La lignée des EUZET du mas d'Euzet de Saint-Gély-du-Fesc (34).

La branche de Péotone.
(T 87-2)



"Si j'ai situé mes romans principalement dans la banlieue du New Jersey, c'est surtout à cause de Corky. Sa vie m'a appris qu'un récit palpitant n'implique pas forcément les riches, les célèbres et les puissants. Nul besoin de tueurs en série, d'armes d'extermination massive ou de complots contre la Maison Blanche. Il y a de l'action dramatique - la meilleure, la plus facilement racontable - dans le quotidien. Il y a de la beauté et de l'extravagance ici même, dans la banlieue pur jus du New Jersey, sur le champ de bataille du rêve américain. Et, par-dessus tout, il y a un héroïsme hors pair." Extrait de Corky : hommage à ma mère, de Harlan COBEN, paru dans "The Newark Star-Ledger", en 2006 (traduction de Roxane AZIMI)


Histoire.



L'élévateur à grains EUZIERE(S), à Manteno (Illinois), en 1931
(photo sur le site "Farmers Elevator Company of Manteno")

Histoire.

La famille ISSERT chez qui Joseph EUZET s'était installé est toujours bien implantée dans les communes au sud de Chicago. Une simple consultation sur Google (le 09.02.2009) permet de constater la présence de nombreux descendants ISSERT, à Peotone, Manteno, Wilmington et Chicago, toutes dans l'état de l'Illinois. Parmi les nombreux sites américains, l'un d'eux est particulièrement intéressant car il s'agit de l'interview, à Manteno de Léon ISSERT, petit-fils d'Antoine, le premier émigrant de cette famille, issu du village de Laroque, dans l'Hérault, en France. Ce site est à l'adresse suivante :
"Interview with Mimi Elizabeth RAICHE and Leon ISSERT on April 15, 2002".

Des étudiants qui suivaient des cours sur la civilisation occidentale ont interviewé deux descendants d'émigrants français, Mimi Elizabeth RAICHE et Léon ISSERT. Ce dernier devait avoir environ 72 ans à l'époque. L'interview s'est passé à Manteno. Les deux avaient de multiples ascendants français, en particulier des branches venant du Québec. Quand il a évoqué son ascendance paternelle, Léon ISSERT a dit, en substance, ceci [seuls quelques éléments caractéristiques sont repris dans cette traduction ; pour l'interview complet, il faut se reporter au texte anglais] : "Du côté paternel, les ISSERT sont venus de France en 1880. Ils sont venus ici. Il y avait un de leurs cousins qui possédait un élévateur à grains à Manteno, il s'appelait EUZIERE'S. Le premier travail de mon grand-père consistait à pelleter du charbon. C'était un petit job mais il réussit et acheta une ferme en 1903, à Peotone, ferme dans laquelle je vis encore. Cela fera cent ans l'année prochaine. Je suis né en 1931 et nous étions quatre. Mon frère Tony vit ici à Peotone, mon frère Victor vit à Wilmington et ma soeur est décédée. [Nos ancêtres] ont peu à peu perdu l'usage du français. Les deux premières générations parlaient français. Mes parents ont parlé français avant de parler anglais mais, plus généralement, ils se sont [tous] anglicisés comme tout le monde. De fait, la plupart des noms sont maintenant anglicisés. Le mien ISSERT ne se laisse pas angliciser facilement. Pourquoi ? Je suppose qu'il vient d'un nom différent. Je pense que les agriculteurs français sont une minorité. Dans le flux des immigrants depuis le XVIIIe siècle, il y a eu des allemands, des hollandais et d'autres européens qui se sont installés comme fermiers. La taille des fermes, il y a cinquante ans, était au maximum de 160 acres. Aujourd'hui, c'est 1600 et certaines fermes de la région ont 5000 acres ou plus. La communauté des fermiers a été décimée. Les fermes polyvalentes (poulets, vaches, blé, silos) ont disparu. C'est une part de l'Histoire. [Interview par Jordan ARSENEAU, Joe ENGLISH, Erica KRITENBRINK et Zach NEWTON].

