François COUDONIAN, Pierre MARTIN, André MARTIN, Pierre ROUVIERE, Pierre COULONDRE, Jacques BERTRAND, Aubert ROUVIERE, Pierre GLAISE, Marguerite GLAISE, Marie BOSQUE, Jeanne BOSQUE, Catherine VALADE, Antoinette BOSQUE, Jeanne SERANE, Jeanne RUASSE, Marguerite DALGRESSE, Marie BOSQUE, Marthe PIGOULIERE, Jeanne AUSETE, Antoinette ARNAUDE, Marquisse FERMAUDE, Catherine FERMAUDE, Marie BOSQUE, Isabeau GLEISE, Marguerite BESTIONNE, Marie GROUILLENE, Jeanne BAILLERE.

8/ En 1703 :

- Liste des enfants confirmés par l'évêque de Montpellier, le 05.05.1703 : Pierre SERANE, Estienne CANCLAU, Jeaques VINCENS, Albert DONAT, Pierre CALATGES, Antoine CAMBEFORT, Antoine VINCENS, Jean SPINASSON, Jeaques ALBAGNAC, Jeaques CAUSSE, Claude DONAT, François MERIC, Claire ROUVIERE, Jeane BESTIOUNE, Marie ROUVIERE, Marguerite EUZETTE, Catherine MERIGUE.

9/ En 1750-1790 :

Compoix de la seconde partie du XVIIIe siècle (ca 1750 ? pour le début mais certains noms font penser à un commencement dans la première moitié du XVIIIe siècle, avec des ajouts jusqu'en 1790) ; ce compoix donne la liste des contribuables (habitants ou non de Saint-Jean-de-Védas) ayant fait des "manifests" (déclarations de biens immeubles) et l'indication du folio de la première page de chaque manifest quand il est lisible et existant ; ce compoix a été photographié dans des conditions difficiles et certains éléments ne sont pas compréhensibles : il faudra les revoir pour vérifier les noms et les folios ; beaucoup de manifests renvoient au folio du compoix de 1673 mais on constate, parfois, des décalages dans les numéros de ces folios, voire une absence du nom dans le compoix de 1673 : de GIRARD, seigneur de Saint-Jean-de-Védas (1), Pierre BASTIDE avec renvoi au f° 19, Albert ROUVIERE, ménager, Hoirs d'André CHAPEL, François ROUVIERE avec renvoi au f° 24, Antoine et autre Antoine EUZET, "enfans de Jean et ce dernier de Barthélémy EUZET" (17), Marguerite EUZET "femme de Charles ROUSSEL", avec renvoi au f° 153 (19), Jean PAULET et Marie ROUVIERE mariés, avec renvoi à Pierre ROUVIERE au f° 162 (21) - ce manifest est entièrement barré, André RICOME, avec renvoi au f° 148 (23), Pierre RICOME, avec renvoi au f° 148 (24), Jacques RICOME, avec renvoi au f° 148 (27), Jean PERIER, berger de Pierre ROUVIERE, avec renvoi au f° 162 (29), Sieur François BOSC, fils de Pierre ... RICOME, avec renvoi au f° 150 (30), Jacques GROLLIER, de Jean BOSC fils de Pierre, avec renvoi au f° 30 (31), Pierre ROUVIERE, de [nom à revoir] (32), Pierre VINCENS (32), Jeanne GROLLIER, femme de Pierre VINCENS, au verso de (32), Benoit GROLLIER, avec renvoi à Catherine DOMERGUE au f° 90 (33), André POUTIGNAN [nom à revoir], avec renvoi au f° 203, un seul item barré (34), Nicolas PORTES, avec renvoi au f° 90 [probablement f° 190, en référence à Jean PORTES au f° 191] (35), Pierre BERTRAND (36), Etienne COULONDRES (40), Jean RICOME fils d'autre et Jeanne BASTIDE, mariés (42), Benoit GUIRAUD (44), Jacques TONDUT et Marie NOUGUIER (46) Pierre T [nom à revoir] (47), Benoit ALDIER (48), la veuve COUDERC (49), Pierre ROUVIERE dit le manchot (50), Joseph FERMAUD (51), Catherine DAUGRES avec renvoi au f° 75 dans les items (52), Jean RUAS a présent Estienne RUAS son fils (53), Jacques JONQUET (54), François PORTES (55) Jacques GROLLIER, avec renvoi au f° 31 (56), François VALAT fils d'autre (57), Jean MURAT (58), Albert ROUVIERE fils d'Aubert, items barrés (59), Estienne CASSAGNE [nom à revoir] (60), Jacques MURAT (61), Barthélémy PICOU (62), Hoirs de Jean VIDAL (63), François COUDOUGNAN (64), Jean RICOME (65), François ROUVIERE jeune (66), La veuve de Jacques BLANC, items barrés (67), Les hoirs d'Aubert ROUVIERE (68), Monsieur Farjon COUET ? (69), François VALAT aîné (70), Jacques DAUGRES - item barré (71), Le chapitre Saint Pierre de Montpellier (72), Etienne SERANNE (73), ?? [nom et prénom à revoir] (75), Antoine COUGOULE (76), Jean ALDIER (77), François ROUVIERE fils d'autre (78), Pierre ROUVIERE fils d'Aubert (80), Demoiselle Catherine GARDIEU (ou GARDIEN), veuve de sieur François BOSC, avec renvoi au f° 46 (82), Jeanne BOSC du compoix de François BOSC du f° 17 (84), Marie BOSC, femme d'Antoine FERMAUD (85), suite d'Antoine FERMAUD, au verso de (85), François GUIRAUD (87), Guillaume MURAT (88), Jean RICOME, avec renvoi au f° 173 (90), Pierre JULLIAN (92), Pierre CALAGE et Jeanne ROUVIERE mariés (93), Aubert ROUVIERE fils d'autre dit du Roch (94), Pierre RASSEGUIER ? (95), Pierre ROCHE maçon et Catherine DONNAT (96), suite de Catherine DELGRES, avec renvoi au f° 52 (98), Jean TOLOUSE (99), Pierre PIGOULIER, avec renvoi à Barthélémie ROUSSE au f° 195 (100), Henri GUIRAUD (101), Aubert PIGOULIER, fils de Pierre, de Brescou (102), Catherine TROULIADE ?, veuve de Jean POULILEAU ?, items barrés (103), suite du compoix de Jean RICOME et Marie BASSIÉ ? sa femme, cy devant f° 96, 90 (104), François VIDAL ménager, avec renvoi au f° 182 (106), Pierre SEGUIER et Anne ROUVIERE mariés (107), François NOUGUIE (108), Pierre GLAISES, 1 seul item barré (109), Pierre MARIE ? (110), ARNAILLE, 1 seul item barré (111), suite du compoix d'Antoine FERMAUD, cy devant f° 85 (112), Jean COULONDRES (114), Elisabeth CALATGES, femme de Jean TRIAL travailleur (115), sieur Joseph BOSC fils de François BOSC (117), Antoine MARTIN (120), François ALBAGNAC (121), Noël LORT, berger (122), Guillaume FOURNIER (123), Louis B... et Marie M... mariés (124), Joseph FELINES, cordonnier, au verso de (124), Albert DONNAT (125), Antoine ALDIER fils, au verso de (125), Elisabeth CALAGE, veuve de Jean TRIAL (126), continuation du compoix de Jean BENOIT, au verso de (126), Jean BENOIST, régent (126 bis), PORTE veuve de Pierre MASCLE ?, au verso de (126), Henry GROLLIER (127), Jacques GUIZARD, au verso de (127), Bernard ALDIER (128), Jacques GLAISE fils ?, au verso de (128), Marie ALBAGNAC (129), Pierre LANGE d'où François GUIZARD et Catherine ROUVIERE mariés, au verso de (129), Antoine DONNAT (130), Antoine SERANE, au verso de (130), Jean MAUREL (131), Jean LARMEL, au verso de (131), François COULONDRES (132), Pierre SERIE ou SERIES, au verso de (132), Aubert PIGOULIER de Lamoulier (133), François PICOU (134), Jeanne LANGE ? femme ? de Pierre ROUVIERE, au verso de (134), Estienne VIDAL, au verso de (135), Jean CHEVALIER berger (136), Pierre RICOME ménager tiré du compoix de Pierre RICOME son père, avec renvoi au f° 24 de ce compoix et au f° 148 de l'ancien compoix (137), Marguerite RICOME tiré du compoix de Pierre RICOME son père, avec renvoi au f° 24 de ce compoix et au f° 148 de l'ancien compoix (138), Marie RICOME femme de Pierre FERMAUD, tiré du compoix de Pierre RICOME, avec renvoi au f° 24 de ce compoix et au f° 148 de l'ancien compoix (139), Antoine FOURNIER (140), Antoine VALAT, au verso de (140), Pierre ALBAGNAC - barré Jacques ALBAGNAC (141), Benoit COUCOULE, au verso de (141), Louis POMIER (142), Antoine AGOUT berger, au verso de (142), Albert COUCOULE (143), Benoit CHAPEL, au verso de (143), Pierre TRIAL fils aîné d'autre, au verso de (144), Jean MASSET, au verso de (145), Antoine MICHEL (146), Pierre ALBAGNAC, au verso de (146), Pierre ROUVIERE jeune (148), Pierre ROUVIERE aîné (149), Michel SALAGER, au verso de (149), BAUMEL, un seul item barré, pas de prénom indiqué (150), Jean CAVALIER, au verso de (150), Valentin VIDAL (151), Pierre VIDAL, au verso de (151), sr Thomas DELEUZE (152), Les M... CLAZELS frères de Montpellier (153), Benoit ROUSSEL, au verso de (153), Henry BARRAFORT, habitant de Montpellier (154), Pierre FERMAUD, au verso de (154), François ESTEVE (155), Marie GROLLIER, régente, au verso de (155), Louise MAILLARD, veuve de Pierre LAURENT, habitant Montpellier (156), Jacques CALAGE, au verso de (156), Magdelaine MASCLA (157), Antoine AGENT ? berger (verso de 157), Thérèse GROULIER (158), François NOUGUIÉ fils (159), Guillaume PICOU (160), Jean BEDRINES (verso de 160), Pierre GROLLIER jeune (161), Aubert ROUVIERE fils d'Aubert, menager (162), François Noel DONNAT fils habitant de Montpellier (163), Elisabeth CAMBON, veuve et héritière de feu Joseph BOSC, bourgeois, habitante de Saint Jean de Védas (165), suite du compoix de louis POMIER du f° 142 (172), suite du compoix de François PICOU du f° 134 (verso de 172), suite du compoix de d'Estienne VIDAL, berger, du f° 135 (173), Jean TRIAL, tonnelier (verso de 175), Estienne BOURDET (177), Pierre SERANNE fils d'Estienne SERANNE (178), suite du compoix d'Aubert ROUVIERE dit de Roch (179).

