Histoire.
Notre-Dame-de-Londres
(vue du ciel)
- Ecologie, habitat et santé : la mutation lente et difficile de deux sociétés traditionnelles (XVIIIe-XIXe siècles), article par Joseph SMETS, dans Etudes sur l'Hérault, nouvelle série, 4 (1988). L'auteur indique que son étude porte "sur deux sociétés traditionnelles situées dans deux régions distinctes : d'une part le bassin de Saint-Martin-de-Londres (avec les communes de Saint-Martin-de-Londres, Notre-Dame-de-Londres, Rouet et Mas-de-Londres) au coeur des garrigues montpelliéraines, d'autre part la future mairie de Kevelaer comprenant les trois communes Kevelaer, Wetten et Twisteden (y compris Klein-Kevelaer) dans le Bas-Rhin allemand." :
Extrait à propos du compoix de 1765 de Notre-Dame-de-Londres : "(...) Il n'y a pas d'autres productions que les herbages pour nourrir les troupeaux ... et deux ou trois facturiers qui consomment la laine de sept à huit cents toisons ne faisant que de petits cadis. Le reste des habitants sont charbonniers ou journaliers. (C 1114, aux AD 34). Cette réponse jette en même temps une lumière sur la stratification sociale de ce village dont l'habitat reflète parfaitement la dichotomie entre les métairies (ou mas) des nantis - propriétaires ou fermiers représentant environ 15 % de la population. Ils détiennent ou travaillent quasiment 90 % des terres ! - et le village populeux des pauvres, artisans et journaliers - plus de 60 % de la population locale qui se partagent 3,8 % seulement du terroir à Notre-Dame-de-Londres !
Dans ce village languedocien, à caractère citadin, dont le nombre et l'architecture des maisons n'ont probablement que peu changé depuis le Moyen Age, s'entassent quelque deux cents personnes. Une ruelle circulaire extrêmement étroite parcourt le centre du village. Toujours dans l'ombre des maisons très rapprochées, elle est par conséquent humide et plutôt malsaine. Quelques creux de fumier (cadastre de 1830) ou aisyments (compoix de 1765), répartis aux quatre coins stratégiques du Fort, dont l'odeur infecte imprègne l'air villageois, recueillent les excréments si précieux des rares bêtes à laines, chèvres et mules ainsi que ceux des villageois.
L'eau si précieuse, parce que rare dans ces contrées, dérivée, comme à Viols-le-Fort, Saint-Martin-de-Londres ou à Notre-Dame-de-Londres, de quelque source capricieuse, alimentait en général chichement une fontaine publique dont le débit s'amenuisait au rythme des nombreuses périodes de sécheresse. A Saint-Martin-de-Londres où "le pred de Lafons renferme les sources qui font aller la fontaine publique ..." les habitants sont alors "obligés de fouiller pour les raviver (Délibération du 29.05.1796, citée par G. LAGANIER dans son mémoire de maîtrise sur "Démographie et subsistances dans le canton de Saint-Martin-de-Londres, Montpellier, 1975, p. 83). Pourtant, malgré les fréquentes difficultés d'approvisionnement en eau, les gens du cru ne semblent pas s'être particulièrement préoccupés de la salubrité de leurs eaux de source. En effet, en juillet 1798, "le commissaire invite et requiert l'administration d'obliger les citoyens à tenir enfermés leurs cochons, canards et autres animaux qui vont se jetter dans les rivières, y troublent l'eau qui devient infecte et exhale des mauvaises odeurs qui nuisent à la santé des habitants ..." (Délibération du 13.07.1798, citée par G. LAGANIER, op. cit., p. 84).
Derrière une telle attitude populaire, on devine, en cette extrême fin du 18ème siècle, une absence totale de l'hygiène la plus élémentaire vis-à-vis de l'eau. Autre fournisseur d'eau potable : la citerne. Très rare dans le village à cause de l'exiguïté des maisons, elle fait partie intégrante des mas isolés qui ont curieusement été construits loin des sources. (voir Charles LHUISSET, op. cit.,, p. 104 : "Un même besoin a contribué à fixer l'habitat isolé : la recherche de terres cultivables. La question de l'eau n'a pas été ... l'élément déterminant dans le choix du lieu d'implantation.") L'eau ne se renouvellant que sporadiquement, stagne dans les citernes plus ou moins bien entretenues. Celles-ci constituent évidemment des nids à microbes et donc des lieux privilégiés de contagions. Survient une sécheresse et elles se vident en un court laps de temps." (AD 34, L 1072 cité par G. LAGANIER, op. cit., p. 83. Ainsi à Viols-le-Fort, en 1791, "la longue sécheresse y avait tari les citernes qui seules fournissent dans ce lieu l'eau nécessaire aux besoins des habitants, le pauvre était réduit à boire une eau bourbeuse et insalubre ...")
(à compléter)
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Notre-Dame-de-Londres.
Notre-Dame-de-Londres (suite 1).