Commentaires sur cet extrait : il semble que les débuts de la famille ISSERT se soient passés à Manteno. Ce n'est qu'une vingtaine d'années plus tard qu'Antoine ISSERT a acheté une ferme à Peotone, exactement en 1903. Cependant, les recensements de 1880 et de 1900, pour l'Illinois, n'ayant pas été conservés, il n'est pas possible de vérifier l'installation initiale à Manteno. En ce qui concerne Joseph EUZET, il existe cependant deux indications qui font penser qu'il a, lui-aussi, commencé sa vie américaine à Manteno. En effet, dans la liste des passagers sur La Savoie, en 1909, on voit que la destination finale de Joseph EUZET est Manteno, dans l'Illinois (voir la photo ci-dessous) :


La destination finale est indiquée dans la dernière colonne. On peut deviner Manteno, bien qu'on lise plutôt Mandinot. En tout cas, il ne s'agit pas de Peotone. A noter l'erreur sur le nom du parent indiqué, puisque Casimir EUZET (de Notre-Dame-de-Londres, dans l'Hérault, en France) est son père et non son frère. Enfin, l'indication "cousin" au dessus de son nom laisse supposer une parenté avec la personne de la ligne au-dessus, Léon DOUMENG, dont la destination finale était New York. Par ailleurs, dans le dossier militaire français de Joseph EUZET, dans la case "localitées habitées", il est indiqué, sans précision de date : "Manteno. Consulat de Chicago".

La question posée ensuite par l'interview de Léon ISSERT est celle de cet EUZIERE ou EUZIERES qui possédait un élévateur à grains ou un silo à Manteno. Y avait-il corruption du nom EUZET en EUZIERE ? Etait-ce une seule et même personne ? Ce fut notre première interprétation qui s'est avérée fausse, comme on va le voir ci-après.

Tout d'abord, les sites américains récents permettent de connaître les prénoms des EUZIERE. Ainsi, en 1969, la Bibliothèque publique de Manteno a proposé d'acquérir les immeubles dits "Carter EUZIERE", ce qui fut décidé par un vote de 27 voix. De même, l'église épiscopale a tenu une réunion à un angle de la résidence dite de Léon EUZIERE. On se trouve donc avec ces deux prénoms, Carter et Léon. Effectivement, le recensement fédéral pour Manteno de 1910 montre qu'il y avait dans le village une famille EUZIERE avec le chef de ménage, Leon (Léon) âgé de 70 ans, Mary (Marie), sa femme et leurs trois enfants, Rania (René), Carter et Lucy (Lucie), laquelle portait le nom de LE BEAU. Léon avait été naturalisé en 1887 et était acheteur de grains (courtier en grains). De même, le recensement de 1930 montre encore la permanence de cette famille à Manteno mais Marie est alors veuve. Les âges respectifs sont 84 ans pour Marie, 51 ans pour René, 45 ans pour Carter et 64 ans pour Lucie. Si Léon EUZIERE était né en France, Marie était née en Suisse et les trois enfants dans l'Illinois. Une fiche d'inscription provisoire à la première guerre mondiale (1917-1918) de Carter donne sa date de naissance précise, le 13.01.1884, tous ses prénoms, Carter, Oscar, Eugène et son métier, négociant en grains. A cette époque, il est Assistant manager (directeur adjoint), l'employeur étant son père, Léon EUZIERE.

En 1921, Carter fait un aller-retour rapide à Liverpool, en Angleterre (à partir de la Nouvelle Orléans à l'aller et via Québec au retour). Il réside au Savoy Hôtel, à Londres. Tous ces éléments que l'on trouve à partir du site "Ancestry" permettent de conclure que Joseph EUZET et ces EUZIERE constituaient deux familles différentes. Pourtant Léon ISSERT, dans son interview dit bien qu'il y avait un lien de cousinage entre les ISSERT et les EUZIERE (plus précisément, certainement, entre Léon EUZIERE et Antoine ISSERT, les premiers de leur branche en Illinois). Et pourtant aussi, on sait que Joseph EUZET était le neveu d'Antoine ISSERT. Deux questions se posent alors. Qui était Léon EUZIERE, né vers 1839 en France ? Ce patronyme existe dans l'Hérault mais, pour le moment, son lieu de laissance reste à trouver. Et puis, comment se fait-il que Léon ISSERT n'évoque pas Joseph EUZET dans son interview, alors que ce dernier vivait au domicile même de son grand-père Antoine ISSERT, à Peotone, village voisin de Manteno (dans la ferme même où Léon ISSERT demeurait au moment de l'interview) ? La seule explication logique à laquelle on puisse penser est que l'interview de Léon ISSERT par ces étudiants rentrait dans le cadre d'une série d'interviews de descendants de Canadiens français, or c'est effectivement le cas pour la branche maternelle de Léon ISSERT. Il n'y avait donc pas de raisons pour qu'il développe ses souvenirs relatifs à sa branche paternelle venue directement de France.