[il faudra aussi consulter la "brevette" de ce compoix, c'est-à-dire le livre des mutations immobilières ; elle existe aux Archives municipales sous la cote CC4, pour la période 1755-1790]



C/ Le cadastre napoléonien : lieux-dits, chemins, mas, ponts et rivières



1/ Section A1 du Terral et du Pont (en 1814)
- Tamarisses
- La Fougasse
- Pare loup
- La belle
- La Costaude
- La Fermaude
- Champ de Labre
- Pont de Vassal
- Pont de Rieuculon
- Ruisseau de Rieuculon
- Grand chemin de Lavérune à Montpellier
- Chemin de Lavérune au Terral
- Chemin du Terral au mas de Rugard
- Grand chemin de Toulouse à Montpellier

2/ Section A2 du Terral et du Pont (en 1814)
- Le Terral (et le mas du Terral)
- Lagniel
- Les Pilles
- Garrigue du Pont
- La Joncasse
- La Marquerose
- Reynous
- Le claud (et le mas du Claud)
- Lortet
- Lou Planas
- Fon de Lhopital
- Chemin de Lavérune à Montpellier
- Chemin de Lavérune au Terral
- Chemin dit Carrière basse
- Chemin de Saint Jean au Grand chemin
- Chemin du Terral au Grand chemin de Toulouse à Montpellier
- Chemin d'Engabanac
- Puits de Christol
- Pont de Lavérune
- Le Pont (et le mas du Pont)
- (le mas de la Baraque)
- Rivière de la Mousson

3/ Section B du village et des prés (en 1814)
- Le Recoude
- Le Ga
- Le Brouas
- Le Mas de Lapare (et le mas de La Pare)
- Puits de Gau
- Puits de Donnat
- Dentrechan
- Pontou
- Fon de Pontou
- Pré de Prunet
- La Poste
- Pont de la Fuste
- Pont neuf
- Chemin du moulin de Tourtourel
- Chemin de la chaussée Saint Jean
- Chemin des Prés
- Chemin de Toulouse à Montpellier
- Rivière de la Mousson

4/ Section C1 de la Lauze et la Garrigue (en 1814)
- Loun
- Nouals
- Quatre carrières
- Roudères
- La Flamade
- La Combe
- Mameremonte
- Saint Hubéry
- Mirel
- (Bergerie)
- (Mas Coulondre)
- Chemin de Saint Jean à la Lauze
- Chemin des quatre carrières
- Chemin de Mirel
- Chemin de Lou
- Chemin du moulin de Tourtourel
- Chemin de Saint Jean au gué du mas de Magret
- Chemin de Rodères

5/ Section C2 de la Lauze et la Garrigue (en 1814)
- Le Bosc
- Puech Redon
- Roumanis
- Sigaliés
- Le Devès
- Pont neuf
- Rivière de la Mousson
- Ruisseau du pont de la Fuste
- Chemin du moulin de Tourtourel au gué du mas de Magret
- Chemin de Saint Jean et du Tourtourel au gué du mas de Magret
- Grand chemin de Montpellier à Toulouse

6/ Section C3 de la Lauze et la Garrigue (en 1814)
- La Baumelle
- Le Bruq
- Les Jasses
- La Roque
- Gué du mas de Magret
- Gué de Farjon
- Chemin de la Signourié
- Chemin de Saint Jean à, la Lauze et à Maury
- Chemin de Saint Jean au gué du mas de Magret
- Chemin du Bruc
- Ruisseau de la Signourié

7/ Section C4 de la Lauze et la Garrigue (en 1814)
- Devès D'enpène
- La Dimarié
- Le Bosq
- (La Lauze)
- (Mas de Grille et des Coutaux)
- La Peyriere
- Ruisseau dit Capouliere de Peyre a Fioc
- Ruisseau de la Signourié
- Chemin de Saint Jean à, la Lauze et à Maury
- Chemin de Saint Jean à Villeneuve
- Ancien chemin de Montpellier et de Lattes
- Pied d'ancienne croix

8/ Section D du mas de Grille et des Coutaux (en 1815)
- Mas de Grille (et le mas de Grille)
- Puech long
- Fricasse
- Rieuculon
- (Baraque)
- (Vilas Lacroix)
- (mas Mavit)
- (mas Espinasse)
- Lous Garrigous
- La Lauze et la Garrigue
- Lous Coutaux
- La condamine du repos
- Peyriere
- La Fraisse
- Genelac
- Ruisseau dit Capouliere de Peyre a Fioc
- Ruisseau dit Capouliere de Puech long
- Chemin de la Lauze au grand chemin
- Chemin de Saint Jean à, la Lauze et à Maury
- Chemin de Saint Jean à Lattes
- Grand chemin de Toulouse à Montpellier
- Grand chemin de Montpellier
- Ancien chemin de Montpellier à Villeneuve
- Ancien chemin de Villeneuve à Lattes



D/ Le parcellaire, les rues, les mas, les châteaux et autres bâtiments de Saint-Jean-de-Védas, au XIXe siècle



A/ Le parcellaire

Les archives de la mairie de Saint-Jean-de-Védas possèdent une copie des plans de la commune qui date du 20.05.1867. L'original de ces plans se trouve aux AD 34 (cote G 1673). Grâce à ces plans, on peut mieux connaître les noms des lieux-dits et autres tènements, noms qui sont souvent difficiles à transcrire à partir des actes notariaux, dans les confronts des immeubles faisant l'objet de ventes, successions, etc. Ils sont ici repris dans l'ordre de ces plans.

- Plans 1, 2 et 3 : le village
- Plan 4 : Monteillet, Thommasse, Cafourline, Gavanac
- Plan 4 bis : Monteillet
- Plan 5 : Claux, Plan de l'Hôpital, Croix del Rey
- Plan 6 : Combe de Navatte, Puech long, Rieucoulon, Ste Caumette
- Plan 6 bis : Combe de Navatte
- Plan 6 ter : L'hôpital, Faude de Puech long, Peire fioc ou Coutaux, la Lauze
- Plan 6 quater : Combe del Peirou, Peire fiet ou Condamines, Peirières
- Plan 7 : Rouirède, Noals
- Plan 8 : Mieugranières, Peirou, Largelas
- Plan 9 : Peirières, Perdignieires, Mieugraniers
- Plan 10 : Peras, Peirières, Grés, Laure ou lez de Gaut
- Plan 11 : Parets, la Gaze, le Grès, Peirières, Garrigues, Champs rouges
- Plan 11 bis : Garrigues
- Plan 12 : Garrigue, l'hom de Jean Pons, Noals
- Plan 13 : Sigalliés, combe Reinoux, garrigue
- Plan 14 : Pont neuf, Colfigallier
- Plan 15 : Caritas ou la souque, l'hom de Jean Pons
- Plan 16 : Clas ou Noal, Combette ou Chirague
- Plan 17 : Maumeremonte ou le trou, Combette, Chirague
- Plan 18 : l'hom de Jean Pons, l'Aiguebonne, l'ort Naud, Combe
- Plan 19 : Brouas et aires
- Plan 20 : Poux de Christol, Reinoux, Brouas, Monteillet, le Puech
- Plan 21 : Patou, Gat, Pont de Lavérune
- Plan 22 : Prade, Lamoffon, Gat
- Plan 23 : Font de Jean Pont, Tourtourel, Gat de Lavérune
- Plan 24 : Pont neuf, Lauffon, devois d'Abram
- Plan 25 : Ribeiral de Mirel
- Plan 26 : Défrichement des garrigues

B/ Les rues, mas, châteaux et autres bâtiments

Informations tirées du recensement de 1846 et quelques compléments du recensement de 1856 :

- Plan de la cure (en 1856, Plan de la cure et de la rue de l'hôpital)
- Chemin de Bertrand
- Plan de Bosc
- Plan de Chapel
- Plan de Trial
- Plan de Roussel
- Mas de la Parre, métairie
- Les Aires
- Grand'Rue
- Rue de l'hôpital
- Le Claud, métairie
- Carrière basse
- Rue de l'église
- Rue de la Calade
- Rue Serane (en 1856, rue Seranne)
- Rue de la Treille
- Rue des Aires (en 1856, rue basse et des aires)
- Mas Coulondre
- Ancienne Poste, auberge (en 1856, la Poste vieille)
- Le pont de Lavérune, moulin et jardin
- Le Terral, métairie
- Rieucoulon
- Mas Quercy (en 1856, mas de Quarcy)
- Mas Galot, métairie
- Mas de Grille, métairie
- Mas Daussargues
- La Lauze, château et four à chaux
- La Barraque
- Rue du Pigeonnier et partie sud de la Grand rue (uniquement en 1856)
- Mas de Belle vue (uniquement en 1856)
- Mas de Martin (uniquement en 1856)



E/ La "vieille poste" de Saint-Jean-de-Védas :


De la poste à la vieille poste

Le relais de poste de Saint-Jean-de-Védas existe dés 1629. Du 12.05.1638 au 02.09.1806, pendant ces 168 ans, c'est toujours un BARRE qui est propriétaire du domaine dit "la Poste" puis "l'ancienne Poste" ou "la vieille Poste", à Saint-Jean-de-Védas. Pour autant, le premier BARRE a-t-il été Maître des Postes ? Dans le jugement de 1638, il est indiqué comme étant le propriétaire de la Poste de Saint-Jean-de-Védas. Cela veut certainement dire qu'il détenait également l'office de Maître de Poste. Cependant, la référence suivante montre qu'en 1670, le maître de Poste du lieu était Jean MONTAUD, bourgeois de Lyon, qualifié de maître et propriétaire de la poste de Saint-Jean-de-Védas, lequel MONTAUD afferme la poste à Jean AUBRÉ, habitant Fabrègues. De plus, l'acte en question nous indique que la poste de Saint Jean est à présent à Fabrègues. Par la suite, le registre paroissial de Saint Jean, notamment le 31.01.1687, montre que la métairie dite la poste a toujours un BARRE comme propriétaire, lequel est avocat au Parlement. Enfin, le 02.09.1806, c'est Pierre BARRE, juge en la cour d'appel de Montpellier, qui vend le domaine à Elisabeth Christine VIALARS, lequel tombera entre les mains des EUZET de Saint-Jean-de-Védas, le 10.09.1815.


1/ Au XVIIe siècle

- En 1629, Jean VIGOUROUX est "hoste de la poste du lieu de Saint Jean de Védas" (indiqué dans deux actes du notaire Jacques BARRAL, de Lavérune, le 21.05.1629 (2 E 70/235, f° 71 pour un bail et f° 73 pour une quittance, aux AD 34) : André DONNAT (de Saint-Jean-de-Védas) donne une terre à bail à Philippe EUZET (de Saint-Jean-de-Védas) au prix de 20 livres, à charge pour celui-ci de les payer à Jean VIGOUROUX, hôte de la poste de Saint-Jean-de-Védas, dont il se trouve débiteur ; en effet, DONNAT a été malade et est resté pendant cinq mois au logis de la poste et, pendant ce temps, VIGOUROUX l'a nourri et entretenu ; la quittance donnée par VIGOUROUX est du même jour, le montant ayant été fixé amiablement entre les parties. Il est précisé qu'André DONNAT est le beau-frère de Philippe EUZET. Il n'y a pas de détails sur le début et la fin de la période des cinq mois. Il s'agit, vraisemblablement des cinq premiers mois de 1629 mais c'est, peut-être, en 1628 ou avant, ce qui reporterait d'autant la création du relais de poste.


Extrait de la carte des relais de poste, en 1632

- En 1632, Melchior TAVERNIER réalise pour Nicolas SANSON la première carte des relais de poste (appelée "Carte géographique des Postes qui traversent la France". On y voit celui de Saint-Jean-de-Védas, relais qui se situe entre celui de Gigean et celui de Montpellier ; au XVIIIe siècle, la carte de 1759 fera figurer le relais de Fabrègues, à la place de celui de St-Jean. Cette carte de 1632 est en ligne sur le site de la Bibliothèque des postes et des communications (c'est M. Yves DEGOIX qui nous a indiqué cette source et qui nous a transmis un extrait de la carte, le 05.08.2015).

- ca 1634 : installation d'un relais de poste à Saint-Jean-de-Védas (mais la carte ci-dessus a montré que le relais existait dès 1632 et les deux actes du notaire Jacques BARRAL qu'il existait déjà en 1629), selon le manuscrit du 21.08.1674, suite aux plaintes des maîtres de poste de Montpellier et de Gigean contre celui de Saint-Jean-de-Védas (voir ci-après, en 1670 et 1674). Il est, notamment, écrit que le défendeur fait "la demeurance ordinaire et chemin de Saint Jean de Vedas ou il y a quarantans quil demeure san que jamais il ny ait heu la moindre plainte" (1B 10790, aux AD 34). Cependant, dans l'arrêt qui se trouve dans le dossier 1 B 6441, aux AD 34 (voir ci-après), il est écrit à propos de la maison de Tristan BARRE : "une maison que ladite partie jouit dans le tailhable de Saint Jean de Vedas ecartée dung grand quart de lieue du corps dudit village servant a la poste qui y est establye de toute ancienneté". Cette phrase de l'arrêt de 1638 semble donc en contradiction avec ce qui est écrit en 1674. Cependant, il est possible que cette contradiction s'explique par la création d'un nouveau statut juridique. En effet, c'est seulement en 1630 que sont créés des maîtres des courriers agréés disposant de privilèges ; en 1632, la France disposait déjà de 623 relais. Doit-on considérer qu'avant cette période, la maison en question servait déjà pour la poste, avant même la création du titre de maître de poste ? La carte des relais semble aller dans ce sens mais la question reste posée.

La famille BARRE.

