La lignée des EUZET du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc (34).

La branche de Vacquières.
(T 80-2, ancien S6-2)



Histoire.

"La géographie culturelle donne de l'importance aux sociétés et aux individus, à leurs rêves et à leurs idéaux, qu'il s'agisse d'organiser l'espace, de dessiner des frontières, d'organiser l'économie ... La géographie culturelle, c'est donc la liberté, individuelle et collective, par opposition aux contraintes que tout l'environnement fait peser sur l'homme." Jean-Robert PITTE, président de l'université Paris IV-Sorbonne et professeur de géographie culturelle, dans un entretien donné au journal La Croix (n° du 06.07.2007), propos recueillis par Claire LESEGRETAIN (le titre de l'article : "Contempler un paysage pour mieux le comprendre") et il répondait à cette question : "Après votre thèse sur le châtaignier, vous avez écrit sur l'histoire du paysage français, puis sur la gastronomie, sur le vin ... Est-ce cela faire de la géographie culturelle ?"


La sérénité de Vacquières, ses maisons en pierre, ses arbres, le soleil ...
(photo J.C.E., le 18.09.2009)


Histoire.

Article sur le village de Vacquières, dans le n° 48, printemps 1976, du Bulletin du Syndicat d'Initiative de Montpellier (copie d'un article paru dans le Midi Libre du 21.10.1975).

"Un petit village blotti à l'ombre du Pic Saint Loup ... 174 habitants seulement, mais des viticulteurs (pour la grande majorité) qui aiment leur terre et veulent y vivre paisiblement d'un honnête rapport de la vigne. C'est ce souci qu'ont ses administrés qui a conduit leur maire, M. Georges DUVERDIER, qui partage d'alleurs entièrement leur point de vue, à tenter de faire des prodiges pour rendre la vie au village la plus agréable possible. Il faut reconnaître qu'il a bien réussi. Et on se demande même comment, financièrement, il a pu, ces dernières années, réaliser le réseau d'assainissement, renforcer le réseau électrique, refaire la chaussée de toutes les rues, rénover les bâtiments communaux, aménager deux gîtes ruraux de quatre pièces chacun dans le presbytère désaffecté, enfin aménager la place du village. Ce qui n'était auparavant qu'un simple carrefour de rues est devenu une véritable place coquette, ornée d'une vieille fontaine marquée de la croix du Languedoc, avec des bancs où il fera bon deviser au soir des longues journées d'été, et tout à côté un boulodrome tout neuf lui aussi. Rendre plaisant l'endroit où l'on vit, telle est ma politique, dit M. DUVERDIER. Cette place devient le poumon du village. Je souhaite pour mes concitoyens qu'elle contribue à leur apporter un bonheur paisible et tranquille dans la profonde amitié des coeurs."

[Georges DUVERDIER a été maire de Vacquières de 1965 à 1995]




Etienne Fulcrand Joseph, né le 12 décembre 1873, à Vacquières a été séminariste au collège des Lazaristes, à Smyrne, "en Asie mineure" (aujourd'hui, Izmir, en Turquie, où il est décédé le 20.06.1961). Pour plus de détails, voir l'article de Louis SECONDY en
"suite 1". Mme Jacqueline FREDON qui a consulté Mme Josette VEZINET, "fille de la nièce" du séminariste, a confirmé qu'il était aussi le responsable de la "Maison de Notre Dame de la Vierge" qui se trouve près d'Ephèse. Il a écrit plusieurs livres dont un sur cette institution qui existe encore de nos jours. Un site Internet en anglais (www.guidetoturkey.com/aboutturkey/cities_cites/35_izmir/mother_mary.shtml_48k_), consulté le 10 août 2007, donne plus des précisions. Il y est dit que soeur Marie de MANDAT-GRANCEY avait acquis la propriété puis, après dix-huit ans, qu'elle l'avait léguée au frère POULIN, en 1910. Celui-ci mourut en 1928, laissant un testament dans lequel il désignait le frère EUZET comme son héritier pour la propriété de "Meryem Ana Evi", c'est-à-dire la maison de Marie. Cependant, en 1917, elle avait été déclarée propriété à l'abandon et confisquée par le service du Trésor. Finalement, une cour d'appel reconnut le droit du frère EUZET sur la propriété en question. En 1951, en accord avec l'archevêque DESCUFFI, il donna cette propriété à une association appelée d'abord "Panaya kapulu Dernegy" (chapelle de tous les Saints) puis, plus tard, "Meryem Ana Evi Dernegi". Elle fut reconnue par le gouvernement turc et autorisée à collecter des fonds pour la restauration et l'entretien de cet ancien lieu saint. Le premier pèlerinage s'y déroula en 1896, cinq ans avant la découverte officielle de la "maison de la Vierge". Le frère EUZET a raconté que de 1300 à 1400 pèlerins vinrent par trains depuis Izmir à Ephèse. La plupart firent l'ascension à pied, à dos de cheval ou d'âne. A cette époque, il n'y avait pas de route pour accéder et les chemins étaient difficiles. C'est seulement en 1950 que le gouvernement turc décida de faire une route que les pèlerins empruntent désormais pour aller à "Meryem Ana Evi".

