La lignée des EUZET du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc (34).

La branche de Sommières.
(T 77 suite 2)



Histoire.




Histoire.


Sommières, il y a 50 ans


"C'est une belle histoire, comme il en arrive souvent dans la photographie : découvrir des images inédites d'un auteur illustre, des décennies après sa mort. L'auteur en question s'appelle Johan VAN DER KEUKEN (1938-2001), un Néerlandais célèbre pour la cinquantaine de films expérimentaux, entre documentaire et fiction, qu'il a réalisés. Mais aussi pour des photographies "existentielles", au plus près de sa vie, de ses proches, qu'il a entrepris adolescent.

Durant l'été 1961, alors qu'il s'est installé à Paris pour suivre les cours de l'école de cinéma Idhec, Johan VAN DER KEUKEN décide de visiter le sud de la France. Un de ses camarades, Frédéric GAUSSEN (journaliste au Monde de 1964 à 1994), l'emmène à Sommières, belle cité du Gard. Ivan GAUSSEN, père de Frédéric et président du syndicat d'initiative, prend le Néerlandais par le bras, lui fait découvrir les ruelles, la tour, les remparts, les gens surtout.

De ces vacances, VAN DER KEUKEN a tiré une trentaine d'images, en noir et blanc et en couleur, qu'il a collées dans un album qu'il a offert à Ivan GAUSSEN. Ces photographies, jamais il ne les a montrées dans ses expositions ou publiées dans un de ses livres.

Cinquante ans exactement après ce voyage, les images de Sommières sont exposées, jusqu'au 1er octobre, sur les lieux même du "délit", à la chapelle de l'Espace Lawrence DURREL - puis à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) du 15 au 18 décembre -, et publiées dans un petit livre élégant, avec un texte sensible de Frédéric GAUSSEN (Johan van der KEUKEN, Sommières 1961, Im[r]age éditions, 48 p., 20 euros). "Tout l'enchantait, le surprenait, l'amusait. Les rues basses, le marché, les cafés sur les quais, l'esplanade, les arènes ...", écrit Frédéric GAUSSEN.

Figer le sourire

Ce voyage à Sommières arrive à un moment-clé de l'oeuvre de l'artiste néerlandais. Il est encore un photographe, mais il va basculer dans le cinéma. En 1955, à l'âge de 17 ans, il a publié son premier livre, un chef-d'oeuvre de l'histoire de la photographie : Nous avons 17 ans, qui contient une trentaine de portraits de garçons et de filles avec qui il vit. "Nous étions en résistance contre l'optimisme forcené lié à la reconstruction d'après-guerre", confie le photographe au Monde, en 1998. Il y a aussi cette façon d'évider l'image de toute anecdote pour restituer au mieux la perception de l'instant. "C'est ça qui m'intéressait. On prend le thé, et on peut prendre une photo de ça. Ce n'est pas la tasse de thé idéalisée, c'est le thé qu'on a pris."

On retrouve les préoccupations de VAN DER KEUKEN dans les photographies de Sommières. Cet intérêt pour les gens, autant que pour les lieux, cette façon de couper sec son cadre, de jouer avec la lumière comme un scalpel, d'inscrire un ouvrier dans sa ruelle, d'arrêter le dialogue d'un curé ou de deux hommes, de figer le sourire d'un gamin, de donner chair aux corps et aux gestes dans la rue, de faire s'entrechoquer deux plans dans l'image. On sent le Néerlandais heureux d'être là, mais sans tomber dans la facilité.

A la fin de son texte, Frédéric GAUSSEN écrit : "Johan n'est jamais revenu à Sommières. Mais quand on se voyait, il ne manquait jamais d'évoquer, avec un sourire dans la voix, ses vacances de 1961"
(Article de Michel GUERRIN intitulé : "A Sommières, les photos de vacances existentielles de Johan VAN DER KEUKEN" - Le Monde du 01.09.2011, p. 21.

Note : comme partout sur le site, les patronymes sont repris ici en lettres majuscules et les années sont en caractères gras.

sommaire

haut de page

Les lignées issues de l'Hérault

Sommières

Sommières (suite 1)