Il y a, aux Archives départementales de l'Hérault, un dossier sur la famille BARRE. Les pièces conservées concernent surtout des procès mais on peut y constater l'ascension sociale de cette famille de juristes. Ainsi, en 1696, Pierre BARRE, docteur et avocat à Montpellier, possède une maison à Montpellier ; un dossier concerne Gabrielle DURANT, veuve et héritière de Pierre BARRE, greffier, avec un extrait du sixain Sainte Croix et de l'île saint Ruf ; de nombreuses pièces concernent Etienne BARRE, entre 1737 et 1767 : il est conseiller du roi, juge du petit scel royal de Montpellier et beaucoup de ces pièces sont relatives à des achats ou des échanges de terres à Saint-Georges-d'Orques et à Lavérune ; entre 1778 et l'an X, Pierre BARRE est conseiller au présidial puis, juge au tribunal du premier arrondissement de l'Hérault puis, juge au tribunal d'appel de l'Hérault : là encore, on trouve le concernant plusieurs dossiers relatifs aux mêmes villages ; c'est lui qui, en 1806, va vendre la vieille poste de Saint-Jean-de-Védas et son domaine mais rien n'est indiqué dans ce dossier car il n'y a pas eu de litiges ou de procès pour cet immeuble ; enfin, entre 1809 et 1816, le dernier membre de cette famille est Louis Joseph Jean BARRE, fils et héritier de Pierre BARRE (selon son testament du 08.08.1808 devant le notaire PERIDIER), qui est simplement indiqué comme propriétaire foncier : il est, notamment, en conflit avec la communauté des habitants de Lavérune (1J/331, aux AD 34). A noter, aussi, le mariage protestant de Tristan BARRE au temple de Montpellier, le 24.02.1608, avec Marie COULET, fille d'un capitaine. Dans cet acte, il est indiqué comme procureur en la cour de Mr le Gouverneur et juge présidial de Montpellier (GG 365, f° 238, aux AM de Montpellier).


- 1635-1638 : "Tristan BARRE, greffier en la sénéchaussée de Montpellier, propriétaire de la poste de Saint-Jean-de-Védas, contre les consuls dudit lieu, qui, bien que les maîtres de poste soient exempts de tout logement de gens de guerre, ont compris le produisant dans leur imposition." (1 B 6441, p. 673 du tome IV de l'inventaire de la série B rédigé par l'archiviste de DAINVILLE, aux AD 34) : cela veut donc dire que Tristan BARRE était à la fois le propriétaire des lieux et le maître de poste et cela veut dire aussi que le titre est passé ensuite à Jean MONTAUD, soit par vente soit, plus probablement par lien familial (un mariage avec une demoiselle BARRE ?) car ces titres étaient héréditaires ; dans ce cas, enfin, cela veut dire qu'il y a eu partage de biens et de titres, un BARRE gardant les bâtiments et le domaine de Saint Jean et un MONTAUD prenant le titre de maître de poste mais déplaçant le relais à Fabrègues.

Analyse des pièces du procès Tristan BARRE contre les consuls de Saint-Jean-de-Védas :

Première observation : en plus d'une copie de l'arrêt, ces pièces sont uniquement celles d'une partie, à savoir Tristan BARRE ; le dossier établi par l'autre partie, les consuls de Saint-Jean-de-védas, n'y est pas.

Les premières pièces du dossier concernent les édits du roi relatifs aux maîtres des postes ; un édit de 1635 résume d'abord la situation générale :


L'édit du 20.11.1635

L'argumentation qui est développée est la suivante : il a été fait une mauvaise interprétation d'un édit de février 1634. Aussi y a-t-il eu une déclaration faite en faveur de maîtres des postes, dès mai 1634. Malgré cela, des plaintes sont remontées à l'échelon central, rapportant que des paroisses "ne laissent d'imposer et de comprendre lesdits Maistres des Postes, és Rolles de nos Tailles, à des sommes excessives". Or, il fallait craindre que ces maîtres des postes n'abandonnent leurs fonctions car ils ont déjà des charges importantes dues au fait qu'ils doivent nourrir et entretenir les chevaux nécessaires pour le bon fonctionnement des courriers. On craignait aussi, que si les relais étaient abandonnés, il serait pratiquement impossible de les rétablir. Aussi l'édit de novembre 1635 réaffirme l'exemption générale des maîtres des postes, non seulement pour la taille et autres charges ordinaires et extraordinaires mais encore du logement des "gens de guerre" et ce, "à peine de punition corporelle" et de leur payer "tous les despens, dommages et interests, qu'ils souffriroient à l'occasion desdits gens de guerre". L'édit insiste encore sur le fait que pour assurer la subsistance de leur grand nombre de chevaux et de valets, les maîtres des postes peuvent "tenir à ferme et par leurs mains jusques à soixante arpens de terre de labour, non en ce compris les héritages à eux appartenans". Cet édit est alors lu et enregistré à la cour des aides de Paris, le 20.12.1635

Le dossier analyse, ensuite, la situation à Saint-Jean-de-Védas, selon l'argumentaire développé par Tristan BARRE.

Il est d'abord indiqué que Tristan BARRE est greffier en la Sénéchaussée et Siège Présidial de Montpellier, propriétaire de la poste du lieu de Saint-Jean-de-Védas. Le terme de propriétaire est le seul employé dans tout le dossier mais comme toute l'argumentation tourne autour des privilèges des maîtres des postes et qu'il est le seul en cause, il faut en déduire qu'il est bien le maître de la poste de cette commune. Il fait donc appel contre les consuls de Saint-Jean-de-Védas, le 12.05.1638, pour être déchargé du logement et contributions des gens de guerre, conformément aux textes royaux. Divers commandements ont été faits aux consuls ; une assignation leur fut adressée le 09.08.1638 sous peine de contrainte dans les quinze jours, par toute voies de droit ; à la suite de cela, les consuls se sont contentés d'adresser des pièces incomplètes et le logement des gens de guerre a continué dans la maison de la poste ; Tristan BARRE supplie donc la cour de lui rendre raison. En appui de ses arguments, il produit plusieurs pièces résumant des arrêts qui vont dans son sens. Le premier, du 25.06.1636 fut donné en faveur de Gaspard LEQUES et de Sébastian EUZET (du mas de Prax), "scindiqz des habitans forains et contribuables au lieu d'Argelliers" ; le deuxième le fut en faveur de Jean DESPUECH pour une métairie au lieu du Crès, arrêt du 18.12.1637 ; le troisième, en faveur de Fulcrand ROUX et Gailhardet JEAN (de Cazevieille), contre les consuls du château de Londres, le 28.04.1638 (qui, lui-même, renvoyait à un autre arrêt du 06.02.1629, pour une métairie à Saussan) ; le quatrième était relatif aux RICOME du mas de Roussières contre les consuls du château de Londres, le 27.08.1637 ; le cinquième, enfin, concernait le propriétaire du moulin de Trisepailhe (Trissepaille), près de Saussan.

- A titre d'exemple, voici l'argumentation développée dans l'arrêt du 28.08.1637 concernant le mas de Roussières (à Viols-le-Fort). Les parties sont, d'une part, Jacques RICOME (prêtre), Jacques RICOME et Antoine LAVAL (habitants de ce mas), demandeurs, et, d'autre part, les consuls du château et Saint-Martin-de-Londres. En fait, c'est un jugement d'avant dire droit qui ordonne de revoir les parties dans trois mois, à charge pour elles de produire le maximum de pièces ; en attendant, il est ordonné que ne soit fait aucun logement dans le mas, sauf pour les consuls à aider ("bailler pour ayder") les habitants et pour ceux-ci à ("contribuer à proportion de leur compoix") aux frais de ces logements. Parmi les nombreuses pièces produites, on peut noter un extrait d'arrêt pour les habitants forains d'Argeliers contre les consuls du lieu, qui seront déchargés du logement effectif de gens de guerre sauf pour les consuls à "bailler pour ayder" les habitants du lieu et pour ceux-ci à contribuer selon leur compoix. A noter également, deux pièces qui indiquent la distance du mas de Roussières et de la localité où sont les consuls. L'une indique une lieue (le 03.03.1637) et l'autre un quart et demi de lieue (le 27.06.1637).

Il ressort donc des textes royaux et des arrêts ci-dessus une double argumentation permettant d'exempter "ladite maison de postes de tous logemens et contributions de gens de guerre" : d'une part, parce que toutes les maisons citées dans les arrêts ont été déchargées du logement effectif de gens de guerre, étant "distantes et esloignees des lieux de la juridiction desquels elles sont assizes", ce qui est d'autant plus le cas pour Tristan BARRE puisque sa maison est "distante d'un grand quart de lieues de Saint Jean de Védas", aux limites du terroir de ce village ; d'autre part, en tant que propriétaire de la poste de Saint-Jean-de-Védas, le "produizant" répond aux conditions des textes royaux qui "exemptent lesdites maisons de postes de tous logemens et contributions de gens de guerre" et ce, "nonobstant l'arrest de la cour du 7ème juin 1634 donné en faveur des consultz du lieu de Villeseque duquel les adversaires se servent"

La conclusion de l'argumentation (pour la plaidoirie) s'articule en quatre points : 1/ Tristan BARRE n'est ni nommé, ni compris, ni appelé dans l'arrêt de Villesèque (village situé dans le Lot) ; 2/ la maison de la poste du "chevaucheur dudit Villeseque" est différente car "assize dans le lieu de Villeseque et au contrayre celle du produizant est distante du quart de lieues pour le moingz dudit lieu de Saint Jean de Vedas" ; 3/ l'arrêt de février 1634 a été révoqué par celui de novembre 1635, confirmé par l'ordonnance royale du 26.04.1638 portant l'exemption pour les maîtres de postes ; 4/ il en résulte que les soldats doivent quitter la maison, nettoyer les salles, réparer les portes. Finalement, il faut ramener les consuls dans l'obéissance car ils sont les responsables des désordres et des ravages causés par les gens de guerre. Le dossier comprend, ensuite, une copie de l'arrêt qui donne raison à Tristan BARRE en reprenant l'argumentation : la maison est écartée d'un grand quart de lieue du corps du village et on renvoie aux arrêts précédents qui ont conclu à la décharge du logement des gens de guerre, soit effectivement, soit par forme d'aide ; de plus, les textes royaux sont rappelés, ceux-ci exemptant totalement les maîtres des postes ; il est dit aussi que l'arrêt concernant Villeseque est caduc de par les actes royaux qui ont suivi et, également, que les charges imposées à Tristan BARRE arrivaient au double et au triple de ce qui est prévu à son compoix.

Cet arrêt est brièvement commenté par l'avocat parisien, Guy du ROUSSEAUD de LACOMBE (sans, pour autant, reprendre tous les arguments qui contredisent l'édit de février 1634, lequel a entraîné beaucoup de confusion) : "Le maître des postes est tenu audit logement effectif, comme il a été jugé en ladite Cour, le 7 juin 1634, contre le Maître des Postes du lieu de Villesequelande, sinon que la maison où se tient la Poste soit éloigné d'environ un quart de lieue du lieu où se fait le logement, car alors ladite maison en sera déchargée ; comme il a été jugé en ladite Cour en faveur de BARRE, Propriétaire de la Poste de Saint Jean de Védas, qui fut déchargé du logement effectif pour ladite maison, le 4 septembre 1638, d'autant que ladite maison est à un quart de lieue de Saint Jean de Védas". Titre II : Du logement des soldats ; Article VIII : Des étapes, munitions et logement des gens de guerre, p. 268, des "Oeuvres de M. Antoine D'ESPEISSES, avocat et jurisconsulte de Montpellier ; nouvelle édition par Guy du ROUSSEAUD de LACOMBE, avocat au Parlement de Paris, tome 3ème : Des droits seigneriaux, des tailles et autres impositions des bénéfices ecclésiastiques" ; à Toulouse, chez J. DUPLEIX, libraire, rue Saint Rome, à la Bible d'Or, en 1778. (Google Livres).