La maison de la Vierge et Ephèse
(carte postale envoyée par J.C.E., le 08.08.2002)


Toujours dans les environs d'Ephèse, on peut voir également la "grotte des sept dormants" ou, du moins, une grotte qui est supposée être celle des sept dormants. Cette légende du christianisme primitif se retrouve aussi dans l'Islam et de nombreux sites ont une caverne qui porte ce nom, en Orient mais aussi en Europe et même en Asie (pour plus de renseignements, voir le site : http://jm.saliege.com). Ce site Internet donne une bibliographie sur les sept dormants et, parmi les livres indiqués, il y en a un du Père Joseph EUZET (et non Jean, comme indiqué initialement) : "Légende des Sept Dormants", traduction du ménologue [4 août], Notre-Dame d'Ephèse, n° VII, juillet 1957, pp. 14-18. M. Pierre-Olivier SAUVAIRE (descendant d'Esther EUZET, de Vacquières) a en possession un exemplaire original de l'article sur la "légende des sept dormants", à la signature du père Joseph EUZET.

La grotte des sept dormants


Il faut croire que l'atmosphère n'est plus la même en Turquie, aujourd'hui. En effet, le 17.12.2007, on apprenait que le père Adriano FRANCHINI avait été poignardé à Izmir (selon l'agence turque "Anatolie"). Or, ce capucin italien était le recteur du sanctuaire de la maison de la Vierge, à Éphèse (c'est-à-dire, le successeur actuel du père Joseph EUZET). Cette agression n'est que la suite d'autres attaques et meurtres (en 2006 à Samsun puis à Trabzon, en 2007 à Malatya). C'est, à chaque fois, le même scénario, les agresseurs étant des jeunes qui reprochent le zèle missionnaire, que ce soit des catholiques ou des protestants. C'est le résultat d'une propagande des ultranationalistes et il faut ajouter que la télévision a certainement une grande influence dans ce processus (avant l'agression du père FRANCHINI, il y a eu une série télévisée, La vallée des loups qui a consacré un épisode à ce thème). Même s'il y a eu quelques réactions officielles condamnant cet acte, il reste que ces actes rappellent, comme un lointain écho, ce qui s'est passé avec les arméniens dans ce qui était alors le coeur de l'Empire ottoman.


Un article intéressant se trouve dans Les Missions catholiques : bulletin hebdomadaire de l'Oeuvre de la propagation de la foi (1915), à la page 299 : "Un missionnaire lazariste, professeur au collège de Smyrne, M. Joseph-Etienne-EUZET, vient de publier un livre extrêmement instructif et attrayant sur cette île, où il a eu l'heureuse fortune de faire un assez long séjour (...). Les pages que consacre M. EUZET au couvent grec de Saint-Jean où il reçut l'hospitalité abonde en renseignements pittoresques. Les bons moines se plaisaient fort en sa compagnie et l'accablaient de questions naïves (...) La grotte où, d'après la tradition locale, fut composée l'Apocalypse se trouve enclavée dans les bâtiments d'une école hellénique construite sur le chemin qui relie à la ville de Patmos le port de la Scala.