Pour conclure sur ces familles venues de France, on peut sans trop de risques de se tromper, dire que le premier installé à Manteno a été Léon EUZIERE ; il a été rejoint par son cousin Antoine ISSERT, lequel a été lui-même rejoint par son neveu, Joseph EUZET.


La plaque tombale de Joseph EUZET, au cimetière Saint Joseph de Manteno
(Find a Grave Memorial)

Ce fichier était resté en sommeil depuis novembre 2011 mais un texte trouvé (le 14.11.2015) dans le journal L'Eclair du 13.10.1901 ouvre de nouvelles perspectives. En effet, dans ce numéro, est reproduit l'annonce d'une vente sur licitation, d'autorité du Tribunal civil de l'arrondissement de Montpellier, prévue pour le 11.11.1901, au palais de justice de Montpellier. Cet avis fait suite au jugement rendu par la première chambre du Tribunal civil de Montpellier, dans son audience du 29.06.1901. Les parties en présence sont :

- 1/ Léon EUZIÈRE, propriétaire, demeurant à Manteno (Illinois - USA)
- 2/ Adrien FERRIER, propriétaire, domicilié à Ganges (34)
- 3/ Alfred FERRIER, propriétaire, domicilié à Chicago (Illinois - USA)
- 4/ Joseph BAUDOIN, majeur, non marié, négociant, domicilié à Saint-Bauzille-de-Putois (34)
- 5/ Marie BAUDOIN, sans profession, épouse d'Arthur CAIZERGUES, tanneur, et celui-ci, domiciliés ensemble à Saint-Bauzille-de-Putois (34)
- 6/ Marie CAIZERGUES, épouse d'Antoine ISSERT, propriétaire, et celui-ci, demeurant à Manteno (Illinois - USA)
- 7/ Augustine CAIZERGUES, épouse de Casimir EUZET, propriétaire, et celui-ci, domiciliés ensemble à Notre-Dame-de-Londres (34)
- 8/ Octavie CAIZERGUES, épouse d'Emile MONTET, propriétaire, domiciliés ensemble à Laroque (34)
- 9/ Delphine CAIZERGUES, épouse de LALÈQUE, propriétaire, et celui-ci, domiciliés ensemble à Vendémian (34)
- 10/ Noémie CAIZERGUES, épouse d'Auguste AIFRE, tonnelier, et celui-ci, domiciliés ensemble à Laroque (34)

Tous agissant en qualité d'héritiers de Joséphine FÉVRIER, veuve d'Hippolyte FÉVRIER, décédé à Ganges, le 15.04.1901, d'une part, et

1/ Sophie POUGET, sans profession, veuve d'Hubert FÉVRIER, domiciliée à Ganges, prise comme tutrice légale d'Hippolyte-Louis FÉVRIER, son fils mineur, issu du mariage avec Hubert FÉVRIER, quand vivait, bijoutier, domicilié à Ganges
2/ Joséphine FÉVRIER, sans profession, veuve de Gustave HÉRAUD, domicilié à Sitge, province de Barcelone (Espagne), prise en qualité d'héritier d'Hippolyte FÉVRIER, d'autre part.

A, entre autres dispositions, ordonné la vente des immeubles de la communauté des biens ayant existés entre Hippolyte FÉVRIER, en son vivant propriétaire, demeurant à Ganges, époux de Delphine FERRIER, décédé à Ganges, le 01.01.1899, et son épouse, Joséphine, dite Delphine FERRIER, également décédée à Ganges, le 15.04.1901.

Désignation des immeubles à vendre :

1/ Une maison d'habitation et sol, à Ganges, n° 75 de la section C du cadastre, dont une partie est louée comme café par Julien CAUSSE, limonadier, jusqu'au 12.08.1907 ; elle est située rue Jeu-de-Ballon, confrontant du couchant une traverse dite de l'Olivette ; mise à prix : 2000 francs (1er lot)
2/ Une pièce de terre en nature de vigne, au terroir de ganges, avec un maset, quartier dit Raz de Coste, section A, n° 257, 257 p ; mise à prix : 200 francs (lot n° 2)

Dans le même journal, L'Eclair, à la date du du 28.11.1901, il est indiqué que le 1er lot a été attribué au prix de 12300 francs mais que, par acte reçu au greffe du Tribunal civil de Montpellier, une surenchère a été déposée pour un montant de 14350 francs. En conséquence, la nouvelle mise aux enchères publiques, pour la maison, aura lieu le 19.12.1901, avec une mise à prix de 14.350 francs.

(à compléter)



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Peotone (suite 1)