- Le 24.09.1639, acte notarié d'une quittance de Tristan BARRE, indiqué comme "greffier civil en la sénéchaussée et siège présidial de Montpellier" ; il est absent et est remplacé par son fils, Pierre BARRE, qui signe (notaire Etienne MARTIN, de Montpellier et Fabrègues : 2 E 57/206, f° 487, aux AD 34)

- Le 29.01.1650, Jean AUBRE est "hoste de la poste de Saint Jean de Vedas" quand celui-ci est le parrain de baptême de Jean CHASOT (registre paroissial de Lavérune, aux AD 34). A cette date, le relai de poste est encore à Saint-Jean-de-Védas.

- Entre janvier 1650 et juillet 1670, le relais de poste de Saint-Jean-de-Védas est transféré à Fabrègues.

- Le 13.09.1670, bail à ferme de la poste de Saint-Jean-de-Védas ; à cette date, le relais de poste est désormais à Fabrègues (Cour des comptes, aides et finances du Languedoc : 1B 10790, aux AD 34).



Le bail de la poste à Jean AUBRÉ, en 1670
(début de l'acte)

C'est par un acte du notaire Anne GARDEL, de Montpellier, que le maître de la poste de Saint-Jean-de-Védas, Jean MONTAUD, l'afferme à Jean AUBRÉ, le 13.09.1670. L'acte indique que MONTAUD est un bourgeois de Lyon et que la poste en question est "a present changée a Fabrègues" ; cette expression, à présent, veut certainement dire que le changement est récent, peut-être même a-t-il eu lieu pour la mise en oeuvre de ce bail qui a commencé le 01.07.1670, pour une durée de 6 ans. Evidemment, le preneur doit fournir les chevaux et l'équipement suffisant, en fonction de ce qui a été prévu par les édits du roi, en particulier par le conseil du roi et les ordres du marquis de Louvois, maître et intendant général des postes et relais de France. Il est précisé qu'une somme de 75 livres est donnée à AUBRÉ pour "fournir un malier pour porter la masle des despesches des courriers" ; c'est Jean d'OLLIVIER, directeur général des bureaux des courriers ordinaires du roi en la généralité de Montpellier, qui est "en charge expresse du sieur Jean MONTAUD" pour cette fonction des postes et du courrier. A ce titre, il paye donc à Jean AUBRÉ ces 75 livres, plus 150 livres chaque année, payables en deux versements égaux et semestriels pour cette afferme (il verse immédiatement 52 livres 10 sols pour les premiers six mois dont AUBRÉ se contente). Pour la sûreté de l'opération, les parties obligent et hypothèquent leurs biens, le contrat étant soumis aux rigueurs des cours de justice. L'acte est passé en l'étude du notaire, en présence Jean Jacques EUZET et de Pierre ROUX, qui signent avec les parties (notaire Anne GARDEL, de Montpellier : 2 E 60/à déterminer).

Dans le même document, suit une quittance datée du 15.03.1674. Jean AUBRÉ y est dit "rentier de la poste de Fabrègues" et il reconnaît avoir reçu 180 livres de Jean MONTAUD, "propriétaire de ladite poste", des mains de Jean d'OLLIVIER ; il est ensuite expliqué que "ledit MONTAUD est obligé de luy payer touttes les années pour le service que ledit AUBRÉ fait a ladite poste tant pour le port de la masle de courrier ordinaire et extraordinaire que pour tenir ladite poste fournie de bons chevaux ainsy quil est porté par ledit contrat receu par moy notaire". C'est, en effet, le même notaire qui enregistre cette quittance dans son minutier. Il est précisé que ceci est fait pour une année, laquelle a commencé le 01.01.1674. A noter aussi que l'on ne dit plus qu'il s'agit de la poste de Saint-Jean-de-Védas. C'est, désormais, celle de Fabrègues : il n'est plus nécessaire de souligner qu'elle est à présent dans ce lieu car le changement est maintenant suffisamment ancien pour que l'on n'en rappelle pas l'origine. L'acte est fait dans l'étude du notaire Anne GARDEL, de Montpellier, en présence de Jean LEVERY (maître tailleur) et d'Etienne CASTAIN (praticien), de Montpellier (2 E 60/à déterminer). Comme on peut le constater, les termes du contrat et le montant payé ne correspondent pas exactement aux engagements pris en 1670. Ces changements s'expliquent, peut-être, par le conflit engagé par deux autres responsables de relais de poste.

En effet, les deux pièces précédentes sont produites par Jean MONTAUD, en tant que défendeur, contre Pierre DELON (maître de la poste de Montpellier) et Jean POUZOUILLE (maître de la poste de Gigean). Pour sa défense, il est dit que : "la poste de Saint Jean de Védas est tres bien montée y ayant le nommé Jean AUBRÉ son rantier quy y tiend des bons chevaux tant pour le service du Roy que du publiq quapert du contrat darentement quil luy en a passé le 13eme 7bre 1670 cy produit v° cette lettre" (le 13.09.1670, produit ici au verso de cette lettre). Il est aussi indiqué la quittance du 15.03.1674 qui est jointe au dossier en défense. On se rend compte donc que les deux actes de 1670 et de 1674 sont les seuls que Jean MONTAUD a produit pour sa défense. A contrario, cela veut dire, soit qu'il n'était pas maître de la poste avant 1670, soit que c'est le changement à Fabrègues qui a entraîné le procès. A noter, que l'on écrit encore ici la poste de Saint-Jean-de-Védas et non pas de Fabrègues.

Le reste du dossier consiste pour celui qui fait l'enquête à tirer les conséquences des actes de 1670 et 1674 et aussi d'une vérification sur place, à savoir qu'il "se prouve que la poste nest pas abandonnée", que le rentier a, actuellement quatre chevaux dans son écurie, qu'ils sont "tres bons servans ordinairement le publiq et deux fois la sepmene le Roy pour le port de la masle du courrier ordinaire faisant la demeurance ordinaire et chemin de Saint Jean de Vedas ou il y a quarante ans quil demeure sans que jamais il ny ait heu la moindre plainte contre luy". Il est dit aussi que les adversaires (les maîtres de poste de Montpellier et de Gigean) n'ont apporté aucune preuve comme quoi ils auraient sommé plusieurs fois le défendeur de "bien monter" son relais de poste. Il s'avère que les adversaires en question font tout cela "par une ayne particuliere qui les ont ontre le rantier du deffandeur", bref qu'ils agissent par jalousie contre AUBRÉ. On peut penser que c'est le déplacement du relais de Saint Jean à Fabrègues qui a déclenché les hostilités, compte tenu de la faible distance entre ces localités. Bref, il est conclu qu'il faut laisser les choses en l'état. Toutefois, la dernière phrase du dossier laisse penser que la gestion d'AUBRÉ n'était peut-être pas parfaite ; en effet, à la fin du contrat en cours, après une vérification de l'état de la poste de Fabrègues, "il sera permis au deffandeur dy mettre un autre rantier a sa place". Le tout est signé en date du 22.08.1674 par MARCHAL pour Mr COUDOUGNAN.

Dernier élément du dossier qui apporte encore un éclairage, c'est la page de garde où il est indiqué : "13 7bre 1670 Bail a ferme de la poste aux chevaux de Saint Jean de Vedas transferee à Gigean" et encore au dessous : "Un seul cheval pour porter la male des dépèches". On comprend donc que le maître de poste de Gigean, appuyé par celui de Montpellier, a essayé de démontrer que le relais de Saint Jean transféré à Fabrègues n'était pas tenu convenablement, quant au nombre de chevaux nécessaires pour accomplir le service attendu, et il a donc dû proposer d'absorber la poste de son confrère. Il y a certainement eu procès car le papier est à en-tête du Parlement de Toulouse, pour "les Greffes des Cours".




Manifest de Monsieur BARRE : "la maison dite la Poste"
(compoix de 1673-1675, de Saint-Jean-de-Védas)

(à compléter)

- Le 01.01.1682, à Saint-Jean-de-Védas, baptême de Jacques RICOME, né le 24.12.1681, fils de Jean RICOME et de Jeanne COLONDRE, mariés, résidant de la meterie appellée la poste ; parrain : Jacques RICOME ; marraine : Catarine EUZETTE ; témoins : Barthélémy EUZET et Jacques ... ; cet acte est utile à plusieurs titres. D'abord, parce que l'on voit que les RICOME sont au mas de la Poste qui est, ici, nommément indiqué ; ensuite, parce que l'on a la confirmation des liens entre les EUZET et ces RICOME : la marraine est Catherine EUZET, c'est-à-dire la grand-mère du baptisé, mariée avec Antoine COULONDRE (Cm de 1643, 5ème génération). On a encore la confirmation de ces liens avec un acte antérieur, le baptême de Marie COULONDRE, le 26.10.1681, fille d'André COULONDRE et de Marguerite BLANQUE. Or, Catherine EUZET et Antoine COULONDRE ont eu aussi un fils appelé André ; le parrain de ce baptême est Barthélémy EUZET, cependant qu'un des témoins est André EUZET (5 Mi 1/145, période 1626-1792, p. 11 du registre en ligne des AD 34).

- Le 12.12.1684, inventaire des biens de Jean RICOME, à la métairie de la poste, à Saint-Jean-de-Védas, appartenant à Pierre BARRE (10 B 989, dossier n° 6, aux AD 34)

- Le 20.12.1684, à Saint-Jean-de-Védas, enterrement de Jean RICOME, âgé de 40 ans, résidant a la meterie du sr BARRE dite la poste ; témoins : Antoine ASTRUC, viguier, et André COLONDRE. Cet acte montre que le dénommé BARRE était toujours le propriétaire du relais de poste (le terme relais est une extrapolation) comme il l'était déjà en 1638 (5 Mi 1/145, période 1626-1792, p. 15 du registre en ligne des AD 34) . Quant aux RICOME, on voit dans un acte du 09.02.1684, concernant le baptême d'Antoinette RICOME, fille de Jean et de Jeanne COLONDRE qu'ils sont "residant a present a la metterie de la poste", ce qui veut dire que leur venue dans ces lieux était récente (5 Mi 1/145, période 1626-1792, p. 14 du registre en ligne des AD 34).

- Le 31.01.1687, à Saint-Jean-de-Védas, baptême de Charles AUBARIQ, né le 27, fils à Jean et Jeanne PIALA, mariés, du lieu de Lavérune, "habitans maintenant a la metterie de Mr BARRE advocat au parlement appellée la poste" ; le parrain est Charles CLAPIER, demeurant au moulin de sa naissance, la marraine est Catherine COLONDRES, de Saussan ; sont présents : Jean PERET, de Saussan et Jacques CLAPIER, demeurant au dit la moisson. On comprend ainsi que le personnel de la poste a complètement changé, suite au décès de Jean RICOME. A priori, cette famille n'a rien à voir avec la précédente (sauf s'il y a un lien de parenté entre les COULONDRE de Saint Jean et ceux de Saussan). Par contre, le maître des lieux, BARRE, est mieux défini puisque l'on apprend qu'il est avocat au parlement (on peut supposer qu'il s'agit de Paris mais il ne faut peut-être pas exclure Toulouse). Il s'agit donc toujours de ce BARRE dont on ignore le prénom et sans exclure qu'il s'agisse de plusieurs personnes portant le patronyme, entre 1638 et 1687 (5 Mi 1/145, période 1626-1792, p. 19 du registre en ligne des AD 34).

2/ Au XVIIIe siècle

- Le 01.11.1716, à Saint-Jean-de-Védas, baptême de Fulcrande ICARDE, née le 28 octobre, fille d'André ICARD "pere du mas de la poste" et de Marguerite LAVALE ; le parrain est x COLONDRE (traceur de pierre), la marraine est Fulcrande ICARDE. C'est une nouvelle famille de Saint-Jean-de-Védas qui s'occupe désormais de la poste. La précision apportée par cet acte est dans le terme paire (ailleurs, on dirait romanet et, plus tard, régisseur, bien que les fonctions ne soient pas strictement identiques). (270 EDT 1, période 1661-1792, p. 11 du registre en ligne des AD 34).

- Le 2 thermidor an VI (20.07.1798), bail pour 6 ans du domaine de la vieille poste par Pierre BARRE (juge au tribunal d'appel de l'Hérault, à Montpellier) à Pierre Bonnet BONNAFOUX, de Saint-Jean-de-Védas (notaire Jean Louis BONFILS, de Montpellier : 2 E 56/à rechercher, aux AD 34) ; cet acte est indiqué dans l'acte qui enregistre le bail suivant, le 8 floréal an XII (28.04.1804).