Elle n'offre rien d'extraordinaire, remarque M. EUZET, et ne répond nullement à l'idée qu'on serait tenté d'en avoir en lisant les visions grandioses de l'Apocalypse. De dimensions modestes, enfermée actuellement dans l'enceinte d'une petite chapelle, c'est un simple rocher surplombant. On y montre une fente triangulaire par où les voix mystérieuses arrivaient à saint Jean et, au dessous, l'endroit où il reposait sa tête.

Hélas ! Jusqu'à quel point tout cela est-il authentique ? Entre le séjour du grand Evangéliste à Patmos, en l'an 95, et la venue de saint CHRISTODULE (fondateur du monastère en 1088), il s'est écoulé dix siècles pendant lesquels il n'y a aucune trace de documents. Il serait, certes, intéressant de combler ce vaste hiatus mais on n'aurait à s'appuyer que sur des légendes. (...) Lorsque saint CHRISTODULE choisit Patmos, ce fut à cause de son caractére complètement "désertique". Le souvenir même de saint Jean n'avait donc pu s'y conserver par la tradition orale ; en effet, le seul vestige de son culte que saint Christodule y découvrit, ce fut un petit sanctuaire consacré à son nom.

Quoi qu'il en soit, et sans respect humain, je me suis mis à genoux ; j'ai prié quelques instants le grand Apôtre ami de Jésus et gardien de Marie, et j'ai baisé avec dévotion le rocher de la grotte, car il suffit d'une probabilité sérieuse pour en faire une relique vénérable.


On lira avec intérêt et grand profit le Patmos de M. EUZET. Aux "Notes de voyage et de séjour" qui forment la moitié de l'ouvrage s'ajoutent sous le titre général d'"Appendices", différents chapitres constituant une seconde partie non moins importante que la première et fort instructive.



Une autre revue dite Revue pratique d'apologétique (p. 637) a aussi fait un rapide compte rendu de ce livre, juste à la veille de la Grande Guerre, le 15.07.1914 : "J. EUZET, prêtre de mission. Patmos, journal de voyage et de séjour, suivi d'une description géographique et de notices historiques (...) Cet ouvrage dont le sous-titre indique nettement l'objet, est érudit, écrit avec facilité, et doit recevoir bon accueil de ceux qui s'intéressent aux choses bibliques, particulièrement à l'Apocalypse. Ils y verront entre autres choses, quel cas il faut faire des assertions de RENAN au sujet de Patmos."


Enfin, le journal L'Action Française du 15.04.1922 a consacré un article au même livre : "Patmos, par le P. Joseph EUZET, prêtre de la mission (Beauchesne, Paris) - Patmos, l'île inculte où fut relégué saint Jean et où il est probable qu'il écrivit, sous l'inspiration divine, l'Apocalypse, est en dehors des itinéraires de voyage en Orient, même des pélerinages. Y aborder et y séjourner demande une suite d'efforts que peu de touristes modernes daignent faire. Il faut donc être reconnaissant au P. EUZET de nous donner le journal qu'il a écrit sur cette île. Prêtre pieux et zélé, helléniste des plus distingués, professant depuis longtemps à Smyrne, le P. EUZET joint à ces qualités et à ces compétences une poésie naturelle et une fraicheur d'impression telles que son récit pourrait être intitulé : En marge d'HOMÈRE. Il ne laisse passer aucune des erreurs de ses rares devanciers dans la visite de Patmos ou de ceux qui en ont parlé sans l'avoir vue. Dans quelle catégorie faut-il ranger RENAN ? Quoiqu'il en soit, le P. EUZET a fait du chapitre de l'Antéchrist, où RENAN parle de l'Apocalypse, une critique serrée qui pourrait bien être définitive. - L.G."

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Les lignées issues de l'Hérault

Vacquières.

Vacquières (suite 1)