3/ Au XIXe siècle

- Le 8 floréal an XII (28.04.1804), bail pour 6 ans du domaine de la vieille poste par Pierre BARRE (juge au tribunal d'appel de l'Hérault, à Montpellier) : il baille à titre de ferme aux citoyens Pierre Bonnet BONNAFOUX (il signe avec 2 N mais dans l'acte, le notaire écrit son nom avec un seul N) et Benoît COUCOULE dit MARTIN ("son gendre futur"), domiciliés à Saint-Jean-de-Védas, son domaine appelé la vieille poste "tel qu'il est jouy par ledit BONAFOUX fermier actuel suivant le bail à lui passé le 2 thermidor an 6 devant BONFILS notaire" ; le bail comprend une vigne appelée de la garrigue (que BARRE s'était réservée dans le bail précédent), l'olivette de la fontaine de l'hôpital et celle du Planas ; le bail précise les conditions pour ces terres ; le bail est fait pour 6 ans qui commenceront le 8 vendémiaire (30.09.1804) ; le prix consiste en divers versements (vin rouge, blé, sarments, oeufs, poulets, paille ...) dont les quantités sont fixées avec précision ; des conditions et des facultés sont aussi prévues pour les arbres (saules, peupliers, frênes, ormeaux) ; des conditions également pour le bétail ; les fermiers auront encore la jouissance du jardin ; sont prévues aussi les droits pour le bailleur et sa famille quand ils seront sur les lieux ; une clause particulière pour la vigne vieille appelée de Maumeremonte pour laquelle BARRE s'en chargera ; s'ajoutent encore les devoirs pour les fermiers de faire les labours d'usage, etc. ; Aubert COUCOULE (de Saint-Jean-de-Védas) se porte caution pour l'exécution des clauses et conditions du bail ; l'acte est fait en l'étude du notaire ; BARRE et BONNAFOUX signent ; les deux COUCOULE (père et fils) ne savent pas signer (notaire Eugène Pascal PÉRIDIER, de Montpellier : 2 E 58/152, f° 375, aux AD 34)

- Le 02.09.1806, achat par Elisabeth Christine VIALARS (fille majeure, domiciliée à Montpellier) de la métairie appelée l'ancienne poste, à Pierre BARRE (juge en la cour d'appel de Montpellier), avec les terres en dépendant, consistant en un maisonage pour le propriétaire, ménagerie, plus toutes les terres, champs, vignes, olivettes, prés et jardin que BARRE possède à Saint-Jean-de-Védas ; à cela s'ajoutent les terres qu'il possède à Lavérune et à Saussan (l'acte indique précisément ces immeubles, avec la section, la contenance, le nom et les confronts pour chacune des pièces dont le nombre s'élève à 14, une seule étant à Saussan) ; Pierre BARRE lui vend aussi les meubles, cabaux, effets et ustensiles qui se trouvent dans la maison du maître et dans la ménagerie ; le prix de la vente est de 30.000 francs que Christine VIALARS paye immédiatement, en monnaie d'argent ; une quittance est délivrée ; la possession et jouissance sont du même jour ; l'acte est fait à l'étude où signent les parties (notaire Eugène Pascal PÉRIDIER, de Montpellier : 2 E 58/202, f° 179 v., aux AD 34)

- Le 10.09.1815, achat par Antoine EUZET de la métairie appelée l'ancienne poste, à Elisabeth Christine VIALARS ; celle-ci est représentée par son procureur, fondé de pouvoir, Antoine David LEVAT (négociant à Montpellier) ; est vendu la totalité de ce qui a été acquis par l'acte du 02.09.1806 ; un détail des terres du domaine est donné : 1/ Un champ, section du pont St Peyre appelé des Giesses, ca 60 ares ; 2/ Un champ dit la Condamine, même section, ca 220 ares ; 3/ Un champ dit le grand champ, même section, ca 235 ares ; 4/ Un champ appelé Gilette, même section, ca 60 ares ; 5/ Un champ dit du Juge, même section, ca 135 ares ; 6/ Une vigne dite de Baronnière, près le mas du Chot, même section ; 7/ Un champ dit des grands Baronnières, même section, faisant 2 articles, ca 190 ares au total ; 8/ Un champ dit petit Baronnière, même section, ca 90 ares ; 9/ Un champ dit du Pouget, section de Montplaisir, ca 220 ares ; 10/ Une vigne appelée Montplaisir, même section, ca 165 ares ; 11/ Une vigne appelée Fousaurette, même section, ca 45 ares ; 12/ Une vigne dite du Clap, même section, ca 30 ares ; 13/ Un petit champ devenu pré, même terroir, ca 15 ares ; plus, est compris dans la vente une vigne dite Conquairaux, au terroir de Saussan, ca 60 ares (également acquise dans le contrat de 1806) ; font aussi partie de la vente, les meubles, effets, cabaux, tonneaux, cornues et ustensiles qui se trouvent tant dans la maison du maître que dans la ménagerie ; et, finalement, est compris dans cette vente une terre vigne, à Saint-Jean-de-Védas, tènement de Sigaliés, ca 42 ares, acquise par la vendeuse de Guillaume GERVAIS (menuisier de Montpellier), le 11.09.1808 (notaire Eugène Pascal PÉRIDIER, de Montpellier) ; le domaine vendu s'étend de Saint-Jean-de-Védas à Lavérune et Saussan et le prix de la vente est de 25.000 francs ; Antoine paye immédiatement 11.000 francs en espèces métalliques ayant cours ; une quittance lui est délivrée ; il s'engage à payer le reste dans 4 années, y compris un intérêt de 5 % et ce, à chaque fin d'année ; un privilège est spécialement affectée à la vendeuse ; il est précisé que dans les 11.000 francs payés, sont inclus 3000 francs de son fils Antoine Martial et 3000 francs de son fils Philibert (partie de dot pour le premier, selon son Cm, et donation à son épouse pour le second) pour lesquels Antoine s'en reconnaît débiteur ; Antoine reçoit des mains de LEVAT les titres de propriété ; après la clause des soumissions de droit, les parties signent, en l'étude du notaire (notaire Jacques Philippe Louis ANDUZE, de Montpellier : 2 E 55/360, f° 128, aux AD 34).

- Le 25.02.1848, dans l'acte de partage des biens d'Antoine Martial EUZET (notaire Eugène VIANÈS, de Montpellier), on trouve une description de la vieille poste, item n° 7, donnant la consistance des biens : "Une maison d'habitation dite mas de la vieille poste, désignée à la matrice cadastrale sous le numéro 382 de la section B tènement de la Poste pour une contenance de sept ares quinze centiares confrontant du nord la rivière de la mosson au sud la route Royale de Toulouse, à l'est soi même et à l'ouest Philibert EUZET. Ce batiment est disposé pour une auberge et pour l'exploitation rurale, il se comporte de tous les locaux nécessaires, tels que remises, écuries, grenier à foin et de toutes les pièces utiles au logement de maitre estimé eu égard à l'ensemble de sa bonne et mauvaise construction ses avantages et inconveniens, à la somme totale de douze mille soixante huit franc cinquante centimes" ; l'article suivant indique que l'évaluation du sol de la maison est comprise dans l'estimation de la maison ; plus loin, le partage en trois lots permet de connaître plus de détails sur la répartition des pièces, cependant que d'autres articles donnent des informations sur les bâtiments et les terres qui sont proches de la maison. L'ensemble est divisé entre les trois enfants, Antoine, Marie et Elisabeth.



La vieille poste
(plan n° 14 - G 1673, aux AD 34)
(ca 1786, avec une copie en mairie, du 20.05.1867)

Le 24.07.1861, Antoine EUZET (époux CADILHAC) fait paraître un avis dans la presse pour vendre l'ancienne poste : "A vendre. Une propriété située partie dans les communes de Saint-Jean-de-Védas et de Lavérune, d'une contenance totale de six hectares. - Une maison d'habitation, située à l'ancienne poste, avec grande cour, puits, dont l'eau est excellente et intarissable, remises, écuries, greniers à foin, celliers, etc. - On vendra le tout en bloc ou en parties. On donnera toutes les facilités qu'on pourra désirer pour le payement. S'adresser à M. EUZET, propriétaire à l'ancienne poste. - Terres situées à Saint-Jean-de-Védas : 1/ Une vigne, ténement dit Maremonts ; 2/ Autre vigne, ténement dit Pied-Lont-Contumaux ; 3/ Autre vigne, ténement dit la Balade ; 4/ Autre vigne, ténement dit a Carrière ; 5/ Autre vigne, ténement dit Le Planas ; 6/ Autre vigne, ténement dit Pont de la Feinte ; 7/ Autre vigne, ténement dit l'Eau-Bonne ; Terres situées à Lavérune : 1/ Une vigne et fourrage, ténement dit Ramail ; 2/ Terre fourragère, ténement dit Fesquet ; 3/ Terre fourragère, ténement dit Pasque ; 4/ Une vigne, ténement dit Pont-des-Saints ; 5 Autre vigne, ténement dit des Marronniers." (Le Messager du MIdi, du 24.07.1861) - Les noms des ténements sont probablement, pour certains, à rectifier.

Le 27.08.1869, Antoine EUZET (époux CADILHAC) donne mandat et pouvoir à sa fille Hélène de vendre en son nom le domaine dit de l'ancienne poste, pour le prix et aux conditions que la mandataire avisera ; cette vente pourra se faire, en blocs, par lots ou parcelles ; le domaine est ainsi décrit : "consistant en maison, bâtiments d'exploitation et en pièces de terre, vignes, prés, jardin et herme, contient environ douze ares et ensemble la vaisselle vinaire, les cabaux, meubles et objets mobiliers enfermés dans les bâtiments" (notaire Jean Marcelin COSTE, de Montpellier). Il s'agit, en fait, de la part du domaine qui a été attribuée à Antoine dans le partage de 1848. Antoine révoque, un an plus tard, la procuration accordée à sa fille, le 25.08.1870 (notaire Jean Marcelin COSTE, de Montpellier).

Le 26.11.1875, Antoine EUZET (propriétaire, domicilié à Montpellier) vend à Antoine MANIEL (propriétaire, ancien capitaine en retraite), par "convention verbale", qui "constitue une vente en bloc de toutes les propriétés immobilières possédées par EUZET dans les communes de Lavérune et de Saint-Jean-de-Védas au prix ferme de 25.000 francs et une aliénation mobilière des récoltes, cabaux et meubles au prix de 30.000 francs." (indiqué dans le jugement du 15.01.1876)

Le 15.01.1876, le tribunal civil de Montpellier rend un jugement suite à contestations entre Antoine EUZET et Antoine MANIEL, quant à la vente du 26.11.1875 ; Antoine EUZET ne conteste pas la validité de la convention mais en demande reconventionnellement l'exécution "tout en reconnaissant qu'il est dans l'impossibilité de fournir la contenance indiquée par la convention et offre de supporter à dire d'experts la diminution de valeur qu'éprouve le domaine aliéné par l'effet du déficit de contenance" ; mais, l'expertise est inutile puisque le domaine a été vendu en bloc : il est donc suffisant de déclarer que la réduction à subir sera proportionnelle à la contenance qui sera livrée ; c'est ce que suit le tribunal qui écarte, en même temps la demande par l'acheteur de 3000 francs de dommages ; le tribunal s'appuie donc sur la convention de 1875 et estime aussi que la demande reconventionnelle d'Antoine EUZET est justifiée ; celle-ci s'articule en quatre points : 1/ le prix doit être payé comptant, immédiatement après l'accomplissement des formalités hypothécaires ; 2/ Le prix de l'aliénation mobilière doit aussi être payé immédiatement ; 3/ Les deux prix doivent rapporter intérêt depuis le 26.11.1875 ; 4/ "C'est à bon droit qu'EUZET demande à retirer son linge, son secrétaire et cent bouteilles de vin" que MANIEL doit donc lui restituer ; le tribunal rappelle que les propriétés vendues sont situées "près de Saint-Jean-de-Védas" et qu'elles comprennent pour une contenance de 12 hectares 90 centiares, une maison de maître, une maison de fermier, des prés, des vignes en mauvais état et des terres labourables ; il souligne qu'Antoine EUZET reconnaît ne délivrer qu'une contenance inférieure de plus d'un vingtième et donc que le prix de 25.000 francs doit être réduit par rapport à la contenance réelle ; dans les trois jours du jugement, les parties devront passer ces conventions dans un acte public devant notaire, sinon ce jugement en tiendra lieu ; les dépens sont répartis (3 U3/267, aux AD 34) ; Note : la part d'Antoine sur le domaine de la Vieille Poste est bien comprise dans cette convention puisqu'il vend la totalité de ses immeubles à Saint-Jean-de-Védas ; il a, certainement, voulu éviter des frais de notaire et des complications en passant une convention verbale constituant une vente en bloc ; l'acheteur ayant constaté que la contenance déclarée était fausse dans une proportion trop importante, il y a eu procès et l'acheteur a, en attendant, retenu des effets personnels comme le linge ; enfin, il faut se souvenir que le droit de cette époque est bâti sur la notion de contrat et qu'il en faut beaucoup plus pour aboutir à une annulation, même si la forme employée ici peut paraître surprenante (un accord verbal) pour un montant total de 55.000 francs !

Le 30.03.1876, Elisabeth EUZET vend la Vieille Poste (et plusieurs terrains) à Barthélémy CALAS, berger à Lattes (notaire Jean Marcelin COSTE, de Montpellier). Le bâtiment est ainsi situé : "confrontant la rivière de la Mosson, du midi Philibert EUZET et du levant un chemin de service" ; à noter que depuis toujours les notaires n'indiquent pas, en cas de vente d'un immeuble, s'il s'agit d'une partie seulement ou de l'ensemble ; ici, manifestement, il s'agit uniquement de la part qui a été attribuée à Elisabeth en 1848 (on peut constater la même présentation trompeuse dans le cas du mas du Triadou et du mas de Sueilles, dès le XVIe siècle). On retrouve ce Barthélémy CALAS dans le recensement de Saint-Jean-de-Védas de 1881 (âgé de 87 ans), avec son épouse, Rose ARRIBAT (âgée de 64 ans) ; dans ce même recensement de 1881, on voit que plusieurs ménages habitaient à la Vieille Poste : le ménage de Charles EUZET (avec son épouse Irène ARNEDE et leur fille Cécile), le ménage d'Antoine COSTE (avec son épouse Marie EUZET) mais aussi les ménages BONNEFOY et FRANCON (probablement des salariés pour la ferme ou l'auberge) ;

Le 09.07.1876, notifications et publication faites aux fins de purger les immeubles, vendus à Antoine MANIEL par Antoine EUZET, des hypothèques légales qui pourraient les grever, indépendamment de toute inscription. (Le Messager du Midi) - Bien que cet extrait ne donne pas le nom de l'ancienne poste, il est évident que l'on se trouve en présence de ce domaine, du moins pour la part qui avait été dévolue à Antoine dans le partage de 1848.

Le 26.06.1887, le Petit Méridional indique que le 18.07.1887, doit avoir lieu au Palais de Justice de Montpellier une vente sur licitation de divers immeubles situés dans les communes de Saint-Jean-de-Védas, Lavérune, Poussan et Lattes, en 11 lots (mais rien n'est indiqué sur l'origine de ces propriétés) : Lot n° 1 : a) Une maison et ses dépendances, à Saint-Jean-de-Védas, tènement Pioch Redon ; b) Une pièce de terre, à Saint-Jean-de-Védas, tènement la Poste, contenance 42 ares 77 centiares ; c) Une pièce de terre, à Lavérune, tènement le Gua, contenance 2 hectares 15 ares - Mise à prix : 5000 francs ; Lot n° 2 : a) Une maison d'habitation avec cour et jardin, à Saint-Jean-de-Védas, tènement la Poste - mise à prix : 600 francs ; Lot n° 3 : a) deux pièces de terre, à Lavérune, tènement le Gua, contenance 2 hectares 81 ares 14 centiares ; b) Un petit vacant, tènement la Poste, contenance 50 centiares - Mise à prix : 3000 francs ; Lot n° 4 : a) Une pièce de terre, à Lavérune, tènement l'Embaronière, contenance 45 ares - Mise à prix : 200 francs ; Lot n° 5 : a) Une pièce de terre, à Lavérune, tènement Saint Peyre, contenance 47 ares - Mise à prix : 400 francs ; Lot n° 6 : a) Une pièce de terre, à Lavérune, tènement le Gua, contenance 74 ares 15 centiares ; b) Deux pièces de terre, à Saint-Jean-de-Védas, tènement Marquerose et Brouas, contenance totale 30 ares 62 centiares - Mise à prix : 1000 francs ; Lot n° 7 : a) Une pièce de terre, à Saint-Jean-de-Védas, tènement Frécasse, contenance 76 ares 40 centiares - Mise à prix : 300 francs ; Lot n° 8 : a) Une pièce de terre, à Saint-Jean-de-Védas, tènement Remelac, contenance 89 ares 60 centiares - Mise à prix : 600 francs ; Lot n° 9 : a) Un bâtiment rural et sept pièces de terre, à Saint-Jean-de-Védas, tènements La Roque, Maremonte, Puits de Gaud, Puech Redon, l'Oum et Font das Poutous, contenance totale 2 hectares 92 ares 73 centiares - Mise à prix : 800 francs ; Lot n° 10 : a) Deux maisons contigues à Poussan - Mise à prix : 600 francs ; Lot n° 11 : a) Une pièce de terre, à Lattes, tènement Pahon, contenance 42 ares 51 centiares - Mise à prix : 100 francs. - Les noms des tènements ont été repris tels qu'ils sont écrits dans le journal. Cette vente concerne, probablement, la part de Marie EUZET mais ça reste à vérifier.

4/ Au XXe siècle

- L'extrait du cadastre (la situation en 1913) et la photo de la "vieille poste" ont été signalés par Mme Claire PARGUEL (via le forum CGW 34, le 28.10.2013). Ces documents se trouvent sur le site de la région Languedoc-Roussillon (culture et patrimoine) dans la partie "Caves coopératives. Patrimoine de nos villages - la distillerie coopérative La Mosson". Un bref historique permet de connaître l'évolution de ces bâtiments :
Etablissement d'une distillerie privée de vins et de marcs en 1913.
En 1927, création de la coopérative de distillation "La Mosson".
En février 1928, la société de distillation rachète la distillerie Cloppet, établie au lieu-dit Poste vieille, pour y faire la distillation du marc de ses adhérents.


5/ Au XXIe siècle

- Mme Myrose MARTINIER a complété nos connaissances sur la "vieille poste" de Saint-Jean-de-Védas (via le forum CGW 34, le 28.10.2013) : "D'après mes parents, il s'agit effectivement de l'ancien relais de poste aux lettres de l'ancien régime. La dernière propriétaire que j'ai connue habitant ces lieux était Mlle VINAS fille de Emile, Jules, Clément VINAS et de Marguerite, Henriette, Cécile EUZET, petite fille de Charles, Cyprien EUZET et de Irène, Madeleine ARNEDE, née à Fabrègues et habitant proche de mes parents. J'ai connu la plupart de toutes ces personnes. (...) Le 02.10.1852 l'Empereur Napoléon III a été conduit de Montpellier à Gigean par François DESMAZES. Au cours de ce trajet, il fit deux pauses une au relais de la vieille poste à Saint Jean de Védas et une au relais de la Poste de Fabrègues. Avant lui le 05.02.1814 le Souverain Pontife Pie VII était passé sur la route impériale, s'était arrêté au relais de la Poste de Fabrègues, avait diné conduit sur ordre de BONAPARTE comme un captif. Il y avait une plaque que j'ai vu en 1939 commémorative de ce fait à l'intérieur du bâtiment. Existe-t-elle toujours ? Je ne sais pas. J'ai un bisaïeul qui a été métayer du domaine de l'ancienne poste de St Jean de Védas. Dans un second message du même jour, Mme Myrose MARTINIER a précisé : Les bâtiments existent encore aujourd'hui et je les ai toujours vu sans trop de modifications. Il y a quelques années une distillerie y était installée. Actuellement, ils sont toujours dénommés la vieille poste. Ils se situent sur la D 113 précédemment RN 113 avant Route impériale et au delà Route Royale. Ils se trouvent à droite en allant sur Béziers entre le chemin qui va au moulin de Tourtourel et le pont de BARRE. Mon fils m'a informé tout à l'heure que certains bâtiments avaient été vendus et des travaux viennent d'être entrepris (...)." Manifestement, si l'on veut prendre des photos de ces vestiges, il ne faut pas tarder !


F/ Les autorisations de "trasser" la pierre de Saint-Jean-de-Védas

1/ Les références

- 20.12.1561 Honorat FOCARD (FOUCARD) à Jean EUZET (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1568, f° 249, vue 233 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 20.12.1561 Honorat FOCARD à Jean CODERC (COUDERC) (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1568, f° 250, vue 234 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 24.12.1561 Honorat FOCARD à Anicet DOMERGUE (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1568, f° 252, vue 236 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 21.04.1566 Honorat FOCARD à Jaume DONAT (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1570, f° 39 v., vue 41 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 16.11.1566 Honorat FOCARD à Jean ACHART (ACHARD) et Jaume DELEUZE, de Villeneuve (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1570, f° 86, vue 88 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 16.11.1566 Honorat FOCARD à Arnaud PRUNET (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1570, f° 87, vue 89 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 26.11.1566 Honorat FOCARD à Jean EUZET (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1570, f° 96, vue 99 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 26.11.1566 Honorat FOCARD à Philippe ICARD (YCAR) (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1570, f° 97, vue 100 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 17.12.1630 Philippe EUZET achète un bloc de pierre extrait des Peyrières à Jacques DONNAT (notaire Jacques BARRAL, de Lavérune : 2 E 70/235, f° 316, aux AD 34)
- 14.04.1637 L'évêque à Philippe EUZET, Sauvaire BOSC, Pierre PIGOULIER, Jean EUZET, Aubert BLANC, Antoine ROUSSEL, François VIDAL, François MERIC et Pierre BOSC (notaire Antoine FAGES, de Montpellier : 2 E 95/1637, f° 90, vue 125 du registre en ligne sur le site des AD 34)
- 14.12.1641 L'évêque à Habran TOUTJEAN, Simon LOUISVILLE et Bertrand DELAUR, de Montpellier (notaire Antoine FAGES, de Montpellier : 2 E 95/1639, f° 362 v., vue 411 du registre en ligne sur le site des AD 34)
- 29.05.1645 L'évêque à Jean BONNASSIER, de Montpellier (notaire Antoine FAGES, de Montpellier : 2 E 95/1641, f° 86 v., vue 125 du registre en ligne sur le site des AD 34)
- 18.12.1649 L'évêque à Philippe EUZET, Jean EUZET, François MERIC, François VIDAL, Philippe VIDAL, Pierre BOSC et Antoine ROUSSEL (notaire Antoine FAGES, de Montpellier : 2 E 95/1643, f° 272, vue 301 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 13.12.1659 L'évêque à Jean EUZET et François MERIC (notaire Etienne MARIE, de Montpellier : BB 151, f° 246, aux Archives municipales de Montpellier)
- 19.07.1662 L'évêque à Jean EUZET et François MERIC (notaire Etienne MARIE, de Montpellier : BB 153, f° 203 v., aux Archives municipales de Montpellier)
- 1662 Procès entre carriers pour l'enlèvement des pierres dans les perrières proches du Terral (G 1669, vue 97 des inventaires en ligne, sur le site des AD 34) - à compléter.
- 02.12.1665 L'évêque à Jean EUZET et François MERIC (notaire Etienne MARIE, de Montpellier : BB 154, f° 629 v., aux Archives municipales de Montpellier)
- 30.05.1668 L'évêque à Daniel MARTIN, Pierre VIDAL et Pierre VIALA, de Lavérune (notaire Etienne MARIE, de Montpellier - indiqué dans l'autorisation de 1670 : BB (à compléter), aux Archives municipales de Montpellier)
- 18.01.1670 Transport du droit des précédents à Jean EUZET, François MERIC, Aubert PIGOULLIE (PIGOULIER), Antoine COULONDRE, François BOSC et François VIDAL jeune (notaire Etienne MARIE, de Montpellier : BB 159, f° 52 v., aux Archives municipales de Montpellier)
- 10.10.1684 L'évêque à Barthélémy EUZET et François BOSC (notaire Antoine FAGES, de Montpellier : 2 E 95/1647, f° 165 v., vue 179 du registre en ligne, sur le site des AD 34)
- 25.10.1741 Instruction pour la "Justice ordinaire", contre des "trasseurs" de Saint-Jean-de-Védas qui ont "trassé" dans la carrière du château du Terral : 10 B 989, dossier n° 2, aux AD 34
- 13.04.1782 Annonce pour affermer une carrière dépendant de la terre de la Lauze (Journal de la Généralité du Languedoc, vue 157 de ce journal en ligne, sur le site des AD 34).
- 20.04.1865 Annonce pour affermer : "présentement les grands chantiers de pierres pour constructions situés en face des carrières de Saint-Jean-de-Védas" ; il est précisé qu'il faut s'adresser à "M. EUZET, époux ARTIGNAN, propriétaire audit lieu" (Messager du Midi)

Dans le dossier coté G 1669 aux AD 34, on trouve encore des instructions concernant les perrières de la Lauze, le château du Terral et certains trasseurs (en 1662, 1682 et 1724). Aucun EUZET n'est impliqué dans ces dossiers.

2/ Analyse des actes du XVIe siècle

- Le premier acte trouvé est celui de la concession accordée à Jean EUZET (2ème génération), le 20.12.1561 par Honorat (parfois écrit Honnorat et que l'on peut transcrire comme Honoré en langage moderne) FOCARD (écrit aussi FOUCARD par le même notaire, dans d'autres actes) : "personnellement estably noble homme Honorat FOCARD conseiller du Roy, auditeur en sa chambre de comptes establye audit Montpellier lequel de son bon gre franche et liberalle volonte par la teneur du present instrument a bailhe permis et concede bailhe permet et concede a Jehan EUZET laboreur de Saint Jean de Vedas present stipulant et acceptant assavoir de pouvoyr trasser pierre dans les peyrieres limytees et confrontees dans cinq carterees terre situez aupres dudit Saint Jean de Vedas audit FOCARD appartenant et lesquelles cinq carterees terre comme sont limytees luy ont este adjugees par arrest et jugement du siege presidial dudit Montpellier dernierement entre ledit FOCARD impetrant et demandeur pour raison desdites cinq carterees terre dune part et lesdits EUZET et Jehan GAUCH dudit Saint Jean de Vedas deffenseur dautre (...)". Cette permission commence à la date de l'acte et se termine à la Saint Michel suivante (le 29.09.1562) mais ce qu'il faut surtout retenir dans ce début d'acte, c'est la mention de l'arrêt du siège présidial de Montpellier. Cela veut certainement dire qu'il n'y a pas d'autres permissions accordées antérieurement par Honorat FOUCARD. Pour autant, cela pose une autre question. Pourquoi la permission d'exploiter une partie de la carrière n'a-t-elle pas été accordée par l'évêque ou son représentant ? La réponse est certainement dans le fait que l'on se trouve en 1561, en pays sous influence protestante et que la famille de FARGES est protestante (voir, en ce sens, l'analyse faite par Pierre BURLATS BRUN sur cette famille - elle se trouve facilement en ligne en demandant "Famille de FARGES") ; on voit, dans cette étude généalogique que le contrat de mariage FOCARD/de FARGES a eu lieu le 01.01.1544 (bien que l'auteur n'indique pas le nom du notaire, on constate que le notaire de la famille était Guillaume SOLIER, de Montpellier) et c'est, certainement la même religion du côté des FOUCARD (à vérifier). Ainsi, comme pour la dîme des agneaux (voir ce qu'écrit Emmanuel LE ROY LADURIE dans "Les paysans du Languedoc"), les protestants ont pris les rênes du pouvoir : l'évêque n'avait plus la possibilité d'accorder les permissions pour l'exploitation des Peyrières. La suite de l'acte nous apprend que "Jehan EUZET payera audit FOCARD deux charretees de pierre desdites peyrieres telle que bon luy semblera et payables aussi quand bon luy semblera et ce pour chacune escoude que ledit FOCARD donnera trasser pierre dans lesdites peyrieres" [une escoude est un outil de carrier pour l'extraction manuelle des blocs de pierre tendre ou demi-ferme. Elle a la forme d'une pioche à long manche dont le fer se termine le plus souvent par un burin plat d'environ 2 cm de large et d'une pointe ou d'une double dent (Wikipedia)] ; une clause supplémentaire indique que ledit EUZET "ne pourra faire autre descouverte ny trasser nouvelle pierre", cependant que FOCARD promet audit EUZET "luy faire tenir et valloir durant le terme susdit la presente permission et le rellever judiciairement de tous despens domaiges et interests", s'il remplit les conditions du paiement ; ils obligent leurs biens (et aussi "sa personne propre" pour Jean EUZET qui promet sur "les saincts evangiles"

- Le 20.12.1561, une permission strictement identique dans ses clauses (temps, termes, prix, interdiction, protection, obliges, cours, évangiles) à Jehan CODERC (Jean COUDERC), de Saint-Jean-de-Védas. A noter que dans cet acte, il est repris la phrase comme quoi la peyrière de 5 carterées a été adjugée par arrêt et jugement du siège présidial de Montpellier, au détriment de Jean EUZET et Jean GAUCH. Il ne s'agit donc pas d'un autre emplacement dans la carrière. On verra que certaines clauses de permissions accordées en 1566 permettront de mieux comprendre le processus.

- Le 24.12.1561, encore une permission strictement identique dans ses clauses aux deux précédentes, accordée à Anicet DOMERGUE, de Saint-Jean-de-Védas, toujours pour les mêmes cinq carterées adjugées par le siège présidial de Montpellier.

- Le 21.04.1566, Honorat FOUCARD arrente à Jaume DONAT (de Saint-Jean-de-Védas) une "perriere audit FOUCARD apartenant situee au terroir dudit Saint Jean de Vedas et dans les cinq carterees comme adjugees par jugement audit FOUCARD" (c'est donc toujours la même référence qu'en 1561 au jugement de la cour qui lui a attribué ces terrains) ; "confrontee dune part avec la perriere dans laquelle souloit trasser Jehan GAUCH et avec le mas dudit FOUCARD" (le verbe souloir veut dire avoir l'habitude de, ce qui marque le caractère précaire de cette occupation ; quant au mas appartenant à FOUCARD, il doit s'agir du mas de Repaux assiz au terroyr du Terrailh, comme on le voit dans un acte du 30.03.1565) ; "pour le temps dune annee et tout autre temps quil luy plaira ; pour le prix chacune annee quil la tiendra de deux charretees pierre de taille bonne et au plaisir dudit FOUCARD et deux charretees desclap, pour escoude payables alors que ledit FOUCARD en aura besoing et necessite ; et pacte qui ou y en encore plus dune escoude payera ledit DONAT pour chacune escoude deux charretees pierre et deux charretees esclap" (un esclap est un éclat ; peut-être ces éclats servaient-il, en totalité ou partiellement à faire de la chaux ; on a donc, d'une part, des charrettes de pierres bien taillées et calibrées et, d'autre part, des charrettes de morceaux de pierre issus de la taille des blocs ; il ressort aussi de ce texte que l'escoude fournie probablement par le bailleur servait de mesure pour le paiement : si la première ne suffisait pas, il fallait repayer selon le même processus) ; " pacte aussi que ledit DONAT sera tenu comme a promis a ses despens abbatre ung pilar qui est devant ladite perriere et ce a fons comme les autres et sans que ledit DONAT reste a payer que dessus" (cette obligation d'abattre un pilier qui devait rester d'une coupe précédente est donc prévue à titre gratuit ; d'une façon générale, on a bien l'impression que le fermier n'a pas beaucoup de droits face aux exigences du bailleur) ; la suite est plus classique avec le maintien en place du bénéficiaire s'il remplit les condition, l'hypothèque des biens meubles et immeubles pour assurer l'opération, la réquisition des cours si necessaire et la présence de deux témoins (le marchand Pierre GIGOT et le clerc Pierre ROUSSEL, de Montpellier), l'acte étant passé dans la "botique" du notaire ; à noter que dans cet acte, le notaire écrit FOUCARD avec le U et DONAT avec un seul N.

On doit s'interroger sur l'héritage d'Honorat FOUCARD. En effet, dans un acte du 17.05.1568, Marguerite de FARGES est indiquée comme étant sa veuve et son héritière mais cet acte concerne seulement une maison à Saint Gilles (notaire Dominique DUPUY, de Montpellier : 2 E 95/1571, vue 120 du registre en ligne sur le site des AD 34). On pourrait croire aussi qu'Honorat FOUCARD a arrêté ses affaires vers 1565 ; en effet, dans un acte du 30.03.1565, il vend à Guillaume LENADIER, une rente et pension annuelle de 40 "cestiers bled thozelle" et pour cela, il assigne (oblige) par exprès un mas appelé "le mas de Repaux assiz au terroyr du Terrailh taillable de Saint Jean de Vedas avec ses maisons terres vinhes et appartenances, confronte avec les terres de la Lauze, de marin et couchant avec les terres de Saint Jean de Vedas et les aultres confronts" ; le prix est de 600 livres tournois mais il faut retenir ici qu'il se réserve, jusqu'à la fin de la pension "deux chambres audit mas pour se retirer avec sa femme", plus une salle, un passage, une chambre haute regardant vers Saint Jean de Védas, etc. Ce sont , en fait, deux actes qui donnent beaucoup de détails sur cette transaction (notaire Géraud COMPAING, de Montpellier : 2 E 95/1564, f° 345 v., vue 349 du registre en ligne sur le site des AD 34). En réalité, l'acte d'autorisation de tracer du 26.11.1566 montre qu'il continuait encore ses activités à la fin de cette année 1566.

3/ Analyse des actes du XVIIe siècle

Le 17.12.1630, Philippe EUZET achète un bloc de pierre (un "peyrau") extrait ("descombrat") de la carrière des peyrières de Saint-Jean-de-Védas (joignant à la partie appartenant à Pierre PIGOULLIER), pour un montant de 30 livres. Philippe paye tout de suite la somme due.

Le 14.04.1637, la concession des peyrières est accordée à Philippe EUZET, Sauveur BOSC, Pierre PIGOULIER, Jean EUZET, Aubert BLANC, Antoine ROUSSEL, François VIDAL et François MERIC, faisant pour eux et pour Pierre BOSC (absent), tous "trasseurs" de Saint-Jean-de-Védas. Le temps de la concession est de 4 ans, à partir du lendemain, 15.04.1637 ; le prix de 90 livres annuellement, payables, la moitié chaque 15 avril et, l'autre moitié, à la fête Saint-Michel (29 septembre) ; Jacques VALAT, gouverneur de Montferrand, reçoit, au nom de Pierre de FENOUILLET, évêque de Montpellier, 40 livres 10 sols pour le premier versement de l'année 1637 ; le contrat inclut l'obligation pour les "trasseurs" de fournir au seigneur évêque et à VALAT toute la pierre de taille qui leur sera nécessaire pour leurs bâtiments, à raison de 15 sols la charrettée ; de son côté, le seigneur évêque s'engage à ne pas "bailher ladite permission a autre personne pendant le temps de la concession : c'est donc une clause d'exclusivité qui constitue la contrepartie. 71 ans se sont écoulés entre les concessions de 1566 et celle-ci. 15 ans seulement séparent cette concession de l'entrée de Louis XIII à Montpellier après le siège de la ville tenue par les Huguenots.

Le 14.12.1641, une autre concession est accordée, c'est-à-dire 4 ans après celle de 1637, à quelques mois près puisque la concession précédente s'est, normalement, terminée le 15.04.1641 et que la nouvelle commence le 17.12.1641. On peut donc penser que la "permission" de 1641 succède immédiatement à celle de 1637. Les clauses de ces deux actes sont quasiment identiques : la durée est de 4 ans, à partir du 17.12.1641 ; le prix est de 90 livres chaque année ; le paiement est prévu en deux fois, chaque année (la première en début d'année, la seconde six mois après) ; les parties obligent leurs biens (pour VALAT, le temporel de l'évêché) et se soumettent aux rigueurs des cours ; le seigneur s'engage à ce qu'il n'y ait pas d'autres autorisations accordées pendant les 4 ans ; les bénéficiaires devront aussi fournir au seigneur et à VALAT toute la pierre de taille nécessaire pour leurs bâtiments, à raison de 15 sols la charrette ; la concession est accordée à Habran TOUTJEAN (bourgeois), Simon LOUISVILLE (maître des ouvrages royaux) et Bertrand DELAUR (maître maçon), les trois habitants de Montpellier. On voit qu'il y a, dans ce dernier point, un changement radical puisque les trois personnes qui s'engagent solidairement ne sont pas des habitants de Saint-Jean-de-Védas. Pourquoi ce choix, alors que le prix et les autres conditions sont identiques ?

Le 29.05.1645 "Jacques de VALAT, gouverneur de Montferrand, sieur de Saint Roman", signe, exactement dans les mêmes conditions, une nouvelle concession qui commence le 17.12.1645, c'est-à-dire précisément 4 ans, jour pour jour, après le début de la concession de 1641. Il n'y a donc pas de hiatus. Le prix est encore de 90 livres chaque année, les périodes de paiement sont les mêmes ; la clause de portage des pierres au prix de 15 sols la charrette s'y retrouve, etc. Cette concession est accordé à Jean BONNASSIER, maître maçon de Montpellier. Ainsi, encore une fois, les "trasseurs" de Saint-Jean-de-Védas sont écartés du marché.

Le 18.12.1649, c'est le seigneur évêque lui-même, Pierre de FENOUILLET, qui conclut une nouvelle concession pour 4 ans et commençant le jour même. Il s'agit donc de la convention qui suit immédiatement celle de 1645. Les clauses sont identiques mais avec deux différences importantes : le prix est de 160 livres (au lieu de 90) et les bénéficiaires sont des habitants de Saint-Jean-de-Védas, comme en 1637 (l'acte n'indique pas s'ils sont tous des "trasseurs" mais c'est probable, au vu des noms). En fait, ne sont présents que Philippe EUZET, Salomon EUZET et François MERIC, à charge pour eux de faire ratifier l'accord par François VIDAL, Martial ARMENTIER, Philippe VIDAL, Pierre BOSC et Antoine ROUSSEL, tous habitants de Saint-Jean-de-Védas. Si le gouverneur de Montferrand a cédé la place à son seigneur, c'est que les "trasseurs" ont dû faire le siège de l'évêché pour emporter le marché mais la contrepartie, c'est le prix beaucoup plus élevé que Pierre de FENOUILLET a imposé (d'où, peut-être, le nombre de ces bénéficiaires, tenus solidairement au paiement (en 1637, le coût revenait à 10 livres par personne et par an ; en 1649, il revient à 20 livres : le double !)

Logiquement, on devrait trouver une nouvelle concession en 1653, probablement en décembre et, certainement, chez le même notaire. Malheureusement, le minutier d'Antoine FAGES est en déficit pour la période 1651-1658.

Le 13.12.1659, Pierre VERDURON, secrétaire et procureur général de l'évêque de Montpellier, François de BOSQUET, concède une nouvelle autorisation d'exploiter "les Perrieres", carrières de Saint-Jean-de-Védas, à Jean EUZET et François MERIC ; cette fois, le temps concédé est de trois ans dont le début est le 18.12.1659 et la fin, le 18.12.1662. Les autres clauses sont strictement identiques à celles de 1649, sauf que le prix annuel passe à 300 livres, alors que celui de la charrette de pierres de taille reste à 15 sols. On peut se demander si le changement de notaire n'est pas dû au nouvel évêque ; en effet, François de BOSQUET a remplacé Rainaud d'ESTE en 1655, ce dernier ayant lui-même remplacé Pierre de FENOUILLET en 1652.

Le 19.07.1662, signature d'une convention avec les mêmes protagonistes. Les clauses sont strictement identiques. Le début de la convention est au 18.12.1662 et la fin, au 18.12.1665. Sont présents : Pierre ANDRÉ et Claude CLEMENS qui signent avec Pierre VERDURON et Jean EUZET, cependant que François MERIC appose sa marque, FM.

Le 02.12.1665, signature d'une convention avec les mêmes protagonistes. Les clauses sont strictement identiques. Le début de la convention est au 18.12.1665 et la fin, au 18.12.1668. Sont présents : Garaud PALAT et Michel ESTIVAL qui signent avec Pierre VERDURON et Jean EUZET, cependant que François MERIC appose sa marque, FM.

Le 22.05.1668, signature d'une convention pour le même objet à Daniel MARTIN, Pierre VIDAL et Pierre VIALA, "trasseurs" de pierre de Lavérune, avec un début au 18.12.1668, ce qui correspond bien avec la fin de la convention précédente. Le prix annuel est de 300 livres et le règlement doit se faire en 4 fois, chaque année, de 3 en 3 mois. Le terme de la concession est de 7 ans, soit une fin au 18.12.1675. Ce contrat qui se présente donc sous une forme différente reste a rechercher. Ses éléments connus sont indiqués dans le transport de droits signé le 18.01.1670, en faveur de plusieurs "trasseurs" de Saint-Jean-de-Védas.

Le 18.01.1670, signature d'une convention par laquelle Daniel MARTIN, Pierre VIDAL et Pierre VIALA, "trasseurs de pierre du lieu de Lavérune", du consentement de Pierre VERDURON, "viguier général en la comté du seigneur évêque dudit Montpellier", cèdent, remettent et transportent à Jean EUZET, François MERIC, Aubert PIGOULIER, Antoine COULONDRE, François BOSC et François VIDAL jeune, solidairement, la même faculté de "trasser et faire tirer" les pierres des peyrières, vulgairement appelées les carrières de Saint-Jean-de-Védas (appartenant audit évêque, dans la jutidiction du Terral) affermées à eux par le sieur VERDURON, le 22.05.1668, "sous le cautionnement de noble Jean de CLAUZEL sr de Saint SÉRIÉS" (probablement, celui qui, en 1672, fera un hommage à l'évêque pour son domaine de Fontfroide). Le notaire Etienne MARIE écrit ensuite : " et est par le temps et terme de cinq années onze mois que lesdits MARTIN, VIDAL et VIALA debvoient encore jouir a commansér de cejourd'huy", pour le prix de 300 livres chaque année payable en quatre payements égaux, de trois en trois mois, par avance, plus les autres "pactes" et conditions portées audit contrat ; les nouveaux fermiers étudient la convention dont le temps restant à faire est de 5 ans 11 mois. VERDURON déclare avoir reçu 127 livres 10 sols pour "reste fin et entier payemant du prix de ladite afferme de la premiere année qui auroit finy le" 18.12.1669, auquel s'ajoute le mois dont ils ont joui (jusqu'au 18.01.1670) ; les anciens fermiers déclarent ensuite qu'ils ont reçu des nouveaux fermiers 106 livres en acompte de 125 livres "a laquelle a esté estimée la pierre qui sest trouvée trassée et taillée sur lesdites peyrieres par les experts qu'ils auroient admiablement nommés" ; les nouveaux fermiers s'engagent à payer les 19 livres restantes aux anciens fermiers dans le mois qui suit ; les parties obligent et hypothèquent leurs biens ; l'acte est passé en l'étude du notaire, en présence de G. ICARD (conseiller du roi au domaine de Nîmes) et Claude CLEMENS (greffier des ordinaires) qui signent avec les parties (sauf françois BOSC et François MERIC qui apposent leurs marques, FV et FM. Ainsi, les "trasseurs" de pierre de Saint-Jean-de-Védas ont réussi à reprendre la main qu'ils avaient perdue en 1668. Ce contrat est, pour la première fois de 7 ans, puisque la concession se termine au 18.12.1675, avec un prix qui reste fixé à 300 livres.

Le 10.10.1684, signature d'une convention pour la concession des peyrières à partir du 01.02.1685 et pour trois ans. Les fermiers sont, solidairement, Barthélémy EUZET et François BOSC, de Saint-Jean-de-Védas ; c'est un nouvel évêque de Montpellier, Charles de PRADEL, qui a octroyé l'autorisation de "trasser et faire tirer" la pierre des carrières ; son représentant qui signe l'acte est Antoine GAUSSEL ; celui-ci indique un prix annuel de 250 livres par an - donc 50 livres de moins que lors des conventions précédentes ; l'explication de cette baisse se trouve dans la clause qui suit : "dautant que lon veut faire une sacristie en lesglise dudit Saint Jean de Vedas, lesdits rentiers promettent de bailler a ses frais et despans la pierre necessaire pour laporte et fenestre de ladite sacristie" ; ainsi, la clause de la charrette à 15 sols a disparu mais les fermiers doivent porter gratuitement à l'église les pierres qui serviront à l'édification de cette sacristie ; le reste de l'acte est sans surprises : le paiement est prévu en quatre fois chaque année, de trois en trois mois, à terme échu ; GAUSSEL accorde la clause de l'exclusivité pendant ces trois ans ; les parties obligent et hypothèquent leurs biens ; ils se soumettent aux rigueurs des cours habituelles ; l'acte est fait à Montpellier (sans plus de précisions), en présence de Jean Pierre BOTY (prêtre) et Guillaume SERANNE, de Montpellier ; EUZET et BOSC signent (ce dernier n'est donc pas celui qui apposait sa marque dans les conventions précédentes).

Le 01.02.1688, on devrait trouver une nouvelle convention mais quel est le notaire qui a écrit l'acte ?

4/ Analyse des actes du XVIIIe siècle

Un acte du 25.08.1732 montre que les frères Jacques et Jean EUZET sont alors fermier de la Peyrieire (La Peyrière), "appartenant à M. FARGEON, conseiller à la Cour des Aydes de cette ville, tenement de Saint-Jean-de-Védas" (à compléter)

En 1741 : "Procureur juridictionnel contre divers particuliers. Extraction de pierres aux carrières du château du Terrail. Rapport d'expert." (Juridiction ordinaire Saint-Jean-de-Védas : 10 B 989, n° 2, aux AD 34). L'instruction de la "justice ordinaire" du 25.10.1741 montre que les dénommés VALAT père et François VALAT, son fils, et Pierre PIGOULLIER, trasseurs de pierre de Saint-Jean-de-Védas, ont trassé des pierres de la carrière du château du Terral qui appartient à l'évêque de Montpellier. Les témoins entendus sont VIDAL (fermier de la carrière), Jean PAGET (travailleur de terre, de Lavérune), Jacques ROBERT (charretier, de Saint-Jean-de-Védas), Jean VEZIAN (payre de la métairie de l'Hermitage) et Antoine SERANNE (charretier du mas de Grille, à Saint-Jean-de-Védas) ; le dossier comprend aussi les assignations portées par l'huissier du présidial de Montpellier, Joseph BONJEAN ; le rapport des experts, Jacques TRIAIRE et Guillaume DUVERGER (ménagers de Lavérune) donne tous les détails sur les pierres extraites et les instruments trouvés sur place, leur dimension, etc. L'ordonnance du 20.10.1741 prescrit de mener les accusés sous bonne garde dans les prisons du sénéchal de Montpellier et la saisie de leurs biens. A noter que les accusés ont essayé d'argumenter en disant qu'ils trassaient sous les ordres de BARRE, l'avocat. A noter aussi que, dans sa déposition comme témoin, Jean VEZIAN a indiqué que "les habitants de Saint-Jean-de-Védas prétendaient que cette carrière appartenait à la communauté du dit lieu" (faut-il y voir un souvenir de la situation confuse qui a prévalu au XVIe siècle, quand les protestants se sont installés en force à Saint-Jean ?).

Annonce dans le numéro, du samedi 13.04.1782, du Journal de la Généralité du Languedoc : "A affermer : la Carriere de pierre de taille, appartenant à Madame la Comtesse de BUSSY, dépendant de la terre de la Lauze, située dans le terroir de St. Jean de Vedas. S'adresser à Me. VEZIAN, notaire de cette ville" (Montpellier). Il s'agit de Louise Antoinette FARGEON, épouse de Louis François Marc Antoine de BUSSY (mariage le 21.04.1745).

6/ Bibliographie sur les tailleurs de pierre

La revue "Nos Ancêtres" (Vie et Métiers), n° 21 (septembre-octobre 2006) a fait son dossier sur les métiers du bâtiment. Celui des tailleurs de pierre est étudié de la p. 51 à la p. 60.


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Les lignées issues de l'Hérault